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25 novembre 2023 à Paris : La question palestinienne percute le féminisme
Ce 25 novembre, des manifestations se tenaient partout en France contre les violences faites aux femmes, parfois de manière unitaire, et parfois dans un climat de divisions. À Paris, la manifestation a été représentative de ces divisions qui marquent parfois le mouvement féministe, sur lesquelles se sont ajoutées, cette année, des différences d’appréhension de la violences faites aux femmes en Palestine et Israël.
La manifestation parisienne du 25 novembre cette année a été marquée par l’attention particulière portée sur les souffrances subies par les femmes palestiniennes, mais également par des dissensions de plusieurs natures.
Le cortège, massif et regroupant près de 50000 manifestant·es, disposait de 3 pôles : le premier, les organisations et collectifs féministes, était le plus fourni et insistait notamment sur les violences subies par les enfants et adolescent·es trans, le second était en soutien à la Palestine, venu à l’appel d’Urgence Palestine, et le troisième regroupait les syndicats et organisations politiques.
Bien que toutes présentes au sein d’une même manifestation, les différentes organisations ont peiné à travailler de concert en amont. En effet, des divisions entre NousToutes, des syndicats et d’autres associations furent à déplorer, et ont conduit à des appels séparés entre NousToutes et le mouvement syndical. Ce manque d’unification du cortège montre également que le travail de jonction entre le féminisme, l’anti-impérialisme et le soutien à la cause palestinienne reste à faire pour aboutir à un mouvement uni et vigoureux. Ces dissensions, bien que présentes dans plusieurs ville, ne représentent heureusement pas toute la réalité, puisque, dans plusieurs villes, un travail unitaire de long-terme a pu aboutir.
« Féministes à la Hamas »
Par ailleurs, dès le début de la manifestation, des rumeurs, qui se sont avérées fausses, avaient annoncé la venue du groupe fémonationaliste Némésis. Finalement, ce sont 150 personnes qui, à l’initiative du collectif conservateur Nous vivrons, sont venues perturber la manifestation avec des slongans tels que « féminicide de masse, féministes à la Hamas » (au sujet de l’attaque du 7 octobre) et « féministes complices ». Ce collectif se défini comme un collectif citoyen d’action contre l’antisémitisme, il s’agit vraisemblablement d’ancien·nes militant·es de l’UEJF (Union des Étudiants Juifs de France) et de SOS Racisme.
Bien qu’aucun heurt n’ait été à déplorer, ce moment doit être analysé dans le contexte actuel d’une extrême droitisation général des discours. Si les personnes qui y ont pris part ne semblent pas être d’extrême droite, elles ont néanmoins tenté de créer une opposition entre femmes israéliennes et palestiniennes. En instrumentalisant les violences subies par les femmes israéliennes, elles ont affirmé que soutenir les femmes palestiniennes serait faire le jeu du Hamas, empêchant ainsi la convergence entre lutte féministe, lutte anticoloniale et soutien au peuple palestinien.
Cette action, qui a été largement diffusée dans la presse bourgeoise, a justifié un déchaînement de violences sexistes envers les militant·es féministes (cyberharcèlement, menaces…). Pour conclure, cette marche fut un succès par le nombre de personnes présentes, la tentative d’intersection avec le mouvement palestinien et la pertinence des mots d’ordre. Mais nous savons aussi que les luttes antipatriarcales, antiracistes, anti-impérialistes et antifascistes sont liées et nous pensons que ces combats ne pourront être victorieux que par l’existence de cadres unitaires larges et solides.
Des membres de l’UCL Paris Nord-Est
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