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Palestine : Pour un réengagement communiste libertaire dans la campagne BDS
Ce texte adopté lors de le Coordination fédérale de mars 2023 a pour objet de relancer la dynamique et de coordonner l’implication de l’UCL dans la campagne BDS France (Boycott Désinvestissement Sanctions).
Lors de la rencontre nationale des 14-15 janvier 2023, la campagne Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS) France, dirigée contre l’apartheid et le colonialisme en Palestine, a décidé davantage de visibilité de son action et une campagne spécifique contre l’enseigne Carrefour, qui soutient les colonies israéliennes illégales en Palestine occupée. Les organisations signataires de l’appel BDS, dont l’UCL, sont appelées à y prendre part.
L’UCL soutient la lutte du peuple palestinien [1] pour sa liberté face à la guerre coloniale que lui mène l’État d’Israël. Celle-ci entre dans une nouvelle période avec l’arrivée au pouvoir à Tel-Aviv d’une coalition droite et extrême droite, les provocations qui s’en sont suivies, les attentats individuels désespérés contre des colonies israéliennes, les bombardements militaires en représailles, la faillite de l’Autorité palestinienne et l’apparition de jeunes groupes de résistance (comme le bataillon de Naplouse) indépendants du Hamas comme du Fatah…
Malgré la répression des années Sarkozy-Hollande (avec la circulaire Alliot-Marie du 12 février 2010 pénalisant le boycott), malgré des divisions tactiques [2], la campagne BDS-France a continué : boycott de Puma, Axa, actions sur le tour de France 2020 (avec l’UCL) [3], contre la participation d’Israël à l’Eurovision…
Rappel sur BDS : cette campagne internationale a été lancée en 2004 par l’ensemble de la société civile palestinienne (c’est-à-dire vivant en Israël, en exil ou dans les Territoires occupés). Sur le modèle de la campagne de boycott de l’Afrique du Sud dans les années 1980, il s’agit d’exiger, par des moyens pacifiques, l’application du droit international : la fin de l’occupation, de la colonisation, la destruction du mur de séparation, la fin du blocus de Gaza, l’égalité des droits et le droit au retour des réfugié·es (ou à une juste réparation).
En France, BDS a débuté en juin 2009, avec des campagnes contre Agrexco [4], contre Orange (victorieuse), contre Veolia (qui construisait le tramway de Jérusalem et contribuait a détruire les quartiers arabes etc.).
Actuelle campagne : Carrefour, via son accord de franchise avec la société israélienne Electra Consumer Products et sa filiale Yenot Bitan, entreprises actives au sein des colonies illégales, se retrouve, au regard du droit international, en situation de complicité de crime de guerre, d’occupation, de colonialisme de peuplement et d’apartheid. Visée pour l’export, elle l’est désormais également pour l’import. En Afrique, dans plusieurs pays arabes et en Asie, où Carrefour est très présent, des campagnes sont également en train de se monter.
L’UCL est membre de la campagne BDS, ainsi que de nombreuses organisations antiracistes ou syndicales (CNT, Solidaires, certaines sections CGT) où les communistes libertaires s’activent. Afin d’y participer, plusieurs actions simples :
- de façon générale : relayer les mots d’ordre BDS sur nos réseaux sociaux et moyens de communication ;
- au niveau fédéral : coller en dernière page du journal un petit logo BDS et, en page d’accueil du site web, un visuel renvoyant à une rubrique compilant des infos et des articles sur la campagne, inviter nos partenaires du réseau Anarkismo à faire de même ;
- au niveau local : les groupes locaux peuvent mener des actions et les « labelliser » BDS (comme en 2020 pour le Tour de France) ; ils peuvent aussi s’associer aux comités BDS locaux ou en susciter avec d’autres organisations signataires.
Un rendez-vous annuel : une semaine internationale – l’Israeli Apartheid Week – est organisée chaque année en mars (en 2023, du 13 au 27 mars). Ces dernières années, elle a surtout existé sur les facs, avec des projections, des débats… Elle se clôt par la Journée de la terre, chaque 30 mars, qui commémore la résistance paysanne aux expropriations, et notamment la grève générale palestinienne du 30 mars 1976 (6 grévistes assassinés).
Une équipe d’animation : une équipe est en cours de constitution (...) en vue d’être mandatée pour :
- mettre en musique l’action BDS de l’UCL, dans le cadre de nos orientations fédérales sur la question palestinienne ;
- organiser des formations internes sur la question palestinienne, dont la compréhension politique est en recul en France – y compris dans le mouvement social – depuis les années 2010.
Il faut que l’engagement anticolonialiste et la vigilance antiraciste de l’UCL soient impeccables, pour repousser autant les tentatives d’intrusion et d’instrumentalisation antisémites que les calomnies (« antisémites », « islamo-gauchistes ») dont les sionistes sont coutumiers, mais dont peut aussi user l’État français pour stigmatiser l’extrême gauche, la minorité musulmane et les quartiers populaires.
Union communiste libertaire, mars 2023
PRECISIONS SUR LE TERME SIONISME
Le terme sionisme utilisé ici renvoie à sa définition donnée dans la motion « Contre le colonialisme en Palestine, pour une Palestine libre et démocratique » adoptée en Juin 2020 :
« La classe dirigeante israélienne, et l’essentiel de la classe politique, sont profondément imprégnées d’une idéologie nationaliste et colonialiste, le sionisme. Cette idéologie est née dans un contexte de développement de l’antisémitisme et du nationalisme en Europe.
À la différence des courants assimilationnistes ou révolutionnaires, les courants sionistes considéraient l’antisémitisme comme inéluctable tant que les juifs et juives resteraient partout minoritaires et ont eu pour objectif historique de constituer une majorité nationale juive en Palestine, ce qui est passé par l’expulsion des Palestiniennes et Palestiniens tout au long du processus colonial, et par une politique d’épuration ethnique.
Dans cette continuité, la classe dirigeante israélienne actuelle a pour objectif de maintenir un État sur des bases ethno-nationalistes dans lequel la majorité nationale reste juive. Une partie de cette classe dirigeante a même pour projet politique l’exclusion totale des minorités arabes et druzes : la loi de 2018 sur « l’État-nation du peuple juif » est la conséquence inéluctable de la politique menée avec constance depuis 1948. »
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