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L’école inclusive ? Parlons-en !
Près de vingt ans après la loi de 2005 qui promettait de grandes avancées quant à la scolarisation des enfants en situation de handicap, où en est-on ? Le droit à la scolarité en milieu ordinaire, bien qu’inscrit dans la loi, reste conditionné aux ressources économiques et culturelles des familles. Dans les faits, l’école reste un lieu peu inclusif, un lieu de ségrégation et de reproduction des inégalités.
Près de vingt ans après la loi de 2005 qui promettait de grandes avancées quant à la scolarisation des enfants en situation de handicap, où en est-on ? Le droit à la scolarité en milieu ordinaire, bien qu’inscrit dans la loi, reste conditionné aux ressources économiques et culturelles des familles. Dans les faits, l’école reste un lieu peu inclusif, un lieu de ségrégation et de reproduction des inégalités.
« Sans moyens, l’école inclusive n’est qu’un slogan ! » [1], ce titre d’un tract du syndicat Sud Éducation résume à lui tout seul une bonne part des problématiques de « l’école inclusive ». Depuis plusieurs années le ministère de l’Éducation nationale communique à tout crin sur l’école inclusive, placée au cœur des préoccupations des ministres successifs, qui n’ont de cesse que de casser le service public de l’éducation pour tou·tes : « Conformément à l’article L. 111-1 du code de l’éducation, l’enjeu d’égalité et la question de la justice sociale sont placés au cœur des priorités de l’éducation nationale avec l’ambition que chaque élève bénéficie des conditions permettant sa réussite dans une société pleinement inclusive ». L’augmentation des moyens alloués mise en avant à coup de communication et d’autosatisfaction gouvernementale masque mal le dénuement dans lequel se trouvent la plupart des élèves, des familles, des collègues enseignant·es et AESH (accompagnant·es d’élèves en situation de handicap).
Si depuis 2005 le taux de scolarisation des jeunes en situation de handicap en milieu scolaire ordinaire a augmenté, il est en premier lieu un effet d’une meilleure reconnaissances des situations de handicap vécues par des élèves qui n’étaient pas le « public » initialement visé. Les situations de handicap les plus importantes sont encore mal prises en charge au sein de l’école public. Le poids de l’histoire des structures médico-sociales d’une part, mais également les manques de moyens et de volonté politique sont des freins importants à la mise en œuvre d’une école véritablement pour tou·tes. La lutte menée ces dernières années par les AESH pour une juste reconnaissance de leur métier [2] en est une illustration forte. Mais les moyens ne feront pas tout.
L’inclusion nécessite également une acculturation qu’un certain nombre de professionnel·les, tant du médico-social que de l’Éducation national, ne sont pas prêt·es à franchir. Des syndicats sont également farouchement opposés à « l’inclusion systématique ». Depuis 2005, les syndicats FO mènent un combat d’arrière-garde sans aucune prise en compte des demandes des élèves, de leurs familles et du projet politique et social que pourrait permettre de réaliser véritablement l’inclusion.
Si l’inclusion à la sauce libérale est un désastre et mène à renforcer les inégalités sociales, renvoyant les familles qui en ont les moyens vers des structures ou des solutions privées et/ou individuelles [3], l’inclusion n’en reste pas moins un projet ambitieux pour l’école publique et notre société. Accueillir des élèves en situation de handicap dans une classe ordinaire ce n’est pas un gain pour le ou la seul·e élève accueilli·e mais pour toute la classe, élèves et enseignant·es ! Mais pour que l’inclusion se réalise totalement et pleinement dans nos classes et nos écoles encore faut-il transformer l’école et en faire un véritable lieu d’apprentissage : apprentissages « scolaires » mais aussi, et surtout, sociaux, un lieu de réalisation de soi au sein du groupe où la coopération et l’entraide auront remplacé l’évaluation, la compétition et le classement. Alors l’inclusion ne sera plus portée comme un étendard mais vécue quotidiennement dans l’école, et au-delà.
David (UCL Savoies)
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