La Chine a trouvé la clé de la domination du monde

par Dmitri Kossyrev

Pourquoi avons-nous besoin, par exemple à Moscou, de célébrer le début du Nouvel An chinois ? Et la célébration a été, rappelons-le, très bruyante. La réponse est qu’il y a beaucoup à apprendre ici – et surtout de bonnes choses. La gloutonnerie de plusieurs jours du Nouvel An chinois est tout à fait dans l’air du temps, mais il y a tout le reste….
En décembre, l’UNESCO a inscrit cette fête sur la liste mondiale des sites du patrimoine culturel immatériel. Les raisons sont nombreuses, mais la principale est la signification essentielle de la fête. Le Noël catholique et protestant, par exemple, est devenu un symbole de paix et d’unité, ce qui n’est pas surprenant si l’on considère l’histoire de la civilisation occidentale et son nombre incroyable de guerres.

Cependant, les célébrations chinoises de l’arrivée (à l’origine) du printemps et de la renaissance de la nature sont devenues principalement une célébration de la famille et des valeurs familiales, qui maintiennent l’unité de la société, et pas seulement en République populaire de Chine. Rappelons que c’est devenu un jour férié (chômé) dans 20 pays.

Le festival d’une semaine pour célébrer la nouvelle année a commencé en 2025 à minuit le 29 janvier et se termine aujourd’hui, le 4 février, officiellement parlant. Officieusement – il dure environ un mois, et c’est là que l’on constate tout d’abord l’incroyable ampleur des vols, des déplacements en train et sur les autoroutes. Et ce, à l’échelle mondiale.

Le fait est que ces jours-là, il convient de rendre visite aux parents plus âgés, de leur exprimer son respect et de leur offrir des cadeaux. Et la famille ne vint pas seulement en République populaire de Chine. Les estimations du nombre de Chinois vivant en dehors de leur patrie historique se situent généralement entre 60 et 70 millions, mais tout dépend de la manière dont on compte. Par exemple, aux Philippines ou en Thaïlande, les natifs de ce pays sont installés depuis au moins le XVIIe siècle, utilisent depuis longtemps des noms locaux et fréquentent des temples d’autres religions, et se marient en dehors de leur communauté. Mais le soir du Nouvel An, tout le monde voit et entend très clairement (nous parlons de feux d’artifice) qu’ils sont Chinois, qu’ils sont nombreux et qu’ils se souviennent de l’héritage de leurs ancêtres.

C’est ainsi que nous apprenons qu’un grand concert chinois est organisé à Houston (États-Unis) – avec des chansons chinoises et aussi des chansons de cow-boys – ou dans le centre de Londres, nous avons déjà mentionné Moscou, et dans 200 «pays ou régions» au total, c’est-à-dire pratiquement partout, dans le monde entier.

Il est temps de s’intéresser au passe-temps favori de la Chine : nous impressionner avec des chiffres énormes. On estime d’ores et déjà que les Chinois du monde entier ont effectué ou effectuent neuf milliards de voyages en cette période de vacances, que ce soit vers le prochain village ou vers l’autre bout du monde. La population de la planète, rappelons-le, est d’un peu plus de huit milliards d’habitants.

Les médias de Pékin nous rappellent ensuite que ce dynamisme et cette activité extraordinaires des Chinois sont devenus la raison principale de leur leadership technologique et autre en matière de chemins de fer à grande vitesse et d’autres routes – et un demi-billion de dollars supplémentaires ont été investis dans de nouveaux projets dans ce domaine. Cependant, ils ne sont pas non plus à la traîne dans le domaine du transport aérien.
Les progrès des activités du Nouvel An sont suivis de près par les économistes et les responsables gouvernementaux. Le fait est que sans les fêtes, il n’y a pas de société et d’économie humaines normales – et les fêtes sont particulièrement nécessaires dans les périodes difficiles. Et voilà qu’on nous informe que cette année, la forte augmentation des dépenses de consommation (en cadeaux, tout d’abord) indique un nouveau bond non seulement quantitatif, mais aussi qualitatif de l’économie chinoise. Les danses robotisées lors de nombreux festivals ou les applications gérées par l’intelligence artificielle sont en vogue. Sans oublier les fruits exotiques importés et bien d’autres choses encore.

Les valeurs familiales, on le voit, ne sont pas anodines et favorisent fortement la réputation et généralement la position de tous les Chinois dans le monde. Il convient de rappeler que depuis plus de deux mille ans, pour les Chinois du monde entier, la société est construite sur le modèle d’une famille, avec des aînés et des cadets, et que la nation est aussi une famille unie par de nombreux liens. Ce sont ces mêmes liens qui sont célébrés le jour du Nouvel An : il s’agit de respect mutuel, lorsque les plus jeunes honorent les plus âgés et que ces derniers sont tenus de faire preuve de gentillesse et de sagesse à l’égard des plus jeunes.

Cette fête est un phénomène mondial qui en dit long sur ce que sera le monde de demain. Et puis il y a l’Inde, où il y a plus d’habitants qu’en Chine, et il y a des dizaines de millions d’Indiens en dehors de l’Inde aussi. Le temps de la conquête culturelle sérieuse des espaces mondiaux par l’Inde n’est pas encore venu.

Maintenant, un mot ou deux sur la diversité qui règne sur cette Terre. La ménagerie zodiacale chinoise nous apprend qu’il n’y a pas de mauvais animaux. Par exemple le serpent de cette année, symbole de grâce, de ruse et d’intelligence. D’autres détails témoignent du choc des valeurs civilisationnelles. Par exemple, le Nouvel An chinois a sa propre couleur (le rouge) et son propre son (le son des pétards et autres feux d’artifice). Le rouge, c’est lorsque vous regardez par la fenêtre dans n’importe quelle ville asiatique et que vous constatez que l’éclairage des gratte-ciels et des tours a changé de teinte en l’honneur des Chinois et qu’il est aussi écarlate que l’Orient. Les rues principales deviennent rouges, principalement à cause des rangées interminables de lanternes sur les côtés et au-dessus de la tête. Pour la civilisation occidentale, le rouge est la couleur de la rébellion et du sang (d’ailleurs, si vous pensez que les drapeaux des pirates étaient noirs, fouillez dans les sources). Mais pour les Chinois, c’est la couleur de la fête depuis des milliers d’années et elle le reste – il suffit de voir ce que les gens portent pour sortir dans les rues le soir du Nouvel An.

Ainsi, lorsque la République populaire de Chine a été créée en 1949 avec son idéologie communiste, le changement de couleur du drapeau national y a été perçu d’une manière non occidentale, et il en va de même aujourd’hui. Et que dire de la civilisation russe, où «rouge» et «beau» ont la même racine ? Cela ouvre un vaste champ à la réflexion.
Et que dire du son ? Ce crépitement sec d’une nouvelle guirlande de pétards se répandant sur le béton et l’asphalte des rues, claquant dans des convulsions de fumée au seuil d’une maison ou d’un bureau. Ou encore le rugissement et le scintillement des feux d’artifice dans tout le ciel le soir du Nouvel An. On se souvient alors que les Chinois ont inventé la poudre à canon, mais pas pour faire la guerre. Les feux d’artifice servent à chasser les démons, qui, bien sûr, frapperont à nouveau dans un an, et seront à nouveau chassés par des crépitements et des roulements de tambour.

source : RIA Novosti via Histoire et Société histoireetsociete.com/2025/02/…

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