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Nous c’qu’on veut, c’est un plan d'urgence !
Ce mouvement est le fruit d’un travail de mobilisation élaboré par les syndicats de lutte commencé dès le mois de septembre 2023.
Du fric pour l’école publique ! Du pèze pour le 93 !
Depuis le 26 février a débuté un grand mouvement social dans l’éducation en Seine-Saint-Denis. C’est le fruit d’un travail de mobilisation élaboré par les syndicats de lutte commencé dès le mois de septembre 2023.
Dès septembre, des grèves ont eu lieu dans plusieurs établissements du 93, notamment pour protester contre l’interdiction de l’abaya et les manques de personnels. Une intersyndicale a décidé de se réunir pour construire un mouvement collectif et unitaire. La FSU, la CGT, la CNT et Sud Education ont décidé de lancer un grand recueil de doléances pour construire un revendicatif commun destiné à servir de base à une mobilisation. Sur le modèle de la mobilisation victorieuse de 1998, il a été décidé d’exiger de nouveau un Plan d’urgence pour l’éducation dans le 93.
Un mouvement, ça se construit...
Un questionnaire a permis de recenser les manques de moyens. Il en ressort que le 93 a besoin de 358 millions d’euros et de l’embauche de 5200 enseignant·es, du renforcement des pôles médicaux et sociaux par une embauche de 200 infirmier·es, médecins et assistant·es sociales, de 1055 postes en vie scolaire et de 2200 AESH. Concernant les locaux insalubres (infestations de nuisibles dans 30 % des écoles) et mal isolés (70 % des collèges), l’intersyndicale demande un autre collectif budgétaire [1] pour un grand plan de rénovation et d’investissement.
Tout le monde connaît l’état catastrophique du système éducatif public dans le 93. Pour autant, ce travail sert concrètement à la construction de la mobilisation et la crédibilise. Les militant·es syndicaux ont sillonné le département pour populariser ce qui n’était encore qu’une campagne pour un plan d’urgence. Ils et elles ont organisé des tournées et des réunions d’information syndicale, des campagnes de mails coordonnés, etc. Le 21 décembre, une conférence de presse et un meeting ont été organisés à la Bourse du Travail départementale à Bobigny pour publiciser le chiffrage des doléances et lancer la mobilisation, avec le soutien de la CGT, de la FSU et de Solidaires.
En janvier et février, le travail de fourmi a continué et l’idée de ne pas faire la rentrée après les vacances d’hiver a émergé. Les chiffres de la grève nationale du 1er février ont encouragé les militant·es en ce sens et les annonces de Gabriel Attal (réforme du choc des savoirs) puis les déclarations de l’éphémère ministre Oudéa-Castera sur l’école publique ont attisé les braises.
Et si le 93 ne faisait pas sa rentrée ?
De fait, la grève de la rentrée du 26 février a été un succès avec 60 % de grévistes en moyenne dans le 2d degré. De nombreux établissements ont voté la reconduction, des AG ont lieu dans plusieurs villes du département, parfois à des endroits où il se passe peu de choses (à Aulnay-sous-Bois par exemple). De plus, à l’issue d’un rassemblement de 700 personnes à côté du Lycée Stanislas à Paris, une assemblée générale (AG) départementale a réuni 150 enseignant·es qui ont voté la reconduction de la grève pour le lendemain.
Le 27 février, le rassemblement devant la direction départementale de l’éducation nationale a été un succès, tout comme l’AG départementale. À partir de ce moment-là, l’AG et l’intersyndicale n’ont cessé d’appeler à la grève reconductible et à sa massification. Cela a été le cas le 7 mars avec une augmentation du nombre de grévistes (60 % dans les collège et lycées et 45 % dans les écoles) du nombre de personnes en manifestation (plusieurs milliers) et en AG. Petit à petit, le mouvement a agrégé les parents d’élèves qui organisent des rassemblements le soir ou des manifs du samedi dans les principales villes du 93.
Le jeudi 14 mars, des cortèges ont afflué de 8 points de départ dans le département pour converger à 5000 vers la préfecture. Du jamais vu depuis plusieurs décennies ! Le lendemain, ce sont les parents qui ont organisé une opération « écoles, collèges et lycées déserts » dans tout le département.
Le mouvement semble devoir durer, fort de son organisation en AG respectueuses des mandats des établissements et des villes qui se réunissent systématiquement en amont des AG départementales, tenant bon le cap des revendications locales pour un plan d’urgence du 93 articulées aux revendications contre les réformes « choc des savoirs ».
La situation révoltante et la jeunesse d’une partie importante des personnels donne du ressort à la mobilisation, mais elle n’est pas égale dans l’ensemble du département. La grève reconductible est en fait majoritairement perlée. C’est ce qui permet aussi que la mobilisation dure depuis 3 semaines au moment où cet article est écrit. Une partie de sa réussite tient aussi au fait qu’elle est concrète et parle aux travailleur·ses aussi bien qu’aux usagèr·es. Pour autant la marche est haute : les victoires de 1998 et 2015 se sont faites sous des gouvernements sociaux-démocrates. Face à la droite qui refuse de céder face aux aux mobilisations sociales, il va falloir amplifier le rapport de force.
La casse assumée de l’enseignement public
Malgré l’ampleur de la mobilisation, le soutien de la FCPE et celui des élu·es NUPES, la réponse des autorités hiérarchiques est inexistante et méprisante. Ainsi, ni le directeur départemental, ni la rectrice, ni même le cabinet ministériel (qui a reçu l’intersyndicale le 15 mars) ne veulent rien lâcher : pas le moindre million, ni même un déblocage de postes. Quand on sait que le SNU et le port de l’uniforme coûteraient plus de 4 milliards d’euros, on touche du doigt la réalité des choix politiques faits par le gouvernement. De l’argent public, il y en a également beaucoup dans les caisses des établissements privés dont le financement est assuré à plus de 70 % par l’État.
« Du fric pour l’école publique ! Du pèze pour le 93 ! » est l’un des slogans les plus scandés de ce mouvement. Si la reconduction de la grève annoncée après le 19 mars s’enracine et s’amplifie, on peut s’attendre à un printemps très chaud dans le 93 et peut être partout ailleurs en France dans l’éducation nationale !
Des profs communistes libertaires du 93
[1] Des moyens supplémentaires issus du budget de l’État.
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