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Le #6juin rdv à 10h Pl. de la Liberté à #Tours pour la #RetraiteA60ans et pour les salaires & conditions de travail, tout·es en grève et manif !
Extraits de notre bilan interne (3p) écrit localement :
début du texte
Un mouvement social extra-ordinaire par la conjonction de plusieurs spécificités (par ex. comparé aux mouvements sociaux de 2010 ou de 2003 sur la même thématique des retraites) :
• la durée de la mobilisation : 12 journées d’action hexagonales (13 en comptant celle de juin), plus de multiples mobilisations locales, cf. casserolades tous les jours depuis mi avril pour suivre les déplacements du gouvernement. Mobilisations d’ampleur forte mais 1/ variable (plusieurs creux de mobilisation) et 2/ pas historiques (pics de mobilisation similaires à ceux de 2010 et 2003) : moins que le nombre, c’est la constance qui est étonnante, avec un 1er mai massif après déjà 11 journées et une loi déjà promulguée.
• l’évolution du répertoire d’action, avec des manifestations de rue massives, mais peu de grèves : sauf secteurs / entreprises avec des enjeux particuliers (SNCF, chimie, éboueurs, Verbaudet), globalement la grève ne s’est jamais maintenue au-delà des journées d’action. Sans doute à cause du contexte économique difficile (inflation et smicardisation) ; sans doute aussi fatigue des secteurs habituellement en pointe (SNCF peu soutenue lors de la réforme de leur statut ; EN dégoûtée depuis les grèves massives de 2003). D’une façon générale, la grève reconductible n’est provisoirement plus d’actualité, les salariés dans leur ensemble ne suivent plus même si les caisses de grève ont connu des records de dons (plus de 3 millions pour la CGT Infocomm’ ce qui est néanmoins insuffisant voire symbolique même pour une grève reconductible minoritaire)
• l’unité syndicale, quasi-totale jusqu’au 1er mai, maintenue ensuite en apparence malgré des divergences sur le fond. Cette unité a sans doute été un facteur essentiel du soutien de l’opinion ; à noter une bonne tactique (au début du mouvement) de Martinez de mettre Berger en 1ère ligne (perçu comme plus modéré dans l’opinion). Il faut s’attendre à ce que, par souci d’unité, après la manif de juin les syndicats cessent d’appeler à des journées d’action (appeler en ordre dispersé serait une erreur, typique d’une fin pourrissante de mouvement).
Les syndicats ont réussi à imposer à l’agenda la question des salaires et surtout celle de la pénibilité et des conditions de travail : il est probable qu’ils se concentrent sur ce thème pour continuer sur leur lancée (opportunité pour les anticapitalistes de mettre en avant les contraintes systémiques, là où le gouvernement et les réformistes mettront en avant la bonne ou mauvaise volonté du patronat).
• le soutien de l’opinion publique : soutien stable d’environ 2/3 des Français, 90% des actifs. Même après la promulgation de la loi, même après les premières violences qui suivent l’utilisation du 49.3, les sondages ont tous relevé un désir majoritaire de voir le mouvement continuer, voire (pour une minorité) de se radicaliser.
C’est un phénomène nouveau : habituellement l’opinion publique se lasse assez vite des désordres, et encore plus vite des violences. Le gouvernement a perdu la bataille de communication, surtout après Sainte Soline (en particulier sur les réseaux sociaux) autour des violences (manifestantes vs policières), il est vu par l’opinion comme responsable des violences. En partie lié à l’attitude et à la communication désastreuses du gouvernement, qui n’a pas réussi à convaincre de la « nécessité » de sa réforme, et qui est passé pour autoritaire / peu démocratique. En partie révélateur d’une colère profonde dans la population – ce qui pose la question du débouché de cette colère : luttes sociales ou protestation électorale (cf. forte progression potentielle du RN).
• la jonction avec les mouvances écolos : nouveauté, on a vu des organisations écolos se mobiliser en soutien à une cause sociale (cortèges d’Alternatiba à Paris,tractages et peinturlurage sur certaines préfectures (dont Tours, les condamnations tombent au compte gouttes) de Dernière rénovation, actions de XR sur les ministères et même le Ritz le 1er mai). Le « fin du monde / fin du mois même combat » semble en gestation, bien avancé du côté écolo, moins du côté social (cf. les débats internes à la CGT, où la candidate post-Martinez, artisane du rapprochement avec Greenpeace, a été éconduite par plusieurs fédérations importantes).
La répression violente de Sainte Soline, en plein mouvement social, a été perçue comme le signe d’une équivalence entre les fronts du social et de l’écologie, unis grâce à la répression.
• la place marginale de la jeunesse étudiante : jamais en pointe sur les mouvements liés à la retraite, les étudiant·es se sont mobilisé·es tardivement, et globalement sans grand succès. Ils ont toujours été à la remorque des actions syndicales, sans parvenir à Plusieurs facteurs : désunion croissante des syndicats étudiants ; « autonomie » des facs, qui rend les administrations plus frileuses, en particulier face aux occupations ; formatage des jeunes à voir les études comme un investissement personnel (Parcoursup…) et répression sauvage d’une jeunesse insuffisament préparée (sans parler des actions hostiles de l’extrême droite dont le rôle dans ce mouvement social reste à analyser)
extrait de la conclusion :
Dans ce contexte, le mouvement a devant lui deux possibilités (pas exclusives l’une de l’autre) :
• le maintien d’une lutte sociale prolongée, de faible intensité mais quasi constante, pendant tout le quinquennat, en allant d’un thème à l’autre, sans doute en mêlant le social et l’écologie, pour entretenir la contestation, peut-être nourrir les contre-pouvoirs ; si on est très optimiste, cela pourrait déboucher sur un processus révolutionnaire ; si on est plus pessimiste, l’enjeu du débouché électoral en 2027 reste posé…
• le retour au calme en apparence, mais au prix d’une frustration énorme, qui se traduirait principalement dans les urnes, soit par une abstention massive, soit par un vote RN – ou un mélange des deux, l’abstention devenant profitable au RN, par ex. lors de face-à-face entre un candidat macroniste et un candidat d’extrême-droite (ce qui s’est passé en 2022, qui explique largement le gros groupe RN à l’Assemblée Nationale).
Notre tâche, en tant que militants libertaires et anticapitalistes, doit être de chercher à structurer et orienter la colère, et en particulier de contrer les discours dominants qui favorisent le RN, en le présentant comme le « 1er opposant » du pays.
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