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Ain : Privé de manifestation, un député RN porte plainte
Dans l’Ain des camarades de l’UCL ont été poursuivi par le député Rassemblement National local après avoir empêché celui-ci ainsi que d’autres militants du RN, de se joindre à la manifestation intersyndicale contre la réforme des retraites. Chaque séquence de mobilisation fournit un test de la capacité des organisations du mouvement social à résister aux avancées du néo-fascisme.
Dans l’Ain, territoire gangrené par l’extrême droite, les fascistes sont réunis principalement autour du FN/RN, dont le chef de file local, Jérôme Buisson, est actuellement député. Ce dernier incarne plus largement une stratégie insidieuse de noyautage et de confusion. Aussi fait-il partie des quelques dirigeants de ce parti qui, en dépit des déclarations publiques des principaux syndicats refusant sans équivoque la présence du FN/RN dans les cortèges syndicaux, ont malgré tout tenté de s’y introduire. Le député s’est présenté dans la manifestation en arborant son écharpe tricolore, le tout accompagné d’une dizaine de ses sbires. Il s’agissait pour lui de se faire valoir ensuite sur les réseaux sociaux, opportunément et à moindre coût, comme un opposant à Macron et à sa contre-réforme des retraites.
Entrave à la liberté de circulation
Ayant constaté cette présence, plusieurs camarades, notamment de notre groupe local UCL Ain, ont empêché le député RN de réitérer cette provocation à partir de la manifestation du 31 janvier. Ce jour-là, les fascistes ont en effet été sortis du cortège, au simple moyen de la mise en place spontanée d’une chaîne humaine faisant face aux indésirables.
Sans surprise, la stratégie a consisté ensuite pour le RN à se victimiser et à intimider ses adversaires en tirant profit du nouveau statut « d’autorité publique » du député fasciste Buisson : dépôt de plainte pour entrave à manifester, pour injure, pour outrage et enfin pour violence sur personne dépositaire de l’autorité publique ; communication publique cherchant à isoler et diaboliser ses opposants, allant même jusqu’à invoquer sans rire la « liberté de circulation ». Sans surprise, le dossier contre les camarades étant vide, les poursuites ont été abandonnées depuis, ceux-ci n’écopant finalement que d’un « avertissement pénal probatoire » (nouvelle version du « rappel à la loi »).
Notons que cette décision revient à reconnaître malgré tout le délit d’ « entrave concertée avec voie de fait à l’exercice de la liberté de manifestation ». C’est un nouvel exemple du fonctionnement de la justice bourgeoise : à défaut d’un quelconque élément matériel (note : pour qu’il y ait un tel délit, il aurait fallu qu’il y ait des « menaces », lesquelles n’ont jamais été proférées), mais simplement pour ne pas perdre la face…
Fort soutien du mouvement social local
Quelle analyse effectuer de cet épisode au-delà de ces dimensions juridiques ? D’un côté, les camarades qui ont pris en charge l’éviction du FN/RN ont pu se sentir quelque peu isolés en situation pratique, notamment lorsqu’il s’est agi de s’interposer physiquement ou encore lorsqu’il a fallu expliquer le pourquoi de cette éviction à des manifestant.es parfois obnubilés par la cible « Macron » au point de ne pas comprendre le jeu d’alliance objective entre les néo-libéraux et l’extrême droite. Ces réactions (ou non-réactions) ont montré que les valeurs antifascistes sont fragiles si on les considère à un niveau individuel et sont donc toujours à défendre et à cultiver pratiquement, y compris par un travail au niveau de l’organisation des SO dans les cortèges intersyndicaux.
D’un autre côté, en particulier lorsque les militantes et militants syndicaux et antifascistes ont été ciblé·es par la répression policière, les différentes organisations du mouvement social, syndicats en tête, ont fait preuve d’un réflexe de solidarité salutaire : l’intersyndicale de l’Ain a soutenu sans réserve les camarades mis en cause, en appelant notamment à un rassemblement devant le commissariat le jour des convocations ; rassemblement qui s’est avéré être un succès, réunissant entre 50 et 100 personnes (syndicalistes de Solidaires, de la CGT ou encore de la FSU, militants et militantesS de diverses organisation de gauche, camarades de l’UCL Grenoble venus en soutien…).
En définitive, ces épisodes sont l’occasion pour le mouvement social dans son ensemble de réaffirmer la solidarité antifasciste. Ils donnent également l’occasion de réaliser un travail d’agit-prop en profitant d’une audience étendue. Car évidemment, les fascistes du RN ne seront jamais nos alliés, ils sont même le pire ennemi de la classe ouvrière. No pasaran !
UCL Ain
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