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Violences sexistes et sexuelles : 11 janvier 2024, mobilisation féministe
Dans la foulée du scandale autour de « l’affaire Depardieu » et des déclarations d’Emmanuel Macron, le collectif d’associations féministes et de syndicats #grève féministe appelait à des rassemblements devant les tribunaux ou les préfectures ce 11 janvier avec comme slogan : « Gardez votre vieux monde, nous en voulons un sans violences sexistes et sexuelles ».
L’émission de TV « Complément d’énquête » a récemment mis en avant des propos et des actes de Depardieu envers les femmes totalement inadmissibles, ravivant dans les médias sa mise en examen en 2020 pour viol et agression sexuelle.
La liste de tous ceux mis en cause ne fait que grossir : on pense notamment au cas de Benoit Jacquot dénoncé par Judith Godrèche. Cela révèle des problématiques qui vont au-delà du simple cas individuel : les agressions sexuelles commises par des célébrités sont bien souvent connues de toutes et tous, et le système les protège. Nous ne pouvons donc que saluer la contre-tribune signée par 600 artistes en réponse à celle de l’élite du septième art parue dans le Figaro craignant la fin de carrière de Depardieu.
Mais de toute façon, au plus haut sommet de l’état, on avait déjà tranché : « Gérard Depardieu rend fière la France », « il y a la présomption d’innocence ». Grand admirateur de l’acteur, Emmanuel Macron dénonce une prétendue « chasse à l’homme ». Pas un mot pour les victimes… On pourrait aujourd’hui qualifier le président de la république de défenseur des agresseurs présumés. Il n’en est de toute façon pas à son coup d’essai. Souvenons-nous de l’affaire Darmanin, ou encore celle de Nicolas Hulot lorsqu’il discréditait les féministes en les comparant à une « société de l’Inquisition » faisant d’elles des bourreaux.
En invalidant la parole des victimes dénonçant ces propos et ces actes, Emmanuel Macron peut anéantir les espoirs de reconnaissance du préjudice subi et les tentatives de reconstruction de ces femmes. A l’image de son bilan politique en matière de grande cause nationale, leader autoproclamé de la lutte contre les violences faites aux femmes, il a une nouvelle fois vidé cette nécessité absolue de son sens.
Une inversion des stigmates préjudiciable
Le 25 novembre dernier, nous étions encore des milliers dans les rues pour influer sur le cours des événements en réclamant des moyens pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux minorités de genre. Beaucoup d’entre nous s’y attèlent quotidiennement, car malheureusement, l’exercice de la violence ne relève pas seulement des puissants et des personnalités publiques.
Mais à la différence des prédateurs anonymes du quotidien, les agresseurs connus, par leur influence et leur notoriété, légitiment la lâcheté et la violence de tous les autres comme des normes sociales acceptables.
Le 8 mars nous serons encore dans la rue notamment pour dénoncer les violences qu’exercent nos patrons et nos supérieurs hiérarchiques à travers nos conditions de travail, la mauvaise gestion du harcèlement et des violences dans les entreprises et les institutions. Le travail domestique gratuit des femmes demeure. Le patriarcat est tellement habitué à compter dessus que quand les femmes continuent de manière salariée le travail qu’elles font déjà à la maison elles sont sous-payées, précarisées, maltraitées et leur fonction sociale dévalorisée.
Nous ne l’acceptons pas et c’est pourquoi nous ne lâcherons rien.
Anne (UCL Montpellier)