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Défense des retraites : une FSU qui oscille entre la cogestion et la lutte
Plus combative que la CFDT, plus ouverte aux questions sociales que FO, alliée à la CGT et à Solidaires, mais aussi très institutionnalisée, la Fédération syndicale unitaire (FSU) incarne un syndicalisme ambivalent, davantage capable de suivre que d’impulser les luttes. Cela s’est ressenti sur son action dans le mouvement de défense des retraites.
La FSU, qui syndique exclusivement dans la fonction publique, est moins connue que les grandes confédérations traditionnelles CGT, FO ou CFDT. Fondée en 1993, elle est issue d’une scission de gauche de la Fédération de l’Éducation nationale (FEN, devenue depuis l’Unsa-Éducation). La FSU compte dans les 160 000 adhérentes et adhérents, à 90 % dans l’Éducation nationale.
Dans ce secteur, la FSU ne compte pas moins de 10 syndicats différents : un pour les salarié·es du premier degré, un pour le second degré, un pour le supérieur, un pour les lycées pro, un pour les profs de sport (!), les administratifs, les infirmier·es scolaires, les personnels d’inspection, etc. Cette structuration complexe, séparant les salarié·es selon leurs métiers, rend l’influence de la FSU moins visible, mais elle engendre aussi des réflexes corporatistes qui ne favorisent pas l’unité et l’extension des luttes.
Pourtant, la FSU se revendique d’un syndicalisme de transformation sociale, même si celui-ci reste assez flou dans ses objectifs. Et de fait, on trouve souvent la signature de la FSU – plus souvent que ses forces militantes à vrai dire – dans les luttes interpro, mais aussi féministes, LGBTI, écologistes, antifascistes, antiracistes, contre le tout-sécuritaire, etc.
À ce premier paradoxe – un corporatisme combiné à des préoccupations interpro et sociétales – s’ajoute celui de l’action syndicale elle-même. La FSU a un pied dans le syndicalisme de service, et un autre dans les luttes. Elle oscille entre les deux selon l’air du temps, mais aussi selon le poids des tendances qui agissent (statutairement) en son sein. Les plus combatives sont la tendance École émancipée et, plus modeste, la tendance Émancipation, qui défend un syndicalisme révolutionnaire et unitaire et débat des questions pédagogiques .
La FSU, même si elle a occupé une place relativement discrète dans le mouvement social sur les retraites, a paru à l’aise au sein de l’intersyndicale. Pas très étonnant pour cette organisation un peu patchwork. Si ses couleurs ont été partout représentées dans les intersyndicales départementales et dans les manifestations, son travail réel sur le terrain a été des plus disparates : ici la FSU est restée une signature désincarnée, là ses militantes et militants ont joué un rôle positif dans les AG de grévistes favorisant l’auto-organisation, et ont participé aux blocages.
Ces dernières années, la FSU a accentué son travail avec la CGT et dans une moindre mesure avec Solidaires, dans un pôle qu’elle qualifie de « syndicalisme de lutte et de transformation sociale ». La question d’une éventuelle unification de ce pôle a occupé une place importante dans son dernier congrès. Le mouvement de lutte unitaire qu’on vient de traverser va-t-il accentuer cette ligne ?
Gil (UCL Montpellier)