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Ne nous trompons pas de colère (édito)
La colère gronde. Après un mouvement social d’une ampleur inédite depuis plusieurs décennies, autour de la question de la réforme des retraites, qui a marqué les six premiers mois de l’année 2023. Après les nombreuses manifestations contre les projets écocides, et en premier lieu à Notre-Dame-des-Landes. Après les révoltes urbaines à la suite du énième meurtre commis par un policier sur un jeune des quartiers populaires. En ce début d’année 2024, ce sont les travailleurs et travailleuses de la terre qui se révoltent.
Deux salles, deux ambiances. Tandis que d’un côté, le pouvoir a envoyé la Brav-M et ses autres sbires mâter les rebelles, ici le pouvoir dit entendre la souffrance et, comme l’a dit Darmanin, « On ne répond pas à la souffrance avec des CRS » ajoutant, tout de même, « ce sont des patriotes ». Derrière la colère de celles et ceux qui ne peuvent vivre décemment de leur travail, on trouve les mêmes causes : la casse des savoir-faire professionnels au profit de l’automatisation et de l’uniformisation dans une optique de concurrence internationale. Le solutionnisme technologique et chimique n’est pas une voie viable pour les agriculteur·ices et n’est pas socialement et écologiquement souhaitable. Et comme toujours, la recherche de bouc-émissaires n’est qu’une stratégie de diversion. Ici, ce sont les écolo ; ailleurs, ce sont les migrant·es. Ce qui met à mal le revenu d’une majorité d’exploitant·es agricoles ce sont les politiques mises en œuvre, main dans la main, par le trio FNSEA / État / Agrobusiness. Pourtant, un modèle existe, celui d’une agriculture paysanne. Et aussi des voies de convergences entre les luttes : elles avaient été tracées, notamment par Bernard Lambert dès 1970, dans Les paysans dans la lutte des classes.
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