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Rentrée politique : Médine, mauvais élève des universités d’été ?
Le rappeur Médine, invité aux universités d’été de EELV et LFI s’est retrouvé, au cœur d’une campagne médiatique islamophobe instrumentalisant la lutte contre l’antisémitisme. Cette dernière devrait être prise davantage au sérieux par la gauche.
Le mois d’août aura été marqué par l’invitation de Médine aux universités d’été de EELV et LFI. De l’extrême droite à Renaissance on a profité de l’invitation du rappeur pour dénoncer son présumé antisémitisme. Médine est depuis longtemps une cible pour l’extrême droite qui lui reproche son supposé islamisme radical. Si Médine est bien musulman, il a plusieurs fois pris position contre l’intégrisme religieux et le fait encore dans son dernier album. Les attaques contre le rappeur se focalisaient cette fois-ci sur l’antisémitisme et la LGBTphobie.
En effet Médine a pratiqué le geste antisémite et homophobe de la « quenelle » de Dieudonné en 2014. Il s’en est expliqué récemment en le dissociant de l’antisémitisme et en lui préférant une signification « antisystème » (le « système » étant une référence antisémite). Interpellé de nouveau à ce sujet il a affirmé son rejet de la quenelle et de l’antisémitisme et a reconnu « une erreur ».
De même, pour l’homophobie, s’il a par le passé utilisé le terme de « tarlouze » lors d’une interview en 2007 il s’en est depuis excusé en affirmant « une erreur de langage qui n’est pas acceptable ». Dès 2012 il prend position en faveur du mariage pour tous, il a aussi réaffirmé en 2023 son soutien aux LGBT dans une approche intersectionnelle : « On veut la justice sociale, on veut combattre l’extrême droite, on veut en finir avec les mécanismes d’oppression qui frappent à la fois les populations LGBT, à la fois les racisés, à la fois les féministes ».
La droite et l’extrême droite se sont indéniablement emparées du sujet pour mener une énième campagne islamophobe. En effet, les mêmes médias et personnalités qui fustigeaient Médine se sont tus lorsque le gouvernement a rendu hommage à des antisémites (Macron qualifiait Pétain de « grand soldat » et célébrait Maurice Barrès). Quant à l’extrême droite, l’antisémitisme en reste un élément structurant.
Une offensive islamophobe
Cependant on ne peut pas écarter d’un revers de main le passé et les proximités antisémites de Médine comme l’ont fait Mélenchon et la plupart des élus de LFI : « Médine n’est pas raciste » s’est contenté de réagir Mélenchon dont le parti est très loin d’être exemplaire en matière d’antisémitisme…
On ne peut pas affirmer que toutes les critiques étaient orchestrées par l’extrême droite, et les interrogations, notamment des personnes juives ou LGBTI, sur les comportements et fréquentation passées de Médine sont légitimes. Même si celui-ci s’en est excusé, était-il vraiment nécessaire de choisir un représentant avec un tel passé pour porter la lutte intersectionnelle ?
L’approche électoraliste consistant à « starifier » un homme racisé comme représentant des quartiers populaires peut aussi être critiquée. Il serait sans doute plus intéressant d’offrir davantage d’espace aux collectifs de luttes.
Si l’invitation de Médine fait beaucoup parler, celles d’Alexis Poulin (journaliste confusionniste) aux universités d’été de LFI et celle d’Hubert Védrine (qui porte une responsabilité et un discours révisionniste sur le génocide des Tutsi au Rwanda) à l’université du PCF auront fait couler beaucoup moins d’encre. Il y a donc bien une différence de traitement islamophobe entre ces personnalités. Quand les premières refusent de revenir sur ce qui leur est reproché, Médine de son côté tente au moins de s’en excuser et essaie aussi désormais de porter un discours intersectionnel.
Benjamin (UCL Orléans)