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Un ultime clin d’œil à notre camarade Gérard Coste.
Postier communiste libertaire, syndicaliste de lutte, Gérard était, ces dernières années, devenu un « passeur », transmettant son expérience et plus largement l’expérience du mouvement ouvrier. Il nous a quittés le 9 mars 2024.
Cela faisait plusieurs années qu’il avait dû restreindre son engagement, fatigué qu’il était par la maladie. Mais toutes celles et ceux qui l’ont connu conserveront le souvenir d’un camarade solide, souriant, à l’ironie douce, à la présence rassurante, à l’érudition contagieuse.
Âgé de 15 ans en Mai 68, actif dans le mouvement de la jeunesse en région parisienne, Gérard était devenu postier en 1972 et avait pris part aux luttes de l’époque : le Larzac antimilitariste en 1973, puis bien sûr la grande grève des PTT en 1974 [1]. C’est à cette occasion qu’il avait rejoint la Fédération anarchiste, dont les postier·es éditaient le bulletin Gestion directe. Opposant au recentrage de la CFDT, il tenta sans succès de créer un groupe autonome d’entreprise, puis quitta la CFDT en 1978. Il travailla alors plusieurs années dans le Cantal, puis en Charente, avant de revenir à Paris, en 1986, à la recette principale du Louvre. Sa route croisa alors celle des postier·es de l’Union des travailleurs communistes libertaires – dont Martine Donio, Thierry Renard, Patrice Spadoni, Patrick Velard –, qui publiaient le bulletin Le Postier affranchi.
Il les rejoignit bientôt dans l’opposition de gauche au sein de la CFDT. Patrice Spadoni souligne la « sympathie qui se dégageait de lui, un militant très engagé mais pas du tout sectaire, très ouvert à la discussion, et par-dessus tout, très humain, très gentil, avec un humour permanent, caustique mais sans aucune méchanceté ».
En novembre 1988, ce fut la rupture : la bureaucratie CFDT expulsa les syndicats franciliens des PTT qui avaient soutenu la grève des « camions jaunes ». Quelques semaines plus tard, les exclu·es fondaient SUD-PTT [2]. Gérard en fut un animateur de premier plan. À la même époque, il quitta la FA.
Les années 1990 le virent particulièrement impliqué dans le soutien aux sans-papiers, aux sans-logis, dans les Marches européennes contre le chômage de 1997 et 1999.
Resté quelques années sans affiliation politique, il adhéra à Alternative libertaire à l’époque du mouvement social de 2003, et participa aux congrès de l’organisation en 2004, 2008 et 2012. En 2006, il intervint dans l’événement organisé par AL pour les 100 ans de la Charte d’Amiens. En 2007, il contribuait aux « Tables rondes syndicalistes » du mensuel Alternative libertaire.
C’est que Gérard aimait l’histoire du mouvement ouvrier, il aimait la transmettre, en tirer des enseignements, et ce n’est pas un hasard si, dans les années 2000, il s’était investi dans l’animation du Centre d’études et de formation interprofessionnelle Solidaires (CEFI-Solidaires).
Ces dernières années, en raison de ses ennuis de santé, Gérard était en retrait mais continuait à cotiser et à discuter avec ses camarades de l’UCL de Saint-Denis. D’une grande modestie, il refusait de jouer au vieux sage, allant même jusqu’à nier tout ce qu’il pouvait encore apporter en termes d’expérience et de connaissances du mouvement ouvrier et de notre courant libertaire. Jusqu’à la fin il est resté révolté contre les injustices sociales et toutes les oppressions. Le meilleur moyen de lui rendre hommage est de continuer le combat.
Guillaume Davranche, avec Martine Donio, Patrice Spadoni et Gaëlle Backer
[1] « 1974 : La grande grève des PTT », Alternative libertaire, novembre 2014.
[2] « 1989 : Des moutons noirs fondent SUD-PTT », Alternative libertaire, octobre 2008.
ENCORE UN MOT DE SES CAMARADES
On avait beau s’y attendre, il y a des départs qui rendent tellement tristes !
Beaucoup retiennent l’animation de ses formations sur l’histoire du mouvement ouvrier… Gérard était avant tout un passeur d’histoires, lisant sans relâche des textes sur ces mouvements ouvriers qui ont servi de socle et de boussole à une action sans cesse renouvelée pour transformer la société.
Gérard était aussi un militant d’action au service du collectif. Actif dans les grèves PTT en 1986, il resta et restera toujours attaché à ce que les travailleurs et travailleuses décident ensemble de leurs revendications, de leurs modes d’action.
C’est ainsi qu’il a été de toutes les luttes sociales et sociétales avec l’objectif de participer à la transformation d’une société où l’humain est au cœur et décide.
Militer avec lui n’avait rien de triste et nous avons partagé nombre de repas, apéros et… recettes de cuisines. Rien de mieux qu’une bonne bouffe pour refaire le monde !
Aujourd’hui, nous perdons un compagnon de luttes, un compagnon libertaire qui va manquer à la réflexion, à l’action. Nous n’aurons plus son humour grinçant, voire caustique. Mais nous n’oublions rien et le mieux à faire, au-delà de nos différences, de nos divergences parfois, c’est de continuer de combattre pied à pied le capitalisme et de la gagner, cette putain de transformation sociale. Ça n’est pas gagné, mais nous le devons bien à Gégé. Il l’a bien mérité !
Martine Donio et Patrick Vélard
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