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Des solutions radicales pour le monde agricole !
Depuis janvier, le monde agricole est en ébullition. La faute au productivisme, qui a créé un modèle terriblement fragile : solitude, endettement, surconsommation de carburants, d’engrais et de pesticides toujours plus chers… Comme l’épuisement des ressources et le dérèglement climatique font grimper les tarifs, le système craque. Il est temps d’en imaginer un autre.
Les paysans et paysannes nourrissent la société, donc il est évident que la société leur doit une juste et digne rétribution. Il n’y a rien de choquant à ce que de l’argent public alimente un secteur productif vital.
Le problème est qu’aujourd’hui, les subventions de la Politique agricole commune (PAC) sont utilisées pour conformer l’agriculture à un modèle mortifère et sans avenir : investir sans fin (et en vain) dans la mécanisation, les mégabassines, les intrants chimiques, les pesticides, l’agrandissement des structures... Les exploitations les plus vastes sont les plus subventionnées. Les petites et petits paysans sont laissés pour compte.
Le système actuel fonce dans le mur
Des exploitations toujours plus vastes. Entre 1988 et 2020, le nombre d’exploitations agricoles a été divisé par 2,6 ; leur surface a été multipliée par 2,4 [1] ;
Toujours moins de travailleuses et de travailleurs. Si l’on additionne exploitant·es, salarié·es permanent·es et saisonnier·es, leur nombre a été divisé par 2,6 : 2 millions en 1988, contre 759.000 en 2020 [2]. Cela signifie un temps de travail démesuré : 55 heures par semaine en moyenne, les samedis, les dimanches, parfois la nuit [3]..
Une rétribution toujours plus faible. Sur la même période, le revenu net de la branche agricole (RNBA) a globalement baissé de 40% [4], avec des inégalités croissantes : 18% des paysannes et paysans vivent sous le seuil de pauvreté, et jusqu’à 25 % chez les éleveurs bovins, ovins et caprins, et les producteurs de fruits.
Une détresse palpable. Cette logique conduit à l’endettement et à la solitude. En 2020, le risque de suicide chez les agriculteurs-trices était supérieur de 30,9% à celui du reste de la population [5].
Une fuite en avant dans la mécanisation, les intrants chimiques, les pesticides, l’accaparement des semences et de l’eau… En France, 90% des semences sont la propriété de six entreprises. Les volumes d’intrants chimiques continuent d’augmenter chaque année... mais ne parviennent qu’à maintenir le rendement de terres épuisées et stérilisées par cette surenchère.
La fragilité du système, révélée par le dérèglement climatique et la crise énergétique. Le capitalisme épuise les ressources de la planète. La hausse du prix du gaz, du pétrole, de l’électricité, la raréfaction de l’eau, sont structurelles et vont se poursuivre. Le prix des intrants chimiques grimpera en conséquence. Continuer à investir dans des engrais, des pesticides, des mégabassines, s’entêter dans un système sans avenir, c’est condamner les paysannes et paysans à l’étranglement.
Des revendications qui mènent à l’impasse
Revendiquer des subventions ou des détaxes pour pouvoir continuer à acheter du carburant, des engrais et des pesticides, c’est une solution de survie, mais à moyen terme, c’est foncer dans le mur. C’est la logique à laquelle poussent les banques, les semenciers, l’industrie chimique, la FNSEA, la Coordination rurale et l’extrême droite, par soif de profit, démagogie électorale, ou les deux à la fois.
Des revendications qui proposent une autre trajectoire
La Confédération paysanne propose des alternatives : des prix agricoles garantis pour sécuriser les revenus paysans ; l’abrogation des traités de libre-échange, antisociaux et anti-écologiques ; des aides conséquentes pour la transition agroécologique, la priorité à l’installation de jeunes paysans, plutôt que l’agrandissement des structures, l’arrêt de l’artificialisation des terres agricoles, la création d’une « Sécurité sociale de l’alimentation ».
La nécessité d’une transformation anticapitaliste
Mais dans le secteur agricole comme ailleurs, la nécessité est celle d’une sortie du capitalisme.
- comme les autres secteurs économiques vitaux, l’agriculture devrait devenir un service public, fondé sur des normes sanitaires et écologiques qui respecteraient la santé des travailleurs et des consommateurs ;
- toutes les fermes et collectifs de travail volontaires devraient pouvoir s’insérer dans ce service public ;
- le revenu y serait garanti, encourageant l’installation d’agriculteurs et agricultrices, leur accroissement, l’élargissement des collectifs, la réduction du temps de travail ;
- une planification démocratique, selon des échelons territoriaux cohérents, devrait éviter la surproduction ;
- l’importation de produits agricoles devrait être limitée à ce qui ne peut être produit localement.
Il ne s’agirait donc pas de créer des kolkhozes avec un travail caporalisé, mais d’aller vers une socialisation libre et volontaire de l’agriculture, qui corresponde à la fois aux aspirations paysannes à l’autonomie, et aux besoins de la population.
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