Lisez le témoignage de Brahim Metiba
politis.fr/articles/2024/07/ca…
!
Et organisez-vous !
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Contre-offensive trans à Grenoble : Une première journée de mobilisation prometteuse
En réaction aux offensives législatives visant à interdire aux mineur·es trans l’accès à leurs traitements et aux offensives médiatiques à la suite de la sortie de Transmania, des rassemblements et manifestations ont été organisés partout en France. À Grenoble, ce dimanche 5 mai, la mobilisation fut un succès et s’annonce de très bon augure pour la suite !
Dimanche 5 mai 2024, en relais de l’appel national lancé par les Inverti·e·s et Du Pain et des Roses (DPDR, collectif féministe et LGBTI associé à Révolution permanente), quatres associations grenobloises d’auto-support aux personnes trans ont invité à un rassemblement pour une contre-offensive trans suivi d’une assemblée générale dont l’objectif était de structurer localement la lutte contre ces lois transphobes. 1000 personnes étaient présentes au rassemblement. C’est le plus gros événement spécifique aux luttes trans que la ville ai jamais connue ! L’ambiance y était combative et dynamique, il y avait beaucoup de jeunes. À ajouter à l’important nombre de personnes présentes, une autre victoire de ce rassemblement se trouve dans l’ensemble des forces de gauche présentes.
Un rassemblement de l’ensemble de la gauche
En effet, des autonomes aux partis politiques, en passant par des associations, quasiment l’ensemble des forces de gauche grenobloises étaient présentes. Nous regrettons cependant une apparition syndicale faible, Solidaires 38 n’étant pas au rendez vous. La CGT quand à elle, était présente au travers de son groupe jeune. S’en est suivie une Assemblée générale ouverte à toutes et tous. L’objectif de cette réunion était de s’outiller collectivement afin d’agir contre la désinformation transphobe et dans le même temps de structurer cette lutte autour de la création d’un cadre organisationnel.
Quelle intervention pour les communistes libertaires ?
Il y a des divergences au sein de l’AG quant au mode d’organisation à adopter pour ce cadre. Les jeunes sans expériences militantes peuvent être attiré·es par des stratégies autonomes, c’est-à-dire faire des actions minoritaires en groupes affinitaires. Nous avons davantage poussé vers des lignes unitaires les plus larges possibles, tout en assurant aux personnes trans leur rôle central dans la lutte qui s’annonce : pour gagner, nous aurons besoin d’être nombreuses et nombreux ! Nous poussons également l’assemblée générale à se structurer politiquement. Nous verrons à l’avenir sous quelle forme elle souhaite s’organiser. Une inter-orga ? Un nouveau collectif ? On suit ça de près ! Au fédéral, des camarades de la commission antipatriarcat ont été mandatées pour participer à la construction du cadre inter-organisation national pour appeler à la mobilisation de façon large.
Si des tensions existent au sein de celui-ci à cause des différences stratégiques entre les organisations et associations, nous continuons de penser qu’il est le plus pertinent : il est urgent de s’allier contre la menace transphobe.
Commission antipatriarcat de l’UCL
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Elsa Beck Marsault : Abolitionnisme carcéral, Faire justice
Rester à l’écart des systèmes judiciaire et policier pour traiter les violences sexistes en milieu militant, c’est parfois une obligation, souvent un objectif. Ce livre, ancré dans une longue expérience dans des communautés queer, pose une mise en garde contre les dérives que cela peut entraîner, et propose des alternatives, sans jamais laisser de côté l’impératif de soin et de protection des victimes.
« En tant que gouine, j’ai longtemps navigué dans les communautés queer et féministes, et ai été témoin de nombreux processus d’exclusion et d’acharnement collectif – sur les protagonistes d’un conflit politique, sur des personnes victimes comme autrices de violence, ou sur leur entourage. »
La première phrase annonce parfaitement le sujet du livre : Faire justice est une réflexion sur la façon de gérer les conflits graves qui surgissent entre personnes qui se connaissent ou qui fréquentent un même lieu, en dehors de tout recours à la police ou à la justice.
Faire justice ou se venger ?
L’autrice, Elsa Deck Marsault (EDM) est la cofondatrice de Fracas, un collectif queer et féministe d’entraide militante à la prise en charge des conflits et des violences en milieu intracommunautaire.
Commençons par un rappel : la justice punitive, celle sur laquelle se fonde notre système pénal, est basée sur le principe : « un acte = une sanction ». Ce principe s’appuie sur la croyance selon laquelle la punition est juste et nécessaire. Croyance tellement ancrée qu’elle perdure même dans les milieux qui décident, par idéologie ou par nécessité, de se passer de la justice étatique pour régler les conflits internes. Le risque est gros : sans recul sur ce que l’on perçoit a priori comme « juste », on finit par se retrouver en position de « se faire justice », et c’est parfois un peu moche. Passages à tabac, harcèlement, mise en place de processus d’exclusion définitive sans regard sur les conséquences psychologiques que cela peut induire... EDM parle avec une grande justesse du malaise qui l’a saisie parfois au moment de prendre part à de telles actions, qu’elle estimait pourtant extrêmement justifiées. Mais en elle quelque chose résiste : comment se satisfaire d’un processus qui aboutit à traiter une personne comme si elle n’avait plus aucun droit humain, alors que l’on milite pour un monde plus égalitaire ?
Changement de paradigme
Le livre déroule l’analyse de nombreuses pratiques, par exemple le call out. Il s’agit de dénoncer les agissements d’une personne de façon publique, ce qui a tout son sens quand il s’agit d’une personne à la réputation bien établie, affirme EDM. Crier le plus fort possible les actes qu’ont commis Polanski, Depardieu et leurs compères, est très légitime, le but étant de leur faire perdre l’aura sur laquelle ils s’appuient pour agresser, et de contester les honneurs dont on les couvre. Mais dans le cas d’un·e « inconnu·e », le procédé perd de sa pertinence. D’autant que parfois le collectif de lutte est aussi un espace de vie ; pour une personne queer en rupture avec sa famille par exemple, le groupe est l’endroit où se développent des relations essentielles à la survie psychique et parfois physique... EDM rapporte avoir été témoin de cas de personnes perdant absolument tout suite à un call out : les ami·es, le lieu de vie, le travail.
Alors que faire ? Se pencher sur les principes de la justice transformatrice !
Cette justice-là est fondée sur le constat que punir une personne en raison de son comportement n’a que très peu de chance de l’inciter à changer. Et sur l’idée que les conflits interpersonnels ne sont pas sans lien avec les dynamiques de groupe, qui sont toujours à questionner. L’enjeu est d’encadrer l’émergence d’une prise de conscience de l’agresseur, tout en soutenant la victime, et en interrogeant les éléments extérieurs qui ont permis ou favorisé le passage à l’acte.
Trois étapes sont nécessaires pour transformer nos pratiques : s’intéresser au sujet d’abord, se documenter sérieusement avant d’agir. Prendre du recul sur nos usages et nos motivations, car se lancer dans l’accompagnement de personnes ayant subi ou commis des violences nécessite un investissement de long terme émotionnellement fort et n’est jamais sans conséquence. Enfin, s’organiser !
C’est souvent coûteux, parfois infructueux, mais EDM nous l’affirme, forte de son expérience au sein de Fracas : cela permet de s’attaquer à la résolution de situations humainement problématiques en ré-affirmant la possibilité de l’humain d’évoluer. Pas anodin si l’on vise à transformer la société !
Mélanie (amie d’AL)
Elsa Deck Marsault, Faire justice. Moralisme progressiste et pratiques punitives dans la lutte contre les violences sexistes, La Fabrique, septembre 2023, 168 pages, 13 euros
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Lire Harsha Walia : Migrations, capitalisme et nationalisme
Avec ce panorama mondial du contrôle de la main-d’œuvre par les frontières, la militante Harsha Walia, cofondatrice du groupe de défense des droits des migrants No One is Illegal, bouscule les récits dominants sur la « crise migratoire ».
Résultat inévitable de la colonisation, de la mondialisation capitaliste et des dérèglements climatiques, elle explique comment les migrations sont criminalisées, en même temps qu’elles renforcent les discours racistes, afin de garantir l’accumulation du capital.
Elle revient sur la formation de la frontière avec le Mexique, justifiée dès l’origine par l’idéologie de la destinée manifeste, puis l’annexion forcée de la moitié du pays, les guerres indiennes, qui ont servi de modèle aux guerres génocidaires, la surveillance et le contrôle de la population noire au service des intérêts du suprémacisme blanc et du capitalisme racial, la continuité entre le développement du complexe carcéro-industriel et les opérations de contre-insurrection, les accords de libre-échange, véritable contre-histoire des États-Unis.
La politique d’externalisation de la frontière, mise en place par l’Australie, est devenue un modèle mondial, notamment pour « l’Europe forteresse » : « La doctrine de la dissuasion exige une hécatombe aux frontières pour susciter la peur et prévenir la migration. » Le système de la kafala, qui régit le travail des travailleurs migrants dans les pays du golfe Persique, est un régime de citoyenneté exclusif et de ségrégation légale, comme un détournement de la conscience de classe au profit de la conscience nationaliste. Il s’agit bien de défendre le dogme de la citoyenneté raciale, ce que faisait déjà le Programme des travailleurs étrangers temporaires mis en place au Canada à la fin du xixe siècle, et que font tous les gouvernements d’extrême droite de la planète, dont le point commun est l’islamophobie.
Cette étude quasi-exhaustive donne à comprendre l’immigration dans sa dimension systémique et historique.
Ernest London (UCL Le Puy-en-Velay)
Harsha Walia, Frontières et domination. Migrations, capitalisme et nationalisme, Lux, 2023, 408 pages, 23 euros
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Contre le péril fasciste, réinventons l’espoir
Le sursaut électoral antifasciste a privé l’extrême droite d’une majorité. C’est un sursaut pour un sursis. La mobilisation populaire pour faire barrage in extremis doit se prolonger durablement pour reconstruire les outils politiques, syndicaux et associatifs de l’émancipation de notre classe sociale, celle des travailleurs et travailleuses. Nous ne ferons reculer l’extrême droite qu’en reconstruisant un projet politique désirable d’égalité et de justice.
Sous le parrainage du milliardaire catholique conservateur Vincent Bolloré et de son empire médiatique (Canal+, Cnews, Journal du dimanche, Paris-Match, Europe 1…) s’est réalisée l’union du RN avec Les Républicains de Ciotti. Alliance qui permet aux fachos de multiplier par deux leurs électeurs et d’augmenter dangereusement le nombre de leurs députés. A cela s’ajoute que Bardella a pris la direction au Parlement européen des députés d’extrême droite favorables à Poutine.
La dynamique du RN libère dans la rue et dans les entreprises les agressions physiques et verbales racistes, homophobes, transphobes… Troisième force politique à l’Assemblée mais premier parti politique, le RN va pouvoir renforcer d’ici la présidentielle de 2027 son discours « anti-système », le « seul parti qu’on a pas encore essayé ». Le péril reste entier.
Un Parlement sans majorité
La cuisine parlementaire est en ébullition. La démocratie bourgeoise où les élu·es sont hors de contrôle est en panne. Quel que soit le menu qui nous sera servi, il ne saura satisfaire les revendications sociales, économiques, écologiques et antiracistes urgentes. Et il ne répondra pas plus aux aspirations d’égalité et de justice des femmes, des quartiers populaires, des minorités LGBTI. Au mieux pouvons nous espérer que les compromis inévitables entre les trois blocs freinent les attaques contre le camps des jeunes et des travailleurs et travailleuses.
Retrouver le goût du combat politique
Le « peuple de gauche » a subit tant de déceptions, du stalinisme au social-libéralisme, qu’il s’est progressivement mais massivement replié sur lui-même, abandonnant le terrain à un macronisme « en même temps » de gauche et droite, et laissant prospérer les idées réactionnaires les plus sombres.
Face aux médias Bolloré et aux militants d’extrême droite galvanisés, il s’est réveillé, un peu en panique. Il faut que ce réveil soit le point de départ d’une reconquête et d’une reconstruction. Reconquête idéologique contre le fatalisme économique que nous assène le capitalisme ultralibéral, reconstruction des outils de nos résistances.
Paniques morales quant au péril sur l’« identité française »
Si le vote à l’extrême droite peut s’expliquer en partie par la crise du capitalisme et des politiques néolibérales mises en place depuis des décennies, nous devons faire face à l’adhésion toujours plus grande de notre camp social aux idées racistes et aux paniques morales quant au péril sur l’« identité française » qui serait menacée par des Français·es d’origine étrangère ou binationaux, ou encore des migrant·es vu·es comme des « ennemis de l’intérieur ». L’extrême droite en fait son carburant, mais il faut mesurer la responsabilité de l’État et des décennies de politiques racistes et coloniales, de stigmatisations et de discriminations à droite comme à gauche, au nom de prétendues « valeurs républicaines ». Combattre l’extrême droite c’est la couper là où elle prend racine.
Face au péril fasciste et à une classe capitaliste jamais rassasiée, il faut reconstruire nos syndicats et nos capacités à mener des grèves sérieuses. Reconstruire ou étendre nos comités de quartiers, les associations féministes, antiracistes, écologistes sur des bases combatives pouvant organiser des actions à la fois radicales et massives.
Rendre le communisme à nouveau désirable
Le Nouveau Front populaire, s’il perdure, ne sera pas l’outil du renouveau. La social-démocratie n’ira pas au bout de ses promesses et ne saura pas répondre à la hauteur de l’enjeu. Il faut passer d’un anticapitalisme trop souvent réduit à de vagues slogans à une défense forte du communisme comme seule alternative crédible à la mondialisation capitaliste et aux guerres entre puissances impérialistes majeures qui nous menacent – comme en Ukraine – et maintiennent les peuples dans la misère et sous domination – comme à Mayotte, en Kanaky ou en Palestine.
Fidèles à leur traditions, ancré·es dans les organisations populaires et dans les luttes, les communistes libertaires doivent plus que jamais porter haut leur projet de société : socialisation des moyens de production et autogestion de la société avec les outils de la démocratie directe.
Union communiste libertaire, 8 juillet 2024
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Irak : Opération turque de grande envergure contre la gauche kurde
C’est reparti pour une campagne de bombardements et de mort. Début juillet, Erdogan a lancé son armée dans les montagnes irakiennes pour traquer la guérilla qui le défie. En parallèle, il tente de se rabibocher avec un autre tyran sanguinaire, Bachar el-Assad.
Depuis la fin du mois de juin, au moins 300 véhicules blindés, dont des chars, et 15 000 soldats turcs ont pénétré au Kurdistan irakien. Dans les monts Qandil se trouve en effet la base arrière du PKK, centre de gravité de la gauche kurde au Moyen-Orient, qu’Erdogan a promis de détruire pendant l’été. Pour atteindre cet objectif, il a l’appui en Irak du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), la faction « libérale-féodale » du clan Barzani. Mais il multiplie aussi les initiatives diplomatiques.
Erdogan a coutume de galvaniser le nationalisme en Turquie avec des opérations militaires extérieures chaque fois que son autorité vacille à l’intérieur. Ce qui est le cas suite au succès de l’opposition, et notamment de la gauche kurde, aux dernières élections municipales.
Mais cette opération constitue également une pression globale sur la gauche kurde en Turquie, en Irak et en Syrie. Malgré leurs chicanes, les différents régimes d’extrême droite qui tyrannisent la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie ont au moins un point commun : la haine des forces de gauche et de l’expérience révolutionnaire qui se mène Rojava.
La Russie semble s’entremettre
En Syrie, justement, Erdogan tend la main à Bachar el-Assad. Le 28 juin, il a déclaré qu’il ne voyait « aucun obstacle au rétablissement des relations avec la Syrie », dont l’armée turque occupe plusieurs régions, où elle couvre des milices islamistes voire djihadistes. Mais Assad a lui-même affirmé le 26 juin être ouvert à « toutes les initiatives concernant les relations syro-turques ». Fin mai, le Premier ministre irakien a déclaré qu’il œuvrait pour la réconciliation entre Ankara et Damas, mais c’est surtout la Russie qui semble s’entremettre.
Il reste cependant un fossé entre les exigences syriennes et turques. Assad veut le retrait des troupes turques et l’arrêt du soutien d’Ankara aux milices djihadistes. La Turquie exige avant tout que Damas élimine l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) dominée par la gauche kurde. Aucun ne veut jouer le premier coup.
Si le gouvernement irakien et le PDK ont donné leur feu vert à une intervention militaire turque au Kurdistan d’Irak, c’est probablement en raison des enjeux d’infrastructures, notamment pétrolières, qui pour l’heure sont gênés par l’activité de la guérilla kurde.
L’État français sera encore plus complice avec le RN au pouvoir
L’État français, de son côté, n’exerce plus aucune pression sur la Turquie pour une solution pacifique au Kurdistan. Pire : pour complaire à Erdogan, il réprime épisodiquement les militants de la diaspora kurde en France.
Cette politique cynique pourrait s’aggraver avec l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national, dont la sympathie va généralement aux dictateurs, qu’il s’agisse d’Erdogan, d’Assad, de Poutine.
« Les actions de soutien militantes en France et à l’étranger sont d’une importance vitale, a rappelé récemment le représentant de l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES). Cela génère aussi beaucoup d’espoir sur place. » Même s’il est évident qu’en France la priorité est à la lutte contre l’extrême droite, nos camarades révolutionnaires qui combattent l’extrême droite au pouvoir en Turquie, en Iran et en Syrie doivent continuer à recevoir notre soutien. De nombreuses initiatives sont portées par le réseau Serhildan, la Coordination nationale solidarité Kurdistan ou encore le réseau Rise Up For Rojava.
Union communiste libertaire, le 2 juillet 2024
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Contre la montée de l’extrême droite - lutte des classes et révolution sociale !
Les élections européennes sont passées. Partout en Europe, les conservateurs et l’extrême droite ont réalisé les scores prévus par les instituts de sondage. L’extrême droite est désormais en position de force, grâce notamment aux scores obtenus en France et en Allemagne. Il n’y a pas d’autre choix que de reconnaître que nous sommes confrontés à un avenir de crise qui pourrait avoir les conséquences les plus graves. Nous devons nous y préparer et nous devons le faire maintenant.
Les élections européennes sont passées. Partout en Europe, les conservateurs et l’extrême droite ont réalisé les scores prévus par les instituts de sondage. L’extrême droite est désormais en position de force, grâce notamment aux scores obtenus en France et en Allemagne, ce qui lui permettra soit de former une alliance avec le groupe conservateur du PPE (dont elle a déjà fortement influencé les politiques très à droite), soit d’agir comme une force de blocage contre les politiques sociales et progressistes. Il n’est pas difficile de prévoir que les politiques européennes à venir seront encore plus dures pour les classes laborieuses et les migrants.
Un avertissement pour notre camp social
Ce vote pour les ennemis du travail et les amis du grand capital - bien que minoritaire au vu du taux d’abstention - est un avertissement pour notre camp social. Il est la conséquence directe des politiques d’austérité budgétaire - la destruction des services publics, la remise en cause des droits sociaux et notamment de la protection sociale, alors que la bourgeoisie s’enrichit infiniment - et des politiques de libéralisation promues par l’Union européenne.
Même si les forces d’extrême droite ne sont pas encore sur le point de prendre le pouvoir dans toute l’Europe, les résultats des élections montrent plus que clairement que la démocratie libérale, contrairement à ce qu’elle et ses partisans aiment à présenter, n’offre aucune protection contre l’extrême droite. Par sa politique d’appauvrissement de la classe ouvrière et ses politiques nationalistes, racistes, sexistes, homophobes et transphobes qui sèment la discorde, elle crée un terrain fertile pour la montée de l’extrême droite. Par ses élections, il hisse l’extrême droite au pouvoir et lui donne les moyens de mettre en œuvre ses projets.
Le vote d’extrême droite est l’expression d’un racisme structurel
Il n’y a pas d’autre solution que de reconnaître que nous sommes confrontés à un avenir de crise qui pourrait avoir les conséquences les plus graves. Nous devons nous y préparer et nous devons le faire maintenant. Mais si le vote d’extrême droite est alimenté par le désespoir dans un contexte où nos acquis sociaux sont constamment attaqués et érodés, s’il est l’expression d’un racisme structurel qui, dans un contexte de crise, s’exprime de manière décomplexée, alors il n’est pas inéluctable. Notre camp social doit se rassembler pour mener une contre-offensive. C’est en luttant collectivement pour la reconquête des droits, sur une base de classe, que nous ferons reculer durablement l’extrême droite. Seul un mouvement social fort, autonome, offensif et pleinement antiraciste sera en mesure de faire reculer l’extrême droite sur le long terme.
Face à la haine et à la division érigées en système, opposons la solidarité de classe de tous les travailleur·euses, y compris les personnes racisées, les jeunes des quartiers populaires, les personnes LGBTI et les femmes, qui seront les premières victimes de l’extrême droite lorsqu’elle arrivera au pouvoir. Partout où nous rencontrons une résistance de l’extrême droite, nous devons toujours montrer pour quelle alternative nous nous battons. Notre perspective n’est pas la démocratie libérale, notre perspective est la lutte unie pour les intérêts de notre classe, la construction d’un contre-pouvoir et la révolution sociale.
Pour construire cette alternative - dans les syndicats, les organisations de quartier, les groupes scolaires et universitaires, les collectifs féministes, antiracistes et écologistes - nous devons gagner nos collègues, nos voisin·nes, nos camarades de classe.
Arrêtons la montée de l’extrême droite ! Luttons pour la révolution sociale !
Union communiste libertaire (UCL) - France, Belgique, Suisse
Die Plattform - Allemagne
Embat, Organització Llibertària de Catalunya - Catalogne, Espagne
Organisation Socialiste Libertaire (OSL) - Suisse
Anarchist Communist Group (ACG) - Grande Bretagne
Alternativa Libertaria (AL) - Italie
⚠️ plus de tram à compter de 20h, vérifiez avant de partir s'il y a un arrêté (indre-et-loire.gouv.fr/Publica…), s'il n'est pas publié, ses dispositions sont inopposables aux tiers (les manifestant·es)
DM pour ne pas aller seul·e en manif !
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Constitutionnalisation de l’IVG : Qu’en est-il vraiment de nos droits ?
La constitutionnalisation de l’IVG en France a été saluée partout dans le monde comme un vote « pionnier ». Et pourtant, elle est fruit d’un compromis politique qui ne garantit en rien les conditions d’accès à l’avortement ou les conditions dans lesquelles se déroule celui-ci. Un pis-aller pour les femmes et un refus de protéger toutes les autres personnes concernées par ce droit.
Le 4 mars, le Parlement réuni en Congrès à Versailles a approuvé le projet de loi constitutionnelle relatif à la liberté de recourir à l’avortement. Cette loi vient insérer dans l’article 34 de la Constitution un alinéa rédigé ainsi :« La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse ». Le gouvernement a retenu la « liberté » du Sénat au « droit » de l’Assemblée, en lui ajoutant toutefois une « garantie » qui pourrait paraître plus sécurisante. Mais Éric Dupond-Moretti s’est empressé de préciser que le gouvernement n’entendait pas créer un droit absolu et sans limite. Que la réaction se rassure, ce terme ne remet pas du tout en cause le délai légal de l’avortement ou la clause de conscience des médecins et des sages-femmes ! La Commission nationale consultative des droits de l’Homme a d’ailleurs souligné que ce texte n’apportait rien par rapport à la situation actuelle.
Une avancée ? Mais laquelle ?
Sarah Durocher, présidente du Planning familial, considère que faire avancer le droit à l’avortement implique toujours des compromis en France, qu’il fallait que les anti-choix perdent et qu’il était important d’envoyer un signal aux féministes européennes dans un contexte où l’extrême droite et la droite conservatrice arrivent au pouvoir. Certes, mais il n’en demeure pas moins que la formulation retenue par le gouvernement exclut les hommes trans de l’accès à l’IVG, car il est bien évidemment possible d’être enceint sans être une femme, que l’on soit un homme intersexe, un homme trans ou une personne étrangère bénéficiant d’une mention de sexe « neutre » ou « autre » à l’état civil [1].
Cette « avancée » ne supprime en rien les obstacles rencontrés par bon nombre de femmes : fermeture de Centres de constraception et d’interruption volontaire de grossesse (CIVG), hostilité ou désintérêt de certains médecins, freins à la pratique des IVG par les sages-femmes, ... De plus, si l’extrême droite accède au pouvoir, cette constitutionnalisation ne l’empêchera pas de faire voter une loi rajoutant par exemple des entretiens préalables, coupant les remboursements ou empêchant les mineures d’avorter sans autorisation parentale.
Se réjouir d’un symbole ? Sûrement pas !
Nous ne pourrons jamais compter sur des politiques qui depuis des décennies pavent la voie aux réactionnaires et à l’extrême droite. Pendant que les macronistes jouent aux féministes, l’extrême droite continue sa propagande. La chaîne réactionnaire de Vincent Bolloré, CNews, a qualifié l’avortement de première cause de mortalité dans le monde, assimilant les avortées à des meurtrières. Ce gouvernement comme d’autres ne fait qu’utiliser les droits des femmes et des personnes LGBTI pour redorer son blason alors qu’il détruit les services publics, annonce le réarmement démographique et mène des politiques coloniales de contrôle démographique comme à Mayotte où il incite les femmes à se faire stériliser. Nous ne pouvons pas nous réjouir d’un symbole qui masque le manque abyssal de moyens alloués au respect du droit à l’avortement. Selon sa situation géographique, mais aussi sociale, une personne souhaitant avorter peut rencontrer de grandes difficultés pour faire ses démarches dans les délais légaux. Le démantèlement de l’hôpital public où se fait la majorité des IVG, la fermeture de 130 CIVG en 15 ans, ou encore la « clause de conscience » qui permet toujours aux médecins de refuser cet acte médical sont autant d’obstacles matériels à la possibilité d’avorter.
Pour un avortement libre et gratuit, partout, tout le temps
Dans les pays autorisant l’avortement, la bataille se situe inlassablement autour des moyens alloués (information, lieux pour avorter, médecins formés, prise en charge financière, etc.) afin que le droit à avorter devienne enfin effectif pour toutes et tous. En plus de cette effectivité, c’est aussi la gratuité que nous devons gagner. L’assurance maladie devrait couvrir les avortements chirurgicaux et médicaux comme la contraception. La santé sexuelle et reproductive a évidemment un coût que nous pouvons choisir d’assumer collectivement. De telles mesures permettraient aux femmes et aux personnes issues de minorités de genre d’avorter dans leur pays de résidence et gommeraient les inégalités d’accès entre les individu·es de différents milieux.
Nous voulons voir disparaître les situations de discrimination et les obstacles pour accéder à l’avortement pour toutes les femmes éloignées des systèmes d’information et de soin, les membres des groupes minoritaires et marginalisés, comme les personnes racisées, les membres des communautés LGBTI et les plus jeunes. Ainsi, se pose également la question de l’allongement des délais (24 semaines aux Pays-bas par exemple), ou de leur suppression comme au Canada où l’avortement est légal à tous les stades de la grossesse.
Les discours infantilisants doivent cesser. Les femmes comme les personnes en minorité de genre n’ont pas besoin de lois pour savoir à quel moment elles peuvent ou pas avorter. Nous savons ce qui est bon pour nous. Nous n’avons pas besoin de législateurs décidant à notre place (et sans qu’aucune raison médicale ne vienne appuyer tel ou tel délai) pour des questions morales, religieuses ou philosophiques. Le droit à choisir librement sa grossesse est une liberté fondamentale. Il en va de même pour tous les droits à disposer de son corps, de la transition médicamenteuse au refus des mutilations des personnes intersexes. Pour toutes les femmes, et personnes en minorité de genre du monde entier, la lutte continue.
Commission antipatriarcat de l’UCL
[1] Le Planning Familial avait subi de nombreuses attaques en 2022 à la suite de la publication d’une affiche montrant un homme trans enceint. Voir le communiqué de soutien que nous avions produit à l’époque : unioncommunistelibertaire.org/…
Planning familial : Faire front face aux attaques transphobes – UCL - Union communiste libertaire
Une nouvelle polémique transphobe frappe le planning familial et menace nos droits reproductifs et sexuels à toutes et tous.UCL - Union communiste libertaire
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Islamophobie et sexisme d’État : Une loi discriminante qui continue de provoquer des débats
En 2004 était voté une loi anti-voile, dite sur le port des signes religieux à l’école. Vingt ans plus tard devons-nous fêter cette loi dont beaucoup se réclament à des fins racistes ?
Cela fait cette année 20 ans que la loi de 2004 sur le port des signes religieux à l’école a été promulguée, non pas pour des raisons de laïcité (la loi de 1905 est suffisamment claire sur la liberté de culte), mais pour stigmatiser la population musulmane. Ceci deux ans après la présence de l’extrême droite au second tour de l’élection présidentielle pour la première fois.
Depuis, l’extrême droite continue de monter et la situation s’aggrave. La dernière circulaire de rentrée, l’une des premières mesures de Gabriel Attal à sa prise de fonction, interdit les abayas dans les établissements. Chaque décision stigmatise davantage les musulman·es de France.
L’émancipation des élèves passe sans doute par une prise de recul par rapport à leurs traditions familiales et religieuses, mais cette loi n’accomplit pas cet objectif. Une interdiction brutale ne permet pas de prendre du recul ou d’émanciper, elle ajoute juste une oppression à des personnes qui en vivent déjà chaque jour, et est une atteinte au droit à l’éducation. L’inégalité de traitement entre les différentes religions est criante au sein du milieu scolaire : de nombreux établissements confessionnels privés existent pour les autres religions.
En plus d’être islamophobe, cette loi est sexiste et fait partie des nombreuses injonctions que reçoivent les adolescentes sur leur manière de s’habiller. Aucune tenue ne semble véritablement leur permettre de ne pas subir de contrôle sur leurs corps : lorsqu’il ne s’agit pas de leur reprocher des vêtements trop courts, ce sont ceux qui sont trop longs qui deviennent problématiques. Alors que l’émancipation consisterait à les laisser choisir de manière éclairée, il n’en est pas question avec cette loi.
Dans les salles des professeur·es, il est très difficile d’aborder le sujet. Les enseignant·es sont en effet très majoritairement en faveur de cette loi (à plus de 90% selon certains sondages [1]).
Une position « contre » nécessaire mais difficile à obtenir
Même chez les syndiqué·es, on se trouve rapidement face à des arguments du type « si on laisse le voile, alors... », avec plusieurs variations possibles sur la catastrophe qui se produira alors. La propagande perpétuelle de l’extrême droite dans les médias et les réseaux sociaux a malheureusement une efficacité certaine quand elle ravive des conflits ou qu’elle crée des polémiques.
Les syndicats d’enseignants sont majoritairement silencieux sur ce sujet, mais des avancées tardives et timides apparaissent : la fédération de SUD éducation s’est démarquée dernièrement en demandant son abrogation. Cette décision a fait l’objet de débats internes difficiles et de quelques départs ; elle apparaît pour autant salutaire au regard des conséquences dramatiques de la loi sur la vie quotidienne des élèves concerné·es. Les avis exprimés par les plus jeunes sur cette loi donnent davantage d’espoir : un sondage [2] donne 52% des lycéen·es contre cette loi, ce qui laisse penser qu’une évolution est possible à terme.
Un travail syndical et politique de profondeur reste à mener : il apparaît nécessaire de se mobiliser massivement contre cette loi qui laisse libre court aux discriminations quotidiennes, et contre toutes celles dans la même lignée déjà promulguées ou qui le seront bientôt.
Des enseignant·es militant·es de l’UCL
[1] « Les enseignants, la laïcité et la place des religions à l’école », Ifop.com
[2] « « Droit au blasphème », laïcité, liberté d’enseignement… Les lycéens d’aujourd’hui sont-ils « Paty » ? », Ifop.com
- #3juillet 19h
- #7juillet 20h
Sois prudent·e et remonte en DM toute problématique, si tu es isolé·e pour venir en manif, DM itou
Contre l'#ExtremeDroite, coordonner, rassembler, construire une #RiposteAntifasciste !
Une pensée pour #JulienTerzics
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Face à la vague réactionnaire
L’heure est grave. Cette campagne législative impromptue a confirmé le RN fascisant comme nouveau centre de gravité de la droite française. S’il arrive au pouvoir, il faudra lui opposer un front social, antiraciste et de classe. Mais pour l’heure, le Nouveau Front populaire nous apparaît comme la seule force capable de résister dans les urnes au RN. C’est pourquoi, « sans illusion ni scrupules », on votera NFP pour bloquer l’accès du RN à Matignon.
La dissolution de l’Assemblée nationale, coup de poker désespéré d’un président au bout du rouleau, a provoqué une accélération de la recomposition de la droite française. Les masques tombent, et ce n’est pas beau à voir.
La Macronie lepénisée
La Macronie paniquée, sentant le sol se dérober sous ses pieds, n’a cessé de renvoyer dos à dos « les extrêmes ». Son président ne se contente plus de calquer les thématiques du RN. Il en a repris même le langage, en qualifiant par exemple d’« immigrationniste » le Nouveau Front populaire (NFP), dont le programme économique serait par ailleurs « quatre fois pire » que celui du RN, et en jouant sur les paniques morales réactionnaires sur l’immigration et les personnes trans. La Macronie aura attendu le lendemain du 1er tour pour concéder du bout des lèvres que le RN était plus dangereux que le NFP.
Cogner sur des boucs émissaires
Quant aux gaullistes (LR), ils semblent voués à devenir un simple parti d’appoint. L’appoint du RN, après avoir été l’appoint de la Macronie. Parions qu’Éric Ciotti, par sa brusque allégeance à Marine Le Pen, n’aura fait que devancer les autres dirigeant·es d’un parti depuis longtemps engagé sur la pente de la droite extrême.
La recomposition politique entre les partis de droite (Renaissance et LR) et l’extrême droite (RN et Reconquête) va se poursuivre à marche forcée, autour d’un dénominateur commun : pour masquer la parenté de leurs politiques économiques et sociales désastreuses, ces partis vont cogner sur des boucs émissaires (personnes LGBTI, musulmanes, noires, arabes, militant·es écolo, « ultra-gauche », etc.) accusées de tous les maux.
Face à cette convergence réactionnaire, nous réaffirmons que l’alternative de fond et de long terme, c’est le mouvement social, les luttes collectives pour défendre nos intérêts de classe. Combattre ensemble les politiques antisociales du futur gouvernement ainsi que contre son maintien et promulgation de projets racistes et colonialistes, quel qu’il soit, sera le meilleur levier pour détacher des pans entiers de la population de l’influence du RN.
Le NFP, d’« extrême gauche » ?
Mais dans l’immédiat, le rempart de circonstance, c’est le Nouveau Front populaire.
Pour le discréditer, la Macronie et le RN se sont acharnés à le taxer d’antisémitisme et à le classer « extrême gauche ».
Dans le premier cas, c’est d’une hypocrisie écœurante. Oui, on trouve parfois au NFP des discours minimisant l’antisémitisme ambiant, et il ne faut rien céder sur ce point. Mais en l’occurrence, il s’agit surtout, pour le camp Renaissance/LR/RN, de criminaliser le soutien d’une partie du NFP à la Palestine.
Dans le second cas, qualifier le NFP d’« extrême gauche » relève de la crétinerie ou de la blague, tant son programme est d’un réformisme timide : essentiellement la protection des libertés publiques, des réglages fiscalistes, des promesses de stopper la casse sociale (retraites, assurance chômage)… mais pas de réformes structurelles, aucune nationalisation stratégique par exemple (ni dans les transports, ni dans l’énergie, ni dans la chimie-pharmacie…). Les capitalistes peuvent dormir tranquilles, ils n’ont rien à craindre de la « règle verte » promise par le NFP.
Il s’agit d’un programme d’« union antifasciste » comme l’était celui de son prédécesseur de 1936. On n’en n’attend pas davantage à vrai dire. Comme en 1936 (avec la grève générale et les occupations d’usines), les vraies conquêtes sociales se feront sans lui, voire malgré lui. Mais pour l’heure, nous appelons tout notre camp social voter pour le NFP là où il est présent au 2e tour, pour empêcher le RN d’accéder à Matignon.
Union communiste libertaire, 1er juillet 2024
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Le RN, ennemi mortel des personnes LGBTI
L’accession du RN au pouvoir serait catastrophique pour les droits des femmes et des personnes LGBTI. Bien que l’extrême-droite, avec le RN en tête, prétend avoir renoncé à certaines de ses positions traditionalistes au point de s’accaparer les suffrages des femmes et de compter dans ses rangs le plus gros contingent d’élus gays suite aux élections législatives de 2022, la réalité est tout autre. Transphobie, conception traditionnelle de la famille, opposition à la PMA : le RN est et reste l’ennemi mortel des personnes LGBTI.
En Europe et au parlement européen
Partout où elle se trouve au pouvoir, l’extrême droite met en place des politiques discriminatoires, met en danger les libertés fondamentales, laissant s’installer un climat de violences sociales envers les personnes LGBTI. Certaines des réalisations de l’extrême droite européenne comprennent par exemple :
- Zones « sans idéologie LGBTI » en Pologne ;
- Démantèlement des droits parentaux en Italie ;
- Loi interdisant « la promotion de l’homosexualité » en Hongrie.
Concernant les droits des personnes LGBTI, les eurodéputés RN :
- Ont voté contre ou se sont abstenus sur huit textes visant à punir les crimes homophobes au Parlement européen ;
- Ont voté contre un texte appelant les Etats membres à interdire les thérapies de conversion en mars 2018. Parmi les 34 députés français s’y étant opposés figuraient 16 députés RN ;
- Ont unanimement voté contre un texte alertant sur les discours de haine à l’encontre les personnes LGBTI dans l’Union européenne en 2019 ;
- Ont voté à l’unanimité contre une résolution dénonçant les violations des droits des citoyen·es LGBTI en Hongrie en juillet 2021 ;
- Ont voté contre une déclaration proclamant l’Union européenne comme une zone de liberté LGBTI en mars 2021 ;
- Ont refusé de voter pour une résolution alertant sur la multiplication des crimes homophobes dans l’UE après le meurtre de deux hommes devant un bar gay à Bratislava, en Slovaquie, en octobre 2022.
A l’échelle nationale
À l’Assemblée nationale, les 89 députés RN élus en 2022 n’ont pas brillé pour leur soutien aux femmes et aux minorités de genre.
En juillet 2023, le groupe Rassemblement national est le seul à voter contre une proposition de loi visant à renforcer l’accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique. Sur les 36 députés présents, 35 votent contre et un élu s’abstient ;
En juillet 2023 toujours, le député RN Julien Odoul dépose une proposition de loi visant à interdire aux personnes transgenres le droit de concourir dans des compétitions sportives dans la catégorie de leur genre ;
Lors du vote au Congrès sur le projet de loi constitutionnelle inscrivant l’IVG dans la Constitution, le RN est le groupe qui vote le moins pour le texte : 12 députés votent contre, 20 s’abstiennent, et 11 sont absents ;
En avril 2024, la députée RN Joëlle Mélin a déposé une proposition de loi visant à interdire aux mineur·es trans le droit de transitionner, et ses homologues au Sénat ont voté pour une proposition similaire portée par LR.
Nos fiertés sont nos luttes
Toutes ces réalisations ne sont qu’un avant-goût de la politique que le RN pourrait mener à l’encontre des LGBTI. En s’inspirant de ses modèles européens que sont Orban, ou Meloni, le RN détruira un à un nos droits arrachés par la lutte : abrogation du mariage et de l’accès à la PMA pour tous·te·s, rétablissement des thérapies de conversion, négation des droits des personnes trans, etc. Face à la menace existentielle que représente l’extrême droite pour tous·te·s les minorisé·es, il est plus que jamais temps de faire front.
Organisons-nous, mobilisons-nous : aujourd’hui comme demain, que vivent l’antifascisme et la lutte contre l’extrême-droite !
Union communiste libertaire, le 28 juin 2024.
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L'#UnionCommunisteLibertaire 37 appelle à rejoindre le rassemblement #antifa à 20h : c'est dans la rue qu'ça s'passe !
⚠️ sois prudent·e : n'y va pas seul·e (DM), vide tes poches et habille toi de façon neutre et confortable, avec le COVID, FFP2 possible...
youtube.com/watch?v=nRhLCT5nV1…
RIPOSTE POPULAIRE - Porcherie 2024
Ce collectif éphémère d'artistes, de citoyens, de citoyennes s'est formé pour ré-enregistrer l'emblématique titre de Bérurier noir « Porcherie » et porter à...YouTube
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1924 : L’antifascisme bolchevisé au Ve congrès de l’Internationale communiste
De juin à juillet 1924 se tient à Moscou le Ve congrès de l’Internationale communiste. Celui-ci constitue un tournant radical dans la politique des partis communistes d’Europe occidentale désormais bolchevisés sous le contrôle du Komintern. La stratégie antifasciste, celle du Front unique contre le fascisme, proscrit toute alliance stratégique avec les démocrates libéraux ou les sociaux-démocrates, ces derniers étant même qualifiés d’« aile gauche du fascisme ». Cette non prise en compte des spécificités du phénomène et du danger fasciste, considérant que les seul·es antifascistes sont les communistes, sera désormais, avant un revirement tardif en 1935, la politique officielle des partis communistes d’Europe.
La question de la définition du fascisme et des moyens de le combattre se pose dans les organisations révolutionnaires dès l’apparition du phénomène en Italie en 1919. Les questions qui se (re-)posent à l’heure actuelle ne peuvent faire l’économie de la connaissance de l’histoire de l’antifascisme [1].
Parmi les moments marquants de cette histoire, le Ve congrès de l’Internationale Communiste (IC), le Komintern, est de ceux qui sont aujourd’hui les plus méconnus : il est pourtant à l’origine des choix politiques aveugles des partis communistes à l’égard du fascisme jusqu’en 1935… soit deux ans après l’accession de Hitler au pouvoir. Si le succès du national-socialisme n’est pas à mettre au compte de la seule stratégie des communistes – les sociaux-démocrates (et les libéraux) n’ont pas été moins inconséquents face aux réactionnaires et fascistes durant cette période –, celle-ci tient une lourde responsabilité dans le fait de ne pas avoir pris suffisamment au sérieux le danger fasciste.
D’une part, en en faisant un simple bras armé du capitalisme, d’autre part, en ne considérant comme antifascistes sincères que les seuls militants communistes.
Dès les prémices du développement à grande échelle du phénomène fasciste en Italie au début des années 1920, des militant·es communistes en Italie – Antonio Gramsci notamment –, puis en Allemagne – tout particulièrement Clara Zetkin et Karl Radek –, en proposent une analyse assez fine.
Ils et elles en montrent les particularités et la nouveauté au regard des mouvements réactionnaires passés, notamment le fait que le « fascisme constituait un mouvement de masse, s’appuyant en premier lieu sur une petite bourgeoisie rurale et urbaine » [2] plutôt que sur l’armée, alliée traditionnelle des mouvements réactionnaires. Face aux échecs répétés des mouvements révolutionnaires ou insurrectionnels qui se multiplient en Europe depuis 1917 3, la question de la nécessaire défense de la classe ouvrière [3] face au danger réactionnaire ou fasciste est très tôt discutée au sein du Komintern.
La naissance de l’antifascisme
La prise en compte par les instances communistes internationales du fascisme comme une « catégorie politique à part entière », un objet de mobilisation et de lutte du mouvement ouvrier est une réalité dès l’année 1922. Mais celle-ci se double aussitôt d’une renégociation de la définition du fascisme. Comme le note l’historien Gilles Vergnon, « de façon générale, les analyses de l’IC se livrent, dès cette époque, à la fois à une extension et à une réduction du phénomène fasciste » [4].
L’extension consiste à englober sous le terme de fasciste tout élément de la réaction. La réduction, pour sa part, consiste en une minimisation du caractère politique et socialement ancré du fascisme : « réduction utilitariste à des “bandes blanches”, à la “jeunesse dorée de la bourgeoisie” » [5]. Le matérialisme dont se réclame les dirigeants communistes est subordonné aux intérêts des partis communistes dans leurs luttes pour l’hégémonie politique au sein du mouvement ouvrier.
La naissance du front commun
Le IVe congrès de l’IC s’ouvre le 5 novembre 1922 à Moscou, soit quelques jours seulement après la marche sur Rome de Mussolini.
C’est dans la Résolution sur la tactique qu’est consacré un point sur le « fascisme international ». Celui-ci y est définit comme une expression de « l’offensive politique de la bourgeoisie », les fascistes étant « des gardes-blanches spécialement destinées à combattre tous les efforts révolutionnaires du prolétariat » [6].
Le fascisme y est despécifié, n’étant plus entendu que comme un instrument aux mains de la bourgeoisie pour abattre le prolétariat organisé, sans en voir ses caractéristiques spécifiques. De même que pour la mobilisation de tous les partis communistes, « les résolutions de l’IC, qui se veut une organisation transnationale centralisée telle une armée en campagne » [7], ayant en effet « force de loi pour les partis communistes du monde entier », il importe de montrer que le fascisme est partout.
Ainsi, il y est affirmé : « Le danger du fascisme existe maintenant dans beaucoup de pays en Tchécoslovaquie, en Hongrie, dans presque tous les pays balkaniques, en Pologne, en Allemagne (Bavière), en Autriche, en Amérique et même dans des pays comme la Norvège. Sous une forme ou sous une autre, le fascisme n’est pas impossible non plus dans des pays comme la France et l’Angleterre. » [8].
Peu importe le grossissement de traits, l’important est de sonner la mobilisation générale. C’est ainsi qu’y est définit « qu’une des tâches “les plus importantes” des partis communistes est “d’organiser la résistance au fascisme international, de se mettre à la tête de tout le prolétariat dans la lutte contre les bandes fascistes” » [9].
Si le terme de « fascisme » est rapidement repris et utilisé dans la presse de différents courants idéologiques pour qualifier divers phénomènes réactionnaires, ce qui est propre aux communistes, « c’est l’invention, contre ce “fascisme” redoutable et polymorphe, d’un “antifascisme” qui est à la fois un cadre de mobilisation qu’ils contrôlent et un signe de ralliement contre des adversaires réunis et stigmatisés à l’aune de leur dangerosité commune » [10].
Le Komintern aux commandes
L’antifascisme est né, mais il doit essentiellement servir la cause de l’Internationale communiste. Il se mue rapidement en trait spécifique, et principal, dans l’affrontement politique et idéologique des partis communistes contre la sociale-démocratie.
Ainsi, durant la période 1923-1924, les partis communistes reprennent les orientations tracées par l’IC et pratiquent « un “antifascisme fermé” qui conjugue une extension maximale de l’adversaire (tout le monde, ou presque, est “fasciste” sauf les communistes) et une restriction minimale du champ des alliances (personne n’est “antifasciste”, sauf les communistes) » [11].
Le durcissement de la ligne politique des partis communistes, dicté par le Komintern, n’est pas étranger aux luttes internes au sein du Parti communiste russe dans le cadre de la succession de Lénine, qui décède en janvier 1924, mais est écarté du pouvoir depuis les premiers mois de 1923.
Un autre événement majeur explique ce virage radical : l’échec de la tentative de Révolution allemande à la suite de l’écrasement du Soulèvement de Hambourg mené par le KPD (Parti communiste d’Allemagne) en octobre 1923 qui sonne le glas des espoirs de révolutionnaires en Europe occidentale.
Une nouvelle feuille de route
C’est à Grigori Zinoviev, alors président de l’IC, que l’on doit l’expression de « social fascisme », prononcé à la XIIIe conférence du Parti communiste russe en janvier 1924. Selon Gilles Vergnon, cette expression « sert d’instrument dans la lutte interne menée par la “troïka” Staline-Zinoviev-Kamenev contre l’opposition “trotskiste”, après le fiasco d’une révolution allemande (l’Octobre allemand) attendue à l’automne 1923 ».
Trotsky s’étant appuyé sur la politique allemande du Komintern pour en critiquer les positons et la stratégie. L’expression de « social fascisme » a, selon l’historien Leonid Luks, une double fonction : disqualifier les positions de Trotsky et de ses allié·es au sein du Parti communiste russe et, en même temps, « masquer par une rhétorique radicale, la renonciation de fait à la lutte pour le pouvoir » en Allemagne.
Ainsi, « amalgamer la social-démocratie au fascisme permet aussi d’associer dans un même groupe Heinrich Brandler, dirigeant malheureux du KPD en 1923, accusé de l’échec de “l’Octobre allemand”, Léon Trotsky et Karl Radek, rivaux dans le PC russe, au nom d’un passé “menchevik” et social-démocrate avec lequel ils n’auraient rompu qu’en apparence. Dénoncer indifféremment comme fascistes le socialiste Friedrich Ebert, le général von Seeckt, patron de la Reichswehr et… Adolf Hitler, masque et justifie tout à la fois l’échec et l’isolement du KPD » [12]. Il était dans ces conditions impossible au KPD de s’allier avec « l’aile gauche du fascisme ».
C’est à l’occasion du Ve congrès de l’IC, en juin-juillet 1924, congrès de la « bolchevisation » des partis communistes, qu’est fixée la nouvelle feuille de route antifasciste des partis communistes. La social-démocratie est définie comme étant « l’aile gauche du fascisme », interdisant de fait toute alliance stratégique, voire tactique, avec elle pour combattre le fascisme.
Il est désormais impossible pour les partis communistes, de s’allier, même tactiquement, avec les sociaux-démocrates pour combattre le fascisme. Le « front commun contre le fascisme » devient un front uniquement communiste, c’est à dire celles et ceux qui suivent la ligne dictée par le Komintern.
Du Front unique au Front populaire
Il faudra attendre plus de dix ans, l’arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne en 1933, mais aussi en février 1934 le sursaut antifasciste unitaire en France et l’insurrection en Autriche (Februarkämpfe), menée par les socialistes contre le Front patriotique (qui prônait un nationalisme autrichien appelé l’« austrofascisme »), pour que les dirigeants de l’IC commencent à infléchir leur position.
C’est Georgi Dimitrov, dont l’arrestation par les nazis, puis son acquittement, pour complicité dans l’incendie du Reichtag en fait un héros antifasciste, qui annoncera la nouvelle politique du Komintern en matière d’antifasciste dans un discours fortement critique de la ligne précédente.
Désormais, face au fascisme, l’Internationale communiste défend le « Front unique prolétarien, Front populaire antifasciste ».
C’est à un virage à 180° qui est effectué, Dimitrov allant jusqu’à prôner la juste défense de la démocratie bourgeoise face au danger fasciste. Hélas le Front unique prolétarien vole en éclat dès mai 1937 en Catalogne, lorsque les staliniens attaquent puis traquent les militants du POUM (Partido Obrero de Unificación Marxista, marxiste anti-stalinien) et de la CNT.
Une fois encore, devant le fascisme et la réaction, les staliniens préfèrent traquer les militant·es du mouvement ouvrier, le bolchevisme ne pouvant admettre les voix dissonantes au sein du camp socialiste.
En août 1939, avec la signature du Pacte germano-soviétique, dit Ribbentrop-Molotov, le stalinisme raye d’un trait de plume près de vingt ans de combats antifascistes de militants communistes sincères, malheureusement dirigés par des apparatchiks cyniques.
David (UCL Savoies)
[1] Dans le prolongement de l’ouvrage du collectif La Horde, Dix questions sur l’antifascisme (Libertalia, 2023), nous pensons que « l’antifascisme est une lutte à défendre » non seulement face à la montée des extrêmes droites mais également face aux amalgames auxquels elle est associée, y compris dans notre camp social. Transmettre l’histoire des luttes d’autodéfense prolétaires, avec ses réussites et ses échecs, participe de cette démarche.
[2] Ugo Palheta, « Antifascisme et mouvement ouvrier dans l’entre-deux-guerres : débats stratégiques autour d’une défaite historique », Mouvements, 104, 2020, p. 16
[3] La Guerre civile finlandaise (1918), la Révolution allemande (1918-1919), la République des conseils de Bavière (1919), la République des conseils de Hongrie (1919), le Biennio Rosso en Italie (1919-1920).
[4] Gilles Vergnon, L’antifascisme en France, Presses universitaires de Rennes, 2009,p. 22.
[5] Idem.
[6] IVe Congrès de l’Internationale Communiste, « Résolution sur la tactique de l’Internationale Communiste », consultable sur Marxists.org.
[7] Gilles Vergnon, op. cit., p. 22.
[8] IVe Congrès de l’Internationale Communiste, « Résolution sur la tactique de l’Internationale Communiste », op. cit
[9] Gilles Vergnon, op. cit., p. 22.
[10] Idem, p. 23.
[11] Idem, p. 24.
[12] Gilles Vergnon, op. cit., p. 24.
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Antifascisme : Autodéfense prolétarienne dans les années 1920-1930
Dès l’apparition du fascisme, des groupes de défense se sont constitués. Organisés au sein des partis politiques ouvriers, des syndicats ou en marge de ces organisations, ils sont animés par la même conviction : la nécessité de « tenir la rue ». De même que le fascisme ne saurait se confondre avec les autres mouvements réactionnaires, les armes pour le combattre sont elles aussi particulières. L’affrontement physique est de celles-ci. Petit tour d’horizon de ces différents groupes.
Le plus connu des groupes antifascistes de la première moitié du XXe siècle est l’Antifaschistische Aktion, organisation émanant du KPD (Parti communiste d’Allemagne) créée en juillet 1932, « point de départ d’une initiative par laquelle les communistes souhaitaient battre tout autant les nationaux-socialistes que les sociaux-démocrates » [1]. Il reste dans les mémoires davantage par son logo aux deux drapeaux (rouges à l’origine, aujourd’hui rouge et noir) que par ses actions d’éclat : en tant que composante du KPD, il préférait alors s’en prendre au SPD (Parti social démocrate) considéré comme un plus grand danger que les nazis !
C’est en Italie qu’apparaissent les premiers groupes antifascistes, dès 1920, dans le contexte de la contre-offensive réactionnaire qui fait suite aux deux années pré-révolutionnaires, le Biennio Rosso (1919-1921). Ce sont d’abord les formazioni di difesa proletaria, formations antifascistes qui participent aux occupations d’usine à Turin et combattent les squadristi et les groupes d’arditi (anciens combattants souvent proches du fascisme naissant) qui attaquent les grévistes et maisons des syndicats. Proches du Parti communiste italien (PCI), ces formazioni se révèlent peu efficaces face aux groupes fascistes.
En 1921, les arditi del popolo, naissent d’une scission de la section romaine des arditi provoquée par l’anarchiste Gino Lucetti. Plusieurs de ses leaders sont anarchistes mais on y trouve aussi des communistes et des syndicalistes. Seule une minorité des dirigeants du PCI leur sont favorables, à l’image d’Antonio Gramsci. Si les ardditi del popolo ne parviennent pas à s’opposer à la prise de pouvoir des fascistes, ils opposent néanmoins une forte résistance, comme à Parme en août 1922 où ils empêchent les fascistes de s’emparer de la ville durant la Fati di Parma [2]. Durant cette période , de nombreux groupes s’organisent localement pour résister physiquement aux agissement des squadristi, tels les Legione Proletaria Filippo Corridoni à Parme.
En France, dès le milieu des années 1920, l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC, proche du Parti communiste) crée les Groupes de défense antifascistes, puis les Jeunes gardes antifascistes (JGA) qui regroupent plusieurs milliers de militants à la fin de la décennie. Au sein de la SFIO (socialiste), dès la fin des années 1920, des groupes d’autodéfense socialistes (GD) se constituent, avec essentiellement une fonction de « service d’ordre ». C’est sous l’impulsion de Marceau Pivert, un des animateurs du courant marxiste de la SFIO, que se créent en 1935 les Toujours prêts pour servir (TPPS), « l’organe officiel de l’autodéfense active du parti dans la région parisienne » [3]. Mieux organisés et armés que les GD, ils constituent un vrai groupe d’action antifasciste offensif. Ils adoptent le symbole des trois flèches, utilisé par le Eiserne Front (Front de fer) du SPD, que l’on retrouve comme symbole de la SFIO durant la seconde moitié des années 1930 (et qui est repris aujourd’hui par la Jeune garde).
David (UCL Savoies)
1] Bernd Langer, Antifa, histoire du mouvement antifasciste allemand (trad. Sarah Berg), Libertalia/La Horde, 2018, p. 11.
[2] Voir « 1922 : Parme face au fascisme ; pavés, barricades et luttes sociales », Alternative libertaire, novembre 2022.
[3] Matthias Bouchenot, Tenir la rue. L’autodéfense socialiste. 1929-1938, Libertalia, 2014, p. 66-67.
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Médias : CNews, fin de concession ?
Tête de pont de la présence de l’extrême droite à la télévision, CNews a fait ces derniers mois l’objet d’une décision du Conseil d’État et de commissions d’enquête parlementaires alors que la question du renouvellement de sa fréquence TNT va se poser en 2025. Mais au-delà de son cas particulier, c’est aussi la question de la concentration des médias qui se pose.
Fin 2016, une grève historique touche la chaîne qui s’appelle encore I-Télé. En cause, la direction de l’antenne, la réduction des moyens, et la programmation de Jean-Marc Morandini, alors visé par des enquêtes pour harcèlement sexuel et corruption de mineur·e. La grève dure 31 jours, mais se casse les dents face à l’actionnaire majoritaire du groupe Canal+, Vincent Bolloré. Plus des trois quarts des équipes démissionnent. Le 27 février 2017, c’est sur ce tas de cendres que l’antenne change de nom et devient CNews.
Un « Fox News » à la française
Cela fait près de 20 ans que Bolloré a commencé à construire son influence médiatique, en créant le quotidien gratuit Direct matin et en achetant l’institut de sondage CSA en 2006 notamment, avant de s’attaquer peu à peu au groupe Canal+. Mais la création de CNews marque un tournant plus direct et assumé dans l’usage qu’il fait de ses médias : repartant d’une page blanche, CNews devient peu à peu une chaîne entièrement dédiée à colporter la pensée d’extrême droite, un Fox News à la française.
Une politique qui se confirmera par la suite avec l’achat du JDD, qui subira un traitement similaire avec la nomination comme directeur de rédaction du zemmouriste Geoffroy Lejeune, fraîchement débarqué de Valeurs Actuelles. L’annonce déclenche là encore une grève, qui dure 40 jours avant que 90% de la rédaction ne démissionne après avoir négocié des indemnités de départ doublées. Le message est clair : Bolloré est seul maître dans les médias qu’il acquiert et dépense sans compter pour cela.
Particularité de CNews et de sa voisine C8 (qui héberge entre autre Cyril Hanouna), elles disposent d’une large diffusion grâce à leurs canaux TNT, leur assurant d’être potentiellement présentes sur toutes les télés de France. Une concession attribuée par l’Arcom [1] dont le renouvellement va être examiné en 2025. C’est dans ce contexte que plusieurs pressions se font sentir ces derniers mois.
Phillipe de Villiers chroniqueur hebdomadaire
En février une décision du Conseil d’État, saisi par Reporters sans frontières, vise nommément CNews et pointe ses manquements notamment en terme de pluralisme politique. La décision acte une nouveauté en considérant que le pluralisme ne doit pas être mesuré en ne tenant compte que des positions des invité·es politiques, mais également de celles des chroniqueur·euses et journalistes. Cette précision prend tout son sens quand on sait que CNews recevait anciennement une quotidienne animée par Eric Zemmour en pleine préparation de sa campagne présidentielle 2022, mais considéré comme chroniqueur tant qu’il n’avait pas annoncé officiellement sa candidature. La chaîne n’a pas changé de ligne, offrant aujourd’hui une émission hebdomadaire à… Philippe de Villiers, lui aussi considéré comme simple chroniqueur.
Cette décision du Conseil d’État est surtout une alarme de rappel visant l’Arcom, qui multiplie mollement les amendes concernant les chaînes du groupe Canal+. Ces trois dernières années seulement, C8 et CNews ont cumulées plus de 20 mises en gardes et condamnations, pour un total de plus de 5 millions d’euros d’amendes. Un record, mais une poussière face aux 6 milliards d’euros de chiffre d’affaire du groupe Canal+ en 2023, ou aux plus de 13 milliards de chiffre d’affaire du groupe Bolloré. Paralysée par la crainte d’accusations de censure, l’Autorité de régulation bégaye, elle dont le président est directement nommé par Emmanuel Macron. Les règles de la convention d’attribution de la fréquence TNT de CNews sont pourtant claires, et mentionnent une obligation de pluralisme des courants de pensée et d’opinions qui s’y expriment, difficilement remplie par la chaîne dont plus de 80% des invité·es sont de droite ou d’extrême droite [2].
Avec l’approche des renouvellements de concessions par l’Arcom, les groupes de gauche du Sénat et de l’Assemblée nationale ont demandé des commissions d’enquête sur CNews et C8. Elles ont notamment permis de réaliser à quel point le facteur financier est insignifiant dans l’entreprise d’influence de Bolloré. En trois ans, les deux chaînes représentent un résultat de plus de 150 millions d’euros de pertes, liées à leurs modèles économiques, mais aussi à la fuite des annonceurs qui ont été nombreux à retirer leurs publicités lors de la campagne d’Eric Zemmour. Un investissement qui n’inquiète pas le multi-milliardaire, n’ayant aucun problème à faire absorber ces pertes au sein des bénéfices du groupe Canal+.
150 millions d’euros de pertes, absorbées par Canal+
Ces commissions auront aussi permis d’assister à une audition de Vincent Bolloré, convoqué par l’Assemblée nationale. On aura pu l’y entendre déclarer « Je ne vais pas mettre à l’antenne quelque chose auquel je ne crois pas », mais aussi exposer ses opinions anti-IVG et sa ferveur catholique. Mais pour l’essentiel l’exercice sera essentiellement resté dans le registre de la langue de bois.
Si l’on peut espérer une fin de concession pour les chaînes du groupe Canal, qui aurait au moins pour effet de réduire leurs audiences voir de faire fermer deux porte-voix de l’extrême droite, c’est plus largement la question de la concentration des médias entre les mains de quelques milliardaires qui est posée. Car Bolloré ne se limite pas à la télévision, il contrôle également Europe 1, le JDD, Paris Match et toute une flopée de magazines. Des ressources d’ailleurs mise à profit quand il faut défendre CNews face à l’Arcom [3].
Bolloré, l’arbre qui cache la forêt
Et pendant que tous les regards sont tournés vers le milliardaire breton, d’autres se constituent également leur petit empire médiatique. C’est récemment le cas de Rodolphe Saadé, proche de Macron et cinquième fortune de France. L’héritier du groupe maritime CMA CGM s’est acheté ces dernières années les journaux La Tribune, La Provence et Corse Matin, ainsi que 10% du groupe M6 et une participation au sein du média Brut. Le 15 mars, il a fait l’acquisition du groupe Altice, incluant BFM TV et RMC. Si il est parfois présenté comme un opposant plus centriste au fasciste Bolloré, c’est en oubliant qu’entre capitalistes, il y a avant tout une communauté d’intérêt qui dépasse largement les débats d’idées. Le 29 février 2024, c’est à CMA CGM que le groupe Bolloré vend sa filiale Transport & Logistics, pour la coquette somme de 4,85 milliards d’euros.
Bien au-delà des chaînes et des personnalités, ces mécaniques de concentration des médias pointent l’incompatibilité fondamentale entre le capitalisme et la possibilité d’une presse libre, et à travers elle avec la démocratie. Face aux accumulations des capitalistes, continuons de soutenir à nos échelles les médias indépendants, libres, alternatifs et militants.
N. Bartosek (UCL Alsace)
[1] L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) est le fruit de la fusion du CSA et de l’Hadopi en 2022.
[2] « 36% des invités politiques de CNews sont d’extrême droite », Libération, 14 juin 2021.
[3] « CNews et l’Arcom : vous avez dit censure ? », Sébastien Fontenelle dans Blast, 20 février 2024.
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