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Entretien avec Carole (militante CGT) : « Défenseure syndicale, un sport de combat ! »
Le militantisme syndical ce n’est pas que grèves, manifestations et instances représentatives du personnel. Ce sont aussi les actions peu visibles mais indispensables pour créer le contact avec les salarié·es isolé·es et le syndicalisme de lutte. Nous avons interviewé Carole, qui vient de prendre récemment un mandat de défenseure syndicale dans son Union locale CGT.
AL : Carole, peux-tu te présenter du point de vue syndical ?
Je suis adhérente à la CGT depuis plus de dix ans, au moment de la lutte contre la retraite à 62 ans. Je travaille dans une très petite entreprise et l’activité syndicale m’y est impossible. Je voulais faire plus que de cotiser et récemment, j’ai eu la possibilité avec mon Union locale à laquelle j’adhère, de devenir défenseure syndicale. C’est-à-dire de défendre les salarié·es devant le Conseil des prud’hommes.
L’effectif de l’entreprise dans laquelle je travaille ne me permet pas d’avoir un temps dédié à cela, dix heures par mois. Je dois donc jongler avec mon temps personnel, car je suis à temps partiel. C’est un peu un sport de combat. Un de plus en tant que femme !
Quel bilan en tires-tu ?
J’apprends plein de choses, c’est émancipateur. Cela permet à des syndiqué·es de très petites entreprises de militer, de prendre leur part dans la CGT.
Je discute avec les salarié·es qui viennent aux permanences de l’Union locale. On y apprend beaucoup sur les conditions de travail dans les entreprises, en général des petites, mais pas que. Il y a de quoi faire sur les motifs de licenciement, les heures supplémentaires, etc.
Cela ne change pas le monde, mais c’est un début pour leur redonner confiance dans le collectif. Elles doivent adhérer et on explique à quoi sert la cotisation, notamment qu’elle rend possible cet accueil (dont un local loué) et cette défense. L’Union locale n’existe financièrement que par les cotisations.
Ces personnes peuvent ainsi « toucher du doigt » le syndicalisme, ça dissipe les fantasmes relayés par ailleurs. Elles voient concrètement : un local, des gens comme elles, un accueil convivial, une écoute attentive. C’est primordial pour convaincre de l’intérêt de poursuivre l’adhésion après la clôture de l’affaire au tribunal. C’est une activité syndicale importante dans la situation actuelle. À certaines conditions bien sûr.
C’est-à-dire ? Tu peux préciser ?
Il faut maintenir l’aspect collectif, qui est le sens même du syndicalisme. Comme nous sommes plusieurs à faire de la défense syndicale dans l’Union locale, nous travaillons ensemble une partie de nos dossiers. Ce qui permet de contrecarrer la tendance naturelle de l’activité juridique de s’enfermer sur elle-même.
D’ailleurs, nous commençons une réflexion pour mettre en place une stratégie juridique afin de combattre les récentes modifications sur l’abandon de poste, qui sera maintenant considéré à priori comme une démission. Cette stratégie va demander aussi de l’implication des salarié·es concerné·es, donc d’agir et de ne plus baisser la tête en désespérant dans leur solitude.
Ensuite, il faut avoir le lien permanent avec le collectif militant de l’Union locale. Dans le savoir juridique que je peux acquérir et les jugements gagnés, il faut chercher avec l’Union locale ce qui pourrait servir de suite aux équipes militantes dans les entreprises pour la défense des droits et amener aussi des revendications.
Propos recueillis par Michel (UCL Vosges)