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Immobile et agité
Rétrospective bringuebalante de décembre, 28/30. Chaque jour, un blog.
http://immobileetagite.canalblog.com/
Et donc forcément, aujourd'hui, est tiré "Immobile et agité", c'était couru. Commençons déjà par un parcours descriptif à ras de terre :
- De septembre 2013 jusqu'à février 2014, alternance de textes et d'images (et même de "correspondances" vers un ancien "blog journal intime dessiné" en partie supprimé, mais on en reparlera). Pour information, toutes les images sont encore consultables, même quand apparaît une icône cassée de type 'failed to load' : il suffit de cliquer dessus et vous avez la page qui s'affiche (bug pénible de Canalblog, je n'ai pas sous la main toutes les pages pour pouvoir les recharger). Je m'aperçois en les reparcourant qu'il y en a vraiment beaucoup qui me touchent encore, ce qui explique la quantité records d'extraits que je poste ci-dessous, pas moins de 13 (célèbre chiffre-malheur qui convient bien à ce blog brassant et rebrassant du mal-être). Les textes sont plus durs moralement à encaisser et c'est là qu'on voit la vertu de la "mise en dessin" : tout de suite on prend une distance poétique et du coup on respire (à moins de tenter le "texte poétique", mais ce n'était pas du tout l'objet de ce blog).
- En mars-avril 2014, uniquement des textes. 2014, donc période d'intense dégoût artistique, pour rappel. Mais là, hop, en plein milieu, ce texte qui se montrera décisif pour l'entreprise considérée rétrospectivement : "Depuis toujours, besoin d'entendre que c'est mon corps qui ne va pas. Que c'est lui qui est à la traîne. Un jour, vers neuf ou dix ans, j'ai des courbatures tellement fortes dans les mollets que poser le pied m'est extrêmement douloureux. Je me déplace dans la maison sur la chaise de bureau à roulettes. J'avais dû faire un gros effort les jours précédents, peut-être un effort qu'un enfant moins inhibé corporellement aurait moins ressenti, ou peut-être un vrai grand effort qui devait bel et bien occasionner ce genre de douleurs, bref qu'importe, je ne le saurai jamais car la doctoresse à domicile n'a rien voulu savoir et ne m'a parlé que de ma mère morte. Tout était forcément relié à ça. Les mollets c'est forcément la tête, pardi ! Après cela, je ne pouvais que persévérer dans le dualisme, tellement l'inverse me paraissait insultant. En me rappelant sans cesse que mon psychisme n'était pas totalement normal, on niait l'anormalité de mon corps que je ressentais pourtant bien plus fortement. Le problème n'était pas tant qu'il ne fallait pas la nier, car le fait est que mon corps avait presque toutes les possibilités pour devenir normal, mais tout mettre sur le dos de ma tête ne passait pas. Je ne pouvais pas y croire et n'y crois encore pas aujourd'hui."
- Puis de mai jusqu'à août, pour terminer le blog, diverses choses mais notamment la mini-série de vrais-faux fanzines "Je prendrai mes responsabilités" traitant surtout de l'achat compulsif, au milieu d'écrits qui tentent toujours d'aller au plus profond de soi. Notamment ce passage éloquent : "Concernant la honte, j'ai longtemps cru que c'était parce que j'avais honte de tout que des fois je disais vraiment des choses honteuses histoire de savoir pourquoi j'avais honte, mais je m'aperçois maintenant que c'est plus subtil : en exacerbant ma honte, en la développant (car c'est une recherche tout ce qu'il y a de plus précise et sérieuse), en lui faisant prendre des tours que je ne serais peut-être pas allé jusqu'à prendre dans un état normal (à savoir hors de l'écriture), je peux ainsi la mettre en spectacle, ne pas en être dupe et m'en tenir à distance. Je montre aux autres que je sais que je suis con et qu'il n'y a pas mort d'homme. Sauf que la plupart du temps, les autres pensent que je ne fais pas exprès ou alors que si je fais exprès c'est pour me faire mousser. Or, ça ne m'amuse pas spécialement, c'est juste la manière que j'ai trouvée pour m'en débarrasser le plus possible, la traire au maximum. J'attends toujours la dernière goutte."
Bon, hum, c'est un gros morceau d'auto-psychanalyse, en le relisant. Je m'excuse après coup auprès de tous les lecteurs de ne pas les avoir rémunérés pour cela (il paraît que c'est important symboliquement). En fait, je peux le dire maintenant : le but c'était bien qu'émerge une vérité à mon insu, laquelle, je n'en savais rien bien sûr, je sentais que quelque chose tournait autour du corps mais sans pouvoir bien le caractériser. J'avais déjà eu des exemples de mises à nu "indés" où il s'était passé ça : sans le savoir, le type avait exposé tous les indices de son futur diagnostic. En regardant le dessin ci-dessous et même rien qu'en analysant le titre du blog, c'est incroyable comme je me dis que tout était là, déjà présent sous mes yeux : les différents symptômes qui seront plus finement nommés et circonscrits par la suite, et surtout la condition physique en soi de l'hypoglycémique discret ! "Immobile et agité", c'est exactement comme ça qu'il faut dire la chose ; c'est la façon la plus économe de décrire ce que me fait le sucre : ça tambourine en moi et je ne peux que rester prostré. Immobile et agité, oui, tout à fait ça. Tout était là. C'est grâce au blog que je peux dater précisément le début des sensations. Vous comprendrez donc mon attachement persistant pour la dimension d'autoportrait même indécent dans l'art : pour une fois qu'on peut le rendre pleinement utile à soi, cet art, il faut le chérir pour ça. Peut-être pas seulement pour ça, mais aussi et surtout pour ça.
Car c'est quand même dingue. Tout a été là. Grâce à ça, on voit.
PS : Tiens, j'avais oublié ce texte posté sur le blog "plus de quatre ans et demi après" sa clôture, en avril 2019, dans un tout autre contexte existentiel, affectif mais aussi physique. Je suis surpris de trouver que c'est une aussi bonne conclusion.
"À la base, je m'excuse d'être. Et du coup quand je dois affirmer mon existence c'est maladroit et je peux vite me faire des idées, croire en la toute-puissance de ma pensée : « comme je ne compte pour rien la plupart du temps, si cette fois-ci on a eu l'air de me prendre en compte c'est que je dois vraiment être quelqu'un ! ». Or, pas du tout, ou pas spécialement. Je navigue toujours entre ces extrêmes : ils vont forcément se rendre compte que je suis le plus nul des nuls (alors qu'il m'arrive de maîtriser une certaine non-nullité dans certains domaines), ils vont forcément se rendre compte que je suis le plus unique des exceptionnels (alors que les gens se fichent qu'on ait un cerveau curieux, ils veulent juste qu'on soit viable). Finalement, je ne sais pas si le problème c'est de croire trop peu en moi ou si c'est de croire que je pourrai mener une vie normale en croyant si peu en moi (ce qui est une manière de trop croire en soi, pour le coup : « même si je tremble à tout va, ils ne s'apercevront de rien, tout se passera magiquement grâce à mon sourire », tu parles !). Je crois être passé d'une phase où je refusais d'admettre ma non-confiance totale, ce qui était une manière d'être auto-complaisant, à une nouvelle ère (la fameuse, le tournant) où l'on est obligé d'accepter d'être éclopé, à force. Et maintenant, tout commence. « Je ne serai jamais un artiste » avait déjà été dur à admettre (j'en avais longuement parlé ici et là), reste maintenant « Je ne serai jamais un humain qui étale un quelconque “vécu” ou “parcours” puisque mon essence semble être d'être immobile et agité ». Et c'est en partant de là qu'existent possiblement des marges, avec les limites que l'on sait."
http://immobileetagite.canalblog.com/
Et donc forcément, aujourd'hui, est tiré "Immobile et agité", c'était couru. Commençons déjà par un parcours descriptif à ras de terre :
- De septembre 2013 jusqu'à février 2014, alternance de textes et d'images (et même de "correspondances" vers un ancien "blog journal intime dessiné" en partie supprimé, mais on en reparlera). Pour information, toutes les images sont encore consultables, même quand apparaît une icône cassée de type 'failed to load' : il suffit de cliquer dessus et vous avez la page qui s'affiche (bug pénible de Canalblog, je n'ai pas sous la main toutes les pages pour pouvoir les recharger). Je m'aperçois en les reparcourant qu'il y en a vraiment beaucoup qui me touchent encore, ce qui explique la quantité records d'extraits que je poste ci-dessous, pas moins de 13 (célèbre chiffre-malheur qui convient bien à ce blog brassant et rebrassant du mal-être). Les textes sont plus durs moralement à encaisser et c'est là qu'on voit la vertu de la "mise en dessin" : tout de suite on prend une distance poétique et du coup on respire (à moins de tenter le "texte poétique", mais ce n'était pas du tout l'objet de ce blog).
- En mars-avril 2014, uniquement des textes. 2014, donc période d'intense dégoût artistique, pour rappel. Mais là, hop, en plein milieu, ce texte qui se montrera décisif pour l'entreprise considérée rétrospectivement : "Depuis toujours, besoin d'entendre que c'est mon corps qui ne va pas. Que c'est lui qui est à la traîne. Un jour, vers neuf ou dix ans, j'ai des courbatures tellement fortes dans les mollets que poser le pied m'est extrêmement douloureux. Je me déplace dans la maison sur la chaise de bureau à roulettes. J'avais dû faire un gros effort les jours précédents, peut-être un effort qu'un enfant moins inhibé corporellement aurait moins ressenti, ou peut-être un vrai grand effort qui devait bel et bien occasionner ce genre de douleurs, bref qu'importe, je ne le saurai jamais car la doctoresse à domicile n'a rien voulu savoir et ne m'a parlé que de ma mère morte. Tout était forcément relié à ça. Les mollets c'est forcément la tête, pardi ! Après cela, je ne pouvais que persévérer dans le dualisme, tellement l'inverse me paraissait insultant. En me rappelant sans cesse que mon psychisme n'était pas totalement normal, on niait l'anormalité de mon corps que je ressentais pourtant bien plus fortement. Le problème n'était pas tant qu'il ne fallait pas la nier, car le fait est que mon corps avait presque toutes les possibilités pour devenir normal, mais tout mettre sur le dos de ma tête ne passait pas. Je ne pouvais pas y croire et n'y crois encore pas aujourd'hui."
- Puis de mai jusqu'à août, pour terminer le blog, diverses choses mais notamment la mini-série de vrais-faux fanzines "Je prendrai mes responsabilités" traitant surtout de l'achat compulsif, au milieu d'écrits qui tentent toujours d'aller au plus profond de soi. Notamment ce passage éloquent : "Concernant la honte, j'ai longtemps cru que c'était parce que j'avais honte de tout que des fois je disais vraiment des choses honteuses histoire de savoir pourquoi j'avais honte, mais je m'aperçois maintenant que c'est plus subtil : en exacerbant ma honte, en la développant (car c'est une recherche tout ce qu'il y a de plus précise et sérieuse), en lui faisant prendre des tours que je ne serais peut-être pas allé jusqu'à prendre dans un état normal (à savoir hors de l'écriture), je peux ainsi la mettre en spectacle, ne pas en être dupe et m'en tenir à distance. Je montre aux autres que je sais que je suis con et qu'il n'y a pas mort d'homme. Sauf que la plupart du temps, les autres pensent que je ne fais pas exprès ou alors que si je fais exprès c'est pour me faire mousser. Or, ça ne m'amuse pas spécialement, c'est juste la manière que j'ai trouvée pour m'en débarrasser le plus possible, la traire au maximum. J'attends toujours la dernière goutte."
Bon, hum, c'est un gros morceau d'auto-psychanalyse, en le relisant. Je m'excuse après coup auprès de tous les lecteurs de ne pas les avoir rémunérés pour cela (il paraît que c'est important symboliquement). En fait, je peux le dire maintenant : le but c'était bien qu'émerge une vérité à mon insu, laquelle, je n'en savais rien bien sûr, je sentais que quelque chose tournait autour du corps mais sans pouvoir bien le caractériser. J'avais déjà eu des exemples de mises à nu "indés" où il s'était passé ça : sans le savoir, le type avait exposé tous les indices de son futur diagnostic. En regardant le dessin ci-dessous et même rien qu'en analysant le titre du blog, c'est incroyable comme je me dis que tout était là, déjà présent sous mes yeux : les différents symptômes qui seront plus finement nommés et circonscrits par la suite, et surtout la condition physique en soi de l'hypoglycémique discret ! "Immobile et agité", c'est exactement comme ça qu'il faut dire la chose ; c'est la façon la plus économe de décrire ce que me fait le sucre : ça tambourine en moi et je ne peux que rester prostré. Immobile et agité, oui, tout à fait ça. Tout était là. C'est grâce au blog que je peux dater précisément le début des sensations. Vous comprendrez donc mon attachement persistant pour la dimension d'autoportrait même indécent dans l'art : pour une fois qu'on peut le rendre pleinement utile à soi, cet art, il faut le chérir pour ça. Peut-être pas seulement pour ça, mais aussi et surtout pour ça.
Car c'est quand même dingue. Tout a été là. Grâce à ça, on voit.
PS : Tiens, j'avais oublié ce texte posté sur le blog "plus de quatre ans et demi après" sa clôture, en avril 2019, dans un tout autre contexte existentiel, affectif mais aussi physique. Je suis surpris de trouver que c'est une aussi bonne conclusion.
"À la base, je m'excuse d'être. Et du coup quand je dois affirmer mon existence c'est maladroit et je peux vite me faire des idées, croire en la toute-puissance de ma pensée : « comme je ne compte pour rien la plupart du temps, si cette fois-ci on a eu l'air de me prendre en compte c'est que je dois vraiment être quelqu'un ! ». Or, pas du tout, ou pas spécialement. Je navigue toujours entre ces extrêmes : ils vont forcément se rendre compte que je suis le plus nul des nuls (alors qu'il m'arrive de maîtriser une certaine non-nullité dans certains domaines), ils vont forcément se rendre compte que je suis le plus unique des exceptionnels (alors que les gens se fichent qu'on ait un cerveau curieux, ils veulent juste qu'on soit viable). Finalement, je ne sais pas si le problème c'est de croire trop peu en moi ou si c'est de croire que je pourrai mener une vie normale en croyant si peu en moi (ce qui est une manière de trop croire en soi, pour le coup : « même si je tremble à tout va, ils ne s'apercevront de rien, tout se passera magiquement grâce à mon sourire », tu parles !). Je crois être passé d'une phase où je refusais d'admettre ma non-confiance totale, ce qui était une manière d'être auto-complaisant, à une nouvelle ère (la fameuse, le tournant) où l'on est obligé d'accepter d'être éclopé, à force. Et maintenant, tout commence. « Je ne serai jamais un artiste » avait déjà été dur à admettre (j'en avais longuement parlé ici et là), reste maintenant « Je ne serai jamais un humain qui étale un quelconque “vécu” ou “parcours” puisque mon essence semble être d'être immobile et agité ». Et c'est en partant de là qu'existent possiblement des marges, avec les limites que l'on sait."