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Lire : Santanela et Guidon, « La lutte emprisonnée. Répression, droit et révolution dans l’Italie des années 1970 »
« Des détenus qui montent sur les toits de leurs lieux d’enfermement pour exiger une réforme carcérale et une amélioration de leurs conditions de détention ; puis qui finalement décident de se battre pour en finir avec la prison dans une perspective révolutionnaire. »
Elsa Santalena et Guillaume Guidon traitent dans cet ouvrage d’un point méconnu, ignoré, de l’histoire des mouvements révolutionnaires dans l’Italie des années 1970 : le rapport à l’institution pénale et les bouleversements qui naîtront de l’arrivée en nombre de prisonnières et prisonniers politiques qui, bien qu’enfermé·es, n’entendent pas abandonner la lutte politique et font de la prison un espace de politisation. Les auteur·es défendent même la thèse de la centralité de la prison dans ces luttes contre l’État.
Les années 1970 en Italie furent des années de révolte et de revendication massives qui atteignirent un point de conflictualité sans équivalent en Europe occidentale. Ces luttes embrasèrent les usines et les facultés mais aussi les institutions totalitaires, tels les hôpitaux psychiatriques, les casernes et les prisons. Point aveugle des travaux traitant de cette période, les auteur·es éclairent sous un jour nouveau la question carcérale au prisme des luttes révolutionnaires qui s’y déroulèrent sur la période allant de 1969 (date de la mutinerie à la prison Le Nuove à Turin) à la fin des années 1980.
L’évolution, richement documentée, de ces luttes : de l’amélioration des conditions de vie à l’établissement d’un « second théâtre du conflit » entre groupes armés et l’État, va dans le sens de la thèse des auteur·es d’une centralité de la prison. Finalement ce qui viendra à bout de la résistance des prisonniers et prisonnières politiques tient moins à l’intensité (bien réelle) de la répression étatique subie que du délitement du lien entre groupes armés et population. La fin progressive des grandes luttes politiques, seules à même d’établir un rapport de force favorable aux révolutionnaires, portera un coup fatal aux luttes au sein de l’institution pénitentiaire.
Un ouvrage clair et facilement accessible aux non-spécialistes, chaudement recommandé en ces temps de répression accrue du mouvement social.
David (UCL Chambéry)
Elsa Santalena, Guillaume Guidon, La Lutte emprisonnée. Répression, droit et révolution dans l’Italie des années 1970, Syllepse, 2023, 285 pages, 20€
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