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Crimes racistes, crimes d’État : la police protège les siens ! Communiqué 03/08
Le sentiment d’impunité dans la police s’approfondit encore : alors qu’elle a récemment tué et mutilé pour maintenir l’ordre social et raciste, l’institution protège ses agents et réclame l’exception pour les criminels dans ses rangs.
Alors que le meurtre de Nahel reste présent dans toutes les têtes, la violence de la police s’est à nouveau illustrée dans une affaire sordide. Cette fois, un jeune homme, Hedi, s’est retrouvé gravement handicapé suite à un tabassage en règle par 4 policiers dans la nuit du 1er juillet dernier, lors du déchaînement de violence de la police pour mater les révoltes. Hedi et son ami cherchaient à rejoindre Marseille en sortant du travail, quand ils croisent des agents de la BAC. Hedi a le malheur d’être arabe dans un pays où la police - et pas seulement elle - est raciste. Il reçoit un tir de flashball dans la tête et indique qu’ils se seraient mis à plusieurs sur lui pour le frapper à coup de poing et de matraques pendant de longues minutes. Hedi aura perdu une partie de son crâne lors de l’opération chirurgicale qui lui a permis de rester en vie. Mâchoire brisée, œil gauche gravement endommagé, plus de 60 agrafes ont été utilisées pour consolider sa boîte crânienne et il devra être réopéré dans 3/4 mois. Les médecins lui auraient dit qu’ils avaient l’impression « d’opérer un mort ».
Outre l’extrême violence et la profonde injustice contenues dans ce passage à tabac d’une personne pour la seule raison qu’elle est identifiée comme arabe, ce qui nous indigne et nous alarme aussi c’est le soutien sans faille apporté aux agresseurs par leurs collègues policiers, comme lorsque les prévenus ont été applaudis à leur sortie de garde à vue. Et ce malgré les preuves accablantes. Plus encore, c’est la complaisance de la hiérarchie, du préfet au ministre en passant par le Directeur Général de la Police Nationale (DGPN), face à des méthodes pourtant manifestement illégales comme le recours à des arrêts maladie factices. Loin de recadrer ses troupes, Darmanin leur a même concédé des avantages supplémentaires : garantie de l’anonymat des policiers, maintien des primes lors de la suspension d’un agent, et surtout exemption de la détention provisoire. Le régime d’impunité déjà bien installé de la police se trouve renforcé de façon éclatante. La NUPES (à l’exception notable du PCF) a exprimé son inquiétude devant la dégradation de l’État de droit et de la démocratie, ainsi que son souhait de voir rétabli « l’ordre républicain dans la police ». Si cette réaction témoigne d’une évolution positive de la question des violences policières dans la gauche institutionnelle - et le souvenir cuisant du soutien apporté par plusieurs dirigeants et partis de gauche à la manifestation factieuse du 20 mai 2021 dit combien on partait de loin sur ces sujets - la formulation reste trompeuse. Car souhaiter rétablir « l’ordre dans la police » c’est prétendre que ce genre de violence n’est pas intrinsèque à l’institution policière. Et c’est oublier que la violence policière fait partie intégrante de ce qu’ils appellent « l’ordre républicain ».
Au contraire, nous affirmons qu’une institution se juge à ce qu’elle produit et non à ce qu’elle prétend être. Or, lorsque depuis des décennies, les soi-disant « erreurs » et « bavures » se multiplient, lorsque loin de donner lieu à des excuses, remises en question et condamnations elles ne produisent qu’une solidarité inconditionnelle envers ceux qui les commettent et le renforcement de l’impunité, il faut en déduire que l’institution fonctionne précisément comme il est prévu. Si les policiers prennent comme une trahison le fait que la justice puisse les mettre en cause, c’est que pour eux ces faits s’inscrivent dans la mission qu’ils prétendent accomplir, dans les consignes de leur hiérarchie : parquer les populations des quartiers populaires, traquer les jeunes perçu·es comme issu·es de ces quartiers, maintenir un ordre raciste et colonial. Les meurtres et les passages à tabac ne sont que les manifestations les plus extrêmes de ce continuum de violence.
L’Union Communiste Libertaire affirme son plein soutien à Hedi et sa famille et à toutes les autres victimes des institutions policière, judiciaire et carcérale. Nous revendiquons la dissolution des syndicats de police factieux, la fin de l’impunité policière, la dissolution de la BAC et de la BRAV-M. Ces mesures d’urgence nécessaires ne peuvent être que le début d’une lutte effective contre le système policier et judiciaire. Seule la construction d’un véritable rapport de force populaire, par le biais d’une auto-organisation dans les quartiers populaires et au-delà permettra de combattre les violences et la domination étatiques et policières.
Pas de justice, pas de paix !