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« Transition écologique » : qui travaille pour le capitalisme vert ?
L’écologie de lutte a souvent critiqué l’hypocrisie derrière la transition écologique du gouvernement et nos pages s’y associent depuis longtemps. Cependant même le greenwashing demande du travail, et derrière les politiques gouvernementales se trouvent des travailleurs et travailleuses dont on peut examiner les conditions de travail.
Le mouvement écologiste a réussi après plusieurs décennies à imposer l’écologie dans le débat public au point que les gouvernements sont obligés de fournir des efforts en matière de politique écologique. Ces efforts arrivent après de nombreuses attaques contre le service public : logiquement les rapports de production y sont organisés selon le modèle néolibéral.
Cette condition n’est pas unique à la fonction publique. Le « capitalisme vert », c’est précisément la création de nouveaux marchés. Ces nouveaux marchés, comme ceux des nouvelles technologies, sont souvent les plus soumis aux logiques néolibérales qui frappent de plein fouet les travailleur·euses. Les coupes budgétaires récentes ont mis en lumière des dynamiques de la fonction publique mais celle-ci n’est pas isolée. En effet, la sous-traitance et la privatisation ont rendu la frontière entre le public et le privé de plus en plus floue. Dans le secteur de la transition écologique, de nombreuses associations se battent pour obtenir marchés et financement. Pareillement, les nouvelles règles de la recherche et du développement ont créé un très important écosystème de start-ups qui cherchent à capter des financements publics pour mettre en place leurs incroyables solutions disruptives du futur de demain.
Tous et toutes ces travailleuses ont en commun une précarité d’emploi avec des contrats courts, souvent des CDD de projets, la pression d’aller chercher des financements pour alimenter leur propre activité et, bien sûr, l’épuisement dû à une charge de travail en croissance constante. Dans la fonction publique, la casse du statut a permis l’embauche massive de contractuel·les, devenue la norme. La course au projet est aussi une conséquence directe de la politique de l’État : la politique de décentralisation des compétences n’a pas été associée à une décentralisation des capacités financières. Au contraire, l’État a préféré mettre en place des appels à projet qui forcent les collectivités à courir après des financements pour être en mesure d’investir. Les premières et premiers affecté·es sont les travailleur·euses dont la précarité affecte leur travail et leur capacité à le mener correctement à long terme.
Se mobiliser et lutter collectivement
La mobilisation du 19 mars dans le service public a été l’occasion de mettre en avant les coupes budgétaires dans le domaine de la transition écologique. Ces coupes affectent les moyens mais aussi les emplois que ce soit dans la fonction publique ou dans ses sous-traitants. Nous voyons là une nouvelle contradiction flagrante du capitalisme : même lorsqu’il va tenter de mener la transition écologique, l’organisation qu’il impose rend le travail produit inefficace malgré une conscience professionnelle très élevée des travailleur·euses de ce secteur. Concluons sur la nécessité de la lutte collective. Dans ces métiers, nous faisons face à des obstacles importants et l’organisation de notre travail nous a éloigné des traditions de lutte mais aussi les un·es des autres.
Nous avons cependant pour nous notre conscience professionnelle qui doit être renversée en outil de critique du système et non d’auto-exploitation. Nous devons également nous rapprocher des structures existantes qui fournissent un travail important, dans la fonction publique bien sûr mais aussi dans l’associatif où des structures syndicales mènent des luttes précieuses. Une tâche difficile sera aussi de passer outre les chaînes de sous-traitance en échangeant sur nos conditions de travail même si nos structures sont différentes. Enfin, comme d’autres travailleur·euses avant nous, il nous faudra travailler à une convergence de nos luttes avec celles du mouvement écologique si nous voulons pouvoir réaliser un jour le potentiel transformateur de notre travail.
Corentin (UCL Kreiz-Breizh)