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Syndicalisme féministe, où en est-on ?
Après une année d’intenses mobilisations syndicales, que peut-on dire de la place des femmes dans les organisations de travailleurs et travailleuses ? Point d’étape pour une stratégie du syndicalisme libertaire féministe.
A la fin du XIXe siècle, Louise Michel tenait un historique « des grèves de femmes et travaux féminins » avec la revue d’action L’Internationale des femmes. La militante œuvrait pour le soutien des syndicats de femmes et soulevait des fonds pour elles. Avec de nombreuses femmes libertaires, elles ont défendu le principe des organisations de travailleuses et la nécessité de l’action sur le lieu de travail.
Si la manche contre la réforme des retraites est perdue pour le moment, une leçon de la mobilisation ce sont les fenêtres qui s’ouvrent pour le syndicalisme féministe. Mise en avant des travailleuses et de leurs revendications, mise en lumière de leurs problématiques, identification de leurs spécificités, élargissement de l’axe de la grève féministe, hausse du nombre de syndiquées : une partie de la bataille des idées sur l’analyse du prolétariat féminin est gagnée.
Où les femmes luttent-elles le plus ?
Une majorité de femmes passe le plus clair de sa vie éveillée au travail, c’est donc un lieu essentiel pour agir. Près de 50% d’entre elles se concentrent dans dix métiers réunis par les bas salaires, la précarité et la brutalité patronale (aides-soignantes, aides à domicile, vendeuses, infirmière, agentes de nettoyage,…).
Dans de nombreux métiers féminisés, le salaire est encore une aumône. Les 500 000 aides-à- domicile perçoivent 900 euros en moyenne et 132 000 AESH touchent en moyenne 860 euros. Dans l’actualité féministe, les luttes des femmes les plus tenaces se retrouvent sur leur lieu de travail. Cette combativité est ce qu’on observe dans les mobilisations des infirmières, des aides à domicile, des sages femmes, des travailleuses du nettoyage, des travailleuses de certaines entreprises (ouvrières de Vertbaudet …), des travailleuses de l’éducation (AESH)… « Nul n’est sauvée que par lui-même ; notre place (de femme) dans l’humanité ne doit pas être mendiée, elle doit être prise. » (Louise Michel)
L’union fait la force, notre organisation la multiplie
L’action des femmes dans les syndicats de lutte est méconnue autant que leurs luttes. Pourtant, les organisations syndicales sont les premières organisations de classe et de masse de femmes. La CGT réunie à ce jour plus de 200 000 militantes, Solidaires 40 000 travailleuses et la FSU compte plus de 100 000 adhérentes.
Initialement, les organisations révolutionnaires ont construit leur priorité sur des critères masculins, mettant au second plan les problèmes des spécifiques des travailleuses voire pire les considérant comme des anomalies dans le répertoire syndical et ignorant l’ampleur de la domination patriarcale, en particulier sur le lieu de travail. S’en suit une minorisation du mouvement de la libération des femmes dans les principaux mouvements révolutionnaires du monde.
Les militantes féministes libertaires ont été les plus conscientes de l’importance des luttes du travail pour les femmes. L’auto-organisation ouvrière est l’une des deux origines du courant féminisme libertaire. Elle est aujourd’hui une orientation essentielle.
Louise (UCL Saint-Denis)
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