Révolution Permanente, Frédéric Lordon et « syndicalisme révolutionnaire »

Dans une vidéo de soutien de l'appel aux dons de Révolution Permanente (cf. yt-dlp est votre ami), Frédéric Lordon prétend que RP ferait entre autres du « syndicalisme révolutionnaire ». Mais en quoi consiste le soi-disant « syndicalisme révolutionnaire » de RP ? Appeler abstraitement à la grève générale et à faire un plan de bataille ? Critiquer la bureaucratie syndicale sans analyse de pourquoi il y en a et sans solution concrète pour la résoudre ? S'il suffit de ça pour « un syndicalisme révolutionnaire », c'est pour le moins léger, à fortiori étant donné qu'il y a un syndicalisme révolutionnaire qui a lui une consistance et qu'il y a les Comités Syndicalistes Révolutionnaires (CSR) qui ont fait un gros travail de théorisation et de synthèse.

Cette approche pour le moins très légère du « syndicalisme révolutionnaire » par Frédéric Lordon n'est pas une nouveauté, mais il se permet de récidiver. Malheureusement, ça dilue le syndicalisme révolutionnaire au lieu d'y faire réfléchir, ce qui d'ailleurs amènerait à mieux penser la spécificité du léninisme (par exemple son « néo-léninisme » comprend de fait la tendance syndicaliste révolutionnaire !) et potentiellement à s'en détacher au profit de l'authentique syndicalisme révolutionnaire (notamment : privilégier l'action directe et non de faire du service, le syndicalisme de branche et non de métier ou d'entreprise, importance de la culture et la sociabilité à travers notamment les Bourses du Travail, la double besogne, l'autonomie du Syndicat contre la dépendance à un Parti, l'organisation dans le Syndicat et également dans une tendance syndicaliste révolutionnaire).

Précédents

Figures du communisme (2021)

lafabrique.fr/figures-du-commu…

Il s'en suit que si le syndicalisme reste syndicalo-syndicaliste (= dans le cadre), il est mort. […] Voilà l'impasse où se trouve rendu le syndicalo-syndicalisme. […] Il n'y aura pas de salut hors d'un syndicalisme s'assumant comme du syndicalisme politique – et même comme syndicalisme révolutionnaire

Mais le syndicalisme révolutionnaire n'est pas une posture ou une théorie abstraite, c'est avant tout une pratique.

Intervention à Espace Dickens TV (2022)

Moi je pense que le syndicalisme n'a d'avenir que s'il devient ou redevient, je ne sais pas, un syndicalisme politique et pas seulement politique, un syndicalisme politique révolutionnaire. Et syndicalisme révolutionnaire, il le deviendrait presque logiquement s'il redevenait syndicalisme politique, parce qu'être syndicalisme politique c'est traiter de la seule question politique qui vaille qui est la question du capitalisme

C'est surtout matériellement s'organiser et agir d'une manière cohérente avec l'objectif. C'est épouser la Charte d'Amiens (CGT, 1906) et non la rejeter comme il le fait.

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