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Congrès syndical national : Solidaires à un tournant
Le 9e congrès national de l’Union syndicale Solidaires aura lieu du 22 au 26 avril. Comment fonctionne un congrès à Solidaires et quels en sont les principaux enjeux ?
Le congrès sera l’occasion de revenir sur les trois dernières années. Au-delà des questions internes, se posent les questions de l’efficacité de notre action sur les salaires, de la lutte contre la régression des droits, la montée de l’extrême-droite, la résurgence de la guerre en Europe et l’accélération de la crise climatique.
Quelle démocratie dans Solidaires ?
La question démocratique est une pierre angulaire du courant syndical autogestionnaire qu’incarne Solidaires en France. Mais qu’en est-il vraiment dans l’organisation du congrès ?
Le comité national (parlement de l’Union où sont représentés les syndicats nationaux et les UD unions départementales) a décidé en juillet 2023 des thématiques du congrès.
Ensuite des commissions, coordonnées par le secrétariat national et ouvertes à la participation de chaque syndicat national et chaque UD, ont eu lieu à l’automne. Elles ont débouché sur une « version 0 » des textes qui doivent faire consensus pour servir de base afin d’être amendés. Puis le comité national de janvier 2024 a validé ces textes.
Ensuite, les syndicats et UD ont fait des amendements. Une commission s’est réunie pour intégrer ceux qui améliorent les textes de façon consensuelle. Restent maintenant les amendements qui portent des idées/positions nouvelles, demandent des suppressions ou des réécritures massives qui seront eux discutées en congrès.
En congrès et dans l’Union, c’est la pratique du consensus qui prime, pour éviter un système de « minorité/majorité », pourvoyeur de tensions internes et de risques de scléroses sectaires. Ainsi chaque commission de congrès discute les amendements maintenus et voit s’ils peuvent être intégrés.
Elle a toute latitude pour réécrire des propositions et les intégrer. S’il n’y a pas de consensus, la structure qui porte l’amendement peut décider de le retirer ou de le soumettre au vote du congrès. Là il faut ⅔ des voix en « pour » dans le collège des structures nationales et dans celui des UD pour que l’amendement soit validé.
Bref, aller au vote n’est pas le meilleur moyen de faire passer une position.
Pour la tenue des débats, Solidaires s’est doté d’une charte des congressistes « Pour un congrès solidaires libre d’oppressions, inclusif et accueillant » et d’une cellule spécifique mise en place pendant le congrès.
Mais il parle de quoi ce congrès ?
Sur le fond, il y a 3 résolutions. La première « Notre syndicalisme dans un monde en crise » aborde les positions, les alliances (en particulier l’Alliance Écologique et Sociale, ex-Plus Jamais Ca) et priorités des 3 ans à venir pour faire face aux urgences sociales et écologiques, à la montée de l’extrême droite, etc.
La seconde « Enrichir, adapter et faire évoluer notre revendicatif » permet d’approfondir certains sujets, en particulier concernant les droits des femmes (congés menstruels, disposer de son corps, violences conjugales IVG), les handicaps et le validisme et la construction d’un syndicalisme inclusif, le renforcement de la protection sociale (élargie aux questions alimentaires, de logement, environnementales, etc.).
La troisième résolution, « Notre outil syndical », posera la ¬question de l’unité et de la recomposition intersyndicale. Elle abordera également le développement de l’Union dans les secteurs et territoires, la place des instances de représentation des personnels dans le syndicalisme Solidaires, le renforcement de la formation, la démocratie interne et la mise en place d’un protocole en cas de présence d’extrême droite au sein de Solidaires.
Un Syndicalisme alternatif toujours d’actualité ?
Solidaires, qui vient d’avoir 25 ans, a dû faire face ces der¬nières années à différents problèmes. Le plus sérieux reste certainement le « conflit du commerce » qui a mis en exergue les pratiques antidémocratique de ce qui s’appelait la « fédération commerce et service ». Hélas, si l’Union a montré sa capacité de réaction et de défense collective en suspendant cette fédération, elle est restée au milieu du guet en ne pouvant l’exclure : il faut pour cela l’unanimité et certains syndicats pour des raisons différentes, n’ont pas suivi la grande majorité des structures.
Développant un syndicalisme de lutte et de transformation sociale et ayant appelé explicitement à reconduire la grève au 7 mars 2023, Solidaires a eu une forte exposition pendant le mouvement des retraites. Mais est-ce cela se traduit dans les adhésions et le renforcement de notre syndicalisme ? C’est ce que nous allons devoir vérifier dans une période de transition pour Solidaires qui a vu stagner et peut-être légèrement baisser le nombre d’adhérent·es.
Deux enjeux « intemporels » depuis la création de l’Union seront à nouveau de la partie. D’une part faire en sorte de construire l’Union et d’éviter les égoïsmes de chapelle ou le rapport « intéressé » à l’interpro. D’autre part, avancer sur notre structuration pour faciliter la syndicalisation et accélérer notre développement dans le privé.
Enfin, le congrès discutera de la question de la recomposition syndicale avec l’objectif affiché d’ouvrir à la sortie du congrès une discussion sur cette thématique. Le contexte des échanges entre la CGT et la FSU engagée en fin d’année dernière ouvre des possibles tout en étant compliqué. La FSU continue de travailler avec Solidaires sur ce sujet (même si la CGT prime chez le courant majoritaire Unité et Action, proche du PCF).
Côté CGT, si le discours public rejoint celui de Solidaires sur « les menaces de l’extrême-droite », la porte à une recomposition est pour le moment fermée à cause de tensions qui existent dans certains secteurs, comme le rail. C’est un revirement par rapport à la « période Martinez » plus ouverte vis-à-vis de Solidaires.
Où l’on voit l’impact concret du dernier congrès confédéral de la CGT, avec une « direction » dans laquelle les syndicats du rail, de l’énergie et le PCF occupent une place importante et où une partie de la CGT ne veut pas s’encombrer des « gauchistes » de Solidaires.
Au final, nous verrons à ce congrès si le projet de Solidaires d’un syndicalisme alternatif en lien étroit avec le mouvement social est capable de continuer de s’adapter à la période et de finir sa mue de jeunesse pour entrer pleinement dans sa vie adulte.
Des communistes libertaires à Solidaires
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