unioncommunistelibertaire.org/…
Défense des retraites : SNCF, on n’est pas fatigué·es !
Le rail aura été un des gros secteurs en grève reconductible à partir du 7 mars. Mais, vacciné·es depuis 2019 contre la « grève par procuration », les cheminot·es n’ont pas voulu se battre pour les autres. Cependant, malgré la défaite, le climat n’est pas à la résignation.
Avant même la première journée de mobilisation contre la réforme annoncée, l’ensemble des retours de terrain côté cheminot pouvaient se résumer ainsi : « On ne veut pas être là locomotive du mouvement. » On se souvient que, durant les grèves historiques de l’hiver 2019 contre la retraite à points, la SNCF et la RATP sont restées bien trop isolées. La crainte, légitime, d’une nouvelle « grève par procuration » a freiné la mobilisation cette fois-ci.
Reconductible or not reconductible ?
Alors comment dépasser les journées saute-moutons lorsque les collègues ne veulent pas prendre la tête du mouvement et que les autres secteurs s’en tiennent, eux aussi, à des grèves de vingt-quatre heures ? Certain·es nous ont vendu le calendrier « alternatif », porté entre autres par la CGT-Chimie : des grèves séquencées censées aller crescendo. Un plan de bataille qui aura poussé l’intersyndicale cheminote à tenter une grève de quarante-huit heures les 7 et 8 février, mais sans succès. En réalité, cette tactique correspondait moins à l’aspiration réelle de la base qu’à des calculs internes à certaines fédérations CGT, pour montrer les muscles à la veille d’un congrès confédéral surtendu.
Nous avons eu raison de tenter la reconductible à partir du 7 mars. Mais la lecture des taux de grève SNCF sur l’ensemble du mouvement montre très clairement qu’elle n’était portée que par un noyau militant. La majorité des collègues qui se sont engagé·es ne l’ont fait que sur les journées interpro. La grève du 19 janvier avait bien marché : 46 % de grévistes, dont 77 % des conducteurs et conductrices. Le 7 mars a bien démarré (40%), mais le taux a rapidement chuté : 10 % le 10 mars, avant une remontée à 15 % le 15 mars. Miroir de ces difficultés, les AG cheminotes ont été faibles, tant en participation qu’en vitalité dans les discussions. Cela doit nous interroger sur la manière de faire vivre la discussion entre grévistes.
On peut bien sûr regretter que la grève n’ait pas été plus forte dans le rail, mais l’engagement du rail en première ligne aurait-il changé radicalement la donne ? N’est-ce pas une nouvelle fois du côté du privé, des secteurs où le syndicalisme de lutte est peu ou pas présent, que nous devons nous tourner si nous ne voulons pas revivre continuellement le même scénario de grèves qui peinent à se généraliser ?
Pas de victoire... mais pas de démoralisation
In fine, on ne peut pas dire que les cheminot·es sortent épuisé·es de ce mouvement, y compris du côté des bulletins de paie ! Les caisses de grève ont aidé, même si on sait que le don est aussi une façon de faire grève par procuration.
Le plus encourageant est que la défaite ne semble pas avoir démoralisé les collègues. Dans les discussions, c’est le gouvernement qui sort affaibli de la bagarre : son recours au 49-3, son échec à convaincre, son usage de la répression, son enlisement lui ont fait perdre davantage de plumes qu’à nous, quand bien même nous n’avons pas gagné. En clair, les cheminot·es pourraient bien être de nouveau, à court terme, au rendez-vous de la lutte des classes !
Ben (UCL Nantes)