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La question des grèves minoritaires
À Angers, vers le milieu du mois de décembre dernier, une partie des ouvriers et ouvrières de Valeo qui étaient en grève parcouraient leur usine en faisant résonner des slogans pour des augmentations de salaires, et en discutant sur leur passage pour convaincre leurs collègues non grévistes de les rejoindre.
Au mois de décembre 2023 un mouvement de grève a eu lieu dans plusieurs usines de l’équipementier automobile Valeo. À l’origine de celui-ci, la proposition de revalorisation des salaires de seulement 3 % pour 2024, ainsi que l’utilisation de la nouvelle convention collective de la métallurgie pour tenter de revoir les droits des salarié·es à la baisse.
Sur le site d’Angers, des AG se sont tenues à l’occasion de traditionnels « débrayages d’informations » organisés par la section syndicale CGT de l’usine. Quelques jours plus tard, l’appel à la grève était lancé. Quatre jours de suite, celle-ci fut reconduite par les grévistes, qui étaient alors autour de 200 sur les plus de 1 000 salarié·es de la boîte. Ayant conscience de la nécessité d’être plus nombreux et nombreuses pour mettre en place un rapport de force qui permette de gagner, les grévistes ont alors mis en place des actions pour élargir la grève et faire sortir plus de monde.
Malheureusement, cette fois-ci, la mayonnaise n’aura pas pris et le mouvement sera resté minoritaire, mais celui-ci aura permis de créer du lien entre salarié·es de l’entreprise, qui auront une expérience de lutte collective, et que quelques uns ont décidé de prolonger en adhérant à la CGT. L’ensemble des intérimaires d’une équipe aura saisi l’occasion pour faire une belle démonstration de résistance en rejoignant la grève lors du deuxième jour. Un peu plus tard, une dizaine de délégué·es d’autres usines de la métallurgie du coin sont venu·es porter des messages de soutien aux grévistes et rester quelques heures sur le piquet de grève, créant et renforçant des liens. Tout cela aura constitué des moments dont nous ressortirons plus forts pour la suite.
La grève est un combat aux multiples facettes
Les militants et militantes d’entreprise ont souvent l’habitude de ces situations où une partie significative des salarié·es est prête à se lancer dans une grève, mais où l’on sait aussi que cette partie reste minoritaire et que nos chances de victoire sont minces. Se pose alors la difficile question de savoir si nous devons ou non y aller. S’il n’existe pas de réponse universelle à cette question, il importe que dans chaque cas nous discutions et étudions la situation, de manière pragmatique, et le plus collectivement possible.
Dans certains cas, cela peut valoir le coup de se lancer, en plaçant nos espoirs sur une dynamique d’élargissement de la grève, et en faisant en sorte que quoiqu’il arrive, on en ressorte renforcé·es pour la suite, comme cela fut le cas chez Valeo récemment.
Mais dans d’autres cas, il est préférable de ne pas engager un combat perdu d’avance, pour éviter les effets psychologiques négatifs sur des travailleurs et travailleuses dont la confiance en leurs possibilités de gagner est déjà fragile. Il peut donc être préférable d’user de patience, de continuer le travail quotidien de préparation, et d’attendre un moment plus favorable.
Tout cela fait partie des réflexions tactiques que nous devons avoir, pour renforcer plus efficacement notre classe à travers nos luttes quotidiennes, et pour nous préparer aux combats plus décisifs qui nous attendent.
Guillaume (UCL Angers)
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