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Sexisme dans le sport : Footballeuses espagnoles 1 - Patriarcat 0
Cet été, la sélection féminine de l’État Espagnol remportait pour la première fois la Coupe du Monde de football. Outre le bel exploit sportif, on peut saluer une médiatisation inédite de cet événement du sport féminin. Cependant, cette victoire a été ternie par des violences sexistes et sexuelles, qui, chose notable, ont mené à des luttes féministes.
Le milieu du sport est particulièrement marqué par le sexisme. Cela se traduit de plusieurs manières, tant à l’échelle locale, qu’a l’échelle du système entier, gangrené par une approche financière et capitaliste, qui se dresse contre les femmes. D’une part, on constate une dévalorisation des compétitions féminines qui sont sous-médiatisées, moins financées, et même parfois critiquées car le niveau serait soit disant moins bon. D’autre part, des règles transphobes et islamophobes ont également exclu des femmes de la compétition, illustrant un conservatisme profond et une volonté sans relâche de contrôler les corps des femmes.
Après la violence, la grève
Les footballeuses professionnelles espagnoles se sont elles aussi heurtées à ces problématiques : elles sont confrontées à une dévalorisation de leur travail, mais aussi à des violences sexistes et sexuelles. Ainsi, durant la célébration de leur nouveau titre de championnes du monde, le président de la fédération de football espagnole a embrassé de force en direct à la télévision une des capitaines de l’équipe, Jennifer Hermoso.
Portées par leur victoire, les joueuses ont décidé de se mettre en grève pour réclamer une refonte totale des instances du football espagnol, la démission du président et du sélectionneur, ainsi qu’une augmentation de salaire. Après la coupe du monde, les joueuses obtiennent donc une deuxième victoire : la démission du président Luis Rubiales, le licenciement du sélectionneur Jorge Vilda, et une augmentation de leur salaire.
C’est un premier pas en avant dans leurs revendications. Par ailleurs, cette victoire féministe impose des débats inhabituels dans les sphères du sport de haut niveau, montrant que, même là, c’est par la construction d’un rapport de force et la grève qu’on obtient ce que l’on désire. Pour autant, la lutte des joueuses n’est pas finie : elles ont indiqué le 18 septembre qu’elles ne se présenteraient pas aux sélections, car les conditions n’étaient pas réunies pour permettre de travailler sereinement.
Des perspectives féministes pour l’avenir
Malgré une belle action de la part des joueuses espagnoles, il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir dans la lutte face aux oppressions dans le sport. Motivé par des dynamiques patriarcales, ce milieu ne permet pas un accès égalitaire entre les hommes et les femmes aux disciplines.
Il est très difficile pour les femmes de s’intégrer dans des contextes sociaux masculins, et encore plus dur pour ces dernières d’en vivre. Déjà que le système capitaliste des compétitions à haut niveau est critiquable sur de nombreux points, on peut rajouter à la longue liste de doléances tout un chapitre sur les discriminations sexistes : les différences de salaires, le manque de reconnaissance, le manque de financement des ligues féminines...
Pour l’avenir, nous devons rester solidaires face à toutes les oppressions que toutes les femmes subissent, y compris dans le sport. En construisant un rapport de force suffisant, nous pourrons améliorer nos conditions, et dénoncer le système capitaliste du sport qui se nourrit du sexisme pour renflouer les caisses de quelques actionnaires et redorer le blason de quelques sponsors. Tout au long de l’année, tous les jours, au travail, dans la rue, dans les cercles privés, il faut lutter et renforcer les associations féministes, les lieux d’auto-organisation, et montrer un véritable soutien aux luttes féministes, dans le monde du sport comme ailleurs.
Alice (UCL Grenoble) et Gio (UCL Sarthe)