Discours de l’UCL Amiens pour le rassemblement antiraciste du 23 septembre 2023
Le sentiment d’impunité dans la police s’approfondit encore : alors qu’elle a récemment tué et mutilé pour maintenir l’ordre social et raciste, l’institution protège ses agents et réclame l’exception pour les criminels dans ses rangs. Le racisme systémique s’est illustré récemment à travers le meurtre de Nahel, 17 ans, en juin dernier ainsi que par les peines et sanctions cruellement abusives des émeutiers, comme en témoigne une condamnation à 10 mois de prison ferme pour le vol d’une cannette.
Alors que le meurtre de Nahel reste présent dans toutes les têtes, la violence de la police s’illustre à nouveau dans une affaire sordide. Cette fois, un jeune homme, Hedi, s’est retrouvé gravement handicapé suite à un tabassage en règle par 4 policiers dans la nuit du 1er juillet dernier, lors du déchaînement de violence de la police pour mater les révoltes. Mâchoire brisée, œil gauche gravement endommagé, plus de 60 agrafes ont été utilisées pour consolider sa boîte crânienne et il devra être réopéré dans 3/4 mois. Les médecins lui auraient dit qu’ils avaient l’impression « d’opérer un mort ». Plus récemment encore, la police s'est de nouveau illustrée par le meurtre de Sefa, 16 ans, qui succombe à ses blessures après avoir été percuté par une voiture de police à Elancourt,
Là ou la police tente encore une fois de se couvrir en parlant d'une "prise en charge à distance" et en accusant même la victime d'avoir percuté volontairement le véhicule policier avec sa moto, d'autres sources parle bel et bien d'une course poursuite et d'un impact volontaire de la part des forces de l'ordre : version beaucoup plus cohérente avec les pratiques policières habituelles. Fidèle à leurs habitudes, la première réaction de la gendarmerie et de la police face à l'événement est de déployer le soir même et le lendemain des unités à Elancourt pour réprimer toute forme de contestation. S'il y a une chose que ces cas récents illustrent, c'est que la police est prête à user de toutes les méthodes possibles pour réprimer, mutiler ou tuer les personnes racisé-es : attaque par balles, passage à tabac, course poursuite...
Outre l’extrême violence et la profonde injustice contenues dans ce passage à tabac d’une personne pour la seule raison qu’elle est identifiée comme arabe, ce qui nous indigne et nous alarme aussi, c’est le soutien sans faille apporté aux agresseurs par leurs collègues policiers, comme lorsque les prévenus ont été applaudis à leur sortie de garde à vue. Et ce malgré les preuves accablantes. Plus encore, c’est la complaisance de la hiérarchie, du préfet au ministre en passant par le Directeur Général de la Police Nationale (DGPN), face à des méthodes pourtant manifestement illégales comme le recours à des arrêts maladie factices.
Loin de recadrer ses troupes, Darmanin leur a même concédé des avantages supplémentaires : garantie de l’anonymat des policiers, maintien des primes lors de la suspension d’un agent, et surtout exemption de la détention provisoire. Le régime d’impunité de la police, déjà bien installé, se trouve renforcé de façon éclatante. Nous affirmons qu’une institution se juge à ce qu’elle produit et non à ce qu’elle prétend être. Or, lorsque depuis des décennies, les soi-disant « erreurs » et « bavures » se multiplient, lorsque loin de donner lieu à des excuses, remises en question et condamnations elles ne produisent qu’une solidarité inconditionnelle envers ceux qui les commettent et le renforcement de l’impunité, il faut en déduire que l’institution fonctionne précisément comme il est prévu.
Si les policiers prennent comme une trahison le fait que la justice puisse les mettre en cause, c’est que pour eux ces faits s’inscrivent dans la mission qu’ils prétendent accomplir, dans les consignes de leur hiérarchie : Parquer les populations des quartiers populaires, traquer les jeunes perçu·es comme issu·es de ces quartiers, maintenir un ordre raciste et colonial. Les meurtres et les passages à tabac ne sont que les manifestations les plus extrêmes de ce continuum de violence. L’Union Communiste Libertaire affirme son plein soutien à toutes les victimes des institutions policière, judiciaire et carcérale.
Nous revendiquons :
- la dissolution des syndicats de police factieux
- la fin de l’impunité policière
- la dissolution de la BAC et de la BRAV-M.
Ces mesures d’urgence nécessaires ne peuvent être que le début d’une lutte effective contre le système policier et judiciaire. Seule la construction d’un véritable rapport de force populaire, par le biais d’une auto-organisation dans les quartiers populaires et au-delà permettra de combattre les violences et la domination étatiques et policières. Pas de justice, pas de paix !
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