Lucas Taïeb n'a rien à faire ici
http://rienafaireici.canalblog.com/
2018, vous me pardonnerez l'expression mais je me retrouve, comme qui dirait, tout con. Fin d'une longue relation amoureuse, mais pas seulement puisqu'avant ça 1) j'étais devenu un endolori officiel pour toujours, 2) avais intraitablement arrêté l'art pour me consacrer à l'étude la plus sérieuse possible sur les choses du monde extérieur. Oui, ça faisait quand même beaucoup. (On rajoutera qu'au milieu de tout ça, comme une erreur de ton dans la composition globale, on m'aura sorti pour la première fois deux petits livres, "Socles" et "On s'y retrouve tous", alors que j'étais hors de toute préoccupation se rapportant de près ou de loin à ces choses.)
Et donc là, qu'est-ce qui peut arriver en pareil cas ? Il n'y a qu'une chose proprement matérielle qui puisse donner une voie à suivre, tellement l'on est au comble de la désorientation, de l'hébétude. Cette chose, ce fut : LA TABLE À DESSIN. Pour la première de ma vie, comme un miracle divin, LE CHANT D'APPEL DE LA TABLE À DESSIN ! Et donc forcément il faut s'installer dessus et se demander, dans un premier temps (toujours revenir à l'origine, à la racine, toujours se remémorer sans cesse dans le palimpseste de la vie) : qu'est-ce qui avait fait que je m'étais mis à faire ce genre de traits et de bonhommes frénétiques avec ma main entre 2002 et 2005, quand je m'y suis mis de façon curieusement intense à ce qu'on appelle "l'adolescence" ? Si j'en viens à me reposer spontanément cette question, déjà esquissée dans d'autres remémorations précédentes (cf blog quasi-rétrospectif "Faire et ne pas faire"), c'est que je vous rappelle que je ne comprends pas ce que je fous là : 1) je ne suis plus chez moi, 2) je ne suis plus dans "mon art" (qui a bien pu le faire, c'était qui ce type ?), 3) je n'ai pas grand chose à faire d'autre qu'être ici à me demander ce que je peux bien faire de moi et de mon art tels que je les ai laissés, bref, le titre était trouvé, "Lucas Taïeb n'a rien à faire ici".
(Ce qui est drôle, c'est que l'idée du blog était née un peu plus tôt et que le "ici" ne devait renvoyer qu'à un référent artistique, au sens de "qu'est-ce que j'ai pu foutre dans cet art ?" ; tandis qu'avec le nouveau contexte affectif et matériel, le "ici" prenait désormais un sens tout à fait spatial : "qu'est-ce que je fous dans cette vieille maison avec cette table à dessin ?".)
Je vais donc chercher d'étranges vieilles pages de cette période inaugurale, pages qui me semblent particulièrement révélatrices de mon embarras face à cette situation non-naturelle chez moi qui est celle de "dessiner" (sic, c'est comme ça qu'on dit), amenant ainsi une folie langagière accrue que je poursuis dans de toutes nouvelles pages-commentaires-auto-exploratrices, sans me forcer (en les relisant aujourd'hui, je suis même surpris du fait qu'elles soient si chargées alors que je pensais faire preuve d'un esprit plus posé, puisque "revenu de tout").
Du coup je suis content que ce blog, qui était parti pour n'être qu'un énième blog d'archives comme la rétrospective que vous avez suivi ce mois-ci, ait pu voir naître des pages de BD proprement dites qui me semblent compter dans ce drôle de parcours qui m'a vu "renaître à la main" durant cet inattendu coup de massue supplémentaire de 2018, devenu nouvelle "transition" existentielle et même nouveau départ mental (avais-je d'autre choix pour rester vivant ?). Le dernier Pré Carré en aura même pris deux-trois.
Et puis je me dis aujourd'hui qu'avec tout ça, avec ce chérissement confirmé envers ma pratique (qui reste la seule chose solide à se manifester quand tout a fui), avec ces autres livres qui me seront imprimés, bien entendu, que je n'oublie pas et n'oublierai jamais quand bien même il n'y en aurait plus d'autres, j'ai acquis en 2021 un tout autre positionnement existentiel par rapport à celui de 2018. En 2018, je vous ai dit, c'était : "bon, moi qui croyais que ce ne serait plus là, que c'était derrière moi, là soudain je vois une grande table à dessin qui me fait me demander : pourquoi ça a été à ce point là, et pourquoi ça a l'air de vouloir l'être encore ?". Questionnement sous-tendu du début à la fin par la question de l'arrêt qui était encore plus ou moins d'actualité à l'époque, par la question de la distance que je n'ai pas cessé d'avoir jusqu'en 2019, même quand j'ai fabriqué les livres chez PCCBA ; c'était les livres d'un ancien type dont je me sentais encore un peu proche, certes, mais un ancien type quand même, je ne devais pas accorder trop d'importance, trop de croyance à tout ça.
Aujourd'hui, je pose les choses tout autrement, c'est en un sens beaucoup plus pragmatique, quasi froidement : C'EST LÀ, point ; c'est ce qui est le plus LÀ dans ma vie car c'est ce qui a le plus été LÀ tout le long, point ; que je veuille m'y mettre avec plus ou moins de ferveur, plus ou moins d'implication, plus ou moins d'acharnement, cela ne change rien au fait que c'est LÀ et que c'est le TRUC de ma vie, objectivement, historiquement, que je m'y reconnaisse ou pas, que je m'y retrouve ou pas. C'est le TRUC et dans ce monde chacun doit avoir un TRUC en particulier, censé être plus important que les autres, auquel il accorde un attachement particulier, qui le définisse en dernière instance, hé bien moi c'est ce TRUC, voilà, point. C'est aussi simple que ça, c'est dit sans honte comme sans passion délirante, c'est une donnée établie et qu'il me semble devoir accepter, comprendre, et à partir de là, continuer à tenir dans le temps ; dérouler son évidence dans toutes ses conséquences, dans la mesure de mes possibilités.
C'est mon programme. (Je devrais donc moi aussi agiter les bras comme le font certains en criant "aidez-moi, aidez-moi !", peut-être que ça me donnerait une contenance.)
Merci à toutes et à tous pour votre attention !
Autant rien faire
http://autantrienfaire2.canalblog.com/
Avant que vous me connaissiez comme vous me connaissez, j'ai été un auteur autobiographique. C'est ça qui m'a donné envie de faire ce qu'on appelle parfois curieusement "de la bande dessinée" et c'est comme cela que je suis apparu sur l'internet en 2007. Mes quatre premiers blogs ne parlaient que de "je" et se nommaient, par ordre chronologique, "Après l'intensité", "Mes deux facettes / À l'extérieur", "Mon passé, mon présent et mon futur" et "Autant rien faire". J'ai supprimé les quatre. Mais le premier et le quatrième, surtout le quatrième dont nous parlons aujourd'hui, ont été partiellement repostés en 2013 à l'occasion de "correspondances" psychologiques et/ou existentielles établies avec ce qu'exposait "Immobile et agité", dont nous avons parlé hier.
(Je suis même allé jusqu'à me séparer physiquement des pages ultra-mini format, compliquées à conserver de "Mon passé, mon présent et mon futur", que j'aimerais pourtant relire aujourd'hui. Si quelqu'un par hasard se souvient de ce blog, qu'il me le transmette par télépathie.)
Je m'aperçois que tandis que "Immobile et agité" prenait à bras le corps (c'est le cas de le dire) le problème du corps, "Autant rien faire" (2008-2009) se concentrait sur les supplices occasionnés par mon cerveau. Encore aujourd'hui, je ne sais pas comment m'en sortir avec mon cerveau. (Si quelqu'un par hasard dispose d'une solution, qu'il me la transmette par télépathie (c'est le cas de le dire)).
Je poste ici-même les pages dont je me sens encore proche. Il faut dire que le contexte de solitude est assez similaire avec celui de l'époque. C'est dingue comme la solitude disproportionne le cerveau. N'empêche que sans celle-ci, toute une versant de mon "travail", comme on dit, n'aurait pas vu le jour, versant que quelqu'un a nommé un jour, bien que je récuse pour ma part ce terme, le versant "dépressif" de mon "travail" (si je le récuse, c'est parce qu'aucun diagnostic ne m'a pour l'instant décrit comme tel), à savoir son versant ratiocinant, ressassant, j'aime bien dire "déchirant" en ce moment de par mon goût pour les choses affectées, la plainte, etc. Quoi qu'il en soit, les ratiocinations du "je" font partie des principaux objectifs esthético-langagiers qu'il m'a toujours plu de poursuivre et... vous savez ce dont j'ai envie, du coup, depuis que ma principale facette "officielle", celle publiée par PCCBA, fait la part belle à l'autre versant, presque opposé, "l'absurde" et le "truculent" ? Hé bien de tordre le bâton dans l'autre sens, de revenir à ma facette ratiocinante, hyper-intérieure, super-hyper-auto-penchée (terme plus aimable que "auto-centré" puisqu'en me plongeant ainsi dans le moi du moi du moi, dans l'intériorité de l'intériorité de l'intériorité, c'est bien le monde du monde du monde, ses espoirs déçus ou poursuivis, ses universaux, ses éclaircies globales que je vise). Ou en tout cas de mêler perpétuellement les deux.
Car je suis les deux, que ça vous plaise ou non.
Je me rappelle en tout cas de cette époque, de "Autant rien faire", où la gloire ultime était d'être repris sur un skyblog de collégien. Oui, je l'ai été. Par l'une de mes pages apparemment "déchirantes", dignes de ces affects qui nous meuvent à ces âges, qui durent plus ou moins selon les personnalités et les occasions.
Ah, c'était un autre temps, le "bon temps" je sais pas, sûrement pas, mais disons qu'on avait de quoi voir venir, comme qui dirait.
À demain pour la clôture de la rétrospective avec, ironie du sort, mon dernier blog remémoratif en date, réalisé pile dix ans après "Autant rien faire", à savoir le dénommé "Lucas Taïeb n'a rien à faire ici" (2018-2019).
Immobile et agité
http://immobileetagite.canalblog.com/
Et donc forcément, aujourd'hui, est tiré "Immobile et agité", c'était couru. Commençons déjà par un parcours descriptif à ras de terre :
- De septembre 2013 jusqu'à février 2014, alternance de textes et d'images (et même de "correspondances" vers un ancien "blog journal intime dessiné" en partie supprimé, mais on en reparlera). Pour information, toutes les images sont encore consultables, même quand apparaît une icône cassée de type 'failed to load' : il suffit de cliquer dessus et vous avez la page qui s'affiche (bug pénible de Canalblog, je n'ai pas sous la main toutes les pages pour pouvoir les recharger). Je m'aperçois en les reparcourant qu'il y en a vraiment beaucoup qui me touchent encore, ce qui explique la quantité records d'extraits que je poste ci-dessous, pas moins de 13 (célèbre chiffre-malheur qui convient bien à ce blog brassant et rebrassant du mal-être). Les textes sont plus durs moralement à encaisser et c'est là qu'on voit la vertu de la "mise en dessin" : tout de suite on prend une distance poétique et du coup on respire (à moins de tenter le "texte poétique", mais ce n'était pas du tout l'objet de ce blog).
- En mars-avril 2014, uniquement des textes. 2014, donc période d'intense dégoût artistique, pour rappel. Mais là, hop, en plein milieu, ce texte qui se montrera décisif pour l'entreprise considérée rétrospectivement : "Depuis toujours, besoin d'entendre que c'est mon corps qui ne va pas. Que c'est lui qui est à la traîne. Un jour, vers neuf ou dix ans, j'ai des courbatures tellement fortes dans les mollets que poser le pied m'est extrêmement douloureux. Je me déplace dans la maison sur la chaise de bureau à roulettes. J'avais dû faire un gros effort les jours précédents, peut-être un effort qu'un enfant moins inhibé corporellement aurait moins ressenti, ou peut-être un vrai grand effort qui devait bel et bien occasionner ce genre de douleurs, bref qu'importe, je ne le saurai jamais car la doctoresse à domicile n'a rien voulu savoir et ne m'a parlé que de ma mère morte. Tout était forcément relié à ça. Les mollets c'est forcément la tête, pardi ! Après cela, je ne pouvais que persévérer dans le dualisme, tellement l'inverse me paraissait insultant. En me rappelant sans cesse que mon psychisme n'était pas totalement normal, on niait l'anormalité de mon corps que je ressentais pourtant bien plus fortement. Le problème n'était pas tant qu'il ne fallait pas la nier, car le fait est que mon corps avait presque toutes les possibilités pour devenir normal, mais tout mettre sur le dos de ma tête ne passait pas. Je ne pouvais pas y croire et n'y crois encore pas aujourd'hui."
- Puis de mai jusqu'à août, pour terminer le blog, diverses choses mais notamment la mini-série de vrais-faux fanzines "Je prendrai mes responsabilités" traitant surtout de l'achat compulsif, au milieu d'écrits qui tentent toujours d'aller au plus profond de soi. Notamment ce passage éloquent : "Concernant la honte, j'ai longtemps cru que c'était parce que j'avais honte de tout que des fois je disais vraiment des choses honteuses histoire de savoir pourquoi j'avais honte, mais je m'aperçois maintenant que c'est plus subtil : en exacerbant ma honte, en la développant (car c'est une recherche tout ce qu'il y a de plus précise et sérieuse), en lui faisant prendre des tours que je ne serais peut-être pas allé jusqu'à prendre dans un état normal (à savoir hors de l'écriture), je peux ainsi la mettre en spectacle, ne pas en être dupe et m'en tenir à distance. Je montre aux autres que je sais que je suis con et qu'il n'y a pas mort d'homme. Sauf que la plupart du temps, les autres pensent que je ne fais pas exprès ou alors que si je fais exprès c'est pour me faire mousser. Or, ça ne m'amuse pas spécialement, c'est juste la manière que j'ai trouvée pour m'en débarrasser le plus possible, la traire au maximum. J'attends toujours la dernière goutte."
Bon, hum, c'est un gros morceau d'auto-psychanalyse, en le relisant. Je m'excuse après coup auprès de tous les lecteurs de ne pas les avoir rémunérés pour cela (il paraît que c'est important symboliquement). En fait, je peux le dire maintenant : le but c'était bien qu'émerge une vérité à mon insu, laquelle, je n'en savais rien bien sûr, je sentais que quelque chose tournait autour du corps mais sans pouvoir bien le caractériser. J'avais déjà eu des exemples de mises à nu "indés" où il s'était passé ça : sans le savoir, le type avait exposé tous les indices de son futur diagnostic. En regardant le dessin ci-dessous et même rien qu'en analysant le titre du blog, c'est incroyable comme je me dis que tout était là, déjà présent sous mes yeux : les différents symptômes qui seront plus finement nommés et circonscrits par la suite, et surtout la condition physique en soi de l'hypoglycémique discret ! "Immobile et agité", c'est exactement comme ça qu'il faut dire la chose ; c'est la façon la plus économe de décrire ce que me fait le sucre : ça tambourine en moi et je ne peux que rester prostré. Immobile et agité, oui, tout à fait ça. Tout était là. C'est grâce au blog que je peux dater précisément le début des sensations. Vous comprendrez donc mon attachement persistant pour la dimension d'autoportrait même indécent dans l'art : pour une fois qu'on peut le rendre pleinement utile à soi, cet art, il faut le chérir pour ça. Peut-être pas seulement pour ça, mais aussi et surtout pour ça.
Car c'est quand même dingue. Tout a été là. Grâce à ça, on voit.
PS : Tiens, j'avais oublié ce texte posté sur le blog "plus de quatre ans et demi après" sa clôture, en avril 2019, dans un tout autre contexte existentiel, affectif mais aussi physique. Je suis surpris de trouver que c'est une aussi bonne conclusion.
"À la base, je m'excuse d'être. Et du coup quand je dois affirmer mon existence c'est maladroit et je peux vite me faire des idées, croire en la toute-puissance de ma pensée : « comme je ne compte pour rien la plupart du temps, si cette fois-ci on a eu l'air de me prendre en compte c'est que je dois vraiment être quelqu'un ! ». Or, pas du tout, ou pas spécialement. Je navigue toujours entre ces extrêmes : ils vont forcément se rendre compte que je suis le plus nul des nuls (alors qu'il m'arrive de maîtriser une certaine non-nullité dans certains domaines), ils vont forcément se rendre compte que je suis le plus unique des exceptionnels (alors que les gens se fichent qu'on ait un cerveau curieux, ils veulent juste qu'on soit viable). Finalement, je ne sais pas si le problème c'est de croire trop peu en moi ou si c'est de croire que je pourrai mener une vie normale en croyant si peu en moi (ce qui est une manière de trop croire en soi, pour le coup : « même si je tremble à tout va, ils ne s'apercevront de rien, tout se passera magiquement grâce à mon sourire », tu parles !). Je crois être passé d'une phase où je refusais d'admettre ma non-confiance totale, ce qui était une manière d'être auto-complaisant, à une nouvelle ère (la fameuse, le tournant) où l'on est obligé d'accepter d'être éclopé, à force. Et maintenant, tout commence. « Je ne serai jamais un artiste » avait déjà été dur à admettre (j'en avais longuement parlé ici et là), reste maintenant « Je ne serai jamais un humain qui étale un quelconque “vécu” ou “parcours” puisque mon essence semble être d'être immobile et agité ». Et c'est en partant de là qu'existent possiblement des marges, avec les limites que l'on sait."
L'oppression et moi
http://loppressionetmoi.canalblog.com/
Il y a quelque chose d'indécent dans cette rétrospective, mais le plus drôle c'est que le hasard du tirage au sort aura réservé le summum de l'indécence à la toute fin. Il y a en effet deux blogs que je considère à proprement parler comme des "journaux intimes" avec peu de prétentions artistiques, "Immobile et agité" dont on parlera durant l'un des trois prochains jours, et "L'oppression et moi", vieillerie naïve de 2010 que je viens d'extraire de la "soucoupe à petits papiers avec noms de blogs dessus".
"L'oppression et moi", c'est un peu une sorte de cheminement d'anarchiste autodidacte en direct, qui s'écoute penser innocemment comme certains s'écoutent parler. Autoportrait "autobiographico-politique", comme je disais alors, ce que j'ai toujours fait, vous allez me dire, sauf que là on est encore en 2010, je vous rappelle, donc c'est particulièrement mignon. Je m'aperçois que je nais en quelque sorte sous mes propres yeux, en tout cas au langage (car j'écrivais très peu sur ces choses à l'époque) ; tout y est déjà passé en revue, même un peu déjà "le corps", à la serpe ingénue certes, mais c'est toujours troublant de se rendre compte qu'on a si peu changé. Vous êtes pas obligés d'aller lire, il y a vraiment des trucs gênants, alors je vous mets des extraits textuels ci-dessous. Oui car blog de textes surtout, mais aussi un peu de dessins, cf ci-dessous également.
(Soit dit en passant, et curieusement, quelques lecteurs devenus fidèles m'ont avoué m'avoir découvert par ce blog-ci, comme quoi ! Pas sûr qu'ils puissent parler de la même personne avec quelqu'un qui m'aurait découvert par PCCBA, ha ha, c'est ça que j'adore dans la vie.)
"Dès que je suis trop engagé dans une activité je m'y sens étouffé, j'ai l'impression que c'est l'autorité qui me dit de la faire et non plus moi-même, je n'aime pas que l'envie ne vienne pas de moi. Hop, dès que l'oppression se fait sentir je me sers du rêve pour me dire que j'ai d'autres choses dans ma vie auxquelles je peux me consacrer, et ces choses deviennent réalités donc après je laisse les choses autoritaires et je viens à l'évasion concrétisée, qui deviendra ensuite nouvelle autorité, et ainsi de suite (car c'est cyclique et ce sont toujours les mêmes activités qui reviennent, en gros y'en a deux ou trois). Ce n'est pas une peur de la matérialisation car je ne demande que ça de vivre réellement et pleinement. Mais le monde est fait de telle façon qu'un passe-temps désintéressé se transforme vite en obligation forcée, à cause de certaines structurations et conjonctures. Quand le dehors me paraîtra vraiment libre je ne chercherai plus à l'être sans cesse."
"L'oppression et nous. Je sais pas si vous avez remarqué mais depuis quelques temps l'idée infecte de Nation revient à la mode, à cause de certaines figures médiatiques dont je ne préciserai pas le nom car elles polluent déjà assez nos yeux et nos pensées. C'est la première idée infecte à combattre dans l'ordre des idées infectes à combattre. Ceux qui veulent combattre l'idée infecte de Fric par l'idée infecte de Nation sont les premiers à combattre vu que l'idée infecte de Nation est la première dans l'ordre des idées infectes, comme je l'ai dit. Car pour elle "l'autre" est un ennemi, alors qu'au moins dans le règne du Fric "l'autre" est un collègue consommateur alors on peut toujours discuter et s'entendre pour un jour tout détruire. Dans le règne de l'Etat, "l'autre" est un camarade travailleur alors c'est un peu mieux mais il faudrait enlever ce 'travailleur' voire même au final enlever ce 'camarade' car "l'autre" est bien plus que ça : c'est un ami. Carrément. L'autre c'est nous. Et si c'est pas nous c'est pas grave, c'est quand même un ami. Faut pas avoir peur de ce qui n'est pas nous, faut pas vouloir le rendre nous, c'est très bien qu'il soit lui, il faut aimer quand il est lui. Car le monde c'est bien, à la base."
"Je conçois tout à fait le besoin de Dieu. Les athées mettent de l'Ordre et du Sens grâce à d'autres choses, à l'Art par exemple. Mais en fait s'il faut comparer Dieu à l'un des trois A, c'est ni à l'Art ni à l'Amour que cela me semble le plus juste. Bah oui parce que l'Amour normalement c'est toujours un peu fiévreux et inquiet, on a peur que l'Être Aimé ne nous aime plus et du coup on fait tout pour lui prouver sans cesse notre Amour. Alors que la croyance sereine en Dieu c'est comme une Amitié Suprême j'ai l'impression, c'est de l'acquis immatériel et auto-satisfait. Tant que ça met pas le pistolet sous la tempe des non-croyants moi ça me dérange pas, chacun compense comme il veut ses peurs et ses faiblesses."
La mission
http://lamissionbd.canalblog.com/
(AVEC UNE SURPRISE À LA FIN DE CE MESSAGE DONC RESTEZ JUSQU'AU BOUT)
Il est risqué de donner le lien d'un blog qui a donné un livre encore disponible ( http://www.le-terrier.net/pccba/taieb3/ ), mais il paraît que ça ne rebute pas les gens, qu'ils se font une première idée puis qu'ensuite ils vont respirer le papier. Dont acte.
Il s'agit donc de "La mission", réalisée en 2013 et que j'ai longtemps considérée comme ma BD formellement la plus "aboutie", comme on dit couramment. Surtout que j'aurai morflé ; j'en ai en effet un souvenir épuisant musculairement, preuve que même en situation de minimalisme, la BD est une discipline physique. Cela devait même au départ être un peu plus long, mais je commençais à trop (me) forcer dans tous les sens du terme, donc j'ai préféré en rester à 30 pages ; sans savoir que cela faciliterait ensuite sa mise en papier par PCCBA, ce qui ma foi est un parfait rebondissement, même si j'ai bien tenté de la faire entrer dans des maisons plus grandes, avec notamment un avis très encourageant de l'un des messieurs les plus en vue de la place parisienne, ce qui m'aura fait patienter en conservant toujours un regard de considération envers cette chose (ce qui n'est le cas que pour très peu de mes travaux, à part peut-être le reste de mon fameux "podium" qui contient aussi, pour rappel, "Le comptoir" et "Un grand homme" qui restent pour leur part encore ignorés voire bafoués en 2021).
Marrant comme je parviens enfin à sortir d'un "minimalisme à crayonnés" trop propre et raide dans lequel je ne me suis jamais retrouvé et auquel j'ai trop longtemps voulu coller. C'était l'une de mes plus grandes interrogations concrètes : pourquoi, en BD indé, les auteurs minimalistes sont-ils des propres, des maniaques, des méticuleux ? J'ai voulu très tôt être à la fois minimal et bordélique et ce n'est qu'avec "La mission" que j'y suis vraiment parvenu. Ouf.
Il était prévu que j'embraye ensuite sur "La fiction", puis "La miction", puis pourquoi pas "La fission" (sans rire), mais j'étais vraiment HS au niveau BD et est alors arrivée la fameuse période de dégoût et l'envie d'écriture. Une BD récente et encore gardée secrète, intitulée "La seule écurie digne de ce nom", constitue néanmoins une sorte de petite sœur formelle, notamment au niveau de son format de page : horizontal. Autre interrogation concrète que j'avais depuis longtemps : pourquoi les dessinateurs dessinent-ils si peu en format à l'italienne ? C'est quand même bien mieux, non ? En tout cas moi je trouve ça bien mieux, je suis plus à l'aise.
ET ON EN ARRIVE À LA SURPRISE PROMISE :
AVIS À CELLES ET CEUX QUI ONT DEJA LU LA MISSION, CE QUE VOUS NE SAVEZ PAS C'EST QU'ELLE CONTENAIT à l'origine (bon, j'arrête de gueuler) une "Annexe-Epilogue" explicite (dans tous les sens du terme) jugée trop appuyée ou démonstrative par l'éditeur, et qui ne figure donc pas dans le recueil. Bien entendu, elle est sur le blog et vous pouvez donc aller la consulter, pas plus loin qu'ICI : http://lamissionbd.canalblog.com/archives/p30-10.html
Je vous souhaite un très bon dimanche en compagnie de qui vous voulez et vous dis à demain.
L'enquête sur la porte avant qu'elle ne s'ouvre
http://avantquellene.canalblog.com/
J'appréhendais un peu sur quel blog j'allais tomber le 25, vu qu'il m'en reste quelques déprimants à tirer d'ici le 30... Sauf que je suis tombé sur VOTRE PLUS BEAU CADEAU car sans doute LA PLUS DENSE CHOSE QUE J'AI FAITE DERNIEREMENT (en l'occurrence, entre fin 2019 et début 2020).
Cela s'appelle "L'enquête sur la porte avant qu'elle ne s'ouvre" et cela fait près de 100 pages. J'ai tenté d'y mettre tout dedans. C'est un peu galvaudé de dire la chose comme ça, mais en ce moment j'aime bien concevoir la BD improvisée comme une sorte d'émergence progressive du sens qui se fait gros au fil des pages que l'on amasse. Cela ne relève jamais complètement du "hasard" et en même temps ce qu'on vise au départ est bien sûr encore évasif ou je dirais "déqualifié", ça peut venir recueillir diverses significations ou finalités possibles, même si au final, seulement certaines et pas d'autres, certaines même apparaissant comme nécessaires, relevant de notre "raison d'être", viennent se regrouper pour "qualifier" la mosaïque.
Je fabrique cela avec une part de jeu au départ, par exemple je tire au sort des noms de personnages comme je tire au sort ici des blogs, avec quelques contraintes invisibles de combinaison qui ne sont que des aides au mouvement et donc absolument inessentiels au sens, celui-ci étant bien tout le contraire de "gratuit" ou de "contingent" puisqu'il s'agit d'aller à chaque fois au plus près de ce que "je suis", de "où j'en suis" à un instant donné (c'est le même genre de principe actuellement à l'œuvre dans l'espèce de feuilleton immobile "ressassant mais gros du sens qui vient s'y accrocher progressivement à mon insu et sous ma tension demandante" que je fais dans Déconfetti et qui s'appelle "Comment en est-on arrivé là ?").
On y retrouve donc tous les sujets graves de la période (qui sont encore à peu près les miens aujourd'hui, même si parfois colorés autrement) : le retour de Lucas Taïeb à la BD indé alors qu'il pensait avoir rejoint tout autre chose dans un tout autre monde (ce qui renforce le côté parfois onirique), son corps qui l'empêche de pouvoir se penser comme un "soi autonome" ou "responsable" à proprement parler (convocations de Freud et Castoriadis), et ça et là quelques tropismes anthropologico-politiques voire même sexuo-sentimentaux (le blog de textes "Le seul vrai hétéro" y est en quelque sorte résumé en quatre pages, ce qui est pratique pour ses non-lecteurs). Bref, ce n'est pas trop abuser que de dire que j'ai cherché à "tout" y mettre. Avec en plus un trait qui obéit de plus en plus à son propre équilibre, qu'il trouve enfin de façon proprement satisfaisante sur certaines pages, ce qui me permet vraiment de dire que c'est la chose que je préfère de mon come-back post-2018 (pour cela que je l'ai mise en blog, tandis que je suis encore perplexe sur d'autres bandes faites depuis) et que j'aimerais donc un jour que cela débouche sur quelque chose de concret... quitte à devoir trouver un prolongement à tout ça, repartir dans l'enquête, ce qui est toujours plus ou moins prévu quand j'apprécie un "principe" ou un "univers" (mon côté BD, pour le coup !), mais alors il faudra que j'aie l'impression que du nouveau sens pourra s'agréger ainsi. En tout cas, même quand je suis parti sur une forme un peu autre, je crois que je vais conserver précieusement cette "façon de faire" encore quelques temps, dans la situation qui est la mienne. 🙂
J'espère que la Papa Rouge a été généreux, et bonne journée à vous !
Merci de votre attention
http://devotreattention.canalblog.com/
Bon, je vous ai déjà beaucoup parlé de "Merci de votre attention" alors on va la faire courte cette fois-ci. Surtout que je suis dans une période où je ne l'aime de nouveau plus ce blog, alors que dernièrement c'était le cas. C'est aussi de ça dont je pourrais profiter de parler, le fait que je n'arrête pas de ne pas aimer puis de re-aimer puis de re-pas-aimer ce que je fais. Il y en a d'autres des comme moi mais à ce niveau-là j'en tiens tout de même une sacrée couche.
Bon, mais "Merci de votre attention" ça a aussi été deux beaux livres chez PCCBA en 2020 ( http://www.le-terrier.net/pccba/taieb3/index.htm ), sélection de pages effectuée par l'éditeur. Alors c'est peut-être ça que je pourrais vous raconter pour l'occasion, le fait qu'au départ mon bienfaiteur avait pensé imprimer les recueils en format plus grand que les originaux "pour mettre en valeur le dessin". Quand il m'a dit ça j'étais scié car je pensais "mais c'est pourtant ma série de pages la plus fumiste, la plus je-m'en-foutiste au niveau de l'exécution, je faisais exprès d'y aller le plus rapidement possible pour voir ce que ça donnerait et parce que j'en avais marre d'essayer se soigner, pour ce que ça m'apportait...!" ; je me souviens même qu'une fois, tandis que ma cousine (artiste mais dans un tout autre domaine) lisait la page nulle que je poste en premier ci-dessous (d'autres extraits plus représentatifs du blog ci-après), en septembre 2010 comme la plupart des pages non-expérimentales de la série, avec un air perplexe et que je lui disais "ouais je me suis dit que quand même fallait arrêter de chiader parce que y'en a marre au bout d'un moment" (mais quel abruti !), ben après coup j'avais eu particulièrement honte de "faire" ainsi des choses comme ça, des soi-disant "œuvres" de ce genre et que j'y ai longtemps repensé après. Aujourd'hui ça va mieux car non seulement je me suis aperçu que cette série m'aura permis, en me fichant comme jamais de mon trait, de faire partie celui-ci vers des contrées jusque là inexplorées, de le chérir pour lui-même et pour rien d'autre, et qu'en plus il y a donc eu les livres.
Et en format NON AGRANDI, ouf ! Heureusement pour ma honte !
Par contre, il a été question un temps de faire un recueil constitué uniquement de pages "muettes" et un autre de pages "parlantes", deux ensembles bien distinctifs de cette période, où l'on sent la transition se faire vers ce qui sera ensuite en quelque sorte mon "versant abstrait", et ça pourquoi pas, ça m'aurait pas gêné. Mais finalement il a été décidé de brasser les deux. Pourquoi pas non plus.
En tout cas, ici, histoire d'être paritaire, je vous mets 4 pages parlantes et 4 pages muettes, voilà.
Bon, finalement j'ai pas été si court que ça. Tant pis pour vous, tant pis pour moi.
(Re)constitutions
Rétrospective bringuebalante de décembre, 23/30. Chaque jour, un blog au hasard.
http://constitutions.canalblog.com/
La page que vous voyez ci-dessous n'est pas encore sur le blog et pourtant c'est celle du 2 décembre 2012/2020, car figurez-vous qu'il n'y a que jusqu'à novembre que j'ai tout posté sur le blog. À cause des céphalées de photophobie sur écran.
Petit rappel : en 2020 je m'étais donné l'objectif de poster tout "Reconstitutions", les 366 pages, sur un blog, mais avec les contours de cases gommés car cela m'était apparu comme beaucoup mieux ainsi. Et que c'était peut-être même LA raison de l'échec retentissant de l'entreprise, de les avoir laissés. Car il n'aurait pas dû être question de cases, mais uniquement de traits. Je m'en étais rendu compte lorsqu'un jeune poète témoigna de son affection pour mes planches et proposa même à son éditeur de choisir l'une d'entre elles comme couverture d'un recueil, ce que ledit éditeur (je le nommerai pas, je mentionnerai juste qu'il s'agit du Castor Astral) refusa. Je lui avais pourtant bien envoyé la version sans tracés de cases, m'étant donc aperçu de la nécessité de la chose, mais il faut croire que cela ne suffit pas pour conjurer la malédiction. Tant pis, on aura fait de notre mieux, et même le jeune poète était bien marri. On s'est dits qu'un jour on ferait des trucs ensemble mais il n'est pas sur facebook alors c'est tout de suite plus compliqué. Si vous l'avez reconnu, merci de lui faire passer le message que je suis toujours autant fervent quant à ma tendresse obstinée pour certains des mouvements de ma main (pas tous).
Bon, donc, "Reconstitutions", à l'origine, avant que ce soit "(Re)constitutions" en 2020-2021, ce fut "Reconstitutions" en 2012. Mon apprentissage du dessin, littéralement. La seule "œuvre", puisqu'il paraît qu'il faut parler ainsi, dont je sois "fier" à proprement parler (car jusqu'à présent c'était que du pipeau tout ce que je vous ai dit, c'est des choses que j'aime relire car ils me montrent un "moi qui fais", qui peut être incongru, détonnant ou attendrissant, mais pour lequel je n'ai pas la moindre once de considération en tant qu'on "reconnaît" et "apprécie" à proprement parler un "travail"). "Reconstitutions", c'est la seule "œuvre" que je montre à ma grand-mère car c'est la seule dont je n'ai pas honte, où ne réside pas de scorie de folie langagière. C'est ça qui est fort agréable avec les traits, c'est qu'ils peuvent être fous et que personne n'aura de propension spontanée à les "lire" comme tels, ils SONT et c'est tout, alors qu'on va "lire" du langage littéraire fou comme tel, dans les coordonnées du langage ordinaire (c'est le même problème, d'ailleurs, qu'a le langage savant), et ça ce n'est pas confortable, que ce soit par rapport à sa grand-mère ou à qui que ce soit d'autre (on m'a dit un jour que quelqu'un s'était demandé en lisant "Socles" si j'étais fou, ce qui m'a rendu, pour le coup, follement perplexe).
Bref, le muet, les traits, le pseudo-abstrait, tout ça, c'était enfin le sérieux, pour moi. On allait voir que j'étais sérieux, solide, crédible. Un peu attristé donc d'apprendre que des gens qui me "reconnaissaient" plutôt jusqu'à présent ne sont pas arrivés à "reconnaître" ici ce qu'ils avaient "reconnu" avant. Ce n'était pas spécialement voulu, hein, car si je devais tracer une lignée, celle des "Petits totems" était pour ma part clairement évidente, en plus ambitieux, plus grave. Surpris de recevoir plusieurs non-réponses alors que je témoignais enfin de mon sérieux. Heureusement, heureusement, l'Histoire retiendra (et c'est bien le plus important, l'Histoire) ce très aimable article sur du9 rédigé par Côme Martin : https://www.du9.org/chronique/reconstitutions/
Bref, si vous n'avez pas peur de vous y étourdir, vous pouvez (re)constitutionner de janvier à novembre 2012/2020, en attendant qu'apparaisse, inespéré, cerise sur la décennie de gâteau de traits noirs, le mois de décembre restant à gommer-poster, qui le sera sans doute d'ici début 2022, au rythme où vont mes yeux perpétuellement éblouis.
http://constitutions.canalblog.com/
(Re)constitutions
(Re)constitutions est la version en ligne de Reconstitutions, 2012, 366 pages. Naviguez donc dans les mois qui se sont succédés.constitutions.canalblog.com
"Le mec avec qui l'autre con est jamais d'accord mais tout de même quelquefois voire assez souvent"
http://lemecavecqui.canalblog.com/
Depuis "Faire et ne pas faire", et cela s'est reproduit avec le deuxième blog remémoratif qu'a constitué "Lucas Taïeb n'a rien à faire ici" en 2018-2019 (pas encore tiré au sort dans cette rétrospective), j'ai toujours eu l'envie de poster un fascicule en entier de ma première époque historique 2002-2003-2004 où j'aurai gratté, regratté et surgratté du papier comme sûrement jamais après. Mais lequel choisir ? Certains étaient trop peu lisibles au niveau de leur lettrage, d'autres trop intimes ou auto-référentiels... J'aurai finalement jeté mon dévolu sur "Le mec avec qui l'autre con est jamais d'accord mais tout de même quelquefois voire assez souvent".
Oui, vous avez bien lu. "Le mec avec qui l'autre con est jamais d'accord mais tout de même quelquefois voire assez souvent". Rien que pour le titre je me dis que c'est un bon choix, qu'il montre bien ce qui m'habitait à l'époque. En m'y repenchant, je vois aussi que c'est le bon aperçu d'un tournant à la situation temporelle très précise, donc que ce n'est pas étonnant que ce soit ce récit-ci (si si) que j'ai choisi : le lettrage y est lisible, donc c'est postable, et en même temps on voit que je n'en peux plus de tout ça ; pour dire les choses autrement, si je vous avais montré les choses un peu avant, vous auriez trop vu (et donc pas pu lire) l'espèce de graphomanie imbitable ; si je vous avais montré les choses un peu après, vous auriez trop lu (et donc pas pu voir) l'auto-exposition de soi qui se déversait alors sans plus aucun plaisir des mots en eux-mêmes. Bref, nous sommes ici en fin 2003 : déjà sorti du ludisme naïf de l'ado inquiet-attardé qui s'amuse de son propre déversoir absurde, pas encore entré dans la phase autocentrée du solitaire involontaire qui ne peut que ressasser dans son journal intime qu'il n'en peut plus de ne pas pouvoir approcher le monde. C'est encore un peu drôle mais déjà plus tellement. Il n'y a plus vraiment la force, mais déjà une sorte de joie désespérée et épuisée qui m'a toujours plus ou moins caractérisé.
"Le mec avec qui l'autre con est jamais d'accord mais tout de même quelquefois voire assez souvent". Extraits ci-dessous et version intégrale ici, donc : http://lemecavecqui.canalblog.com/
On s'y retrouve tous
Rétrospective bringuebalante de décembre, 21/30. Chaque jour, un blog au hasard de Lucas Taïeb.
http://onsyretrouvetous.canalblog.com/
Alors, "On s'y retrouve tous". Autant il y a certains livres pour lesquels j'ai pu témoigner du fait que je n'aurais pas imaginé qu'ils se fassent ainsi, autant celui-ci je voulais vraiment qu'il se fasse et c'est peut-être, avec La Mission, celui que je suis le plus ravi d'avoir vu naître entre les mains de PCCBA.
C'est du 2014-2015 comme "Sur des socles", mais tandis que ces derniers ont été faits sans y penser, la série des "On s'y retrouve tous" était délibérément perçue comme une sorte d'au revoir en forme de pot pourri, où chaque page reconstituait formellement l'une de mes tendances (implicitement ou explicitement selon le degré de familiarité à mes trucs) ; l'essentiel se jouait pour moi dans le texte de commentaire qui était peut-être pour moi la véritable "illustration" qui devait avoir le dernier mot artistique (toujours été surpris que l'on considère comme évident que ce soit l'image qui "illustre" le texte et non l'inverse). C'était bien entendu une manière de sous-entendre que j'allais maintenant "ne faire qu'écrire", comme j'écrivais dans une page, et c'est n'empêche ce que je fis pendant les deux ou trois ans qui ont suivi, alors pour une fois j'aurai tenu ma parole. Content donc que le livre ait pu "sortir", comme on dit, qui plus est en plein au début de ma reprise d'études, ce qui permettait donc de le regarder à la fois d'une façon détachée et comme une pierre venant marquer le coup, à la fois conclure et initier.
Comme cette page internet le prouve, "On s'y retrouve tous" est donc paru chez PCCBA en fin 2016, mais contrairement à ce que le bouton Paypal laisserait sous-entendre, il est bien épuisé : http://www.le-terrier.net/pccba/taieb2/index.htm
Je mets en commentaires mes planches favorites, mais le blog reprend intégralement le livre, avec chaque texte et tout, et forme un ensemble compact qui fait plus ou moins sens "en soi", tout ça sur une seule URL internet (pas long à lire hein, c'était un relativement petit livre).
Merci à vous.
http://onsyretrouvetous.canalblog.com/
«on s'y retrouve tous»
«nous on pense que Lucas Taïeb on peut quand même essayer de trouver quelque chose à en tirer, alors on va s'efforcer d'exprimer ce que ça nous induit quand il fait encore des pages, on va s'écrier sans ambages qu'on en tire d'autres formes de langag…onsyretrouvetous.canalblog.com
Une certaine harmonie
http://certaineharmonie.canalblog.com/
"Une certaine harmonie", blog furtif du printemps 2011, composé de 25 petites pages muettes. Alors en pleine mue graphique durant mes "Merci de votre attention" qui commencent à tendre vers le burlesque et/ou l'abstrait, j'ai eu envie de faire des sortes de petits poèmes en six cases, dont le titre accolé ensuite sera tantôt illustratif tantôt plus impressionniste. Il y avait le début de l'intuition selon laquelle je pouvais commencer à mêler des attentes quelque peu "musicales" à mes pages autrefois surtout discursives. C'était encore moins facile avec mes moyens de l'époque (encore plus rudimentaires que ceux de maintenant), je n'ai pas tenu très longtemps, mais j'en garde un souvenir assez écarquillé, comme toutes les pages de cette période, où je découvrais surpris ce qui se traçait sous mes yeux (qui correspondait de moins en moins à ce que je pratiquais jusqu'alors). C'est le genre de blog mineur qui est sans doute une sorte de "chaînon manquant" bien plus décisif qu'il n'y paraît à première vue (et suivant les périodes, tantôt je le trouve en effet de moindre importance, tantôt je me dis que quelque chose s'est joué là).
Si je dois citer une référence qui a pu se situer en arrière-plan, je pense à chaque fois (toutes proportions gardées) au "Poèmes" de Nicolas Mahler qui n'est jamais cité alors qu'il est à mon sens proprement inouï dans sa modestie zen. J'aurais voulu faire une chose à peu près comme ça, dans l'idéal.
Les pages sont appelées des "pistes", j'aurais dû les confier à des musiciens. S'il y a des intéressés...
Ci-dessous, les pistes 4, 5, 16, 19, 22 et 25.
Un grand homme
Rétrospective bringuebalante de décembre, 19/30. Chaque jour, en décembre, un blog parmi tous les blogs de Lucas Taïeb.
http://ungrandhomme.canalblog.com/
On parlait hier de mon "vrai" premier livre, celui-ci c'est mon premier livre "idéal", dans mes rêves. Pour rappel, je le mets sur mon podium de "favoris" avec Le Comptoir et La Mission. Cela s'appelle "Un grand homme" et c'est une sorte de biographie de l'insaisissable, de l'indéterminable, quelque chose à quoi je tiens particulièrement philosophiquement. Je ne sais pas si c'est à cause de ce principe fort existentialiste (et même encore pire, puisque Sartre disait que ça devenait moins vrai avec la mort) selon lequel on ne peut rien dire de définitif sur quelqu'un, que mon éditeur historique n'a pas souhaité le faire ; j'aime me donner ce genre de raison intellectualiste, alors qu'il m'a surtout dit que c'était parfois un peu trop bavard, avec des pages trop déséquilibrées graphiquement, ce qui pour moi n'est pas une raison suffisante car je n'aime pas les arguments qui reviennent à reprocher aux choses ce qu'elles sont (comme : "tu es d'une certaine fraction de l'extrême gauche qui pense ça !", "eh bien oui et alors, c'est ainsi, je suis là, je devrais faire quoi ?", jamais compris ce genre d'accusation...).
Bref, j'aime bien. Je bloque tellement dessus, sur sa nécessité, que je me dis qu'un jour je vais finir par le redessiner en profitant pour le rendre encore plus fin et écrit-pensé à ma sauce de maintenant, sans doute un peu plus "grave". Mais j'ai comme l'impression qu'on viendrait toujours me dire que ce n'est pas "de la BD" et ça m'agace d'avance, grrrrr...
Notons qu'il fut dessiné durant un super long été parfait (2010), rempli d'un déménagement enthousiasmant, de courts mais intenses séjours mémorables (dont mon dernier dans une petite maison familiale ensuite vendue et qui verra naître les toutes dernières pages, il me semble)... Bon, c'est sans doute pour ça aussi que je l'aime bien, c'était l'époque où tout paraissait simple, plus simple en tout cas que ce dimanche 19 décembre 2021, que je vous souhaite néanmoins suffisamment bon.
(Ci-dessous, une traversée express avec donc un spoiler, forcément.)
Sur des socles
Rétrospective bringuebalante de décembre, 18/30. Chaque jour, en décembre, un blog parmi tous les blogs de Lucas Taïeb.
http://surdessocles.canalblog.com/
"Sur des socles", le blog à l'origine de mon premier "livre" officiel, mon best-seller, le fameux SOCLES sorti en 2016 chez PCCBA (aujourd'hui épuisé, on peut néanmoins relire avec émotion la page du site qui lui était consacrée : http://www.le-terrier.net/pccba/socles/index.htm ).
Ou plutôt non, à l'origine c'était une petite brochure photocopiée de 29 pages, envoyée à quelques happy few dont L.L.d.M., et que je concevais comme l'introduction de quelque chose de plus long qui devait traiter en gros du rapport à l'art, de la "critique", en partant d'un rapport fétichiste absurde mais pour tenter d'arriver à d'autres dimensions peut-être plus troubles, métaphysiques et/ou polémiques.
Nous sommes en 2014-2015 donc en plein débordement de vase de mon côté, je n'en peux plus de mes traits, je ne m'y mets qu'affalé dans un fauteuil dans des moments de vide ou d'attente (je me rappelle précisément de certaines pages dessinées en pensant à autre chose, entre deux actions, en attendant que de la bouffe cuise, que de la famille créchant chez moi se prépare pour sortir, etc. et c'est ça qui m'aura fait "côtoyer" Blexbolex, ben putain, continuez à vouloir être sérieux... !), de toutes façons je n'ai plus de bureau pour ça. Cela restera donc inachevé.
Comme d'hab', j'en fais quand même un blog malgré tout, en y postant aussi la suite des 29 pages, suite un peu plus "deep" ou "grave" qui fait tout de même 12 pages, je redécouvre ça à l'instant, ce qui change la tonalité globale du truc quand on les relit.
Je suis dingue quand L.L.d.M. me propose d'en faire un livre et accepte donc sans hésiter que les 12 pages supplémentaires, qu'il n'a pas lues à l'origine mais que je lui envoie, soient retirées ou plutôt non-rajoutées afin de garder le livre tel qu'il a enthousiasmé Laurent. Et là-dessus, il convie messieurs Blexbolex, Muzotroimil, Loïc Largier et lui-même à venir en quelque sorte me rehausser ou m'illustrer, ce que j'accepte, fort flatté.
Je trouve que c'est là qu'on voit que c'est proprement non-logique, non-rationnel, le destin d'une publication. Le truc, il a été fait en pleine nonchalance et sensation de "fin de carrière", et même dans les moments où j'étais un peu plus concentré, je n'ai pas poursuivi une seule seconde comme but quelque chose qui ressemblerait à ce que les 29 pages officiellement connues sous le nom de "SOCLES" ont donné. "SOCLES", au final, je ne sais pas ce que c'est, je n'arrive pas à l'inscrire quelque part contrairement à d'autres choses non publiées que je classe volontiers parmi mes favorites, non pas parce qu'il serait "publié" et qu'on serait "toujours déçu" par l'objectivation que crée la "publication", mais parce que c'est une sorte de fenêtre furtive impromptue, de possibilité parallèle de ce que ça devait être à l'origine ; les raisons pour lesquelles il n'y a que ces 29 pages ne relèvent que de l'accident, c'est là où j'en étais quand j'ai imprimé le fascicule d'origine mais pourquoi couper là, il aurait pu y en avoir 20, 10, 25, ou on aurait pu aller jusqu'aux 41 dessinées, ou j'aurais pu m'efforcer de continuer, ne pas avoir ce coup brutal d'arrêt renforcé par un accident physiologique, bref, tout ça vole dans la contingence pure.
Je crois que cela a joué dans le fait que ce petit livre ne parvienne pas à me convaincre de m'y remettre tout de suite (à l'époque) ni à trouver que la "publication" était absolument une fin à poursuivre en soi puisqu'elle nous échappait toujours. J'en resterai donc, dans un premier temps, sur ce paradoxe que l'année de sa parution aura aussi été celle où j'aurai le moins dessiné depuis que je pratique, ce qui n'a pas de rapport direct mais ce qu'on ne peut manquer de trouver sacrément ironique.
Lui c'est Cansanio
http://cansanio.canalblog.com/
Alors ça c'est juste l'une des nombreuses histoires de Cansanio (datant de 2003 mais redessinée en 2007) mise en ligne en 2019 dans la foulée du blog remémoratif (déjà) "Lucas Taïeb n'a rien à faire ici" dont on n'a pas encore parlé, mais mais mais Cansanio VOUS AURIEZ DÛ LE CONNAÎTRE BIEN AUTREMENT EN PLUS. C'est vraiment ça le problème des pratiques non publiées et/ou non publiables, c'est que du coup les gens et le monde ratent la plupart des choses.
CANSANIO C'EST UNE STAR ET CROYEZ BIEN QUE MÊME SI VOUS ÊTES LA MAJORITÉ À NE PAS LE SAVOIR, CELA NE DIMINUE PAS POUR AUTANT SON AURA (même si vous verrez que dans cette histoire-ci, il la mange, l'aura)
POUR VOUS PARDONNER DE NE RIEN CONNAÎTRE À RIEN, JE VOUS AI FAIT UN TOUT NOUVEAU FAN-ART, COMME ON DIT, DE CANSANIO VOTRE HÉROS.
Notre héros à tous.
Car Cansanio, lui c'est Cansanio.
Mes meilleurs bouquins
"Mes meilleurs bouquins"
http://mybestbooks.canalblog.com/
On devrait toujours préciser quand on a fait les livres en situation d'amour ou pas. Cela devrait être écrit en exergue de tous, pour qu'on comprenne bien. Bon, ici ce n'est pas un livre, c'est un blog, mais c'est pareil : il me semble devoir préciser sans ambages que j'étais en situation d'amour quand je l'ai fait, en 2010. Cela vient expliquer cette façon si guillerette de traiter ainsi mon ressentiment envers les bouquins en tant qu'acheteur compulsif... mais donc aussi en tant qu'amoureux, qui entrevoit ainsi une façon de s'en extirper en les traitant de haut, d'une façon imaginairement amusée (avec toujours des "manifestes" dont je ne peux pas empêcher la pesanteur)... mais aussi, il faut croire, d'une façon "nihiliste", comme me l'a dit une lectrice en janvier 2021. Oui, elle a trouvé que c'était "un peu nihiliste" et ma foi, pourquoi pas, on l'est un peu de toutes façons lorsqu'on est amoureux, non ? Elle l'a lu sur papier, d'ailleurs.
Elle l'a lu sur papier car bien plus tard, dix ans plus tard exactement, en 2020, "Mes meilleurs bouquins" est publié en tant que "Chez votre bouquiniste" ou "Chez le bouquiniste" (au choix) par PCCBA, qui lui consacre une petite vidéo promotionnelle ci-après : https://youtu.be/FQCYIVXqhc8
Aux dernières nouvelles, il est toujours disponible. Même sans amour en vue.
Enfans têtus
lucastaieb.tumblr.com
Le fameux Tumblr maudit dont je ne peux pas donner le lien sur Facebook vu qu'il est bloqué pour une raison que j'ignorerai toujours ! Il faut quand même le faire, ça : à peine je décide d'aller sur une plateforme plus "pro", plus esthétique, à peine on m'en empêche. Fort heureusement, la paranoïa n'est pas inscrite dans la disposition de mes neurones, qui plus est ce blog aura hébergé une belle renaissance (qui aura même mené à du papier, c'est dire, le si rare papier !)
Je ne parlerai ici que de la première partie de ce blog, ce pour quoi il a été créé et qui s'appelait "Enfants têtus", indépendamment de la série de pages qui a suivi et qui donne le nouveau titre "Comment leur faire croire ?", cette dernière étant considérée de mon côté comme "encore en cours", simplement empêchée par la malédiction du Tumblr. "Enfants têtus", donc, rien que "Enfants têtus", ici, dans la rétrospective. Nous sommes en 2018. La renaissance.
Je ne suis plus chez moi, je suis dans un endroit où il y a une très grande table à dessin. Cela fait à peu près trois ans que je n'ai à peu près rien dessiné. C'est dur de dire précisément, car on peut considérer d'un autre point de vue que j'ai repris en 2017 avec quelques pages de journal intime dessiné dont le seul lecteur sera mon meilleur ami, série absolument centrale dans ma pratique mais qui est forcément à "situer" à part, du moins faisons comme si. Bref, été 2015, j'arrêtais tout, j'arrêtais entre autres "Enfants têtus" à cause des douleurs, et trois ans plus tard, été 2018, devant cette grande table à dessins, je reprends ce petit carnet sur lequel j'ai inscrit "enfants têtus" et qui ne contient que cinq pages de 2015.
Je me sens obligé d'expliquer ce silence, de parler de mes douleurs, de mes oreilles, de dire que je mettrai plus tard toutes les pages dans le désordre mais qu'il faudra bien savoir que les cinq premières pages seront cachées parmi elles et qu'elles seront à considérer de façon à part, comme le prélude de ce long silence dont je reviens. Et si j'essayais de faire des pages sur la douleur, des petites pages de six cases chacune mais des petites pages quand même ? Je les intercalerai parmi d'autres pages de six cases où j'essaierai de faire revivre des traits et des bonhommes, comme il y a trois ans. Sur cette grande table à dessin. En essayant d'écouter de la musique à un niveau acceptable. En parlant, quand le besoin se fera sentir, de la douleur. Mais pas tout le temps : intercalée parmi d'autres langages qui seront, eux, leur propre fin. Histoire de montrer qu'il y a toujours une porte de sortie possible, avec l'art. Ou du moins que je l'ai retrouvée ici, sur cette table à dessin, à l'été 2018 qui me voit en tout point désorienté par rapport à il y a un an à la même période. Allez, comme quoi, finalement ça peut être inespéré, l'art.
Cette série désordonnée de pages retiendra l'attention du camarade Lucas Méthé qui en sélectionnera une importante quantité (la majorité, il me semble) pour son Tchouc-Tchouc n°6 (habillé d'un bel hérisson de M. Bukulin : https://tchouctchouc.blogspot.com/2019/05/numero-6.html ).
Il faut noter que parmi les pages écartées, on trouve toutes celles sur la douleur. Comme quoi, elles étaient peut-être juste là pour accoucher de la renaissance, comme appui initial, comme doublure dans l'ombre, logistique technico-existentielle secrète, sous-série parallèle à retracer ou pas parmi les traits dévoilés. Je vous les mets en commentaires, puisqu'elles forment comme l'envers de l'endroit des "Enfants têtus". Merci à L.M. pour cette publication.
Préparation en vue d'un projet
Rétrospective bringuebalante de décembre, 13/30. Chaque jour, en décembre, un blog tiré au sort.
http://envuedunprojet.canalblog.com/
Encore du 2011, vous allez me dire que décidément, le sort... Hé oui mais c'est sans doute l'année où j'ai le plus dessiné avec 2012 et 2010, bref ces eaux-là, donc forcément ça revient souvent au tirage.
Alors vous avez ici un blog ma foi fort rigolo bien qu'un peu bordélique. Ce que j'aime particulièrement c'est qu'il y a aussi du texte et que c'est une sorte de "concept" en lui-même où l'on pouvait croire que j'étais sérieux (j'aime bien quand on croit que je suis sérieux alors que je ne le suis pas, ça me change de quand on croit que je ne le suis pas alors que je le suis, ce qui arrive beaucoup plus souvent).
En gros : première partie du blog, je fais le type en train de faire un projet de BD, ou plutôt, donc, une "préparation en vue d'un projet" (c'est le titre du blog). Deuxième partie, comme souvent induite par mes douleurs du quotidien, hop, à partir du 10 août, je change mon fusil d'épaule, je souffre tellement dans mon "travail salarié" qui m'empêche de passer du temps suffisant sur ma pseudo-préparation de projet que j'explicite désormais mon pseudo-projet (pas plus vrai, pas plus faux) de devenir "libraire", ce qui se caractérise à l'époque par une exploitation en tant qu'apprenti dans une "librairie indé" que je vis de façon particulièrement douloureuse et contrariée, donc. Cela sera donc la nouvelle mise en scène tragico-drolatique.
On peut noter que c'était une sorte d'appel au secours (le sérieux revient toujours au galop), car mon "maître d'apprentissage" m'avait avoué être tombé sur le blog dans sa première phase "pseudo-projet de BD" et qu'il l'avait trouvé fort rigolo et tout, alors c'était comme une façon de lui signaler que de mon côté je ne riais pas tant que ça, que tout ça faisait mal (surtout qu'il me trouvait plutôt faible et paresseux comme "libraire", il aurait sans doute préféré que j'en reste à mes vraies-fausses BD indés qui avaient l'air de m'obnubiler bien davantage que tous les autres "livres", surtout les romans à histoires dont il fallait retenir le "pitch" en plus de porter et d'ouvrir leurs innombrables, désolants et douloureux cartons ; je commençais décidément à me dire qu'il y avait quelque chose qui clochait dans ce corps, c'est aussi de ça dont parlera finalement pour la première fois ce blog, le début de la recherche de diagnostic, mais on en reparlera...).
Bon, j'en garde tout de même un bon souvenir de ce délire même s'il est difficile d'en faire grand chose après. Néanmoins, néanmoins, je tiens à dire qu'il avait trouvé un prolongement sur le merveilleux site Le Terrier du non moins magnificent L.L. de Mars, qui avait accueilli "La vente du livre", de la documentation pédagogique piratée en vente de produits-livres que je vous indique ici : http://www.le-terrier.net/taieb/ventedulivre/index.htm
Il est difficile de vous fournir une quantité d'extraits détachés de leur contexte alors allez-y voir par vous-même.
Juste avant que la porte ne s'ouvre
http://justeavantquela.canalblog.com/
"Juste avant que la porte ne s'ouvre", court feuilleton dessiné entre 2011 et 2012
On peut difficilement faire BD plus maudite que "Juste avant que...". Et quand je dis maudite, pour mon cas, c'est que ça va loin, il ne s'agit pas simplement d'une non-publication éternelle, ça j'en ai bien d'autres et ce statut finit par leur seoir à force, surtout que ce sont pour leur part des BD bel et bien pensées comme terminées, bouclées, accomplies (comme "Le Comptoir" dont on parlait hier).
Non, là, c'est maudit car inachevé dans des conditions désagréables. Désagréables au niveau du ressenti, pourtant j'aimais bien au départ m'immiscer dans ce genre de feuilleton interlope comme au temps jadis où tout pouvait se passer, j'y ai tenté des trucs de langage et de musique, mais c'est comme si j'eus besoin au bout d'un moment d'une confirmation de la route, externe ou interne. Et c'est là que la non-confirmation fut implacablement telle jusqu'au bout, créant l'aspect maudit.
Je me souviens l'avoir envoyé à ce site qui se nommait "Grand Papier" (dont j'ignore d'ailleurs s'il existe encore), histoire qu'une plus grande visibilité, l'inclusion externe dans le "champ" indé, m'entraîne à nouveaux frais intérieurement. Non, ça n'allait pas, ça ne "correspondait pas à la ligne", comme on disait encore en cette époque.
Et c'est là, ou à moins que ça eut lieu avant car je ne crois pas qu'il y ait de rapport de cause à effet (car mon corps a existé et avait déjà vécu avant d'être "indé"), que la physiologie et à travers elle son agitation déboulent, je ne peux plus dire autre chose sur ces pages que mes douleurs, qui prennent alors la place que devraient occuper mes bonhommes et leur porte. Cela devient une "BD autobio de Taïeb" parasitée par les bonhommes et leur porte, ce n'était pas le deal de départ et ça ne me plaît pas, vous n'en trouverez ici que l'ultime page sauvable, qui bascule là-dedans et pas les deux ou trois suivantes qui étaient vraiment trop maudites à lire et que j'ai préféré retirer.
Malédiction dans la malédiction : ces 39 pages firent partie des "bandes" choisies pour mon comité de lecture adoré, celui que je ne remercierai jamais assez, le comité PCCBA en 2019. Le caractère inachevé de la chose n'étant pas rédhibitoire, puisqu'à l'insu de tout le monde (ou presque), "Socles" l'était déjà, inachevé. Non mais tout de même, encore un peu de maudit pour finir : là, "Juste avant que la porte...", ça a failli ; tandis que la moitié du tandem PCCBA l'avait pré-sélectionné, l'autre n'en était pas suffisamment convaincu, de par sa dimension "théâtre de l'absurde" jugée trop appuyée (je ne sais pas si cette observation est vraie ou fausse, je peux juste dire pour ma défense que je n'avais que ces armes à cette période, 2012 est l'année où les mots m'apparaissaient de fait grotesques, c'est "Petits totems", c'est "Reconstitutions", débrouillez-vous avec ça...). J'aurais été "pour" et ça aurait fait deux voix "pour", mais l'édition n'est pas démocratique.
Et puis... pour tout vous dire... je ne sais même pas si j'aurais été pour.
C'est maudit.
Mais ça se lit, comme on dit.
Le Comptoir
Rétrospective bringuebalante de décembre, 10/30. Chaque jour, en décembre, dans le désordre, un blog choisi au hasard.
http://lecomptoirbd.canalblog.com/
Ah, "Le comptoir"... Si je devais faire, puisque les "tops" et autres "classements" sont à la mode (ou alors j'ai encore une mode de retard), un podium des BD-Taïeb que je préfère à la longue, j'érigerai sans hésitation : Le Comptoir, Un Grand Homme, La Mission. On n'a pas encore parlé des deux suivantes (dont une seule a pour l'instant fini sur papier), mais focus aujourd'hui sur la première.
"Le comptoir" a au moins eu quatre versions différentes, deux précédentes à celle du blog mais une postérieure que j'avais démarrée en voulant poursuivre la veine d'une façon plus ambitieuse, mais le découragement est venu.
Je crois que si je l'aime tant c'est parce ça rejoint l'aspiration de tout pré-ado biberonné à la "BD d'humour" d'avoir sa propre "BD à gags", "en une page" si possible, le fameux canon. Qui plus est, je trouve pas que la BD réellement absurde, je veux dire radicalement, ait tant que ça exploré cette forme ; le strip pourquoi pas, l'histoire courte, le dessin légendé, mais le "gag en une page" en mode "état second", citez-moi des exemples ? Pourtant je trouve qu'il a une potentialité de musicalité grotesque et chaloupée non dénuée d'intérêt.
Voilà, la version mise en ligne ici (début 2013, mais dessinée plutôt fin 2012) fait 61 pages. Elle a peut-être le défaut de mettre un peu de temps à trouver son rythme et son équilibre graphique, au début on voit que je me cherche, surtout que je sortais à peine de l'esprit "petits totems" où le but était que mon trait se désarçonne encore plus de façon chaotique, or là ce n'était plus le principe à suivre, MAIS je trouve justement que c'est AUSSI cette nouvelle propension qui permet à certaines séquences de sortir du simple "humour verbal de situation" pour tomber dans une étrangeté pas moins grande que mes autres "bandes" du moment (qui étaient, donc, les Petits Totems mais aussi Reconstitutions, vous voyez donc à quel point le Comptoir pouvait représenter une sorte de respiration fantaisiste, que je ne m'attendais pas à autant maîtriser "dans les codes", je pensais que ça partirait beaucoup plus vite en non-cases, or je suis bien resté dedans, c'est de la BD d'humour conventionnelle, je pensais donc vraiment que ça plairait davantage un jour... Mais du coup aujourd'hui j'aurais envie de le redessiner, c'est malin, or je n'ai pas que ça à faire... Non, vraiment, le monde de la "publication", c'est une impasse, je suis désolé. Une impasse.)
(Dans mon choix de pages ci-dessous, mélange de pages "les plus marquantes", représentatives de tentatives "en terme de langage" ou "en terme de musique", "pages que j'avais un peu plus oubliées que les autres", bref différents critères subjectifs...)
Définitivement
Rétrospective bringuebalante de décembre, 10/30. Chaque jour, en décembre, un blog (re)présenté.
Bon, voilà, le fameux. LE blog. Le blog de textes qui me suit depuis 2012. Définitivement.
C'est compliqué cette histoire, car il va de soi que c'est pour moi le plus important, celui que je garderai jusqu'au bout si on me disait que tout le reste doit être effacé (ce qui est ironique quand on sait que c'est l'un des seuls, texte oblige, où je n'ai pas toujours de "copie" on my side de ce qui y est posté). Ce n'est pas tellement à cause du fait que "l'écriture est ce que je préfère" ; bon, c'est sûr que c'est le plus évident pour moi, plus facile que de tenir un crayon, mais ça n'a pas pour autant toujours été "ce que je préfère". Il se pourrait bien qu'encore aujourd'hui, je souhaite "qu'on retienne" peut-être plutôt certains traits ou façons bédéistico-graphiques qui me semblent apporter une certaine étrangeté, même à moi-même. L'écriture, à l'inverse, c'est ce que MOI je retiens avant tout (donc pas sûr que ça vous regarde mais je le dis quand même, c'est le principe de cette rétrospective) : c'est ce qui me suit tout du long, ce qui reste le plus fréquemment à mes côtés (si on compte tout simplement en "temps de cerveau disponible"). Il n'y a aucune chose, aucun domaine d'idée qui m'aura autant obnubilé, autant pris tout entier que certains textes de ce blog. Je m'y "mets" comme dans aucune autre chose, ce qui a d'ailleurs été facilité par sa confidentialité absolue et la perplexité générale ou plus simplement la non-réaction totale (jamais eu aucun mot dessus d'aucune personne qui ne soit pas un ami proche) qu'il renvoie. Du coup je suis en roue libre et ça me permet notamment de creuser cette espèce de ressentiment que j'ai envers l'art, sorte de fil rouge que l'on peut retrouver par ailleurs dans certaines de mes "bandes" si on les lit bien (les plus avertis auront trouvé lesquelles) ; et du coup, cette "exposition de la dent que j'ai contre..." devient le principe même de mon autoportrait. Je ne sais pas si c'est mon côté "contemporain postmoderne" ou le fait que j'ai été nourri à la BD autobio, mais en dernier ressort, je crois que ce qui me motive, à savoir la clé de lecture principale de tout ça, c'est l'établissement de l'autoportrait "intérieur" le plus fidèle et sans filtre qui soit, donc potentiellement vertigineux, ressassant ou imprévisible, mais avec toujours cette ligne de conduite de "m'écouter" le plus possible. Et c'est sans doute pour ça que c'est ce blog de textes, Définitivement, placé à son origine sous le signe des chausses-trappes de l'écriture (notamment de sa tendance au "définitif", de ma quasi-haine de ce mot), que je place définitivement (argh mais oui) au centre de tout.
Je me rappelle de cette amie qui me publia jadis sur un espace en ligne et qui me dit que c'était étrange à quel point en écriture j'avais l'air "beaucoup plus posé, comme si tu avais plus de recul", alors que par ailleurs on voit "Taïeb en BD" plutôt comme un bordel total. C'est la question qui fâche, d'ailleurs, qui provoque sûrement la plus grande perplexité, je le lis dans vos yeux : pourquoi, ici, ce style souvent littéraire, ampoulé, ultra-précis, alors qu'ailleurs je fais mon sauvage ? Il y a quelque chose, encore une fois, de la volonté de sérieusement cerner les ressorts de tout, et quand il s'agit de cerner, je suis une sorte de rationaliste chiant, vous savez. Très premier degré.
Oui, en gros c'est surtout ça que j'ai envie de "présenter" avec Définitivement ; même s'il y a parfois eu un peu d'humour dessus (surtout au début), très vite, c'était l'aire où on ne faisait plus mine de... Où je fais mon coming-out le plus central : je suis quelqu'un de globalement très premier degré. Tout est toujours sérieux, en dernière analyse. C'est comme ça. Il y a des choses à dire, quoi, alors on les dit. Voilà. Elles sont là.
(Je mets ci-dessous en lien les textes que je considère comme les plus mémorables, simple question d'intensité, le plus souvent confirmée par le "retour" que j'en ai eu, sauf pour la discrète série "Le monde légitimé envers ma fille" que je mets donc en avant en lui créant une "Catégorie" sur le blog)
(blog en cours donc s'affichant encore dans le sens "du plus récent au plus ancien", contrairement à la plupart des autres)
http://defini.canalblog.com/archives/2014/02/12/29195567.html
http://defini.canalblog.com/archives/2019/02/08/37084851.html
http://defini.canalblog.com/archives/2014/06/11/30055265.html
http://defini.canalblog.com/archives/2020/08/29/38503477.html
http://defini.canalblog.com/archives/le_monde_legitime_envers_ma_fille/index.html
http://defini.canalblog.com/archives/2021/03/28/38890579.html
http://defini.canalblog.com/archives/2021/06/27/39033327.html
Après Après Michaux Exérèse de kyste. Je prends - Définitivement
Après Après Michaux Exérèse de kyste. Je prends un opiacé et allez j'en prends direct un deuxième....Lucas Taieb (Définitivement)
Le triangle
Rétrospective bringuebalante de décembre, 9/30. Chaque jour, en décembre, dans le désordre, un blog tiré au sort.
http://letrianglebd.canalblog.com/
L'un de mes plus vieux trucs : conçu en 2002 puis redessiné quasiment sans modification de texte en 2006, sans jamais recevoir aucun "retour" proprement dit.
Bon, ça devient vite assez maladroit, bancal dans la tournure que ça prend (en plus d'être mal écrit, mais ça à la rigueur c'est pas le pire, je suis pas le seul), mais c'est tout de même un peu attachant, ça intrigue au début. En tout cas c'est ce que j'en ai conclu ce beau jour de 2014 où L.L. de Mars me demande de le lui envoyer en PDF pour qu'il puisse le lire plus confortablement et que je lui réponds "euh... mais c'est vraiment vieux, hein, je sais pas si j'assume encore", qu'il dit quelque chose comme "c'est pas grave" et qu'ensuite, acte manqué ou je sais pas quoi mais il y a bug et il ne le reçoit jamais. Il finira par le lire de visu IRL cinq ans plus tard au QG de PCCBA, et là oui, il confirmera : "oh c'est dommage qu'au bout d'un moment ça devienne... ça parte en... enfin bon... parce que quand même il y a quelque chose mais... ah, c'est con...". Ah ben voilà, j'avais donc raison !
Bon mais vous pouvez quand même aller le lire si vous voulez, c'est le principe d'internet.
Le triangle
Espèce de bande dessinée de Lucas Taïeb datant à la fois de 2002 et de 2006.letrianglebd.canalblog.com
Entre nos jambes
http://entrenosjambes.canalblog.com/ (recueil de pages "à dialogues fictifs amoureux et sexuels" s'étendant de 2007 à 2009)
Je me rappelle de cette interpellation un jour par l'une des deux moitiés de mon éditeur PCCBA : "il n'y a pas beaucoup de filles dans les BD de Lucas Taïeb, hein !". Alors que je n'ai pourtant parlé que de ça pendant la majeure partie de mes pages, si on fait le compte ! Mais c'est sans doute le revers de la pratique enfouie dans le sous-sol du souterrain : toute idée sur elle prend le risque de ne pas désigner la réalité mais le hasard de notre prise de contact avec elle, et je m'aperçois en le disant (foin d'humilité arrogante !) que c'est le cas pour toute "œuvre", qui est toujours bien autre chose (et des fois vraiment tout autre chose, absolument autre) que ce qu'on peut en dire.
Mais vraiment, de mon côté, c'était vraiment mon dada de départ : je voulais dessiner des pages où des filles et des gars parlaient, dissertaient sur ce qui les faisaient danser la danse de l'amour, ou tentaient maladroitement sous mes yeux de la danser. C'était ce que je préférais faire, j'ai même voulu me "spécialiser" dans ça, je trouvais ça inépuisable comme formule, avec des variantes plus ou moins réalistes, plus ou moins potaches, plus ou moins romantiques ; certaines prenant explicitement la position (de fait) du "male gaze", comme on dit désormais, et d'autres s'efforçant de prendre une distance plus lointaine, plus détachée (mais même le premier mouvement étant finalement regardé comme "de haut", comme de façon non dupe voire le plus souvent dégoûté, dépité ou amusé, comme cela sera plus tard creusé dans les textes du "seul vrai hétéro" dont on sera amené à reparler).
En recherchant finalement l'entrecroisement (plutôt que l'entre-deux) entre les élans les plus violemment idéalistes et obsessionnels et l'aspiration à la déprise la plus radicalement désenchantée ou à la lucidité la plus poétiquement conséquente (car en niant telle beauté éculée, on en trouve immanquablement une autre, celle qui fait qu'on y croit, bref l'empathie pour nos illusions qui est belle en soi sans ironie), bref en une "BD de sexe" que l'on puisse tout de même lire d'un œil égalitaire, où la connivence attendrie serait générale, neutre, non genrée. Je dis pas que j'y suis toujours arrivé, des fois je faisais même exprès de ne pas totalement y arriver afin de tenir à mon "auto-dérision tragique" nécessairement située, mais c'était en tout cas dans l'idée.
Bien sûr, j'ai arrêté de creuser ce sillon lorsque je me suis mis à "vivre l'amour" dans la durée et on ne va pas manquer de trouver que c'est révélateur ; bien sûr, mais je n'ai jamais trouvé pour autant que toutes ces pages sonnaient alors fausses, au contraire, j'y ai parfois trouvé certaines intuitions précieuses (ce qui est normal, puisque j'allais chercher des choses, des hypothèses que je pouvais ressentir, à ma portée, même si elles n'étaient pas encore advenues dans la réalité) ; non mais par contre, oui, "l'amour", le "vrai" qui dure au-delà de quelques pages, c'est autre chose, un tout autre sujet finalement, que je n'ai d'ailleurs jamais pu traiter en "fiction-bonhommes". Il faut alors d'autres armes, le "je" explicite et tous ces trucs beaucoup plus risqués, beaucoup plus encombrants. Mais ces paginettes furent tout de même une bonne école.
Michel Drucker est mon copain
http://tousmescopains.canalblog.com/
Aaaaah, "Michel Drucker est mon copain" (essentiellement fin 2010-début 2011 et un peu après), peut-être l'un des blogs les plus lus au-delà du "cercle restreint" d'amateurs, et sans doute d'ailleurs davantage lu par l'extérieur de ce cercle que par le cercle lui-même, car dessiné à une époque où je n'avais ni la possibilité ni l'envie de soigner la communication (on remarquera d'ailleurs la laideur de l'interface).
Il a beaucoup fait rire des proches qui m'en reparlent parfois, et c'est à mon sens l'essentiel, mais je garde tout de même un certain goût d'inachevé : j'aurais aimé creuser plus profond dans mon obsession enfantine pour la télé ; c'est ce qui m'a construit, peut-être pas tout entier mais en grande partie, c'est longtemps ce que j'ai voulu faire, un "métier de scène", amuseur ou présentateur, comédien ou beau parleur, beau chanteur, c'est pas que ça "brillait" spécialement c'est que ça me permettait d'être moins seul (enfant unique j'étais, demi-orphelin qui plus est), ça me renvoyait un réel où le sourire paraissait être l'évidence, la moindre des choses, la nécessité de comment il fallait que ça se passe. Avec le sourire et les copains (les chroniqueurs étant tous des copains, pardi, si complices, si mutins). J'ai tant aimé, dès tout petit, les émissions de télé, je dis bien les émissions, les émissions d'adultes. Les dessins animés aussi mais pas avec la même émotion ; les émissions d'adultes me renvoyaient une émotion SOCIALE, c'est pour ça que j'en avais besoin : ça avait l'air d'être LE MONDE, que je ne connaissais ni d'Ève ni d'Adam, le monde de la "mise en scène" bien sûr, celui de la "création" au sens large auquel on m'avait destiné depuis tout jeune sans que je ne demande quoi que ce soit. Bon, c'était un peu grossier parfois, et ça semblait souvent craindre (équivalent verbal de "craignos") au niveau éthique politique (j'aimais pas quand il y avait des doutes sur est-ce que le type était de gauche ou pas, fallait qu'ils soient tous de gauche, c'est comme ça qu'on est normal et décontracté, sinon pourquoi sourire ?).
C'était des flashs entiers qui me sont revenus d'un coup, sans recherche documentaire, sans document préparatoire, il y a des fois où j'aurais aimé un peu plus fouiller ma mémoire, un peu mieux croquer telle ou telle trogne d'animateur juste pour que ça "évoque" mieux, comme on dit, mais voulais-je vraiment "évoquer" ? Non, je voulais que ça dévide, dévider la fange, comme toujours. J'ai des fois l'impression de m'être arrêté au bord du précipice, au bord du vrai contenu latent consistant, signifiant, bref, sentiment d'avoir peut-être raté le plus intéressant, mais... ce n'est que partie remise ?
Faire et ne pas faire
Quand arrive dans la rétrospective un blog lui-même pensé comme rétrospectif, on ne sait plus trop quoi dire. Cela fait un peu trop de méta-regard pour un seul homme.
http://inquietude.canalblog.com/
Nous sommes en 2012. J'ai tout mon temps alors je me reparcours (déjà). Et je vais loin, mon but étant d'aller jusqu'à dix ans auparavant, 2002, là où j'ai vraiment commencé tout ça. Je sélectionne les choses selon mon goût du moment, selon ce que ça "montre", vous pourrez parcourir vous-même si vous le souhaitez grâce à la colonne "Catégories" à droite, classée essentiellement par années.
D'abord appelé "Dix ans d'inquiétude" puis "Treize ans..." quand ça a fait treize, il se nomme désormais plus modestement "Faire et ne pas faire", étant donné qu'il a, ces dernières années, surtout hébergé des textes dépités qui disaient que j'arrêtais tout (comme d'hab). J'y annonce aussi (plus ou moins) ce qui se fait dans la lumière de la "publication" et je remontre des choses qui se sont retrouvées dé-(ou peu)montrées (supprimées par exemple du site de France Musique pour ce qui est de ma collaboration avec David Christoffel, répertoriée ici : http://inquietude.canalblog.com/.../2014/10/27/30814082.html )
Au final, ça aura servi à quoi ?
- Entre autres à célébrer ma nostalgie de l'époque où je faisais par exemple des choses comme cette couverture (et d'autres) pour une vraie-fausse revue (a t-elle vraiment été "montrée" au sens de la "monstration", de "l'existence concrète" ?) avec des amis qui riaient et avec qui je riais sans cesse même si je prenais un malin plaisir à être toujours plus triste qu'eux
- Entre autres à ce que monsieur Alexandre Balcaen y lise "L'antépénultième roseau" qu'il fera publier dans Turkey Comix n°24 (là je mettrai pas le lien de la BD, hein, c'est le principe du papier consécratoire d'effacer tout ce qui l'a précédé)
- Entre autres à encore et toujours me présenter, dire "bonjour, je suis etc.", à faire sans cesse mon autoportrait car je suis jamais sûr que les gens ont tout bien compris
Exacerbations
Rétrospective bringuebalante de décembre, 5/30. Chaque jour, en décembre, un blog de mon histoire.
http://exacerbations.canalblog.com/
Blog "Exacerbations". Novembre 2009-Février 2010.
Je... je suis en train de vivre quelque chose de... c'est... c'est incroyable que ça existe même pour moi... c'est... c'était inespéré, c'est enfin l'amour. Quoi dessiner maintenant que je ne peux plus me plaindre de rien ? L'impression, du coup, d'être arrivé au bout de quelque chose, comme lorsqu'on démarre quelque chose de nouveau (ou que l'on souhaite que cela se fasse ; ici ça se fait tout seul ou presque, les choses semblent à peu près simples, c'est merveilleux ; je ne retrouverai plus jamais cette impression à un autre moment de ma vie).
C'est qu'il s'agit alors d'être aussi simple et naturel que la vie et ses sentiments qui m'enveloppent : et si on se proposait de refaire des "dessins absurdes improvisés de bonhommes parlants", ce que j'ai préféré faire quand j'ai débuté ? Et on appellera ça pareil qu'avant, "Exacerbations", ni vu ni connu, puisque personne hormis mon meilleur ami ne les avais lus, ces bizarres petits fascicules que je concevais comme l'équivalent de ce que je percevais être les "graphzines" d'antan (mais en plus bavard, ne comprenant pas pourquoi les gens de "l'underground" contemporain n'usaient que très modérément ou superficiellement du langage, ce matériau pourtant divin).
Et je le dirai bien dès le départ, que j'ai l'impression que je suis à la fois déjà au bout (eh oui, déjà ! toujours déjà "fini" avant même de finir quoi que ce soit) et au début de... je sais pas de quoi. Peut-être d'une chouette rencontre, car il se trouve que grâce à un forum, monsieur L.L. de Mars (dont j'ai vu les premiers dessins de pingouins au CM2, je dis bien au CM2 !) trouve que c'est pas banal et propose d'en faire une page sur son site Le Terrier où il en met un certain nombre, pas tous mais un certain nombre.
http://www.le-terrier.net/taieb/index.htm
Plus tard, quand on fera des livres, on se dira qu'on ne va pas refaire ces dessins-là sur papier qui nous semblent tous les deux trop éloignés (mais de quoi ?), mais en tout cas ils sont là.
Vous pouvez aller les voir et sinon j'en ai choisi arbitrairement cinq.
Lucas Taïeb - Exacerbations
Lucas Taïeb - présentation de dessins extraits de la série "Exacerbations" pour le Terrier www.le-terrier.netwww.le-terrier.net
D'où vient l'impulsion (blog mort-né)
http://limpulsion.canalblog.com/
Voici mon blog de textes le plus furtif : 5 messages. On pourrait croire à une performance contemporaine (je me souviens qu'il avait été "aimé" par Vadim du groupe Salut C'est Cool, excusez du peu), or il n'en est rien, mon but était vraiment de mêler au bloguisme taïebien historique mon "tournant intellectuel" des années 2016-2017, montrer que celui-ci s'incarnait concrètement dans des pensées matinales obsédantes. Rappelons le contexte : en 2015, un tournant physiologique aussi bien qu'une lassitude artistique occasionnent chez moi un profond dégoût pour la BD et plus globalement pour le dessin, mon dessin. Aucun trait ne sera tracé, aucun bonhomme durant toute l'année 2016, ainsi que durant la majeure partie de 2017. À ce moment-là, seule la pensée la plus constructive et la plus incarnée me semble pouvoir me sauver : j'approfondis ma conversion aux sciences humaines et sociales qui avait déjà commencé à se faire sentir et je reprends des études.
En mai 2017 j'ai passé mes derniers partiels de l'année en cours et je m'apprête à déménager, je sens que je vais avoir besoin d'un dérivatif mental : et si je montrais, dans une perspective classique d'auto-dérision tragique qui a fait ma renommée, que bien souvent (la plupart des matins) il n'y a que ces pensées touchant aux enjeux d'images de "soi scientifique" ou "politique" qui impulsent ma levée, n'ayant plus d'autre contrainte ? Disons qu'on verra bien ce qu'il en sortira, on notera scrupuleusement, peut-être que des fois ce sera juste le chat ou le pipi ou le pipi du chat, mais en tout cas cela permettra de se faire une idée sur les idées qui, littéralement, m'animent.
Bon, j'ai pas tenu longtemps car j'avais quand même trop de bouquins à lire pour préparer l'année suivante. Et un déménagement sur les bras qui annoncera d'ailleurs d'autres bouleversements. Mais c'est une autre histoire.
Après l'intensité
Il y aura parfois des surprises dans ce tirage au sort de blogs : cette fois-ci, c'est un blog qui n'existe plus.
Le tout premier sur lequel je me suis montré sur l'internet, "Après l'intensité", en 2007. Supprimé ensuite à cause de la honte.
C'était un blog journal intime de gros nounours déprimé ultra-sensible quasi-puceau qui s'interrogeait sur son art tout tordu, un genre que l'on a un peu trop oublié aujourd'hui, ce qui me donnerait presque envie de tout remettre en ligne, tellement cela avait au moins l'ambition de témoigner de la Vie, bon dieu, de la Vie sans fards qui est toujours plus ou moins coincée, sans s'faire croire qu'on est rigolard, déconstruit ou criard-détendu (je ne vise à la fois personne et tout le monde) !
Bon mais en 2013 j'en ai remis un tout petit peu, pas plus de 8 pages, dans le cadre d'un système de "correspondances" à suivre en bas des pages, où chacune était reliée à la fois à une page de "Autant rien faire" (un autre vieux blog supprimé dont on reparlera plus tard) ainsi qu'à "Immobile et agité", mon blog contemporain de journal intime en textes + dessins.
Ici : http://arheu.canalblog.com/
Tout se correspondait malgré tout, c'est cela que je voulais montrer.
On retraverse toujours le truc, c'est le palimpseste de la Vie.