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Comprendre les transitions de genre : Transition sociale, le grand plongeon
Après avoir exploré les éléments les plus « palpables » des transitions de genre : accès aux soins, traitements, procédure administrative, voici le quatrième et dernier article de la série. Il concerne une étape redoutée, et souvent lourde de conséquences : les coming-out.
La volonté de sortir du placard et la peur des réactions lors d’un coming-out est une expérience partagée par toutes les personnes LGBT. Pour les personnes trans, cela revêt en plus une importance particulière : c’est à cette occasion que l’on demande à sa famille, ami·es ou collègues, de nous considérer du genre qui est le nôtre. C’est souvent le début de la transition… ne serait-ce que de leur point de vue.
En effet, beaucoup de personnes trans retardent autant que possible cette étape, et entament souvent d’autres démarches de transition en secret avant de faire leur annonce auprès de certains de leurs cercles sociaux. A raison : en France, seuls 47 % des gens déclarent qu’ils recevraient bien le coming-out trans d’un ou d’une membre de leur famille [1].
Le rejet d’un coming-out peut être dévastateur : perte d’amis et donc isolement social, violences morales, violences physiques, harcèlement (notamment à l’école). C’est l’une des raisons majeures des taux de dépression et de suicide démesurés des personnes trans. Les personnes mineures (ou dépendantes de leurs parents pour d’autres raisons) se voient très souvent refuser l’accès au soin, quand elles ne sont pas tout bonnement victimes de thérapies de conversion : un ensemble de méthodes, allant de la manipulation jusqu’au viol et à la torture, pour tenter de « forcer » quelqu’un à ne plus être trans. Des pratiques activement encouragées par des soi-disant « groupes de parents » s’organisant en ligne, bien qu’elles soient explicitement illégales depuis l’été dernier.
Plus compliqué qu’une simple annonce
La transition sociale, ce n’est pas juste un coming-out. C’est tout un processus, aux coming-out multiples, mais qui passe aussi par une modification de sa façon de se présenter. Apparence, façon de parler, façon de marcher, posture, comportement… Le genre est perçu par la société dans les détails les plus subtils. C’est souvent la transition sociale seule, même sans procédure médicale, qui permet d’être vu·e de son genre choisi dans l’espace public (ce que l’on appelle le passing).
Lorsque cette transition est incomplète ou insuffisante, ou lorsque notre présentation de genre ne tombe pas nettement dans les cases « homme » ou « femme », on se retrouve à être visiblement trans dans l’espace public, ce qui fait courir un risque d’agression et de harcèlement. La question des toilettes publiques en est un exemple frappant : sous prétexte de la prétendue dangerosité des personnes trans, on les force à utiliser les toilettes de leur sexe assigné à la naissance… là où elles sont le plus susceptibles d’être agressées.
Chloé (UCL Grenoble)
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