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Contre toute tentation d’épuration ethnique au Haut-Karabakh 22/09
Les 19 et 20 septembre, à l’issue d’une offensive éclair, Bakou a pris le contrôle de l’enclave arménienne du Haut-Karabakh avec l’assentiment de Moscou. L’Azerbaïdjan a beau promettre à présent une normalisation « pacifique », la menace d’épuration ethnique est réelle.
Au terme de la guerre qui, à l’automne 2020, a vu la défaite de l’Arménie, l’Azerbaïdjan a reconquis des territoires occupés depuis 1994 par Erevan. Le Haut-Karabakh, enclave arménienne emblématique au sein de ses frontières, avait pour sa part été placé sous la protection de l’armée russe.
Poutine promettait des négociations de paix entre ses deux vassaux. Mais il avait la tête ailleurs et, depuis l’invasion sanglante de l’Ukraine en 2022, Ilham Aliyev, le dictateur mafieux qui règne à Bakou, n’avait eu de cesse de tester la permissivité de l’impérialisme russe, en multipliant les incursions militaires en Arménie, allant jusqu’à faire le blocus du Haut-Karabakh. Moscou avait systématiquement laissé faire. Début août 2023, un rapport de l’ONU y évoquait une situation de « famine », dans une logique de « génocide ».
C’est en vain que le Premier ministre arménien Nikol Pachinian appelait l’État russe à respecter ses engagements. Début septembre, en désespoir de cause, il se tournait vers les États-Unis. C’était sans doute le geste de trop, qui aura convaincu Poutine de donner son feu vert à un Ilham Aliyev qui piaffait d’impatience. Vingt-quatre heures et 200 morts plus tard, le Haut-Karabakh capitulait devant l’assaut azerbaïdjanais.
Les craintes légitimes de la population arménienne
L’enclave est donc repassée sous le contrôle de Bakou. Comment ne pas partager l’effroi de la population arménienne du Haut-Karabakh, quand on connaît le passif de l’État azerbaïdjanais et sa réalité actuelle ?
Rappelons que cet État, tenu par le clan mafieux d’Ilham Aliyev, est une des pires dictatures de la planète. Rappelons qu’aligné sur l’État turc, il partage les mêmes lointaines racines génocidaires, raison pour laquelle il campe toujours sur la négation du génocide arménien de 1915-1918. Rappelons qu’après les pogroms anti-arméniens de 1988 et 1990 dans la région de Bakou, la population du Haut-Karabakh avait, par référendum, proclamé son indépendance. Bakou avait réagi par une répression armée, entraînant une guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et une épuration ethnique des deux côtés. La victoire d’Erevan en 1994 s’était soldée par l’occupation militaire d’une partie de l’Azerbaïdjan et un conflit gelé pendant vingt-cinq ans, situation dangereusement porteuse d’une nouvelle guerre. Qui avait fini par advenir avec la revanche azerbaïdjanaise de 2020.
Aujourd’hui, c’est le Haut-Karabakh qui devient un territoire occupé, avec la menace d’une logique de vengeance et d’épuration ethnique à bas bruit, à force de brimades et de discriminations racistes.
- Non à l’épuration ethnique !
- Oui à la paix, à une solution politique au Caucase.
- Oui à l’autodétermination des peuples, oui à l’autodétermination du Haut-Karabakh !
Union communiste libertaire, 22 septembre 2023
À lire aussi :
le point de vue d’un pacifiste arménien, Vicken Cheterian, dans Alternative libertaire de mars 2021 ;
le point de vue d’un dissident azerbaïdjanais, Mahammad Mirzali, dans Alternative libertaire de mai 2021 ;
« Arménie-Azerbaïdjan : La coresponsabilité de l’engrenage nationaliste », Alternative libertaire, décembre 2020
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