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1943 : Le CNR, quelles leçons en tirer ?
L’année 2023 marque les 80 ans du Conseil National de la Résistance, ce rassemblement de forces politiques après la guerre qui a permis des avancées progressistes peut être source d’inspiration 80 ans plus tard.
Le 24 mai dernier, Emmanuel Macron a rendu hommage aux 80 ans du Conseil National de la Résistance (CNR) et a salué « la mémoire de ceux qui firent vivre et grandir cet esprit de résistance qui est l’âme de la France ». Pour dépasser les hommages officiels et les appels grandiloquents à « l’âme de la France », il est nécessaire de revenir sur l’histoire du CNR. Formé en mai 1943 dans l’objectif d’unifier l’ensemble des forces politiques et militaires de résistance, le CNR regroupe les organisations de résistance, six partis politiques des communistes aux gaullistes et les deux syndicats ouvriers (CGT et CFTC).
Cela traduit la prise de conscience de la nécessaire unité du combat démocratique mais aussi du rapport de force favorable aux communistes qui représentent la principale force de résistance. Ainsi, pour les gaullistes craignant que la révolution communiste succède à l’occupation nazie, il était indispensable d’intégrer le PCF dans les plans de reconstruction de l’après-guerre ; surtout dans un contexte où la quasi-totalité des grands patrons sombraient dans la collaboration avec les nazis ou le régime de Vichy.
Un programme progressiste unitaire
Au-delà de la coordination militaire de la résistance, le CNR a construit un programme politique pour l’après-guerre. La « Charte du Conseil National de la Résistance » adoptée en mars 1944, a énoncé les principes fondamentaux qui devraient guider la France libérée. Elle comprenait notamment l’instauration de la Sécurité sociale, la nationalisation des grandes entreprises et la restitution des biens spoliés aux Juifs.
Après la guerre, l’héritage du CNR s’est perpétué notamment via le programme des « jours heureux » qui a largement inspiré les politiques sociales mises en œuvre. En effet, ce programme prévoyait entre autre « la participation des travailleurs à la direction de l’économie », « un réajustement important des salaires ». Il était également proposé de garantir « la sécurité de l’emploi » et d’instituer un « plan complet de sécurité sociale ». Par cette élaboration politique, le CNR lie la lutte antifasciste armée avec un programme politique progressiste même si ce programme n’était pas exempt de limites.
Appuyé-es par leur rôle important lors de la Résistance, les communistes ont pu imposer un programme social dans le CNR.
Dans le contexte actuel que nous connaissons (88 députés RN à l’Assemblée Nationale, nombreuses attaques des groupuscules fascistes, etc.), il est nécessaire de tirer des enseignements du CNR : notre lutte antifasciste doit être unitaire et rassembler autant que possible les forces politiques de notre camp social pour construire une riposte antifasciste efficace.
En liant des objectifs d’émancipation collective à la lutte armée antifasciste, le CNR nous rappelle que l’un des meilleurs moyens de contrer les mouvements fascistes est d’opposer à leurs idées réactionnaires, nos valeurs de solidarité de classe. A ce titre, il est nécessaire de renforcer les luttes sociales et de développer le caractère antifasciste des mouvements sociaux pour refouler les discours réactionnaires et fascistes.
Thibaut (UCL Lyon)
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