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12/06 : Chaos

L'ombre précéda son maître, les gouttes de sang fermaient la marche. Il appuya sa colichemarde contre la paroi suintante de la grotte, puis suspendit sa cape à un crochet métallique.
Les cliquetis de l'armure qu'il dégrafa résonnèrent dans un enchevêtrement de tintements désagréables. Chaque pièce fut éparpillée depuis l'entrée jusqu'à ce qui lui servait de salon, au milieu du reste de son fatras.
Il lorgna sur l'affreux divan, parsemé d'un fouillis de coussins déchirés et songea qu'il y trouverait bien de quoi soulager son harassement.
D'une main malpropre, il ouvrit son frigo, écartant les denrées périmées entassées pêle-mêle, jusqu'à dégoter un flacon de métal et une bouteille en verre. Il attrapa un verre, le plus transparent - le moins répugnant de l'étagère, se versa un mélange des deux liquides.
Lorsqu'il s'affala enfin, son chat roux sauta sur ses cuisses et se mit à ronronner. Il le caressa avec douceur, en sirotant son lait fraise.
"Pire rôle de ma vie, ce personnage de Chaos..."

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12/08 : Henri

Il reposa sa plume, et ne sut s'il devait sourire ou s'apitoyer. La satisfaction d'être arrivé au terme de sa démonstration ne l'emportait pas vraiment sur l'abysse de ses conséquences.
Si la mathématique pouvait se réjouir de ces équations différentielles, l'existence humaine ne le pouvait pas. L'impossibilité de déterminer précisément toutes les conditions initiales ne risquait-elle pas d'abolir la mince différence entre le simple hasard, imprédictible, ou le chaos, système élégant mais sensible à la plus petite erreur ?
Et la question était-elle simplement légitime ? Pour la Lune, la Terre et le Soleil, elle l'était certainement. Tous les astronomes se sont penchés sur le problème à 3 corps. Mais prédire la course d'un nuage ? Ou ce qui devait se produire dans le fil de nos vies, à un instant donné...?
"Monsieur Poincaré !" La porte s'ouvrit avec fracas, et il rit. Cela, il ne l'avait pas prévu. Il regardait Louise, les poings sur les hanches, l'air agacé, ce qui expliquait pourquoi elle lui avait donné du "Monsieur".
"Henri ! N'avez vous point entendu la cloche ? Il est l'heure !"
Et voilà. Il n'y avait pas fait attention. Et cela avait inévitablement conduit sa femme à débarquer dans son bureau.

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12/09 : Dalton

"John Dalton. C'est un chimiste du XIXe siècle qui a aussi travaillé sur la théorie atomique. Il était lui-même deutéranope et a prouvé l'existence de ces anomalies génétiques, c'est pour ça qu'on dit "daltonien".
- Ah, ok."

Appuyée d'une main sur le bureau de son stagiaire, elle tapote de l'autre son écran.

"Tiens, là ! Cette extension pour Firefox, installe-la.
- D'accord... hop, c'est fait. Hmm, comment je peux l'activer, ensuite ?
- Tu vois l'oeil ici ? Tu as accès aux trois principaux types de daltonismes : deutéranopie, protanopie, tritanopie.
- Aaah. C'est vraiment ce qu'ils voient les daltoniens ?
- Selon le degré de disfonctionnement des trois types de cônes, oui. C'est pour ça que tu dois faire attention à tes choix de couleurs dans ton interface et proposer une autre solution, pour chaque type.
- Effectivement, on ne voit pas du tout la différence entre mes barres rouges et vertes, là... Comment je peux faire ?
- Dans le lien que je t'ai envoyé ce matin, tu trouveras des recommandations d'accessibilité élaborées avec des daltoniens. Et si tu as besoin, on est là. Bosse bien !"

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12/12 : Évangélistes

Iels vivaient une époque formidable : en moins de trente ans, l'infrastructure de l'outil de communication le plus efficace qu'iels aient jamais eu à leur disposition, avait été massivement financée par leurs États - et quelques prétendues innocentes riches entreprises.
Tout ça pour quoi ? Pour que les nouveaux évangélistes de la consommation, les influenceurs, puissent les oindre de trends, les sermonner sur leurs habitudes de vie dont ils ne connaissaient pourtant aucune difficulté, leur recommander sans état d'âme des produits dont l'éthique avait été sacrifiée sur l'autel de la surconsommation. Point de souci de leurs prochains, de sauvegarde de leurs âmes, quand la seule communion possible se limitait à se vautrer dans son image de marque. Le diable lui-même était admiratif de leur stupide génie.

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12/13 : Cavaliers

"S'il ne s'agissait que de vos regards insistants, Madame, j'aurais pu en être flatté.
- Il n'y a que vous pour croire que vous suscitez un tel intérêt !
- Je n'ai pourtant rien imaginé, ni votre empressement à venir près de moi, à peine entré dans un salon, ni vos petits présents, habilement "oubliés" à notre table après votre départ.
- Qui vous dit que je les ai laissés pour vous ?
- On se le demande ! Et vos attraits ronds et crémeux, que vous mettez en valeur dans vos écrins de dentelles, vous croyez que personne ne les a remarqués ?
- J'espère bien que si. Une personne en particulier ! Mais voilà que vous me faites une scène pour une prétendue inclination. Vos comportements cavaliers vous empêchent de constater la vérité.
- Vous n'en démordrez pas. Je vous rappelle que je suis marié !
- Justement ! Vous êtes celui qui fait de l'ombre à l'objet de mes attentions ! "

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12/16 : Cire

"Vaillants matelots, joyeux marins,
En soif de fortune et d'aventures,
Embarquez vers d'horizons lointains,
Sur la caravelle du capitaine Arthur !"

Si l'affichette en a séduit plus d'un, seul le second en est revenu.

"On a certes bravé les vagues, et les tempêtes, notre courageux capitaine toujours rivé à la barre, vociférant les ordres aux gabiers pour ne pas perdre un mât, une voile, ou un simple cordage.
On a pillé avec insolence des trésors sur des îles, aux abords de naufrages, au point de remplir et faire craquer le gros ventre de notre bateau.
Alors le capitaine a prié fort la déesse de la Mer, pour insuffler célérité à notre navire. Elle l'a entendu, et une nuit, de fragments de Lune vêtue, elle s'est penchée sur lui, à sa barre, et a déposé un baiser sur ses lèvres tannées.
Aussitôt, nous avons vogué, fendu les flots, sieur Arthur tenant ferme le gouvernail, de jour, de nuit, sans un mot et sans la moindre fatigue. Nous filions si vite que nous n'avions aucune idée de l'endroit où nous allions. Seul lui semblait savoir où se trouvait notre destin.
C'est dans les mers du Sud que nous avons compris. Sous le soleil des Tropiques, le capitaine s'est lentement étalé sur le pont, tout de cire fondue qu'il était, telle une chandelle qui avait trop brûlé.
La déesse nous est apparue, et les a pris, un par un, sans qu'ils aient le temps de goûter à l'amertume pressée du fruit de leur naïveté, car on ne pille pas sans donner sa part à la déesse. A défaut de trésors coulés, c'est eux qu'elle a pris.
Moi ? Elle m'a épargné, bien sûr. Pour que je puisse vous le raconter."

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12/20 : Dimensions

Tu as trop fermé les yeux,
Afin que le monde te soit étranger,
Pas de raison d'être étonné,
Si c'est toi le privilégié, pour eux.

Tu voulais voir d'autres dimensions,
D'autres espaces où t'égarer,
Ou simplement fuir la réalité,
Et le son grinçant de son violon.

Reste le triste spectacle,
Dont tu vas t'offusquer,
Vautré dans ton canapé,
En invoquant des miracles.

Qu'est ce qu'on t'a appris,
Qu'il suffisait de prier ?
Le feu est carrément allumé,
Tu te crois encore à l'abri...

Tu devrais commencer à avoir peur,
La mort a déjà frappé,
Et elle va tous nous rattraper.
Ca y est, tu sens son odeur ?

Faut arrêter la honte, le miroir,
Agir vraiment pour l'humanité,
Il y a des solutions à proclamer,
Plutôt que des plaintes dérisoires.

Quoi, je nous culpabilise ?
Est-ce qu'on a le temps de palabrer ?
De se regarder le nombril, se dérober ?
Même l'inaction se banalise.

*Notez que dimensions, ça rime bien avec démission.*

And, on the topic of JuJutsu Kaisen ~ Phantom Parade / JuJutsu Kaisen PhanPara, in case my draft gets eaten before I submit it:

“Everything is fantastic EXCEPT the predatory micro-transactions and the especially creepy Secret Shop’s time limitations.

This is a ridiculously good game with amazing effort and quality.
There is no need to cheapen the experience by punishing F2P fans during global economic downturns, ffs.

I thought the Phantom Parade Pass and the starter cube pack were completely fair value to support more ventures like this. (And, frankly, the Gojo thirst made those packs worth trying to swipe him.)

Comparisons to the price of X many coffee trips with friends amid pandemic aside, I am an adult with ADHD.
I fully recognise the impulsive negging tactics in the Gacha system, and I hate the influence of hierarchical capitalism infecting anime (more. Obv it’s always been there).

That doesn’t make treating people as worthless money bags to be distracted while you rob them morally defensible.

OK, SOME people can say no, but not everyone, in every depressing situation, every time you nag.
It’s aspirational.”

#JJK #JuJutsuKaisen #PhanPara #mobileGame

But also, you can decide to experiment even if you are the cissest motherfucker.

A cis woman could do herself up in a binder, packer, voice training, acting to… idk, walk different or whatever, and she’d still be herself. The entire time. That’s the point.
(I gotta be honest, I don’t tend to hear about trans masc options all that often?)

If she did all that and found that doing so felt “correct” somehow, and other people interacted with her in a way that made her feel more like herself, then maybe she’d want to explore that a little more.

But again, only the individual person can say whether or not they are trans.

Because you cannot say who or what you are — in any way — until you have bounced off enough interactions to know what feels right or makes you feel better.
It’s an internal compass that points towards the ‘you’ that you create.

“Rules [parameters] do not exist to bind [restrict] you. They exist so you may know your [degrees of] freedoms.”

Personal example:
I wore a chest binder once. (I picked a hot day and I have asthma, so I’m an idiot, but ignore that part.)

I got tiddies, and squishing them stopped the jiggle while walking and the stabby pressure of a bra band along the pectoral or whatever.
I did the noughties (‘00s) teen boy thing of open button shirt over a t shirt. The vertical line of the open shirt hides any remaining boobage, which is sidelined to behind the open shirt bit anyway.

Doing that felt ‘correct’, but not completely.
Wearing push up bras in a short dress feels ‘correct’, but not completely.

I would never know any of this without experimenting — testing a physical model of a mental framework.

Honestly, I feel most ‘correct’, most like myself, when I’m physically breaking up a fight or asking if I can hug someone who looks sad.

(Never hug anyone before asking unless you are beyond certain that this is what they would want. Be prepared to apologise when you overstep because any given situation might be different.)