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Macron, en marche vers le fascisme [?]
Loi immigration, « réarmement démographique », culte du chef… Depuis 2017, Macron et son parti sont embarqués dans un virage à droite qui n’en finit plus, marchant main dans la main avec le RN à l’Assemblée depuis 2022. Comment ces tenants de l’extrême centre sont-ils devenus une extrême droite comme les autres ?
« Ce ne sont plus seulement nos constats et nos diagnostics qui s’impose à vous, mais désormais nos valeurs et nos solutions », voici les mots adressés il y a quelques semaines à Gabriel Attal par Jean-Philippe Tanguy, président-délégué du groupe RN à l’Assemblée Nationale. Il suffit de regarder le bilan des gouvernements Macron pour confirmer cette affirmation : sur l’immigration, après l’abjecte loi Darmanin [1], le ministre déclare vouloir supprimer le droit du sol à Mayotte, reprenant une mesure fétiche de l’extrême droite.
Les signaux faibles de radicalisation
Même constat pour les luttes féministes : en parallèle d’un discours parlant de « réarmement démographique », Macron fait barrage à l’adoption par le parlement européen d’une définition du viol prenant en compte la notion de consentement [2]. Pas étonnant de la part d’un président qui déclarait que Depardieu « rend fier la France » alors qu’il est accusé de viol et d’agression par 13 femmes. Pas étonnant non plus de la part d’un président qui a réussi à nommer successivement quatre ministres accusés de viol, dont le ministre de l’Intérieur. Impossible aussi d’oublier que le gouvernement actuel compte six ministres anciens soutiens de la Manif pour tous, un record. On peut compléter ce tableau avec les mesures radicalement antisociales comme la réforme des retraites et la réforme du RSA et de l’assurance chômage, ou la vision particulière de l’éducation qui se dégage du président : SNU, uniformes, et prémisses d’une remise en cause du collège unique.
Les « signaux faibles » de la radicalisation du président n’ont pas manqué au fil des années : hommage à Pétain en 2018, interview à Valeurs actuelles en 2019, citation de Maurras en 2020, la liste complète serait trop longue… Dès sa réélection en 2022, les éléments étaient en place, jusqu’à son discours d’élection où il fera la promesse de tout faire pour que les français n’aient plus aucunes raisons de voter pour « les extrêmes », un pluriel rappelant Trump à Charlottesville [3], qu’on savourera d’autant plus en sachant qu’il visait du côté gauche le réformisme de Mélenchon et LFI, montés en épouvantails.
Le culte de « l’homme fort »
Mais au-delà des influences réactionnaires, il y a dans l’ADN du capitalisme macroniste une composante éminemment fasciste : le culte de « l’homme fort », viril, riche et puissant. Attal a peine élu on nous ventait un surhomme ne dormant que quelques heures par jours, capable d’enchaîner les nuits blanches. En moins de sept ans, 26 ministres et anciens ministres ont été mis en cause dans des affaires judiciaires [4], mais ces affaires ne remettent jamais en question leurs mandats : pour Macron, ses fidèles sont au-dessus des lois, porteurs d’une mission qui ne saurait être remise en cause. Difficile d’être surpris face à ce sentiment d’impunité quand on découvre que plus d’un tiers du nouveau gouvernement appartiendrait aux 1% les plus riches de la population [5]. On trouve ici l’un des points de jonction entre la pensée fasciste et le capitalisme : l’idée qu’une petite caste mériteraient de façon innée d’accumuler sans limites et les richesses et les pouvoirs.
N. Bartosek (UCL Alsace)
[1] « Racisme d’État : Restons mobilisé.es contre la loi Darmanin-Le Pen », Alternative libertaire n°346, janvier 2024.
[2] « L’Union européenne renonce à une définition communautaire du viol », Le Monde, 5 février 2024.
[3] « Vive indignation après le revirement de Donald Trump sur Charlottesville », Le Monde, 15 août 2017.
[4] « Toutes les affaires qui ont touché les ministres d’Emmanuel Macron depuis 2017 », Le Monde, 17 janvier 2024.
[5] « Gouvernement Attal : enquête sur ces millionnaires qui nous gouvernent », L’Humanité, 13 février 2024.
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