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Pour la paix et contre l’impérialisme, la Françafrique doit cesser
Une vague de coup d’états, débuté en août 2020 au Mali, a frappé l’Afrique de l’Ouest. Elle a touché la Guinée en septembre 2021, le Burkina Faso en janvier 2022, le Niger le 30 juillet 2023 et enfin le Gabon ce 30 août. Ces putsch sont soutenus par une partie de la population, en particulier la jeunesse, excédée par l’ingérence de l’État français, le franc CFA, l’insécurité, la corruption et l’affairisme débridé, les violences inter-communautaires et la démocratie représentative illégitime. Le Mali et le Burkina Faso ont vécu tous deux « un coup dans le coup » où les gouvernements de transition ont étés démis à cause de leurs liens étroits, réels ou supposés, avec les autorités françaises. Au Sénégal également, face à un pouvoir aux ordres, la jeunesse exige son droit à l’autodétermination.
L’État français est responsable de l’instabilité chronique dans ses anciennes colonies d’Afrique, de par ses mécanismes de captation de la richesse et de verrouillage politique. Il est hostile à toute alternance réellement démocratique et aux volontés d’émancipation. La Françafrique a créé un profond ressentiment contre l’ex-colonisateur, que les médias français décrivent comme un « sentiment antifrançais » afin de déresponsabiliser l’Élysée et de monter un peuple contre un autre en s’appuyant sur le racisme de plus en plus débridé dans l’opinion publique française.
Le coup d’état au Niger est un choc politique qui voit la majorité des pays du G5 Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie, Tchad) rompre ses liens diplomatiques avec le pays. C’est aussi un choc militaire car le Niger était devenu le centre du dispositif militaire français au Sahel, assisté par la force militaire des autres États du G5 Sahel. C’est enfin un choc pour les multinationales opérant là-bas, notamment celles qui pillent les ressources naturelles (pétrole et manganèse au Gabon, uranium au Niger) pour assurer le maintien du productivisme en France au détriment des populations locales, comme Orano (nouveau nom d’Areva) qui a irradié les Nigériens d’Akouta au nord du pays. C’est tout un système politique et financier qui vacille.
Pour éviter la contamination, la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et la France menacent d’une intervention tandis que le Mali et le Burkina Faso ont de leur côté déclaré qu’ils soutiendraient les putschistes en cas d’intervention. Celle-ci est légitimée médiatiquement par la présence de drapeaux russes et par la coopération entre les gouvernements putchistes et les milices du groupe Wagner. Quoiqu’il en soit, elle reste une intervention néocoloniale qui n’aboutirait qu’à restaurer la situation précédente pour le seul profit de la puissance néocoloniale française, voire à déstabiliser encore plus la région du fait de la position géographiquement centrale du Niger. Une telle guerre doit absolument être évitée.
Pour autant, ces nouveaux gouvernements militaires restent issus des mêmes élites que les démocraties représentatives corrompues et leur prise du pouvoir s’accompagne souvent de violences politiques, de politiques très conservatrices et, dans le cas actuel du Niger, de fortes sanctions économiques.
Celles qui subissent de plein fouet ces évènements, ce sont les populations. Elles sont prises dans les feux croisés de la « guerre au terrorisme » (opération Barkhane durant une décennie, mercenaires Wagner plus récemment) sans qu’à aucun moment ne soit posée la question de leurs besoins et de pourquoi, en 10 ans, le nombre des « djihadistes », appellation fourre-tout regroupant des islamistes d’extrême droite comme des mercenaires, a doublé dans la région. Ceux-ci continuent à violenter et rançonner les habitant·es avec une grande brutalité. Comme pour l’Afghanistan, à aucun moment n’est remise en cause la guerre que subissent ces populations, qui ne fait qu’accroître le terreau du djihadisme. La guerre au terrorisme est pourtant la forme de guerre au peuple la plus partagée par toutes les puissances impérialistes malgré leurs rivalités.
L’ambassadeur de la France au Niger refuse de quitter le territoire, symbole d’une Françafrique qui ne veut pas mourir. Au contraire, l’Union communiste libertaire appelle au retrait des troupes françaises et des bases militaires où qu’elles soient en Afrique. Il faut que la France termine sa décolonisation.
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