Le feu cesse, la Palestine vaincra 16/01
L’accord de cessez-le-feu signé entre l’Etat d’Israël et la résistance Palestinienne, qui prendra effet le 19 janvier, signe un immense soulagement, après 467 jours de destruction génocidaire de la bande de Gaza.
Israël a échoué à détruire militairement la résistance, et à conquérir le Nord de Gaza. Les survivant-es qui ont fui pourront enfin revenir sur leurs terres, et reconstruire. Une nouvelle résistance ressurgira, engendrée par la révolte et le désespoir de tout un peuple.
Les termes de l’accord sont très proches de la proposition déjà acceptée par le Hamas en mai 2024. L’administration Biden, aurait pu obtenir un cessez-le-feu bien plus tôt si elle n’avait pas fait le choix de poursuivre le génocide. Sa responsabilité est immense.
Le cessez-le-feu n’est ni la paix ni la libération. A l’heure où nous écrivons, les bombardements se poursuivent et même s’amplifient à Gaza.
Même après le 19, la torture des dizaines de milliers d’otages Palestiniens, les attaques contre Jénine avec la collaboration de l’Autorité Palestinienne, l’occupation de la Palestine, ne cesseront pas.
Notre solidarité ne doit pas faiblir, tant que toute la Palestine n’est pas libérée, et que les réfugié-es Palestinien-nes n’ont pas le droit au retour sur leurs terres.
Fin de l'apartheid, fin du colonialisme !
Pour un pays unique, laïc, démocratique, de la mer au Jourdain !
Palestine vivra, la Palestine vaincra
Guillaume Davranche reshared this.
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Où en est-on un an après l’arrivée de Milei ?
Notre camarade argentin Emilio Crisi a réalisé une tournée en Europe pour nous parler de la situation politique en Argentine et des moyens de résistance populaire en œuvre. Cette rencontre s’inscrivait dans le cadre d’une tournée coorganisée par plusieurs groupes de notre réseau anarkismo : Embat (Espagne), Midada (Suisse), UCL (France). S’il a confirmé le tournant ultralibéral et autoritaire de l’Argentine, il nous assure que l’espoir reste permis.
En octobre, nous avons accueilli Emilio Crisi, membre de la Fédération anarchiste de Rosario (FAR), responsable syndical et membre du comité exécutif de l’Association des travailleurs de l’État (ATE). Sa tournée a débuté à Berne le 17 octobre et s’est terminée à Madrid le 30. En France, c’est par Montreuil qu’elle a commencé. Nous avons accueilli Emilio à l’AERI, un lieu autogéré de la ville, où une vingtaine de personnes ont assisté à son exposé et ont pu échanger avec lui. Puis il est parti pour Strasbourg où il a participé à une manifestation de solidarité envers la Palestine avant qu’une vingtaine de personnes viennent échanger avec lui à la librairie La Tâche noire. Enfin, après un passage par Paris et avant d’aller en Espagne, il s’est arrêté à Montpellier, à la librairie La Mauvaise réputation, où plus d’une cinquantaine de personnes sont venues assister aux discussions afin de mieux comprendre les rapports de forces en Argentine.
Un virage libéral et autoritaire
Javier Milei a été investi président de l’Argentine le 10 décembre 2023. L’irruption de Milei au pouvoir est loin de s’expliquer uniquement en termes électoraux. Elle est le corollaire de 15 ans de crise sociale imposée par des décennies de néolibéralisme en Argentine, d’une profonde fragmentation sociale, d’un changement culturel et idéologique à la base, d’un système démocratique représentatif dépassé, et d’un épuisement des projets autoproclamés progressistes. Le candidat de l’extrême droite libertarienne avait promis à ses électeurs et électrices de mettre fin à la corruption des « castes politiciennes », d’en finir avec l’inflation et avec toute forme de « politique d’assistanat ». Cela s’est évidemment traduit par des attaques violentes contre le mouvement social. En minorité au Parlement, il est obligé de faire passer ses lois par Décrets de nécessité et d’urgence (DNU).
Il n’a donc pas les coudées franches mais peut compter sur sa complice, la vice-présidente Victoria Villaruel, négationniste notoire. C’est elle qui a tranché l’égalité parfaite au vote des réformes dérégulatrices (loi Omnibus) de Milei au Sénat, en accordant le dernier vote nécessaire pour les faire passer.
Il multiplie donc les tentatives de s’autonomiser du pouvoir législatif en présidant par DNU, qu’il promulgue et applique avant même qu’ils soient votés par l’Assemblée et le Sénat. Il adopte aussi des mesures très répressives contre le mouvement social. Il a franchi un cap significatif en accusant les manifestantes et manifestants d’être des « terroristes » préparant un « coup d’État ». Ce vocabulaire laisse présager la mise en application de lois anti-terroristes à l’encontre du mouvement social. Le président attaque déjà ouvertement les organisations sociales, médiatiquement et matériellement : les perquisitions à domicile sont chose commune et les menaces permanentes. L’usage de la répression parvient pour l’heure à faire appliquer ce plan d’austérité très violent.
À côté de ça, il est resté dans une logique de rupture et de provocation. Milei veut se forger une image omniprésente et tumultueuse. Son équipe manie le buzz avec une grande efficacité, ce qui lui a permis d’obtenir un très gros score chez les 16-25 ans lors de l’élection présidentielle. L’homme qui passe deux heures par jour sur X crée polémique sur polémique, l’une d’elle ayant même conduit à un conflit diplomatique avec l’Espagne. Milei s’affiche aussi à l’étranger : Israël, USA, Italie, Salvador… rencontrant Musk, Zuckerberg, Bukele, et Trump.
Un gouvernement « turbo-capitaliste »
Depuis 2001, la vitesse à laquelle les conquêtes sociales sont attaquées est sans précédent. À la fin du deuxième semestre de 2023, juste avant l’élection, 41,7 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté selon l’INDEC [1]. Aujourd’hui, la dernière estimation grimpe à 52 %.
C’est que Javier Milei, « l’homme à la tronçonneuse », n’a pas chômé : prix et loyers libérés (+107 % d’inflation accumulée depuis décembre), fin des subventions aux transports (augmentation des prix de 252 %), à l’énergie (gaz +300 %, électricité +150 %). Il a également gelé les chantiers publics, fait des coupes budgétaires tous azimuts, supprimé les financements de l’INCAA [2] et procédé à 25 000 licenciements dans le secteur public. Si on ajoute à cela la baisse relative des salaires et des retraites de 35 % en moyenne, le pouvoir d’achat des classes populaires est en chute libre et on imagine facilement la catastrophe sociale engendrée par LLA [3]. Ces coupes lui permettent de maximiser les profits des capitalistes pour qui il déroule le tapis rouge. Il a notamment signé des accords avec Elon Musk pour l’exploitation du lithium, présent en quantité sur le territoire. Milei s’en prend aussi régulièrement à la communauté LGBTI et a supprimé les financements de l’INADI [4]. Face à ces attaques sur les classes populaires, la CGT argentine [5] s’écrase, muselée par une direction bureaucratique et péroniste.
L’espoir est permis
Si pour l’instant, les classes moyennes restent spectatrices, une grande partie de la population n’arrive plus à tenir et le vase ne peut que déborder. Loin de la retenue de la CGT, la CTA [6] reste plus combative. Les mobilisations en mémoire des disparu·es de la dictature ou pour le sauvetage de l’Université publique ont été fédératrices (plus de 800 000 personnes sur la seule ville de Buenos Aires). Mais nous sommes encore loin d’une vraie résistance unitaire, populaire et pérenne. La résistance au niveau national doit viser à unir les forces dispersées notamment par des grèves générales et des mobilisations contre les lois anti-populaires. En dépassant les divisions entre partis et syndicats, il s’agit de bâtir des alliances solidaires et indépendantes pour défendre les intérêts de la majorité des travailleurs et travailleuses. Au niveau local et régional, les anarchistes ont pour rôle de construire une résistance articulée contre les avancées du secteur privé et les ajustements budgétaires imposés. Dans un contexte de privatisations et de politiques extractivistes, il est crucial de proposer une gestion directe et collective des ressources stratégiques, inspirée par l’autogestion et la démocratie directe, pour défendre les biens communs et les droits des communautés.
Commission Relations internationales de l’UCL
[1] Institut national de la statistique et des recensements.
[2] Institut national de l’art et du cinéma.
[3] La Libertad Avanza, en français La Liberté avance, le parti de Milei.
[4] Institut national de luttes contre les discriminations racistes et la xénophobie.
[5] C’est elle qui utilise le terme « turbo-capitaliste ».
[6] Centrale des travailleurs d’Argentine, née d’une scission avec la CGT argentine.
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Luttes salariales : Le service médical de la CNAM dans le collimateur
Début octobre, coup de tonnerre : la direction de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (CNAM) annonce le projet de démantèlement de son service médical. 7 000 salarié·es sont concernés et 60 millions d’assuré·es voient leur secret médical menacé. Pascale, salariée du service, nous raconte les enjeux et la lutte qui débute.
Peux-tu expliquer ce qu’est le service médical de l’Assurance maladie et son rôle ?
L’activité de base c’est de donner un avis médical sur les prestations allouées aux assuré·es sociaux [1]. Ensuite il y a l’accompagnement des professionnel·les de santé, notamment des problématiques de santé publique, citons récemment la problématique du Tramadol [2]. Enfin, la lutte contre la fraude sur des assuré·es provenant de certain·es professionnel·es de santé. Les centres de santé dentaires et ophtalmologiques par exemple.
Pourquoi la direction de la CNAM décide-t-elle aujourd’hui de supprimer ce service ?
Thomas Fatome, directeur de la CNAM, évoque beaucoup la problématique des arrêts de travail depuis septembre. Il met en cause le service médical dans cette gestion. La volonté derrière la suppression du service médical et son indépendance, est d’aboutir à une gestion administrative des arrêts de travail. Ce projet intervient à la suite du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales qui pointait du doigt des difficultés à tous les niveaux au sein du service médical. Aux outils de travail inadaptés s’ajoute la gestion incohérente des directions successives de la CNAM. Et il s’agit aussi de faire des économies.
Quelles conséquences cette suppression aurait-elle pour les usagers et les usagères en termes de prise en charge médicale ?
Les médecins conseils et les praticien·nes conseils ont de manière générale une indépendance vis-à-vis des CPAM et leurs avis s’imposent aux caisses. Si le service médical devient une entité sous dépendance du directeur de la caisse primaire, il y aura un risque de voir apparaître une politique du chiffre en matière d’attribution de prestations.
Et les conséquences pour les collègues ? Quel est l’état d’esprit ?
Le projet ne mentionne pas explicitement le devenir des personnel·les et leur statut. C’est un démantèlement total en dix-huit mois qui est annoncé. On nous impose à terme un changement d’employeur. Beaucoup ressentent de la démotivation, de l’inquiétude et s’interrogent devant la brutalité de l’annonce et le flou du projet qui tient en dix pages pour décider du sort de 7 000 personnes. Certaines personnes envisagent de démissionner ou recherchent des postes dans d’autres organismes.
Les syndicats de la CNAM sont tous vent debout contre cette suppression, sait-tu quelles suites sont envisagées pour la mobilisation ?
Diverses actions sont en cours : pétition, courriers au ministre de la Santé, aux Ordres professionnels, aux député·es car la Loi de financement de la Sécurité sociale est en train d’être débattue à l’Assemblée nationale. Une nouvelle grève aussi car la grève du 3 octobre a été massive : un·e salarié sur deux en moyenne et des taux de 80 % dans certaines régions. Du jamais vu !
C’est la première fois que tu fais grève, qu’est ce qui t’as motivé ?
J’ai intégré il y a trente ans un service médical indépendant, que cette indépendance soit vouée à disparaître n’est pas admissible. Surtout qu’on veut nous dissoudre alors que la direction, qui est responsable, n’est pas inquiétée.
Propos recueillis par Hugues (Fougères)
La lutte du service médical peut être suivie et soutenue sur le site cgtcnam.fr de la CGT CNAM.
[1] Tel que les exonérations de tickets modérateurs, les arrêts de travail, la gestion des accidents de travail, les admissions en invalidité et des maladies professionnelles, les avis sur des demande d’accord préalable (par exemple en chirurgie de l’obésité ou en chirurgie esthétique)
[2] « Santé : Diane, 33 ans, brise le tabou sur l’addiction au Tramadol », francetvinfo.fr, 7 juin 2024
Rejoins les #ContrePouvoirs dès maintenant, #DefendsTaClasse !
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Le 11 janvier 2025 dans la rue avec la gauche kurde, pour la vérité, la justice et la révolution au Moyen-Orient
Alors que la dictature de Bachar el-Assad s’est effondrée, la Syrie est toujours bombardée par Israël d’un côté, par la Turquie de l’autre. Et le nouveau gouvernement islamiste installé à Damas inquiète une bonne partie de la société syrienne, notamment sur les droits des femmes et des minorités. La gauche arabo-kurde, qui résiste actuellement aux attaques armées des milices racistes inféodées à Erdogan, doit avoir son mot à dire sur l’avenir de la Syrie.
Comme chaque année, l’Union communiste libertaire sera présente dans la rue aux côtés des organisations de la diaspora kurde, pour une grande manifestation anti-impérialiste et anticolonialiste.
Rendez-vous samedi 11 décembre 2025 à 11 heures à Paris devant la gare du Nord
Puis marche et grand meeting place de la République
Plusieurs organisations internationalistes, dont l’Union communiste libertaire, ont cosigné cet appel à participation :
CONTRE LE FASCISME, POUR LA JUSTICE : RÉPONSE INTERNATIONALISTE
Le 9 janvier 2013 et le 23 décembre 2022, deux attentats frappaient le cœur de Paris. A deux reprises, trois militant·es kurdes étaient brutalement assassiné·es. Le 9 janvier, c’est Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez qui sont victimes d’un triple féminicide commis par un agent infiltré du MIT (services secrets turcs). Presque dix ans plus tard, c’est Evîn Goyî, Mîr Perwer et Abdurrahman Kizil qui sont assassiné·e·s au Centre culturel kurde Ahmet Kaya.
Sakine Cansiz (Sara) était, notamment avec Abdullah Öcalan, l’une des sept fondatrices du PKK (le Parti des travailleuses et des travailleurs du Kurdistan, mouvement de libération national kurde). Après avoir subi la torture dans les geôles turques, elle a été à l’origine de l’armée des femmes (YJA-Star). Fidan Dogan (Rojbîn), responsable dans la diplomatie du CDK-F (Conseil démocratique kurde en France), était en contact régulier avec les organisations de la gauche française mais aussi les représentant·e·s de l’État. Leyla Şaylemez (Ronahî) était une jeune militante, organisée dans la branche de la jeunesse. Tout comme Sakine Cansiz, Evîn Goyî était une des pionnières de la révolution des femmes. Elle a combattu dans les quatre parties du Kurdistan et avait été blessée au Rojava. Mîr Perwer, chanteur reconnu, avait demandé l’asile en France pour pouvoir chanter dans sa langue. Abdurrahman Kizil s’était lui réfugié dans le pays après avoir fui son village attaqué par l’armée coloniale turque.
Nous savons pertinemment que derrière ces deux attentats plane l’ombre de l’État fasciste turc, via ses services secrets. Plusieurs enquêtes journalistiques ont démontré la responsabilité du MIT dans le triple féminicide de 2013 et de nombreux éléments portent à croire à une implication à minima incitatrice dans l’attentat de 2022. Depuis, plusieurs tentatives d’assassinat ou actions planifiées par le MIT visant des journalistes, des militant·e·, des politicien·nes (dont des ancien·nes député·es kurdes) ou opposant·es turcs en exil ont été déjouées sur le sol européen.
Pourtant, dans la plupart des cas, ces actions et intimidations ont lieu avec la complaisance des États impérialistes occidentaux, qui dissimulent ou minimisent à chaque fois la responsabilité de la Turquie. C’est ce que font les gouvernements français successifs en maintenant le « secret défense » sur des preuves nécessaires à l’enquête judiciaire sur le triple assassinat de 2013 ou encore en refusant de collaborer avec la police belge à propos des activités de plusieurs hommes soupçonnés de tentative d’assassinat à Bruxelles.
Si de nombreux agents et indicateurs des services de renseignement turcs peuvent opérer sans être inquiétés sur le sol français, les militant·es kurdes sont elles et eux harcelé·es par les autorités et peuvent servir de monnaie d’échange avec la Turquie, comme le révélait il y a peu une enquête du journal Marianne. Ainsi, rien qu’en 2024, trois militants kurdes ont été expulsés vers la Turquie, deux d’entre eux y étant aujourd’hui toujours emprisonnés. Deux autres militants ont été placés en centre de rétention après avoir vu leur statut de réfugié politique leur être retiré. Leur expulsion a pu être empêchée grâce à l’action juridique de leurs avocats.
Dans un même temps, l’État français continue sa collaboration avec la Turquie, en maintenant ses relations commerciales et économiques avec le pays, en fournissant armes et équipements à l’armée turque et ce malgré les violations flagrantes des droits humains dans le pays et les zones qu’il occupe en Syrie. Le régime turc continue en effet à réprimer chaque voix de contestation, vole les mairies kurdes, emprisonne à tout va et impose l’isolement à de très nombreux prisonnier·es politiques. Par exemple, aucune nouvelle d’Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999 sur une île prison, ne nous était parvenue pendant plus de 44 mois jusqu’à son message du 23 octobre 2024. Ces pratiques inhumaines et relevant de la torture n’ont jamais été condamnées par la France, qui elle aussi emprisonne Georges Ibrahim Abdallah, militant communiste libanais de la cause palestinienne, depuis 1984 alors qu’il est libérable depuis 20 ans.
Cette collaboration de la France se fait aussi en dépit des multiples violations du droit international et crimes de guerre commis par la Turquie via ses bombardements et frappes de drone en Irak et en Syrie. Ceux-ci visent non seulement les bases de la guérilla du PKK – qui exerce son droit légitime de résistance armée face au colonialisme – mais aussi de multiples infrastructures et habitations civiles. Des dizaines de village ont été évacués de force par l’armée turque dans sa tentative d’invasion des montagnes du Kurdistan du sud (Irak) tandis qu’au Rojava des centaines de milliers de personnes ont été laissées sans accès à l’électricité, au chauffage ou au gaz de cuisson suite aux destructions d’infrastructures énergétiques. Cette collaboration de la France ne nous étonne pourtant pas. En effet, sa complicité avec le génocide en cours à Gaza a détruit toute crédibilité du pays en matière de respect des droits humains et nous montre le vrai visage de l’impérialisme : il est prêt à sacrifier des peuples entiers et les règles qu’il a lui-même fixées dans la défense de ses alliés et intérêts. Face à cette unité des États impérialistes, il est impératif de construire une lutte internationaliste et antifasciste. C’est pour cette raison que nous invitons toutes les forces politiques, syndicales et associatives qui se reconnaissent dans cet appel à se mobiliser le 11 janvier 2025 à Paris, à nos côtés, pour construire un bloc internationalistes lors de la manifestation pour les 6 camarades kurdes assassiné·es à Paris.
Pour Sara, Rojbîn et Ronahî, nous crions « Jin Jiyan Azadî » !
Pour Evîn, Mîr et Abdurrahman nous exigeons la Vérité et la Justice !
Pour toutes et tous nous clamons « Vive la résistance du peuple kurde, du peuple palestinien et de toutes et tous les opprimé·es » !
A l’appel de :
Action antifasciste 77, Action antifasciste Genève, Action antifasciste Paris-banlieue, Antifa social club Marseille, Cafez liège, Cercle révolutionnaire internationaliste, Collectif Rosa Liège, Collectif internationaliste Marseille - Kurdi̇stan (CIMK), collective Sahmaran, comité genevois des Soulèvements de la terre, Confédération nationale du travail (CNT), Contre-attaque et autonomie, El Manba soutien migrantes 13, Fédération libertai̇re des montagnes (Suisse), Fédération syndicale unitaire (FSU), Féministes révolutionnaires Paris, Grève du climat – Suisse, Jeune Garde Paris, Jeunesse internationaliste, Kessem juives féministes décoloniales, Le Silure, (centre de luttes autonomes, Genève), L’Offensive, Mouvement national lycéen (MNL), Mut vitz 13 (Marseille), Nouveau Parti̇ anti̇capi̇tali̇ste (L’Anticapi̇tali̇ste), Offensive contre les féminicides – Suisse, Organisation de Solidarité Trans (OST), Pôle de renaissance communiste en France, Pour une écologie populaire et sociale (PEPS), Réseau internationaliste Serhildan, Riseup 4 Rojava, Sami̇doun Pari̇s/banlieue, Secours rouge Genève, Solidarités, Tsedek (collectif juif décolonial), Union communiste libertaire, Union syndicale solidaires, Volksbühne Basel, Young Struggle, Zora.
[Appel unitaire]
🚩🌄 Contre le fascisme, pour la justice : réponse internationaliste
L’année dernière, nous étions plusieurs centaines de militant-e-s issu-e-s de la gauche européenne à manifester au sein d’un bloc internationaliste lors de la manifestation Vérité et Justice pour les 6 militant-e-s kurdes assassiné-e-s à Paris.
Cette année, plus de 40 organisations politiques, syndicales et associatives appellent à dénoncer la complicité de la France avec le fascisme turc, à l’heure où celui-ci menace d’attaquer la ville de Kobanê. [...]
...Lire l'appel sur le site de #serhildan ici 👇
serhildan.org/appel-contre-le-…
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Aidez « Alternative libertaire » trois fois plus pour le même prix
Maintenir la presse révolutionnaire en kiosque, c’est un combat ! Comme chaque année, vous avez la possibilité de faire (avant le 31 décembre) un don défiscalisé au mensuel de l’Union communiste libertaire : on a cinq semaines pour récolter 10.www.unioncommunistelibertaire.org
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Alors que la famille Mulliez (28 Mds d'€) pille #Decathlon et licencie 2389 salarié·es, il faut intensifier ce type d'action et soutenir les salarié·es (grévistes) d'#Auchan !
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🚩🏴L'Union communiste libertaire et PEPS
organisent deux tables rondes de débat. On vous y attend nombreuses et nombreux !
📆 Samedi 14 décembre de 14 heures à 19 heures
📍La Maison ouverte, 17 Rue Hoche, Montreuil (93)
🔥Entrée libre
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Lutte contre l’A69 : Artificialisation, répression et intérêts capitalistes
L’inutilité de l’A69, projet autoroutier reliant Toulouse et Castres, et ses conséquences environnementales désastreuses mobilisent massivement. Mais les entreprises capitalistes et les institutions publiques s’unissent pour réprimer la contestation de manière extrêmement violente et dangereuse. Pourtant, le projet qui dilapide nos impôts ne satisfait que les intérêts des capitalistes, au détriment de la santé, de la préservation des territoires et de la population locale.
Le projet d’autoroute A69 consiste à construire une voie plus rapide en parallèle de la nationale allant de Toulouse à Castres et de sa ligne ferroviaire, soit 50 kilomètres. Élaboré il y a 32 ans, lorsque l’urgence environnementale était moins présente, l’A69 faisait partie des grands projets de désenclavement des territoires par l’artificialisation et l’appropriation des terres, dans une quête d’urbanisation du rural. Il fallait permettre aux habitant et habitantes des villages tarnais d’accéder rapidement aux villes. Le projet est remis sur la table depuis quelques années suite aux demandes de l’entreprise pharmaceutique Fabre (située à Castes), de la région (Carole Delga, PS), du concessionnaires qui mène les travaux, NGE, et du maître d’ouvrage et propriétaire des terres, ATOSCA. Après l’expropriation des paysan·es et des habitant·es présent·es sur le tracé, les travaux débutent en mars 2023.
En opposition à ce projet, s’organisent plusieurs collectifs locaux type NIMBY (Not in my backyard), des organisations écologistes toulousaines. Par exemple, La Voie est libre, qui défend la mise en place d’une piste cyclable, s’occupe de la médiatisation du sujet des recours institutionnels. La mobilisation rassemble largement : on y retrouve le groupe national de surveillance des arbres (GNSA), des naturalistes qui développent la pratique des « écureuils » (militant·es habitant·es les arbres pour les protéger de leurs corps). Enfin, des ZAD (Zones à défendre) fleurissent sur le tracé, occupant des terres plus ou moins éloignées du chantier, lieux d’organisation, de vie et d’action particulièrement effrayants pour le concessionnaire.
Les revendications sont claires : réalisation d’une expertise indépendante sur les données socio-économiques du projet tenant compte de la nouvelle donne environnementale, tenue d’un référendum permettant à la population locale de s’exprimer sur le projet. Les modalités de ce référendum seraient discutées avec les collectifs dès l’acceptation de son principe, la suspension des travaux et à terme l’abandon du projet.
Réprimer à tout prix
Avec de nombreuses personnes blessées, plus de 150 poursuivies, et des peines d’enfermement exagérées (6 mois ferme pour un jet de caillou), la répression contre les militant·es écologistes de la lutte contre l’A69 est extrêmement violente. Les forces de l’ordre ont usé de pratiques violentes contre les zadistes : harcèlement de nuit, incendie et saccage d’affaires personnelles, départ de feu aux pieds des arbres occupés…
La rhétorique de criminalisation des mouvements pour la Terre, remise au goût du jour par Darmanin, se ressent dans les techniques policières employées comme dans les partis pris de la justice, et notamment des juges du tribunal de Castres, qui ont perdu toute neutralité dans l’affaire. Ainsi, début septembre, la ZAD Cal’Arbre est violemment évacuée. Les pelleteuses déracinent les arbres, désormais sans attendre la descente de leurs habitant·es.
La Cellule nationale d’appui à la mobilité (CNAMO), une unité quasi unique en Europe, construite pour réprimer notamment les occupations de militant·es écologistes, est mobilisée. Ainsi, dans la nuit du 6 septembre, elle intervient et fait chuter de 7 mètres deux « écureuils » qui dormaient sans baudrier. Malgré des séquelles importantes, ils sont immédiatement placés en garde à vue. Il n’y a plus aucun respect de la loi, tout est permis, et plusieurs médias locaux comme La Dépêche, se permettent mensonges et diffamation à tout va.
Le 8 septembre, tandis que des militants venaient ravitailler l’ultime « écureuil » perché dans un chêne centenaire et menacé d’être abattu, des agents de sécurité, barricadés dans leur Algeco, finissent par leur tirer dessus à coups de mortiers d’artifice. Ainsi, la milice privée agit conjointement aux force de l’ordre : ils attrapent les militant·es, les violentent puis les livrent aux gendarmes. N’oublions pas les agressions du 13 août dernier où un groupe de personnes est venu incendier des couchages et un véhicules. Dans la matinée, des militant·es ont été attaqué·es au couteau et aspergé·es d’essence. Depuis le 1er septembre, les abattages ont repris. La lutte est rythmée par les périodes de coupe légale. La coupe des arbres forcées, un danger pour les « écureuils » vivant dedans, a conduit à l’évacuation de deux ZAD sur trois.
En même temps, la destruction progressive du verger est en cours. Sur ce terrain, il ne reste que des vestiges d’une maison ayant fait l’objet d’expropriation par ATOSCA : cette grande bâtisse et son jardin sont situés sur le chemin de l’autoroute. Pendant longtemps ont véci ici les derniers habitant·es sur le chemin des destructions, une locataire et sa famille, qui attendaient la proposition d’un logement décent. Après avoir usé de stratagèmes et de menaces pour les faire partir (diffamations dans les journaux, coupures d’eau et d’électricité, huissiers, incendie criminel, etc.), c’est finalement les forces de l’ordre qui ont vidé de force le logement, en accompagnant les engins à pelle de NGE qui venaient déraciner les arbres du jardin.
L’entreprise ATOSCA a fait une dérogation aux arrêtés de protection de 162 espèces animales et végétales. Conséquences de cela, le chantier impactera pour toujours le tissu racinaire en déracinant des platanes centenaires. En plus de traverser une zone Natura 2000 et des Zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF), le projet de l’A69 pourrait artificialiser 316 hectares de terres agricoles, de forêts et de zones humides. L’écosystème de 32 cours d’eau seront également chamboulés.
Détruire les terres pour les profits capitalistes
La compensation écologique est bâclée : si chaque hectare bétonné doit être compensé selon un coefficient qui peut aller jusqu’à 3, en fonction de la nature de l’espace détruit, le maître d’œuvre a tout mis en place pour en faire le moins possible et les scientifiques démontrent que la compensation ne peut égaler les pertes d’écosystèmes.
Pour alimenter le chantier, il a été construit deux usines à béton. A priori installées pour un an et demi au plus, ces centrales inquiètent fortement les habitant·es des environs en raison des risques sanitaires et environnementaux. Les fumées rejetées contiennent des substances appelées Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), dont le benzo(a)pyrène (BaP) et le benzène qui sont des cancérogènes avérés. Le collectif « Sans bitume » dénonce des pollutions qui toucheront les 40 écoles à proximité.
Avec les expropriations, ce sont entre 80 et 100 exploitations paysannes qui sont amputées. Le nombre de fermes qui auront des champs des deux côtés de l’autoroute se chiffre à un millier, affirme la Confédération paysanne, qui est entrée dans la bataille. En janvier dernier, une centaine d’agriculteurs tarnais signaient une lettre ouverte alertant sur la « destruction irréversible de nappes phréatiques, de cours d’eau et de bassins indispensables à l’irrigation des exploitations agricoles comme au maintien des refuges de biodiversité ».
Préserver l’environnement : une lutte de classes
Le refus du projet d’autoroute de l’A69 est nécessaire dans une perspective écologiste et anticapitaliste. Alors que le désenclavement est un enjeu vital pour de nombreux territoires isolés des services publics, ce projet de l’A69 répond en réalité uniquement aux intérêts des entreprises capitalistes. Une route nationale existe déjà, qu’il suffirait d’aménager.
Pourtant, pour l’élue régionale Carole Delga et l’entreprise FABRE et ATOSCA, seules l’expropriation et la destruction des terres semblent envisageables. L’enjeu est économique et social. Nos impôts sont dépensés contre notre intérêt (la destruction de nos terres agricoles, de notre environnement) et pour violenter des militant·es qui défendent notre santé et nos lieux de vie. Le chantier va coûter plus de 450 millions d’euros, financé en partie par les pouvoirs publics, qui offrent 23 millions d’euros au concessionnaire ATOSCA.
Du soutien jusque dans la capitale
Si le projet aboutit, l’aller-retour par autoroute coûtera 17 euros, grimpant sur le podium des autoroutes les plus chères de France ! Ainsi, selon une étude IFOP réalisée en octobre, 61% des sondé·es dans le Tarn et la Haute-Garonne sont favorables à l’abandon du projet, 82% à un référendum local.
Ce projet est un symbole fort du monde voulu par les puissances industrielles, productivistes et anti-sociales. Les élus bloquant tout débat, aucune négociation n’est possible. Face à ce capitalisme radical, c’est la radicalité sociale qui doit répondre. Les ZAD sont un anti-système puissant, dans leur organisation des pratiques d’occupation, comme dans leurs objectifs politiques. Nous pouvons apporter à la résistance notre vision de l’écologie qui est sociale et anticapitaliste, notamment par les liens et la coordination avec la CGT Fabre, qui est contre le projet, mais reste centrée sur les conséquences du positionnement du groupe Fabre sur son image, et donc sur l’emploi. Pourtant, les ouvrières et ouvriers du géant pharmaceutique, habitant les communes aux alentours, sont des plus impacté·es.
À Paris, la lutte s’organise en autonomie, par des camarades passés sur la ZAD. Il s’agit d’afficher son soutien et de récolter des fonds. Nous avons organisé divers événements : un premier rassemblement en soutien aux « écureuils » après l’expulsion de la Cal’Arbre à Montreuil. Celui-ci a rassemblé une cinquantaine de personnes et a été l’occasion de faire des banderoles tout en échangeant autour de l’actualité du projet. Ce rassemblement a été fait suite à une discussion à la friche pendant Les Digitales le 1er septembre où nous avons discuté de la situation globale de la lutte contre l’A69 mais aussi de la ZAD et des espoirs qu’elle donne au mouvement social.
Depuis fin octobre, il n’y a plus d’occupation sur le tracé de l’A69. Les engins d’ATOSCA ont fait tomber le Verger : plus aucun arbre n’est à protéger. Mais, rien n’est perdu ! Les centrales à bitume nécessaires au projet ne sont pas construites et les collectifs locaux sont toujours en lutte. La lutte se restructure. La mobilisation contre l’A69 a contribué à l’annulation de projets routiers dans le cadre de la Déroute des routes. Dans les Pyrénées-Orientales ou dans la Manche, l’inutilité et l’impact environnemental de nouvelles cons- tructions routières ont été reconnus. Les forces écologistes du midi se tournent maintenant vers la lutte contre la LGV Toulouse-Bordeaux où une nouvelle ZAD se crée à Saint-Jory !
Loup (UCL Paris Nord-Est)
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Contre-histoire : L’émergence historique du capitalisme
Le capitalisme n’a pas toujours existé. En définissant celui-ci comme une « économie de marché », caractérisée par l’échange marchand, l’argent et son accumulation, libéraux et marxistes se sont longtemps accordés sur le fait qu’il y aurait depuis l’Antiquité, avec l’essor du commerce, de l’argent et d’une bourgeoisie urbaine, des formes « embryonnaires » du capitalisme. Leur idée commune est qu’à partir de ces embryons, le capitalisme serait progressivement né à l’époque moderne en Europe occidentale dans les « interstices » du féodalisme (les villes), porté par une « bourgeoisie » marchande qui aurait triomphé de l’aristocratie féodale dans une série de « révolutions bourgeoises », permettant à ces embryons de s’épanouir sans restriction.
Cette vision consensuelle a fait l’objet de nombreuses critiques, notamment par un courant marxiste hétérodoxe, le « marxisme politique », fondé par Robert Brenner, historien marxiste de l’économie, et Ellen Meiksins Wood, théoricienne marxiste et historienne des idées [1]. Les marxistes politiques s’opposent aux marxistes orthodoxes comme Staline en refusant de penser l’histoire comme un processus linéaire allant du « communisme primitif » au communisme en passant par l’esclavagisme, le féodalisme et le capitalisme du fait de l’accroissement des forces productives.
Au contraire, ils et elles pensent que l’histoire est le produit de la contingence de la lutte des classes et font du capitalisme un système économique unique. Il se caractérise en premier lieu par une dépendance généralisée au marché des classes dominantes, dépendantes de la profitabilité de leurs investissements, et des classes dominées, dépendantes de leurs salaires. De plus, cette dépendance généralisée n’est plus vis-à-vis des marchés segmentés légalement et géographiquement et très fortement régulés de l’Ancien Régime, mais vis-à-vis d’un marché national – et de plus en plus international – faiblement régulé, entraînant ainsi une compétition généralisée entre acteurs économiques. Enfin, à la fois condition et résultat de cette transformation, l’État devient moins un moyen d’enrichissement personnel par le biais de l’exploitation fiscale absolutiste de la paysannerie, et davantage un garant « impersonnel » de l’ordre capitaliste national et de sa croissance.
Conditions et conséquences
La première condition d’émergence du capitalisme est la dépossession des moyens de production d’une majorité des classes dominées, à commencer par la dépossession des paysans et paysannes de leurs terres et leur transformation en prolétaires dépendants du marché du travail pour leur survie. Cela implique un tournant vers le marché de classes dominantes qui ne peuvent plus compter sur la rente féodale et sur l’impôt prélevés sur une paysannerie propriétaire pour s’enrichir puisque cette dernière disparaît et, avec elle, l’exploitation féodale et absolutiste. La deuxième condition est l’unification légale et géographique par un État des marchés préexistants, ainsi que leur dérégulation. La troisième condition est l’existence d’un État fort, capable de créer ces conditions et d’endurer les conséquences négatives de cette transformation.
La première conséquence du capitalisme est que l’exploitation des classes dominées par les classes dominantes se fait désormais par l’intermédiaire exclusif du marché, un marché qui n’est plus que faiblement régulé et très compétitif. Le capitalisme se présente donc non comme une forme d’exploitation de classe directe, comme le féodalisme, mais comme une domination impersonnelle du marché, ce qu’elle est en partie puisque les capitalistes sont aussi soumis à cette domination impersonnelle. La deuxième conséquence est que, pour rester compétitifs et donc profitables, les acteurs économiques doivent accroître sans cesse leur productivité et leur volume de production pour faire baisser leurs coûts unitaires et accroître leurs ventes. Ils sont forcés par leur dépendance à un marché unifié compétitif d’obéir à ses impératifs, ce qui aboutit à une « compulsion de croissance » et donc à des crises économiques de surproduction récurrentes et à une crise climatique et écologique inédite. La troisième conséquence est que cette croissance économique forcée offre des moyens financiers sans précédents aux États leur permettant de renforcer leur domination à l’échelle nationale et internationale, d’où la croissance exceptionnelle de leur pouvoir, notamment policier et militaire.
Si l’on définit le capitalisme à partir de ses conditions d’émergence et caractéristiques historiquement spécifiques entraînant des conséquences elles-aussi historiquement spécifiques, on perçoit plus clairement ce qu’il y a d’unique dans notre société contemporaine. En effet, si cela fait des milliers d’années qu’il y a de l’exploitation de classe, des marchés, de l’argent, des investissements et des États, cela fait en revanche seulement moins de deux siècles qu’il y a cette domination impersonnelle du marché et de son pendant politique, l’État capitaliste, et que leur croissance à marche forcée amène de crises en crises, vers une catastrophe écologique globale. Comment en sommes-nous arrivés là ?
Violence de classe et impérialisme
Selon les marxistes politiques, l’émergence du capitalisme n’est pas un processus naturel et universel résultant de l’accroissement quantitatif des échanges marchands en Europe occidentale à l’époque moderne, puisqu’à cette période, les paysans et paysannes d’Europe (et des Amériques) restent exploitées sur un mode féodal ou absolutiste par des classes dominantes qui s’enrichissent principalement par ce biais. Même les grandes cités marchandes d’Italie et des Pays-Bas ne fondent pas leur prospérité sur leur compétitivité supérieure sur un (inexistant) marché unifié et dérégulé, mais au contraire grâce à leur puissance militaire qui leur assure des revenus tirés de paysanneries exploitées sur un mode féodal ou colonial et de monopoles commerciaux sur des marchés segmentés et fortement régulés [2].
C’est ce caractère non-capitaliste qui explique le relatif déclin à l’époque moderne de cités italiennes comme Gênes, Florence et Venise et au XVIIIe siècle pour les Pays-Bas. Une seule exception : l’Angleterre, où le capitalisme émerge de manière contingente à l’époque moderne. Grâce à son émergence unique et précoce du capitalisme, lui assurant une forte croissance économique et fiscale, l’Angleterre devint aux XVIIIe et XIXe siècles la plus grande puissance militaire mondiale. Face à elle, ses rivaux sont progressivement forcés d’adopter des réformes pour accroître leur puissance économique, fiscale, militaire, aboutissant à l’émergence du capitalisme en Allemagne, au Japon ou en France dans la deuxième moitié du xixe siècle (voir le sous-article). Ailleurs, le capitalisme émergea au cours du XIXe siècle et surtout du XXe siècle via la conquête coloniale ou les exportations de capitaux.
Loin d’être l’aboutissement d’un développement naturel et universel, le capitalisme a émergé de manière contingente, par la violence de classe à l’intérieur et la violence impérialiste à l’extérieur, jusqu’à s’étendre sur la totalité du globe. Si le capitalisme est un accident de l’histoire, cela vaut également pour le communisme libertaire, qui ne pourra par conséquence advenir que de la même manière : dans la contingence de la lutte des classes et (anti-)impérialiste.
Armand Paris de Sortir du capitalisme
Chronologie
1066 conquête normande sur l’Angleterre
MILIEU DU XIVe SIÈCLE grande Peste et crise du féodalisme.
1381 Révolte des paysans en Angleterre.
FIN DU XIVe SIÈCLE diminution progressive du servage, tournant commercial de l’aristocratie en Angleterre.
1488–1517 vague massive d’expulsions forcées de paysans, processus qui s’achève avec les enclosures parlementaires (la privatisation des communs), du XVIIIe siècle en Angleterre.
XVIe–XVIIIe SIÈCLE période en France dite de l’Ancien Régime, caractérisé par un compromis de classe entre monarchie, aristocratie et bourgeoisie pour se partager les fruits de l’exploitation féodale et absolutiste de la paysannerie et des colonies.
1688–1815 ascension géopolitique anglaise et cycle de guerres entre l’Angleterre et la France, toutes perdues à une exception près (la guerre d’indépendance des États-Unis) par la France.
1763–1789 cycle de réformes économiques et libérales de l’Ancien Régime, finalement avortées.
1789–1793 Révolution française et cycle de réformes d’inspiration libérales.
ANNÉES 1850–1860 débuts des grandes réformes qui vont déboucher sur l’émergence du capitalisme industriel en France (création d’un vaste réseau chemin de fer, signature de traités de libre-échange et début du démantèlement des coutumes artisanales).
[1] Ellen Meiksins Wood, L’origine du capitalisme, Québec, Lux, 2013 ; François Allisson et Nicolas Brisset (éd.), Aux origines du capitalisme : Robert Brenner et le marxisme politique, ENS Éditions, 2023.
[2] Ellen Meiksins Wood, L’origine du capitalisme, op. Cit.
Contre-histoire : L'émergence historique du capitalisme
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Georges Ibrahim Abdallah : 40 ans d’acharnement judiciaire et politique
Alors que ce mois d’octobre marque les quarante ans de son incarcération, une nouvelle demande de libération de George Ibrahim Abdallah a été déposée par son avocat et comme tous les ans une manifestation à Lannemezan (65) sera organisée. Retour sur cette affaire et sur ce quelle éclaire de notre époque.
Georges Ibrahim Abdallah est un militant communiste libanais. En 1979 il participe à la création de la Fraction Armée Révolutionnaire Libanaise (FARL), organisation se déclarant communiste et anti-impérialiste dont il dirige les opérations en France. En 1982, les FARL revendiquent l’assassinat du lieutenant-colonel Charles R. Ray, attaché militaire américain à Paris, et de Yacov Barsimentov, deuxième conseiller à l’ambassade d’Israël, membre du Mossad. Des « actes de résistance armée » en réaction à l’agression militaire israélienne du Liban appuyée par les États-Unis [1]. C’est la défense utilisée par Georges Abdallah pendant son procès.
Une justice impérialiste
Arrêté et incarcéré en 1984, il n’est inculpé que de faux et usage de faux le 6 mars 1985. Les autorités américaines et israéliennes exercent de vives pressions afin de faire alourdir sa condamnation. La découverte d’une arme ayant servi aux assassinats dans une des planques des FARL conduit à son jugement par la cour d’assise spéciale pour complicité d’assassinat le 28 février 1987. Accablé par la presse (notamment par le Monde sous la plume d’un certain Edwy Plenel ! qui n’a reconnu que bien récemment avoir été trompé [2]) la cour le condamne à la perpétuité. En 1987 sort un livre confession dans lequel Jean-Paul Mazurier, avocat de Georges Ibrahim Abdallah, raconte qu’il travaillait en réalité pour la DGSE [3]. Pourtant la validité du procès ne sera pas remise en cause. Libérable depuis 1999 selon le droit français, entre 2004 et 2020 neuf de ses demandes de libération conditionnelle ont été refusées.
Le 21 novembre 2012 le tribunal d’application des peines prononçait un avis favorable à sa demande de libération auquel accède la chambre d’application des peines en la conditionnant à un arrêté d’expulsion. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, reçoit à l’époque un coup de téléphone de son homologue américaine Hillary Clinton, qui lui demande de ne pas lui rendre la liberté [4]. Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, refuse de signer l’arrêté d’expulsion le 14 janvier 2013. La décision de libération est annulée en avril 2013 par la Cour de Cassation. Jacques Vergès son avocat dénoncera « le gouvernement des États-Unis qui oppose un veto intolérable à sa libération » [5] . En juin 2023, son nouvel avocat Jean-Louis Chalanset annonce faire une nouvelle demande de libération. Elle sera étudiée en audience à huit clos le 7 octobre prochain.
De quoi Georges Ibrahim Abdallah est-il le nom ?
Soutenir Georges Ibrahim Abdallah c’est aussi se rappeler son combat. Il est instituteur lorsque commence la guerre civile libanaise de 1975-1990 où les responsabilités historiques de la France sont importantes. Le Liban est placé sous mandat français à partir de 1920 suite au démembrement de l’Empire ottoman, jusqu’à son indépendance en 1943. La France s’y appuie sur les chrétiens maronites comme population alliée. De ce mandat à accouché le système institutionnel libanais communautaire où durant 30 ans les maronites ont dominé politiquement et économiquement le pays.
Cette histoire coloniale française rencontre celle du colonialisme sioniste qui voit la résistance palestinienne s’installer au Liban où le nombre de réfugié·es palestinien·nes de la Nakba est très important. La minorité maronite est alors inquiète de perdre son hégémonie. En effet, après des années de luttes des classes importantes, les groupes d’extrême gauche libanais entrent en connexion avec la résistance palestinienne. Ce sera le cas pour Georges qui s’engage d’abord au sein du FPLP motivé par la cause palestinienne, puis participe à la guérilla au Liban du sud.
Se rappeler de Georges c’est se rappeler de cette histoire oubliée mais aussi d’une décennie, les années 80, qui est cruciale : elle verra se dérouler l’invasion israélienne du sud-Liban, durant laquelle seront notamment commis les massacres de Sabra et Chatila ; mais aussi l’ingérence américaine et française dans une région clef de la méditerranée et des ressources énergétiques du Moyen-Orient [6]. Les années 80 sont aussi le moment du tournant néolibéral du capitalisme et du redéploiement de l’impérialisme occidental, les deux allant de pair, participant à ancrer l’islamophobie dans la société française : Gaston Defferre, ministre de l’Intérieur, taxera par exemple en 83 d’ « intégristes, de chiites » les grévistes immigrés de Renault-Flins, durant la période où la France combat les milices chiites au Liban.
L’histoire de Georges commence au début de cette phase historique de la mondialisation occidentale triomphante qui touche violemment à sa fin aujourd’hui avec le génocide en cours à Gaza. Se battre pour sa libération inscrit les combats anti-impérialistes d’hier et d’aujourd’hui dans une continuité.
Liberté pour les prisonniers et prisonnières politiques
L’acharnement français et américain à maintenir Georges en prison est révélateur du système de répression impérialiste. C’est pourquoi la lutte pour la libération des prisonnier·es politiques est une bataille anticolonialiste de premier plan, et ils sont nombreux : Mumia Abu Djamal et Léonard Pelletier aux USA, Ahmed Saadat et Marwan Bargouthi en Israël, Ocalan en Turquie et tant d’autres. Au-delà de la solidarité naturelle pour les camarades victimes de répression, il s’agit de faire payer cher la répression contre le moindre d’entre nous aussi longtemps qu’il faut.
Rappelons les campagnes internationales pour la libération d’Angela Davis, ou la campagne « Free Huey » en soutien à Huey P. Newton du Black Panthers Party, où chaque comité de soutien permettra le développement du BPP. Chaque mobilisation en faveur des prisonniers est une occasion d’éducation politique et de démasquer la nature féroce des états dit « de droit » !
De ce fait cette année plusieurs initiatives en France ont eu lieu pour Georges les 6 avril dernier à Lannemezan, le 15 juin à Lyon. Soyons donc toutes et tous présentes le 7 octobre pour exiger sa libération !
Nicolas Pasadena (Commission antiraciste)
[1] « Terroriste » un jour, terroriste toujours ? », Pierre Carles dans Le Monde diplomatique, 1er août 2020.
[2] Les derniers secrets de l’affaire George Ibrahim Abdallah, France inter, 22 juin 2024.
[3] L’agent noir, une taupe dans l’affaire Abdallah, Laurent Gally, édition Robert Laffont.
[4] « Libération de Georges Ibrahim Abdallah : comment Clinton a tenté de faire pression sur Fabius », Arrêt sur images, 20 janvier 2016.
[5] « Acharnement judiciaire contre M. Georges Ibrahim Abdallah : Un prisonnier politique expiatoire », Le Monde diplomatique, mai 2012.
[6] C’est durant cette guerre meurtrière de 15 ans que les phalangistes, milices fascistes maronites commettront des exactions comme celles de Sabra et Chatilla, sous l’œil de Tsahal
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Anticolonialisme : La Guyane sous tensions
Depuis le mouvement social de 2017, la Guyane est sortie des radars de l’actualité. Pourtant la situation est loin de s’être améliorée, tandis que Gérald Darmanin a suggéré d’élargir à la Guyane la suspension du droit du sol appliquée à Mayotte.
Emmanuel Macron était en visite en Guyane les 25 et 26 mars, étape express sur la route du Brésil qui s’est accompagnée d’un bouclage sécuritaire de Cayenne. Il était venu débattre des questions d’orpaillage, de sécurité, de développement agricole et de ses ambitions pour le site spatial de Kourou qu’il souhaite ouvrir aux décollages privés.
La Guyane, ancien bagne et ancien territoire esclavagiste qui a marginalisé les populations autochtones, connaît un fort taux de pauvreté [1]. Le tissu commercial est détenu par des grandes familles békées de Martinique (les groupes Bernard Hayot et Fabre-Domergue ou la famille Dormoy) [2]. Les industries des matières premières et de la construction sont dominées par des multinationales françaises (telles que Bouygues, Eiffage, Vinci, Bolloré ou Auplata) [3]. Le territoire intéresse toujours la France pour l’extraction minière aurifère et, comme pour tous les autres départements ultramarins, pour la zone économique exclusive (ZEE) et les potentielles richesses qu’elle peut offrir (pêche, pétrole, terres rares, etc.).
Mais l’atout central est le centre spatial guyanais (CSG) de Kourou, éminemment stratégique pour l’Union européenne et pour la France, car il contribue à faire d’elle le leader mondial du marché des satellites commerciaux. Le CSG a provoqué en Guyane le « syndrome hollandais » entraînant une augmentation des exportations des ressources naturelles au détriment de l’activité économique locale. Cette dernière a des conséquences. Aujourd’hui, la Guyane est le terrain de la « guerre à la drogue » et de ses pratiques : contrôle renforcé à l’aéroport de Cayenne, check-point de gendarmerie à la sortie de Saint-Laurent du Maroni et pratiques de contrôle au faciès dans un contexte d’exaspération de la population.
Quelques semaines avant la visite du président de la République, le ministre de l’Intérieur avait exprimé l’ambition de voir la Guyane adopter la même réforme du code de la nationalité que celui qu’il souhaite instaurer à Mayotte. La menace d’envenimer encore une situation tendue par un recul du droit et un maillage sécuritaire renforcé témoigne du souhait de l’État de maintenir l’emprise coloniale sur le territoire. Les Outre-mer deviennent des poudrières, comme en témoignent les événements à Mayotte cette année, les révoltes en Kanaky et les mobilisations de ces dernières années à la Réunion et aux Antilles. Le mépris affiché de la classe politique ne laisse augurer que de nouvelles crises sociales que le mouvement ouvrier et métropolitain se doit d’accompagner.
Nicolas Pasadena (UCL Montreuil)
[1] D’après des études menées en 2019, le taux de pauvreté (moins de 1 020 € par mois) en Guyane était 29% contre 14,5% en France métropolitaine. Source : Institut d’émission d’Outre-mer.
[2] Ces groupes s’occupent respectivement de grande distribution et automobile, hôtellerie et spiritueux.
[3] Saïd Bouamama, Planter du blanc, chronique du (néo)colonialisme français, Syllepse, 2019.
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Israël étend ses massacres de masse au Liban 04/10
Depuis une semaine, le Liban subit des bombardements de masse et un début d’invasion terrestre de la part de l’armée israélienne, dont le bilan approche déjà les 1000 morts. Israël a annoncé que son objectif, après avoir assassiné Hassan Nasrallah, était de détruire le Hezbollah. Il ne s’agit pas ici de défendre cette organisation complice de Bachar Al-Assad et actrice de l’écrasement sanguinaire de la révolution syrienne. Mais rien ne justifie qu’Israël bombarde le Liban. Le peuple libanais résistera à cette agression impérialiste.
Si le Hezbollah a bombardé le nord d’Israël en soutien aux Palestinien·nes, il ne souhaitait pas une guerre. Le Hezbollah libanais, l’Iran, les Houthis yéménites et des groupes chiites irakiens qui constituent les principaux opposants à Israël, n’en ont pas les moyens, malgré les tirs de missiles iraniens du 1er octobre.
Mais Netanyahou, enlisé à Gaza et de plus en plus isolé, continue à semer la mort dans l’ensemble de la région. Israël brandit son « droit de se défendre », mais il ne faut pas oublier que le Hamas et Hezbollah sont nés de l’agression des peuples libanais et palestiniens par l’impérialisme israélien. Ni les États-Unis, ni l’Union européenne, ni la France ne semblent prêts à exercer de véritables pressions pour mettre fin à cette escalade, malgré quelques protestations timides, et continuent à lui livrer des armes.
Les médias français, depuis le début, sont complaisants vis-à-vis de ces massacres. Si l’« axe de la résistance », et notamment l’Iran réactionnaire ne sont qu’une tartuferie de résistance, Israël – qui a également bombardé récemment le Yémen et la Syrie – fait courir le risque le risque d’un embrasement régional aux conséquences dramatiques. Netanyahou continue de condamner la région à une guerre quasi permanente.
Après la « guerre Israël-Hamas », la fable d’une « guerre Israël-Hezbollah »
Depuis un an, certains discours médiatiques esquivent la qualification de « génocide » à Gaza, en évoquant une « guerre Israël-Hamas », ce qui tend à réduire la résistance palestinienne au Hamas et légitimer de raser Gaza avec aujourd’hui au moins plus de 40 000 morts et probablement bien plus encore avec les corps encore bloqués sous les décombres. Aujourd’hui, on nous sert la fable d’une « guerre Israël-Hezbollah ». Le camp progressiste doit s’opposer vigoureusement à cette nouvelle opération de communication et dénoncer ce discours de légitimation.
Rappelons que le Liban ne subit pas pour la première fois les exactions israéliennes. La première invasion a eu lieu en 1978. En 1982, l’opération « Paix en Galilée » a fait 20 000 morts au Liban, et la responsabilité de l’armée israélienne est engagée dans le massacre des Palestinien·nes de Sabra et Chatila par une milice libanaise d’extrême droite. La guerre de l’été 2006 a fait 1100 morts et a détruit de nombreuses infrastructures libanaises.
La plupart des États occidentaux, dont la France, sont complices, car l’État d’Israël surarmé et doté de l’arme nucléaire - historiquement grâce à la France - est la garantie de son hégémonie régionale. C’est le peuple palestinien qui en paie le coût, mais aussi le peuple libanais.
Poursuivons la lutte
L’Union communiste libertaire appelle à protester contre les attaques actuelles sur le Liban et sur le Yémen, à dénoncer le génocide à Gaza qui dure depuis maintenant un an, et à soutenir la campagne BDS (Boycott désinvestissement et sanction contre l’apartheid israélien). Cette campagne porte ses fruits, comme l’a montré le retrait d’Axa cet été. Il est crucial de maintenir la pression, notamment sur Carrefour et BNP Paribas.
N’oublions pas non plus que cela fait quarante ans que Georges Ibrahim Abdallah, militant communiste libanais, est incarcéré en France alors qu’il est libérable depuis 1999. Le 7 octobre 2024, la justice doit à nouveau se prononcer. Nous exigeons sa libération immédiate. Son cas nous rappelle que le martyr du Liban n’a pas commencé cette semaine !
Stop aux massacres au Liban et stop au génocide à Gaza, stop à l’apartheid et à la colonisation, stop à la complicité française et européenne ! Soutien à la résistance des peuples libanais et palestinien !
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Droit à l’avortement : un combat perpétuel et universel
Même dans les pays où ce droit semble acquis de longue durée, il peut disparaître. Les États-Unis en sont l’exemple : la fin de la garantie fédérale de ce droit a conduit de nombreux États à interdire ou limiter l’accès à l’avortement. Cette situation doit nous servir d’exemple pour ne jamais baisser la garde et nous rappeler le devoir de solidarité internationale des femmes.
Dans le monde, soixante-quinze États autorisent l’avortement sans autre limite que la durée de grossesse. Vingt-quatre pays l’interdisent totalement. Et entre les deux, des conditions variables : avis médical, grossesse issue d’un viol, problèmes médicaux, danger mortel.
En Europe pas de politique commune
En France, nous sommes relativement chanceuses [1] : l’avortement est accessible sur demande, dans la limite de quatorze semaines de grossesse. Et la Constitution parle de liberté garantie (mais pas de droit absolu), faible rempart contre une éventuelle régression. De nombreux obstacles perdurent : le manque de moyens des hôpitaux en personnels et centres IVG, la double clause de conscience qui fait de l’avortement un acte exceptionnel, la pénurie de pilules abortives de temps en temps, l’absence de choix entre avortements médicamenteux et instrumental, l’injonction à ne pas en parler qui prive du partage d’infos et d’expériences, un délai pas si long. Ces difficultés conduisent encore environ cinq mille femmes à avorter à l’étranger chaque année. L’avortement est banal pourtant : presque une femme sur deux avorte une ou plusieurs fois dans sa vie, ce qui est normal compte tenu de la durée de vie fertile et à raison de douze ou treize cycles par an. Dans ce domaine aussi le racisme est présent : avortement libre en métropole, incitation à la stérilisation à Mayotte (après d’autres politiques coloniales plus agressives [2]) ; déploration de la baisse de la natalité quand des enfants d’exilé·es dorment dans nos rues.
L’Europe n’a pas de politique commune. Il n’y a pas de condition autre que le délai pour accéder à l’avortement dans les pays d’Europe sauf Malte – interdiction jusqu’à juin 2023, possible depuis en cas de danger pour la vie de la mère ou si le fœtus n’est pas viable – et la Pologne, longtemps libérale mais exemple parfait des régressions possibles : depuis 2021 l’avortement n’est autorisé qu’en cas de danger pour la femme, ou si la grossesse découle d’un viol ou d’un inceste. Le délai légal varie de dix semaines au Portugal à vingt-quatre semaines aux Pays-Bas. L’accès n’est pas toujours facile, comme en Italie où le taux de soignant·es refusant de pratiquer des avortements est énorme et où les régions ont des politiques plus ou moins restrictives.
États-Unis le grand bond en arrière
En 2022, la Cour suprême a renvoyé ce choix aux États en abrogeant le célèbre arrêt Roe v. Wade. Des États se sont mis à interdire et à sanctionner. Quatorze États interdisent totalement l’avortement, sept autres ont restreint le délai légal, parfois jusqu’à six semaines. L’Arizona a failli ressusciter une loi de 1864. L’Idaho oblige les femmes à porter les fœtus non-viables. Des débats cruels ont lieu, des procédures en justice pour autoriser l’avortement de grossesses extra-utérines, ou en cas de malformation rare oubliée dans les exceptions. Les soignant·es avorteur·euses sont passibles de lourdes peines de prison et, dans certains États, les femmes aussi. Le Texas a instauré une prime à la délation.
Les gynécologues désertent les États prohibitionnistes : déménagements, internats dans d’autres États y compris pour d’autres spécialités, départs anticipés à la retraite. Dans certains États, les femmes se trouvent face à un désert gynécologique et doivent parfois parcourir 250 kilomètres pour une simple consultation.
Mais la lutte continue. Saisie, la Cour suprême a statué en juin en confirmant la légalité de la pilule abortive (qui reste interdite dans les États interdisant l’avortement). Dans certains États, c’est par la justice que la société civile obtient la valeur constitutionnelle de ce droit, ou par referendum. La Constitution d’autres États garantit plus largement la liberté reproductive. Chaque fois que la question est posée dans un scrutin, les Républicains perdent. Des soignant·es téléconsultent et envoient des pilules abortives dans les États prohibitionnistes. Les États libéraux mettent tout en œuvre pour accueillir leurs voisines. Le nombre d’avortements n’a pas baissé bien sûr, les femmes se déplacent.
28 septembre, journée internationale pour le droit à l’avortement
Si globalement le droit à l’avortement s’étend [3], parfois avec des conditions très limitées, quatre pays ont récemment régressé ; la Pologne, le Salvador, le Nicaragua et les États-Unis. La Russie est sur le chemin. Au nom d’une religion, d’une morale réactionnaire ou dans un but nataliste, des Parlements remplis d’hommes s’octroient le droit de légiférer sur l’intimité des femmes. Le taux d’avortement est le même que ce soit légal ou non : quand c’est illégal, les femmes vivent une vie sexuelle pleine de craintes (en plus d’être souvent vide d’orgasmes) et celles trop pauvres pour aller avorter dans un autre État/pays ou payer un·e soignant·e de bonne volonté ou intéressé par l’argent qu’il peut en tirer en meurent... Il faudrait un article entier pour parler des pays du Sud, du poids des religions et des pouvoirs patriarcaux, de ceux où les conditions sont celles qui prévalaient en Europe il n’y a pas si longtemps et de ceux qui accèdent peu à peu à cette liberté.
Le 28 septembre, on rappellera la revendication forte d’un droit sécurisé et inconditionnel à l’avortement. L’avortement n’est pas un problème, c’est une solution. Ce combat doit être inclus dans celui plus large de « justice reproductive », le droit d’avoir ou non des enfants et de les élever dignement.
Christine (UCL Sarthe)
[1] Cet article utilise le féminin pluriel et parle de femmes, il faut cependant garder à l’esprit que des hommes trans peuvent avoir besoin d’avorter.
[2] Le ventre des femmes. Françoise Vergès. Albin Michel. 2021.
[3] The World’s Abortion Laws, Reproductiverishts.org
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