Sur des socles
Rétrospective bringuebalante de décembre, 18/30. Chaque jour, en décembre, un blog parmi tous les blogs de Lucas Taïeb.
http://surdessocles.canalblog.com/
"Sur des socles", le blog à l'origine de mon premier "livre" officiel, mon best-seller, le fameux SOCLES sorti en 2016 chez PCCBA (aujourd'hui épuisé, on peut néanmoins relire avec émotion la page du site qui lui était consacrée : http://www.le-terrier.net/pccba/socles/index.htm ).
Ou plutôt non, à l'origine c'était une petite brochure photocopiée de 29 pages, envoyée à quelques happy few dont L.L.d.M., et que je concevais comme l'introduction de quelque chose de plus long qui devait traiter en gros du rapport à l'art, de la "critique", en partant d'un rapport fétichiste absurde mais pour tenter d'arriver à d'autres dimensions peut-être plus troubles, métaphysiques et/ou polémiques.
Nous sommes en 2014-2015 donc en plein débordement de vase de mon côté, je n'en peux plus de mes traits, je ne m'y mets qu'affalé dans un fauteuil dans des moments de vide ou d'attente (je me rappelle précisément de certaines pages dessinées en pensant à autre chose, entre deux actions, en attendant que de la bouffe cuise, que de la famille créchant chez moi se prépare pour sortir, etc. et c'est ça qui m'aura fait "côtoyer" Blexbolex, ben putain, continuez à vouloir être sérieux... !), de toutes façons je n'ai plus de bureau pour ça. Cela restera donc inachevé.
Comme d'hab', j'en fais quand même un blog malgré tout, en y postant aussi la suite des 29 pages, suite un peu plus "deep" ou "grave" qui fait tout de même 12 pages, je redécouvre ça à l'instant, ce qui change la tonalité globale du truc quand on les relit.
Je suis dingue quand L.L.d.M. me propose d'en faire un livre et accepte donc sans hésiter que les 12 pages supplémentaires, qu'il n'a pas lues à l'origine mais que je lui envoie, soient retirées ou plutôt non-rajoutées afin de garder le livre tel qu'il a enthousiasmé Laurent. Et là-dessus, il convie messieurs Blexbolex, Muzotroimil, Loïc Largier et lui-même à venir en quelque sorte me rehausser ou m'illustrer, ce que j'accepte, fort flatté.
Je trouve que c'est là qu'on voit que c'est proprement non-logique, non-rationnel, le destin d'une publication. Le truc, il a été fait en pleine nonchalance et sensation de "fin de carrière", et même dans les moments où j'étais un peu plus concentré, je n'ai pas poursuivi une seule seconde comme but quelque chose qui ressemblerait à ce que les 29 pages officiellement connues sous le nom de "SOCLES" ont donné. "SOCLES", au final, je ne sais pas ce que c'est, je n'arrive pas à l'inscrire quelque part contrairement à d'autres choses non publiées que je classe volontiers parmi mes favorites, non pas parce qu'il serait "publié" et qu'on serait "toujours déçu" par l'objectivation que crée la "publication", mais parce que c'est une sorte de fenêtre furtive impromptue, de possibilité parallèle de ce que ça devait être à l'origine ; les raisons pour lesquelles il n'y a que ces 29 pages ne relèvent que de l'accident, c'est là où j'en étais quand j'ai imprimé le fascicule d'origine mais pourquoi couper là, il aurait pu y en avoir 20, 10, 25, ou on aurait pu aller jusqu'aux 41 dessinées, ou j'aurais pu m'efforcer de continuer, ne pas avoir ce coup brutal d'arrêt renforcé par un accident physiologique, bref, tout ça vole dans la contingence pure.
Je crois que cela a joué dans le fait que ce petit livre ne parvienne pas à me convaincre de m'y remettre tout de suite (à l'époque) ni à trouver que la "publication" était absolument une fin à poursuivre en soi puisqu'elle nous échappait toujours. J'en resterai donc, dans un premier temps, sur ce paradoxe que l'année de sa parution aura aussi été celle où j'aurai le moins dessiné depuis que je pratique, ce qui n'a pas de rapport direct mais ce qu'on ne peut manquer de trouver sacrément ironique.