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Casse de l’assurance-chômage : encore une attaque contre l’ensemble des salarié·es
La ministre du Travail l’a annoncé fin avril : par décret, dès le 1er juillet, la durée d’indemnisation du chômage sera réduite à douze mois. En deux ans, cette durée a été divisée par deux ! Cela nous concerne toutes et tous : plus de la moitié des salariés sont confronté·es, dans leur vie professionnelle, à au moins une période de chômage.
En six ans, le gouvernement a démoli méthodiquement l’assurance chômage. Avant 2019, il fallait avoir travaillé au moins quatre mois sur les 28 derniers mois pour ouvrir des droits pendant au moins quatre mois ; il faut désormais avoir travaillé 6 mois sur les 24 derniers mois. De même, pour recharger ses droits, il faut avoir travaillé 6 mois au lieu d’un mois avant 2019.
En plus de rendre l’accès à l’indemnisation plus difficile, le montant des allocations a été réduit depuis 2021, parce que le gouvernement a modifié son mode de calcul, en supprimant le principe qu’un jour travaillé ouvre droit à un jour indemnisé. Autre recul majeur depuis 2023 : la durée d’indemnisation a été réduite de 25 %, passant de 24 mois maximum à 18 mois. Et de 36 mois à 27 mois pour les plus de 55 ans, pour qui trouver un travail est plus difficile.
La conséquence de cette destruction des droits au chômage est un appauvrissement et une précarisation des travailleuses et travailleurs privés d’emploi. Les allocations ont baissé de 16 % en moyenne, pour arriver à un montant moyen qui dépasse de peu 1 000 euros. Cette baisse a concerné un million de personnes depuis 2019 : beaucoup de jeunes, d’intérimaires et de demandeurs d’emploi soumis aux contrats courts. Depuis 2019, le nombre d’ouvertures de droit à lui reculé de 30 000. Quant au nombre de personnes percevant une indemnité chômage, il a lui aussi dégringolé pour descendre bien en deçà de la moitié des inscrits à France Travail.
Toutes et tous concernés !
Cette nouvelle attaque sur les droits à la protection contre la perte d’emploi concerne l’ensemble des travailleuses et travailleurs, avec ou sans emploi. En réalité, plus de la moitié des salariés sont passés par une perte d’emploi et une inscription au chômage dans leur carrière. Alors incriminer les chômeurs, c’est s’incriminer soi-même, sur un marché du travail dégradé par le patronat et par l’État. D’autant qu’avec la suppression annoncée de l’ASS, le temps qui séparera l’emploi en CDI du RSA va se réduire à douze mois. Cela pour le plus grand bénéfice du patronat qui précarise toujours plus l’emploi.
La protection contre le chômage, c’est collectif
Le patronat sera largement bénéficiaire de cette réforme. La pression à la reprise d’emploi à n’importe quelle condition pèsera autant sur les chômeuses et chômeurs que sur les travailleuses et travailleurs en activité. Pendant ce temps, l’État fera des économies budgétaires sur le dos des plus fragiles et continuera à subventionner les entreprises en payant à leur place des apprentis.
Nous combattons l’idée que le chômage est la faute des chômeuses et des chômeurs, que l’arlésienne « croissance » va créer des emplois, et qu’il faut « travailler plus pour gagner plus ». C’est pourquoi l’UCL défend une assurance chômage de haut niveau, financée par la hausse des cotisations patronales. Et pour réduire le chômage : réduction du temps de travail avec embauches correspondantes.
Union communiste libertaire, 20 mai 2024