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Pic Allegedly Showing '5 Dancing Israelis' on 9/11 Is AI-Generated Fake
An X user suggested the fake image was created using xAI's Grok platform.
Jennifer Lopez a Backup Dancer for Janet Jackson in Early '90s?
In a 2001 interview, Jackson revealed that her working relationship with Lopez was meant to extend beyond the latter's appearance in a video clip.
TROM II: You can trade without currencies, of course - videos.trom.tf/w/vZiCg1pL4j8uZâŠ
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TROM II: You can trade without currencies, of course
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unioncommunistelibertaire.org/âŠ
Communiqué Alternativa Libertaria : Pour la Libération du fascisme et du capitalisme
Pour la deuxiĂšme annĂ©e en Italie, nous avons cĂ©lĂ©brĂ© la FĂȘte de la LibĂ©ration sous un gouvernement dâextrĂȘme droite.
Dans toutes les villes se sont dĂ©roulĂ©es des manifestations de masse convoquĂ©es par lâAssociazione Nazionale Partigiani dâItalia avec la participation de syndicats, associations et organisations politiques de la gauche. Cette annĂ©e, le fait dâĂȘtre nombreuses et nombreux Ă remplir les places a eu encore plus de signification car la cheffe du gouvernement Meloni continue Ă refuser de reconnaĂźtre la valeur de lâantifascisme dans lâhistoire de lâItalie et se rĂ©vĂšle chaque jour plus populiste, en invitant les Ă©lecteurs et Ă©lectrices Ă Ă©crire sur le bulletin des Ă©lections europĂ©ennes simplement son prĂ©nom, « Giorgia », en se dĂ©clarant une femme et une amie du peuple.
Cent mille antifascistes, de Rome Ă Milan, ont envahi les rues pour rappeler la lutte partisane contre les nazi-fascistes et pour rappeler Ă toutes et tous quâaujourdâhui il est nĂ©cessaire de construire la RĂ©sistance contre la droite et contre la destruction des droits sociaux et de lâenvironnement.
Des milliers de drapeaux palestiniens ont flottĂ© en solidaritĂ© avec le peuple palestinien, victime de gĂ©nocide de la part de lâĂtat colonialiste et criminel dâIsraĂ«l. Ă Rome, dâautres cortĂšges et initiatives antifascistes ont eu lieu dans les banlieues pour porter la rĂ©sistance lĂ oĂč les dommages sociaux crĂ©Ă©s par le gouvernement de Meloni, et auparavant par ceux de centre-gauche, sont les plus graves.
La manifestation principale sâest conclue Ă Porta San Paolo, lieu de la bataille du peuple de Rome contre les nazis le 10 septembre 1943, avec le discours dâun camarade partisan, de 97 ans, qui a dit quâaujourdâhui encore, il serait prĂȘt Ă reprendre les armes contre les fascistes.
Les camarades dâAlternativa libertaria ont portĂ© dans les rues leur mot dâordre rĂ©volutionnaire « âVive la RĂ©sistance contre le capitalismeâ », en faisant appel Ă lâaction politique, sociale et syndicale des travailleurs et travailleuses contre le fascisme, lâexploitation des personnes et de lâenvironnement par la bourgeoisie. La RĂ©sistance au fascisme ne doit pas se manifester par une cĂ©lĂ©bration institutionnelle complĂštement sĂ©parĂ©e des rĂ©sistances actuelles. En mĂ©moire du 25 Avril, nous voulons rappeler la rĂ©sistance du peuple palestinien et kurde, celle contre les bases militaires et lâexpansion du militarisme dans la sociĂ©tĂ©, contre la production et le commerce des armes, contre toutes les guerres impĂ©rialistes.
Nous voulons rappeler la résistance des jeunes qui protestent et qui sont matraqués par la police, celle des femmes en lutte pour la défense de leurs droits dans une société toujours plus machiste et patriarcale, celle des travailleurs et travailleuses qui luttent contre les licenciements, pour un salaire décent, pour la sécurité sur le lieu de travail et pour une meilleure qualité de vie.
Mais nous ne voulons pas non plus oublier la RĂ©sistance directement liĂ©e Ă cette date, Ă ceux qui ont luttĂ© et ont payĂ© de leur vie pour sâopposer au nazifascisme aujourdâhui ressuscitĂ©, parce quâil est important de conserver et de transmettre la mĂ©moire.
Contre toute frontiĂšre, parce que « notre patrie est le monde entier », pour une nature et une humanitĂ© libĂ©rĂ©es de lâexploitation capitaliste sous toutes ses formes, contre le racisme et la rĂ©pression, contre toute oppression politique et dâĂtat.
En toute circonstance, vive la RĂ©sistance au capitalisme !
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For the past few days we managed to trigger the auto-transcription for thousands of our peertube videos videos.trom.tf - All of our TROMcasts, our TROM documentary snippets, all of our videos indeed and all of the VideoNeat trailers now have an English caption. While it is not perfect, it is impressively accurate considering that it is automated. @PeerTube is a real alternative to Youtube, in all regards.
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Can 'Degrowth' Save the World?
A group of academics and activists are questioning the possibility of endless economic growth on a finite planet and calling for a bold solution: degrowth.BBC iPlayer
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1st Official US Coin in Circulation Said 'Mind Your Business,' Not 'In God We Trust'?
Benjamin Franklin is credited with contributing to the copper pennyâs design.
Harris' 'Reduce Population' Gaffe, in Context
Online users discussed a video they believed showed U.S. Vice President Kamala Harris calling for reducing the population. Here are the facts.
Giant Axolotl Pulled from Ocean by Papuan Fisherman?
Many posts said the creature had been found in Papua, while others claimed it was caught off the coast of Cameroon.
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Video Shows Trump Waving at No One Outside Trump Tower?
The progressive network MeidasTouch shared a short version of the original video that omitted loud cheers and a glimpse of a crowd behind barricades.
revue-ballast.fr/que-faire-5-5âŠ
QUE FAIRE ? ⹠5/5 ⹠UCL : démocratie directe, fédéralisme et autogestion 18/01/2022
LâUnion comÂmuÂniste liberÂtaire a vu le jour en 2019, suite Ă la fusion de deux orgaÂniÂsaÂtions : Alternative liberÂtaire, fonÂdĂ©e au dĂ©but des annĂ©es 1990, et la Coordination des groupes anarÂchistes, nĂ©e une dĂ©cenÂnie plus tard. Forte dâun jourÂnal menÂsuel et dâune cinÂquanÂtaine de groupes et liaiÂsons sur le terÂriÂtoire franÂçais, lâUCL sâinscrit, comme son nom lâindique, dans une traÂdiÂtion prĂ©Âcise : « LâanarÂchie et le comÂmuÂnisme sont les deux termes nĂ©cesÂsaires de la rĂ©voÂluÂtion », lanÂçait, peu aprĂšs la Commune de Paris, lâun de ses fonÂdaÂteurs. LâUCL invite Ă la constiÂtuÂtion, dĂšs Ă prĂ©Âsent, de contre-pouÂvoirs dans lâensemble de la sociĂ©ÂtĂ© â dans lâespoir de forÂmer, Ă terme, un vĂ©riÂtable double pouÂvoir. Autrement dit, un pouÂvoir popuÂlaire capable de remÂplaÂcer le pouÂvoir dâĂtat puis de traÂvailler Ă lâinstauration dâun ordre social fĂ©dĂ©ÂrĂ©, autoÂgesÂtionÂnaire et dĂ©moÂcraÂtique. SâĂ©cartant Ă la fois des hypoÂthĂšses Ă©lecÂtoÂrales, de dĂ©serÂtion et dâappropriation de lâappareil dâĂtat, les insÂpiÂraÂtions contemÂpoÂraines de lâUCL sont notamÂment Ă cherÂcher du cĂŽtĂ© du Mexique et de la Syrie : les zapaÂtistes et le Rojava. Dans le cadre de ce dosÂsier entiĂšÂreÂment consaÂcrĂ© aux difÂfĂ©Ârentes straÂtĂ©Âgies de rupÂture avec lâordre domiÂnant, nous avons disÂcuÂtĂ© avec lâorganisation.
La notion de « double pouÂvoir » reste peu connue. LĂ©nine avanÂçait, en avril 1917, que la rĂ©voÂluÂtion russe « a ceci de tout Ă fait oriÂgiÂnal quâelle a crĂ©Ă© une duaÂliÂtĂ© de pouÂvoir » : la sociĂ©ÂtĂ© Ă©tait couÂpĂ©e en deux, entre gouÂverÂneÂment proÂviÂsoire bourÂgeois et Soviets. En termes contemÂpoÂrains, que recouvre cette notion, cenÂtrale dans votre Manifeste ?
Comme ça ne vous Ă©tonÂneÂra sans doute pas, la notion de double pouÂvoir telle quâelle est thĂ©oÂriÂsĂ©e par notre orgaÂniÂsaÂtion, comÂmuÂniste et liberÂtaire, nâest en rien une rĂ©fĂ©Ârence Ă LĂ©nine. Elle sâinscrit dans un proÂcesÂsus rĂ©voÂluÂtionÂnaire qui fait pasÂser la sociĂ©ÂtĂ© dâun contrĂŽle capiÂtaÂliste Ă©taÂtique Ă ce que nous essayons de construire : une sociĂ©ÂtĂ© comÂmuÂniste liberÂtaire, autoÂgĂ©ÂrĂ©e, fĂ©dĂ©ÂraÂliste. Pour comÂprendre ce que nous entenÂdons par « contre-pouÂvoirs », il est imporÂtant de dĂ©fiÂnir cette notion. Câest, selon nous, lâensemble des strucÂtures synÂdiÂcales, orgaÂniÂsaÂtionÂnelles, assoÂciaÂtives et poliÂtiques, au sens large, qui visent Ă une transÂforÂmaÂtion directe et immĂ©Âdiate de la sociĂ©ÂtĂ©. Dans notre dĂ©fiÂniÂtion, ce sont des orgaÂniÂsaÂtions ayant pour vocaÂtion dâorganiser les masses pour lutÂter contre les domiÂnaÂtions (quâil sâagisse du patriarÂcat, du racisme, du coloÂniaÂlisme, du valiÂdisme, etc.) et dâinstaurer les soliÂdaÂriÂtĂ©s nĂ©cesÂsaires pour rĂ©pondre aux appĂ©Âtits desÂtrucÂteurs du capiÂtaÂlisme et des sysÂtĂšmes dâoppression.
Pouvez-vous nous donÂner quelques exemples ?
Des assoÂciaÂtions comme le Planning famiÂlial, Survie, les assemÂblĂ©es gĂ©nĂ©Ârales fĂ©miÂnistes locales, les colÂlecÂtifs et assoÂciaÂtions de lutte LGBTI, les colÂlecÂtifs de souÂtien aux perÂsonnes sans-papiers, ou encore les orgaÂniÂsaÂtions antiÂraÂcistes spĂ©ÂciÂfiques et les colÂlecÂtifs de lutte contre les vioÂlences poliÂciĂšres. Nous penÂsons que la rĂ©voÂluÂtion peut adveÂnir au terme dâun proÂcesÂsus marÂquĂ© Ă la fois par des conflits sociaux â la lutte des classes se matĂ©ÂriaÂliÂseÂra nĂ©cesÂsaiÂreÂment dans des conflicÂtuaÂliÂtĂ©s dues Ă lâantagonisme des intĂ©ÂrĂȘts de classes â et des expĂ©ÂriÂmenÂtaÂtions porÂtĂ©es par des contre-pouÂvoirs. En pĂ©riode non rĂ©voÂluÂtionÂnaire, les militant·es rĂ©voÂluÂtionÂnaires liberÂtaires doivent donc agir afin que ces contre-pouÂvoirs se construisent sur des bases autoÂgesÂtionÂnaires. Une fois constiÂtuĂ©s, ils ont pour vocaÂtion, en pĂ©riode prĂ©-rĂ©voÂluÂtionÂnaire â câest-Ă -dire dans ce temps oĂč le pouÂvoir Ă©taÂtique est dĂ©borÂdĂ© â, de serÂvir dâarmature Ă un maillage de strucÂtures vĂ©riÂtaÂbleÂment dĂ©moÂcraÂtiques, dans lesÂquelles le pouÂvoir popuÂlaire se matĂ©ÂriaÂliÂseÂra. Câest dans ce moment de tenÂsions fortes, oĂč le pouÂvoir capiÂtaÂliste est rĂ©elÂleÂment remis en cause, que se desÂsinent les contours dâun pouÂvoir popuÂlaire qui nâest pas pour nous lâĂtat ouvrier lĂ©niÂniste, mais bien une dynaÂmique de dĂ©moÂcraÂtie directe, fĂ©dĂ©ÂraÂliste et contrĂŽÂlĂ©e par la base. On peut parÂler alors de double pouÂvoir : au pouÂvoir Ă©taÂtique capiÂtaÂliste sâopposent fronÂtaÂleÂment des fĂ©dĂ©ÂraÂtions de proÂducÂteurs, des comiÂtĂ©s de quarÂtier (nous nâavons pas de fĂ©tiÂchisme des appelÂlaÂtions : les praÂtiques nous importent davanÂtage)⊠Lâobjectif nâest pas de subÂstiÂtuer un pouÂvoir holiste Ă un autre, mais bien de remÂplaÂcer le pouÂvoir Ă©taÂtique par un pouÂvoir popuÂlaire horiÂzonÂtal et autogĂ©rĂ©.
Cette rĂ©voÂluÂtion, perÂsonne ne peut aujourdâhui lâanticiper.
Ăvidemment. Personne ne sait si et quand la rĂ©voÂluÂtion vienÂdra. Mais il est de notre devoir de ne pas resÂter attenÂtistes â dâautant plus quâil sâagit dâune quesÂtion de surÂvie face Ă la bruÂtaÂliÂtĂ© de lâexploitation et Ă la crise cliÂmaÂtique. Sâil sufÂfiÂsait dâattendre que le capiÂtaÂlisme sâeffondre sous le poids de ses contraÂdicÂtions pour arriÂver Ă la rĂ©voÂluÂtion, le miliÂtanÂtisme nâaurait pas de raiÂsons dâĂȘtre. Il est donc de notre devoir de militant·es liberÂtaires de tout mettre en Ćuvre pour que les condiÂtions nĂ©cesÂsaires Ă la rĂ©voÂluÂtion se dĂ©veÂloppent : lâinvestissement dĂšs aujourdâhui dans les contre-pouÂvoirs est indisÂpenÂsable. Peut-ĂȘtre pas sufÂfiÂsant, mais absoÂluÂment nĂ©cessaire.
Vous occuÂpez une posiÂtion sinÂguÂliĂšre dans la penÂsĂ©e straÂtĂ©Âgique : vous nâĂȘtes ni favoÂrables Ă la « poĂ©Âtique de la rĂ©voÂluÂtion » du mouÂveÂment autoÂnome â Ă©meutes, sponÂtaÂnĂ©isme, sĂ©cesÂsion â, ni, on lâa vu, des nosÂtalÂgiques du parÂti lĂ©niÂniste. Vous tenez cepenÂdant au moment rĂ©voÂluÂtionÂnaire comme Ă un moment de basÂcule : il y aura un avant et un aprĂšs.
Notre posiÂtion nâest pas si sinÂguÂliĂšre, de notre point de vue. Nous nous insÂcriÂvons dans une lignĂ©e dĂ©jĂ ancienne, dans une traÂdiÂtion rĂ©voÂluÂtionÂnaire que lâon peut faire remonÂter Ă lâInternationale anti-autoÂriÂtaire de 1872, qui est nĂ©e de la rupÂture dâavec les marÂxistes orthoÂdoxes. Depuis, des gĂ©nĂ©ÂraÂtions de rĂ©voÂluÂtionÂnaires se sont sucÂcĂ©ÂdĂ©. Les liberÂtaires ont Ă©tĂ© de tous les comÂbats et nous avons su tirer quelques leçons des erreurs du pasÂsĂ©. Ces dĂ©bats sont anciens. On pourÂrait citer Malatesta qui proÂmeut le graÂduaÂlisme face Ă Kropotkine. Son idĂ©e, rapiÂdeÂment rĂ©suÂmĂ©e, câest de dire quâil est peu proÂbable que les condiÂtions requises pour une rĂ©voÂluÂtion anarÂchiste adviennent toutes prĂȘtes, et quâil est donc nĂ©cesÂsaire de prĂ©ÂpaÂrer la rĂ©voÂluÂtion en sâemparant dĂšs que posÂsible de tout ce qui peut ĂȘtre gagnĂ© contre lâĂtat et le capiÂtal â ce qui parÂtiÂcipe Ă affaiÂblir leur pouÂvoir. Plus proche de nous, dans les dĂ©bats qui ont agiÂtĂ© les mouÂveÂments rĂ©voÂluÂtionÂnaires dans la pĂ©riode dâaprĂšs 68, certain·es ont fait le choix dâĂȘtre dans la construcÂtion de ces contre-pouÂvoirs, notamÂment via lâinvestissement synÂdiÂcal, en se garÂdant Ă disÂtance de deux impasses : le lĂ©niÂnisme et le nihiÂlisme. La concepÂtion lĂ©niÂniste du parÂti rĂ©voÂluÂtionÂnaire nâa pas Ă©tĂ© â et ne sera jamais, selon nous â en mesure de mener une rĂ©voÂluÂtion au sens oĂč nous lâentendons, câest-Ă -dire une rĂ©voÂluÂtion gloÂbale des formes Ă©coÂnoÂmiques, sociales, poliÂtiques et cultuÂrelles de la sociĂ©ÂtĂ©. De mĂȘme, sâen remettre comÂplĂšÂteÂment Ă la sponÂtaÂnĂ©iÂtĂ© nâest pas pour nous une option, dâautant plus que « Tout ce qui bouge nâest pas rouge », comme dit le proÂverbe⊠Le moment rĂ©voÂluÂtionÂnaire, câest donc ce moment oĂč les forces sociales, les contre-pouÂvoirs, sont en mesure, non plus de dĂ©fier le pouÂvoir Ă©taÂtique-capiÂtaÂliste, mais de sây subÂstiÂtuer : câest le « double pouÂvoir », comme nous lâavons dit.
Une fois ce stade atteint, il sera priÂmorÂdial de contiÂnuer Ă orienÂter ce proÂcesÂsus rĂ©voÂluÂtionÂnaire dans un sens autoÂgesÂtionÂnaire afin dâamener le derÂnier stade de transÂforÂmaÂtion sociale que nous dĂ©fenÂdons, Ă savoir le pouÂvoir popuÂlaire. Que nous vouÂlons dâessence liberÂtaire. La bureauÂcraÂtiÂsaÂtion de ce proÂcesÂsus â en ce quâelle signiÂfieÂrait la fin de lâextension du pouÂvoir popuÂlaire Ă tous les domaines de la sociĂ©ÂtĂ© pour sâen remettre Ă une force supĂ©Ârieure qui agiÂrait en son nom â signeÂrait alors la mort du proÂcesÂsus rĂ©voÂluÂtionÂnaire. Par contre, il ne nous est pas posÂsible de dire aujourdâhui quelle forme prenÂdra exacÂteÂment ce moment rĂ©voÂluÂtionÂnaire, la parÂtiÂcuÂlaÂriÂtĂ© des liberÂtaires Ă©tant que nous nâavons pas de petit livre, fĂ»t-il rouge et noir, qui nous donÂneÂrait par avance la marche Ă suivre et une phoÂtoÂgraÂphie de la rĂ©voÂluÂtion Ă venir. Pour autant, nous nâestimons pas ĂȘtre dans une logique de « laisÂser faire ». De mĂȘme, nous ne parÂtons pas du prinÂcipe que la « bonne volonÂtĂ© popuÂlaire » sauÂra trouÂver dâelle-mĂȘme lâensemble des rĂ©ponses aux quesÂtions que posent nĂ©cesÂsaiÂreÂment les pĂ©riodes de troubles que reprĂ©Âsentent les rĂ©volutions.
DâoĂč, on le devine, lâexistence de votre organisation ?
Lâune des raiÂsons dâĂȘtre de lâUCL est ausÂsi de trouÂver dans notre praÂtique poliÂtique au quoÂtiÂdien des rĂ©ponses potenÂtielles aux quesÂtionÂneÂments lĂ©giÂtimes quâamĂšnent un chamÂbouÂleÂment total de la sociĂ©ÂtĂ© et le renÂverÂseÂment de lâordre Ă©taÂbli. Câest ce que certain·es camaÂrades de la FOB AutĂłnoma (FederaciĂłn de Organizaciones de Base) dâArgentine appellent la « praÂtique prĂ©ÂfiÂguÂraÂtive » : elle fait Ă©merÂger dans le prĂ©Âsent les soluÂtions pour la construcÂtion dâun monde sans Ătat pour demain, que nous tĂąchons de faire vivre dans notre orgaÂniÂsaÂtion et dans les contre-pouÂvoirs que nous investissons.
Votre orgaÂniÂsaÂtion est de taille modeste. Et vous faites effecÂtiÂveÂment savoir que le rĂŽle des comÂmuÂnistes liberÂtaires sera de « contriÂbuer Ă orienÂter le proÂcesÂsus rĂ©voÂluÂtionÂnaire vers une soluÂtion autoÂgesÂtionÂnaire ». Comment imaÂgiÂnez-vous pouÂvoir gagner en influence ?
Par nos praÂtiques autoÂgesÂtionÂnaires mises en Ćuvre dĂšs Ă prĂ©Âsent, dans les luttes que nous aniÂmons ! Cette « poĂ©Âtique de la rĂ©voÂluÂtion » peut ĂȘtre attiÂrante pour certain·es. Elle donne des textes enflamÂmĂ©s. Mais, au final, elle ne parle pas Ă grand monde et nâaboutit pas Ă grand-chose. Quant aux expĂ©Âriences marÂxistes-lĂ©niÂnistes, elles ont monÂtrĂ© leur inefÂfiÂcaÂciÂtĂ© du point de vue rĂ©voÂluÂtionÂnaire â entenÂdu que la rĂ©voÂluÂtion ne consiste pas Ă subÂstiÂtuer un pouÂvoir Ă un autre, une oliÂgarÂchie Ă une autre, fussent-ils repeints en rouge. Câest dans cette logique que nous ne penÂsons pas lâimplication des militant·es de lâUCL au sein de ces contre-pouÂvoirs comme Ă©tant une praÂtique dâavant-garde. Il ne sâagit pas pour nous dâen impoÂser par le nombre, en agisÂsant Ă des postes de resÂponÂsaÂbiÂliÂtĂ© au sein de ces strucÂtures pour en prendre le contrĂŽle ou en les utiÂliÂsant pour faire grosÂsir nos rangs, mais de difÂfuÂser des praÂtiques et des outils autoÂgesÂtionÂnaires et de dĂ©moÂcraÂtie directe, en accord avec une Ă©thique miliÂtante qui vise Ă ĂȘtre la plus irrĂ©ÂproÂchable posÂsible. Câest ce rĂŽle que nous dĂ©fiÂnisÂsons par lâappellation « aniÂmaÂteurs et aniÂmaÂtrices autoÂgesÂtionÂnaires des luttes ».
Nous voyons Ă traÂvers les expĂ©Âriences du Chiapas ou du Rojava â malÂgrĂ© leurs limites â que le fĂ©dĂ©ÂraÂlisme et lâautogestion sont mieux Ă mĂȘme de porÂter des proÂjets rĂ©voÂluÂtionÂnaires et Ă©manÂciÂpaÂteurs. Quant aux luttes contre les grands proÂjets capiÂtaÂlistes, comme les ZAD, nous voyons bien quâelles ne se font pas en rĂ©fĂ©Ârence Ă une avant-garde rĂ©voÂluÂtionÂnaire qui prĂ©ÂfiÂguÂreÂrait le grand parÂti des traÂvailleurs, mais quâelles sont bien plus proches dâune vision liberÂtaire de lâexistence. Ce ne sont que des exemples parÂmi de nomÂbreux autres, qui montrent que lâinfluence des praÂtiques autoÂgesÂtionÂnaires que nous porÂtons peut avoir une inciÂdence tout Ă fait dĂ©terÂmiÂnante dans les luttes quâil nous reste Ă mener. Il est de notre rĂŽle de militant·es rĂ©voÂluÂtionÂnaires liberÂtaires de faire le lien entre ces expĂ©Âriences et des praÂtiques quoÂtiÂdiennes dans les contre-pouÂvoirs dans lesÂquels nous sommes investi·es â et en preÂmier lieu les syndicats.
Vous louez une concepÂtion « moderne » du proÂlĂ©ÂtaÂriat. Il serait donc posÂsible de dĂ©taÂcher ce mot du sens quâil a dans lâimaginaire colÂlecÂtif, Ă savoir les traÂvailleurs des usines ?
On pourÂra sur ce point se rĂ©fĂ©Ârer Ă Marx : le proÂlĂ©ÂtaÂriat dĂ©signe celles et ceux qui nâont pour vivre â et souÂvent surÂvivre â que le choix de vendre leur force de traÂvail, celles et ceux qui sont privé·es du capiÂtal et de la proÂpriĂ©ÂtĂ© des moyens de proÂducÂtion. Il est indisÂpenÂsable de faire sorÂtir le proÂlĂ©ÂtaÂriat de cette imaÂgeÂrie dâĂpinal, qui le fanÂtasme uniÂqueÂment sous les traits dâun ouvrier blanc en blouse bleue ! Les enseignant·es, les caissier·es, les infirmier·es, les manuÂtenÂtionÂnaires, les serveur·ses : toutes et tous sont des proÂlĂ©Âtaires. De mĂȘme quâaujourdâhui le proÂlĂ©ÂtaÂriat ne se retrouve pas uniÂqueÂment dans le traÂvail salaÂriĂ©. LâubĂ©risation de lâĂ©conomie a fait sorÂtir du salaÂriat des perÂsonnes â auxÂquelles on donne le staÂtut dâauto-entrepreneurs â, qui sont objecÂtiÂveÂment des proÂlĂ©Âtaires, tout autant que les perÂsonnes priÂvĂ©es de traÂvail. Du reste, le proÂlĂ©ÂtaÂriat ne subit pas de maniĂšre Ă©quiÂvaÂlente lâexploitation Ă©coÂnoÂmique qui, dâailleurs, ne peut ĂȘtre prise comme seul point de rĂ©fĂ©Ârence. Câest parce que nous adopÂtons touÂjours un angle matĂ©ÂriaÂliste que nous nous appuyons sur une grille de lecÂture interÂsecÂtionÂnelle, issue du Black femiÂnism des annĂ©es 1970, comme ont pu le faire avant nous dâautres orgaÂniÂsaÂtions anarÂchistes. Les secÂteurs fĂ©miÂniÂsĂ©s â comme ceux de lâaide Ă la perÂsonne, du mĂ©nage â sont les lieux oĂč sâexprime le plus lâexploitation Ă©coÂnoÂmique, qui se cumule avec lâexploitation Ă©coÂnoÂmique des femmes par les hommes Ă la maiÂson, mais ausÂsi les disÂcriÂmiÂnaÂtions racistes, sexistes et LGBTIphobes qui prĂ©ÂcaÂrisent les proÂlĂ©Âtaires concerné·es, que ce soit par des salaires moindres, lâaccĂšs au logeÂment, aux soins⊠Le proÂlĂ©ÂtaÂriat ne peut plus ĂȘtre perÂçu comme un corps uniÂforme qui subiÂrait de maniĂšre sysÂtĂ©ÂmaÂtique et Ă©gale une mĂȘme exploiÂtaÂtion au sein du monde capiÂtaÂliste. Câest encore plus Ă©vident si lâon prend en consiÂdĂ©ÂraÂtion le coloÂniaÂlisme et son expresÂsion la plus bruÂtale, dont bĂ©nĂ©ÂfiÂcient les pays coloÂniÂsaÂteurs. Câest ausÂsi pour ça quâil nous paraĂźt essenÂtiel de prendre notre part dans les luttes interÂnaÂtioÂnales et antiÂcoÂloÂniales, en Ă©tant autant prĂ©sent·es sur les luttes antiÂcaÂpiÂtaÂlistes que sur les luttes fĂ©miÂnistes et Ă©cologistes.
Que recouvre le « rĂŽle cenÂtral » que vous attriÂbuez au proÂlĂ©ÂtaÂriat ainÂsi dĂ©fini ?
Il proÂcĂšde de sa posiÂtion dans le sysÂtĂšme Ă©coÂnoÂmiÂco-social capiÂtaÂliste. Câest parce quâil est au cĆur de lâexploitation capiÂtaÂliste que le proÂlĂ©ÂtaÂriat a un « rĂŽle cenÂtral ». Câest parce quâil expĂ©ÂriÂmente quoÂtiÂdienÂneÂment lâexploitation dans la vente de sa force de traÂvail que le proÂlĂ©ÂtaÂriat a un « rĂŽle cenÂtral » (tanÂdis que les capiÂtaÂlistes en retirent les bĂ©nĂ©Âfices). Câest ausÂsi parce que la ou le proÂlĂ©Âtaire expĂ©ÂriÂmente auprĂšs des autres proÂlĂ©Âtaires la rĂ©aÂliÂtĂ© de lâexploitation en mĂȘme temps que la conscience que celle-ci relĂšve dâun ordre sysÂtĂ©Âmique. Câest enfin parce que les proÂlĂ©Âtaires sont au centre des domiÂnaÂtions mulÂtiples (Ă©coÂnoÂmiques comme sociales) quâils et elles sont plus Ă mĂȘme de les comÂprendre, de sâorganiser et dâagir concrĂšÂteÂment contre ce qui nous pourÂrit touÂjours plus la vie. Câest dans cette logique que nous sommes certain·es que nous nâavons pas besoin dâinstance supĂ©Ârieure pour nous dicÂter les modes dâorganisation et la strucÂture de la sociĂ©ÂtĂ© qui est la plus Ă mĂȘme de nous apporÂter lâĂ©mancipation. Simplement dit, câest nous qui proÂduiÂsons, câest nous qui subisÂsons, donc câest nous qui dĂ©ciÂdons. Notre anaÂlyse est dicÂtĂ©e par la nature mĂȘme de lâexploitation sysÂtĂ©Âmique du capitalisme.
Le synÂdiÂcaÂlisme pourÂra ĂȘtre « potenÂtielÂleÂment, demain, un acteur indisÂpenÂsable de la sociaÂliÂsaÂtion des moyens de proÂducÂtion, nĂ©cesÂsaire pour basÂcuÂler dans une autre sociĂ©ÂtĂ© », Ă©criÂvez-vous. On se souÂvient Ă©gaÂleÂment de votre dĂ©fense de la CGT, en mai derÂnier, suite aux attaques antiÂsynÂdiÂcales. Quelle est la place du synÂdiÂcaÂlisme au sein de votre dispositif ?
Ce nâest pas tant la CGT que nous dĂ©fenÂdions alors quâun prinÂcipe rĂ©voÂluÂtionÂnaire. Sâen prendre phyÂsiÂqueÂment Ă des proÂlĂ©Âtaires organisé·es, quelle que soit la nature des reproches que lâon puisse faire Ă la CGT, Ă son serÂvice dâordre ou aux autres strucÂtures synÂdiÂcales, câest tout simÂpleÂment agir contre son camp. Notre enneÂmi, aujourdâhui, nâest claiÂreÂment pas incarÂnĂ© par les strucÂtures synÂdiÂcales, dont on peut regretÂter, de lâextĂ©rieur â ce qui est touÂjours plus facile â quâelles soient dĂ©faillantes sur cerÂtains points, mais bien par les capiÂtaÂlistes. La CGT est, quâon le veuille ou non, une orgaÂniÂsaÂtion de masse et de classe, quoi quâon pense de son orgaÂniÂsaÂtion interne, de son foncÂtionÂneÂment ou de ses choix straÂtĂ©Âgiques. Il nâexiste pas aujourdâhui de contre-pouÂvoir qui ait la potenÂtiaÂliÂtĂ© rĂ©voÂluÂtionÂnaire des synÂdiÂcats. Certain·es peuvent le regretÂter, mais câest un fait. Les synÂdiÂcats portent les germes dâune sociĂ©ÂtĂ© comÂmuÂniste liberÂtaire que nous souÂhaiÂtons voir Ă©merÂger, dans le sens oĂč lâun des objecÂtifs hisÂtoÂriques du synÂdiÂcaÂlisme est la desÂtrucÂtion du capiÂtaÂlisme. Câest Ă©gaÂleÂment au sein des synÂdiÂcats quâon peut, dĂšs aujourdâhui, construire des contre-pouÂvoirs qui seront de nature Ă se subÂstiÂtuer Ă lâĂtat et aux capiÂtaÂlistes en pĂ©riode prĂ©-rĂ©volutionnaire.
La sociaÂliÂsaÂtion de la sociĂ©ÂtĂ© pasÂsant nĂ©cesÂsaiÂreÂment notamÂment par la sociaÂliÂsaÂtion des moyens de proÂducÂtion, les synÂdiÂcats sont de ce point de vue inconÂtourÂnables si nous vouÂlons mainÂteÂnir la proÂducÂtion nĂ©cesÂsaire Ă la surÂvie de tous et toutes. DĂšs lors, il nous paraĂźt Ă©vident que les militant·es rĂ©voÂluÂtionÂnaires liberÂtaires doivent sâinvestir synÂdiÂcaÂleÂment et parÂtiÂciÂper Ă la difÂfuÂsion de praÂtiques horiÂzonÂtales et interÂproÂfesÂsionÂnelles sur la base du synÂdiÂcaÂlisme dâindustrie. Il sâagit, pour faire un paralÂlĂšle avec la double besogne assiÂgnĂ©e aux synÂdiÂcaÂlistes par la charte dâAmiens1, de construire aujourdâhui des praÂtiques synÂdiÂcales de luttes autoÂgesÂtionÂnaires, et de prĂ©ÂpaÂrer demain la sociaÂliÂsaÂtion de lâĂ©conomie.
Mais on ne peut pas nier la perte dâinfluence des synÂdiÂcats dans le monde du travailâŠ
Elle est rĂ©elle et mulÂtiÂfacÂtoÂrielle. Elle doit ĂȘtre apprĂ©ÂhenÂdĂ©e et anaÂlyÂsĂ©e de façon objecÂtive. La rĂ©presÂsion fĂ©roce de la part du patroÂnat et de lâĂtat, la proÂpaÂgande antiÂsynÂdiÂcale faite par des mĂ©dias Ă leurs ordres sont Ă©viÂdemÂment Ă citer. Le peu de vicÂtoires obteÂnues face Ă des gouÂverÂneÂments qui refusent la dĂ©moÂcraÂtie et imposent leurs dikÂtats est ausÂsi Ă prendre en compte. Les mĂ©thodes autoÂriÂtaires quâont eues Ă subir les synÂdiÂcaÂlistes ces derÂniĂšres dĂ©cenÂnies, lâinfluence (heuÂreuÂseÂment trĂšs claiÂreÂment en perte de vitesse) des staÂliÂniens dans cerÂtains synÂdiÂcats ainÂsi que lâĂ©clatement du synÂdiÂcaÂlisme de lutte sont ausÂsi trĂšs cerÂtaiÂneÂment en cause. Par ailleurs, si nous penÂsons que le synÂdiÂcat revĂȘt une imporÂtance straÂtĂ©Âgique priÂmorÂdiale, il nâest pas le seul contre-pouÂvoir Ă invesÂtir. Les luttes antiÂraÂcistes, antiÂpaÂtriarÂcales et Ă©coÂloÂgiques vont au-delĂ du champ du traÂvail : elles sont des luttes transÂverÂsales qui doivent ĂȘtre prises en compte par les synÂdiÂcats. Elles perÂmettent dâamener des perÂsonnes jusquâici non impliÂquĂ©es Ă apprĂ©ÂhenÂder lâimportance du synÂdiÂcaÂlisme et Ă se synÂdiÂquer. Ces luttes renouÂvellent et renÂforcent le synÂdiÂcaÂlisme : elles ne sont ni subÂsiÂdiaires, ni suborÂdonÂnables. Elles traÂversent toute la sociĂ©ÂtĂ© et reprĂ©Âsentent autant de contre-pouÂvoirs agisÂsant direcÂteÂment sur sa transÂforÂmaÂtion. Sâil est pour nous essenÂtiel de les faire vivre ausÂsi au sein de nos synÂdiÂcats, nous ne penÂsons pas que ce seul outil puisse suffire.
Pour quelle raison ?
Car, prĂ©ÂciÂsĂ©Âment, lâoppression ne sâexerce pas seuleÂment au traÂvail. Il est donc vital pour nous de faire exisÂter ces comÂbats parÂtout oĂč câest nĂ©cesÂsaire. Nos vies et les difÂfĂ©Ârentes formes dâoppression que nous subisÂsons ne se rĂ©duisent pas Ă lâexploitation salaÂriale. Câest en preÂnant en compte tous ces aspects que nous renÂforÂceÂrons notre classe et crĂ©eÂrons de rĂ©elles soliÂdaÂriÂtĂ©s en lutÂtant contre toutes les domiÂnaÂtions â qui seront autant de leviers nĂ©cesÂsaires Ă une straÂtĂ©Âgie rĂ©volutionnaire.
Dans Maintenant, le ComitĂ© inviÂsible avance que « le vieux mythe de la grĂšve gĂ©nĂ©Ârale est Ă ranÂger au rayon des accesÂsoires inutiles ». Vous en faites, vous, « une visĂ©e straÂtĂ©Âgique, strucÂtuÂrant [votre] action ». Pourquoi ?
Pour les raiÂsons que nous venons dâĂ©voquer. Le tout nâest pas de dire « On veut faire la rĂ©voÂluÂtion », mais de voir concrĂšÂteÂment comÂment on sâorganise au sein du proÂlĂ©ÂtaÂriat, comÂment on se donne les moyens de peser, de masÂsiÂfier nos posiÂtions. La grĂšve gĂ©nĂ©Ârale ne se dĂ©crĂšte pas : elle se construit dans et par les luttes. Et ce sont ces luttes qui vont construire tout Ă la fois une conscience de classe et des praÂtiques dâaction et dâorganisation que nous souÂhaiÂtons voir se gĂ©nĂ©ÂraÂliÂser. Cette straÂtĂ©Âgie poliÂtique perÂmet de mettre en appliÂcaÂtion lâensemble des thĂ©oÂries et praÂtiques poliÂtiques que nous dĂ©fenÂdons. La pluÂpart des souÂlĂšÂveÂments dâampleur qui ont eu lieu ces derÂniĂšres annĂ©es se sont appuyĂ©s sur la grĂšve gĂ©nĂ©Ârale pour faire adveÂnir un monde plus Ă©gaÂliÂtaire. Puisque la grĂšve gĂ©nĂ©Ârale se construit dans et par les luttes, ça ne peut pas se faire sans une prise en compte de la mulÂtiÂpliÂciÂtĂ© des sysÂtĂšmes de domiÂnaÂtion. Car, Ă lâinverse de cerÂtains couÂrants poliÂtiques, nous ne penÂsons pas que les luttes antiÂraÂcistes ou fĂ©miÂnistes, par exemple, divisent le camp des exploité·es : au contraire, elles le renÂforcent et perÂmettent son uniÂtĂ©. Les grĂšves des femmes qui, dans nombre de pays, ont Ă©tĂ© des rĂ©usÂsites en sont un des exemples les plus frapÂpants. Elles nous rapÂpellent que la grĂšve gĂ©nĂ©Ârale nâest pas un mythe pousÂsiĂ©Âreux mais une persÂpecÂtive rĂ©voÂluÂtionÂnaire touÂjours vivante. Sâil nâexiste pas de « bouÂton magique » perÂmetÂtant de la faire appaÂraĂźtre, lâexpĂ©rience de lâHistoire et de nos camaÂrades Ă lâinternational nous dĂ©montre bien quâelle doit ĂȘtre au contraire cenÂtrale dans notre persÂpecÂtive et nos visĂ©es poliÂtiques. Elle nâest donc pas un fĂ©tiÂchisme mais une visĂ©e pragÂmaÂtique, consĂ©Âquence de lâopposition radiÂcale des intĂ©ÂrĂȘts de notre classe qui fait « tourÂner la machine », comme on dit, dâavec la classe des capitalistes.
Face aux « risques de miliÂtaÂriÂsaÂtion ou dâordre poliÂcier » qui, Ă©viÂdemÂment, appaÂraĂźÂtront en cas de chanÂgeÂment rĂ©voÂluÂtionÂnaire, vous enviÂsaÂgez la construcÂtion de « strucÂtures dâautodĂ©fense ». Quâest-ce que ça recouvre, concrĂšÂteÂment ? Une « garde civile », ainÂsi que le penÂseur Ă©coÂloÂgiste et comÂmuÂnaÂliste Murray Bookchin lâa thĂ©oÂriÂsĂ©e pour « rĂ©pondre aux menaces extĂ©Ârieures » ?
La notion de « garde civile » est peu dĂ©veÂlopÂpĂ©e chez Bookchin. Il est difÂfiÂcile, pour des liberÂtaires, de penÂser en dĂ©tail des strucÂtures nĂ©cesÂsaiÂreÂment pluÂrielles et autoÂgĂ©ÂrĂ©es dans le cadre dâune rĂ©voÂluÂtion liberÂtaire. A forÂtioÂri quand on parle dâautodĂ©fense, parce que notre imaÂgiÂnaire est subÂmerÂgĂ©, satuÂrĂ© dâimages et de reprĂ©ÂsenÂtaÂtions construites par nos enneÂmis. LĂ encore, lâHistoire nous apprend que les formes de ce type de strucÂtures peuvent ĂȘtre pluÂrielles : on pense notamÂment Ă lâUkraine de 1918 Ă 1921, la Catalogne en 1936-1937 ou, plus prĂšs de nous, au Chiapas ou au Rojava. Mais les condiÂtions matĂ©Ârielles qui appaÂraĂźÂtront lors de ces chanÂgeÂments rĂ©voÂluÂtionÂnaires, et quâon ne peut par avance dĂ©crire, compÂteÂront pour beauÂcoup dans la forme que prenÂdront ces strucÂtures dâautodĂ©fense. Une parÂtie des forces de lâordre, poliÂciers et miliÂtaires, prenÂdront-ils les armes contre leurs maĂźtres ? Ces chanÂgeÂments rĂ©voÂluÂtionÂnaires se feront-ils sur un temps court et de trĂšs fortes tenÂsions, ou naĂźÂtront-elles dâun long proÂcesÂsus de dĂ©liÂteÂment du pouÂvoir cenÂtral ? LĂ encore, on nâa pas de petit manuel rouge ou rouge et noir qui nous le dit. En attenÂdant, il faut lâavoir en tĂȘte et intĂ©Âgrer dĂšs Ă prĂ©Âsent les praÂtiques dâautodĂ©fense comme faiÂsant parÂtie du bagage de base de tout·e militant·e : les SO en manif, lâautodĂ©fense numĂ©Ârique, la sĂ©cuÂriÂtĂ© des camaÂrades, etc., ne doivent pas ĂȘtre le fait de quelques militant·es. Nous penÂsons que les outils essenÂtiels Ă lâautodĂ©fense de notre classe doivent ĂȘtre pluÂriels et quâil nous apparÂtient de les difÂfuÂser : ils ne doivent pas ĂȘtre lâapanage de petits groupes spĂ©ÂciaÂliÂsĂ©s. Dâailleurs, lâautodĂ©fense telle que vue par des comÂmuÂnistes liberÂtaires rĂ©pond aux mĂȘmes prinÂcipes que toutes les autres strucÂtures : manÂdats impĂ©ÂraÂtifs et rĂ©voÂcables, horiÂzonÂtaÂliÂtĂ©, autoÂgesÂtion. Il ne sâagit pas pour nous de reproÂduire une vision viriÂliste et valiÂdiste de lâautodĂ©fense, mais bien de proÂmouÂvoir la force du colÂlecÂtif face aux difÂfĂ©Ârentes menaces que nous sommes amené·es Ă croiser.
Votre proÂjet est claiÂreÂment anti-Ă©taÂtiste. Socialisme ou Barbarie avanÂçait, par la voix de Castoriadis, quâaucune sociĂ©ÂtĂ© moderne ne pouÂvait se pasÂser de cenÂtraÂliÂsaÂtion. Lâorganisation a donc proÂmu la constiÂtuÂtion dâun Gouvernement des Conseils autour dâune AssemblĂ©e cenÂtrale. Comment votre « fĂ©dĂ©ÂraÂlisme » pense-t-il les tĂąches dâampleur natioÂnale â entre cent : le dĂ©manÂtĂšÂleÂment coorÂdonÂnĂ© des cenÂtrales nuclĂ©aires ?
Castoriadis avait tort ! Le fĂ©dĂ©ÂraÂlisme est une notion qui nous paraĂźt comme Ă©miÂnemÂment contemÂpoÂraine. Câest encore un prisme qui marque beauÂcoup de ces intellectuel·les radiÂcaux chics : FrĂ©dĂ©ric Lordon ou Andreas Malm, par exemple. Ils ont en comÂmun le fait dâĂȘtre trĂšs radiÂcaux dans les dĂ©nonÂciaÂtions des mĂ©faits de ce sysÂtĂšme, mais dâĂȘtre incaÂpables de penÂser le dĂ©pasÂseÂment de lâĂtat et du cenÂtraÂlisme Ă©taÂtique. Nous penÂsons quâil est nĂ©cesÂsaire de dĂ©pasÂser lâĂtat pour quâadvienne une sociĂ©ÂtĂ© rĂ©elÂleÂment autoÂgesÂtionÂnaire. Alors, Ă©viÂdemÂment, une fois ceci posĂ©, pluÂsieurs quesÂtions viennent. Elles ne sont pas toutes dĂ©nuĂ©es de perÂtiÂnence â comme la vĂŽtre sur le dĂ©manÂtĂšÂleÂment des cenÂtrales : mais câest une quesÂtion quâil convienÂdra de dĂ©battre dans le cadre des strucÂtures issues du synÂdiÂcaÂlisme et des conseils locaux concerÂnĂ©s, Ă©tant entenÂdu que, pour ce qui est du nuclĂ©aire, on est Ă une large Ă©chelle. Le dĂ©manÂtĂšÂleÂment des cenÂtrales nâest pas du resÂsort natioÂnal mais de lâensemble des terÂriÂtoires concerÂnĂ©s. LĂ encore, on est pris dans le prisme de notre sociaÂliÂsaÂtion dans un sysÂtĂšme natioÂnaÂlo-Ă©taÂtique. Prenons le cas de la cenÂtrale de Fessenheim : elle est quaÂsiÂment sur la fronÂtiĂšre avec lâAllemagne et toute proche de la Suisse. Ajoutons que ce qui perÂmet lâexistence du nuclĂ©aire civil repose ausÂsi sur une logique interÂnaÂtioÂnale trĂšs liĂ©e Ă la quesÂtion du coloÂniaÂlisme, laquelle logique peut ĂȘtre perÂturÂbĂ©e par lâavĂšnement de conflits dâampleur dans les proÂduits proÂducÂteurs â comme on peut lâobserver actuelÂleÂment au Kazakhstan. On voit bien Ă traÂvers ce simple exemple que la dimenÂsion natioÂnale nâest pas si perÂtiÂnente que ça pour aborÂder un proÂblĂšme macro-social.
Lâorganisation fĂ©dĂ©Ârale, au niveau des terÂriÂtoires comme des traÂvailleuses et des traÂvailleurs, en intĂ©Âgrant les besoins directs des perÂsonnes concerÂnĂ©es, serait beauÂcoup plus Ă mĂȘme de mener Ă bien â câest-Ă -dire concrĂšÂteÂment et dans le resÂpect absoÂlu de la sĂ©cuÂriÂtĂ© des popuÂlaÂtions â le dĂ©manÂtĂšÂleÂment dâune cenÂtrale. En tout cas, bien mieux que ne le ferait un Ătat capiÂtaÂliste souÂmis aux intĂ©ÂrĂȘts Ă©coÂnoÂmiques. Ou un Ătat dit « ouvrier » gouÂverÂnĂ© dâen haut, sans prise sur les rĂ©aÂliÂtĂ©s du terÂrain. Lâexemple de la panÂdĂ©Âmie que nous traÂverÂsons est ausÂsi une bonne maniĂšre dâapprĂ©hender la nĂ©cesÂsiÂtĂ© dâune coopĂ©ÂraÂtion interÂnaÂtioÂnale, que peut larÂgeÂment favoÂriÂser un foncÂtionÂneÂment horiÂzonÂtal Ă©larÂgi Ă lâĂ©chelle plaÂnĂ©Âtaire. De mĂȘme, Ă lâUCL, nous revenÂdiÂquons la sociaÂliÂsaÂtion et lâautogestion des moyens de sanÂtĂ©. Ce qui ne peut ĂȘtre enviÂsaÂgĂ© ni Ă une Ă©chelle Ă©taÂtique, ni Ă une Ă©chelle locaÂliste. La panÂdĂ©Âmie est monÂdiale, il est donc nĂ©cesÂsaire dâappliquer une straÂtĂ©Âgie dâunion qui ne crĂ©e pas de concurÂrence entre les rĂ©gions du monde. Aujourdâhui, nous le voyons bien : malÂgrĂ© les consenÂsus et prĂ©ÂcoÂniÂsaÂtions scienÂtiÂfiques, câest lâarbitraire Ă©taÂtique qui dĂ©cide et dicte lâagenda saniÂtaire. Rappelons que lâĂtat franÂçais, trĂšs tĂŽt dans la panÂdĂ©Âmie, a fait le choix de plaÂcer la gesÂtion saniÂtaire sous la resÂponÂsaÂbiÂliÂtĂ© dâun conseil de dĂ©fense, interÂdiÂsant de fait tout regard sur le proÂcesÂsus de prise de dĂ©ciÂsion. Alors que lâĂtat accĂ©ÂlĂšre le calenÂdrier vacÂciÂnal pour la troiÂsiĂšme dose de vacÂcin contre le Covid, dâautres rĂ©gions du monde peinent Ă atteindre les preÂmiers objecÂtifs de vacÂciÂnaÂtion. Or, tout comme un nuage radioÂacÂtif, le virus et ses variants ne sauÂraient sâarrĂȘter Ă une fronÂtiĂšre. Cette logique saniÂtaire Ă double vitesse, penÂsĂ©e Ă lâĂ©chelle natioÂnale, est morÂtiÂfĂšre. Elle ne peut que proÂlonÂger, voire aggraÂver la pandĂ©mie.
Union Communiste Libertaire 37 likes this.
Project 2025 Wants To Kill US Department of Education
"My son is one of millions of disabled kids that will lose access to education when the Department of Education is destroyed," one user on X said.
State of Vermont Can Vaccinate Children Without Parental Consent?
"Families will no longer be able to sue their childrenâs schools over forced vaccination following the ruling," one X user said.
fionag11 likes this.
Would you like to be a tarantula's pet? #tarantula #frog #symbiosis
earthlymission.com/giant-taranâŠThis Giant Tarantula Species Keeps A Tiny Frog As Pet
This spider has a pet frog.TamĂĄs Varga (Earthly Mission)
unioncommunistelibertaire.org/âŠ
Syndicalistes donc antifascistes : Le syndicalisme face Ă lâextrĂȘme droite, une affaire dâhistoire et de principes
La lutte contre lâextrĂȘme droite nâest pas seulement une affaire Ă©lectorale, elle se joue Ă©galement au niveau syndical. Les prises de position de plusieurs centrales syndicales contre le Rassemblement national, appelant Ă faire barrage dans les urnes, nous rappellent quâhistoriquement les syndicats se sont toujours opposĂ©s Ă lâextrĂȘme droite. Des annĂ©es 1930 Ă lâĂ©poque de Vichy, des syndicalistes se sont levé·es pour dire en quoi le projet politique de lâextrĂȘme droite sâoppose au syndicalisme.
LâextrĂȘme droite est puissante, câest un fait. Son importance en France sâajoute Ă sa poussĂ©e en Europe comme lâont dĂ©montrĂ© ces Ă©lections europĂ©ennes. DĂ©jĂ aux manettes de plusieurs Ătats europĂ©ens, bien souvent dans le cadre de coalitions, ses idĂ©es ont infusĂ© Ă un tel point que dĂ©sormais les leaders de la droite nouent des alliances et quâils nâont pas besoin dâĂȘtre au pouvoir pour que des Ă©lĂ©ments de leur programme soient appliquĂ©s par dâautres, Ă lâimage de la loi immigration proposĂ©e par le gouvernement français et adoptĂ©e avec les voix du RN. Aujourdâhui les affronter devient donc difficile. Mais un acteur nâentend pas transiger avec eux, en dĂ©pit mĂȘme parfois de ses militant·es : les syndicats. Encore ces jours-ci, ceux-ci prenaient position Ă cinq (CFDT, CGT, FSU, Solidaires et UNSA) pour engager toutes leurs forces militantes Ă sâopposer Ă lâarrivĂ©e au pouvoir du parti de Marine Le Pen, qui atteste de leur opposition de principe et fondamentale Ă lâĂ©gard de lâextrĂȘme droite [1]. Ces syndicats nâavaient pas attendu dâavoir la confirmation par les urnes des intentions prĂȘtĂ©es aux Ă©lecteurs et aux Ă©lectrices par les sondeurs, et lâannonce stupĂ©fiante du prĂ©sident de la RĂ©publique, pour affronter le danger. Ainsi, le 16 avril, la CGT et la CFDT se sont rĂ©unies avec dâautres syndicats europĂ©ens Ă la Bourse du travail de Paris pour dĂ©battre de lâinfluence de lâextrĂȘme droite sur le lieu de travail et sur les moyens de la combattre [2], dĂ©montrant ainsi leur attachement Ă un engagement pris depuis longtemps, qui remonte aux premiĂšres percĂ©es du Front national aux Ă©lections municipales au dĂ©but des annĂ©es 1980.
Les formes de lâopposition Ă lâextrĂȘme droite sâexpriment diffĂ©remment suivant les organisations, en lien avec leur propre histoire et les principes dĂ©fendus. Mais cette opposition est bien rĂ©elle, quasi identitaire pour les syndicats qui portent en eux-mĂȘmes une vision des rapports sociaux contraire au projet sociĂ©tal de lâextrĂȘme droite. Ce nâest pas un hasard sâils sont rĂ©guliĂšrement attaquĂ©s par les diffĂ©rentes figures de ce camp, de Louis Aliot pour qui les syndicats « ne servent Ă rien » Ă Marine Le Pen qui ne se prive dâaucune occasion pour contester leur lĂ©gitimitĂ© ou le bien-fondĂ© de leur action [3]. Au-delĂ des mots, ce sont Ă©galement les locaux syndicaux qui sont aussi souvent ciblĂ©s par lâextrĂȘme droite de rue, et notamment ceux de Solidaires et de la CGT.
1934 : face au danger fasciste, les deux CGT se réunissent
Pour comprendre lâopposition syndicale Ă lâextrĂȘme droite, il faut revenir Ă ce quâil sâest passĂ© en 1940 ou en 1958, plus encore que ce qui a Ă©tĂ© fait lors du Front populaire. Ă lâĂ©poque, Ă la suite du coup de force orchestrĂ© par les ligues dâextrĂȘme droite le 6 fĂ©vrier 1934, les deux principales forces syndicales dâalors, la CGT et la CGTU, sĂ©parĂ©es depuis 1921, dĂ©cident de se rĂ©unifier dans une seule organisation : il fallait « faire fron » [4]. Manifester ensemble comme elles lâont fait au lendemain de lâĂ©vĂ©nement, le 12 fĂ©vrier, ne suffisait pas : il fallait acter lâunitĂ© des forces contre lâennemi. Cela amĂšne au congrĂšs commun de Toulouse en mars 1936, prĂ©parĂ© pendant de longs mois (le processus de rĂ©unification avait Ă©tĂ© lancĂ© dĂšs lâautomne 1934 par des premiĂšres rencontres officielles entre dirigeants alors que dĂ©jĂ , Ă la base, des syndicats sâunissaient sans attendre les consignes confĂ©dĂ©rales) [5]. Les syndicats avaient anticipĂ© le mouvement plus global de la gauche dans son ensemble, qui se montra prĂȘte Ă sâunir quand le danger dâune extrĂȘme droite au pouvoir prit forme.
En 1940, leur posture face Ă Vichy montre davantage ce qui les oppose fondamentalement Ă ce courant politique dâinspiration fasciste : cela commence avec la signature dâun texte commun, « le syndicalisme français, ce quâil demeure, ce quâil doit devenir » (connu ultĂ©rieurement sous le nom de « Manifeste des Douze ») [6].
AprĂšs la publication par Vichy le 9 novembre dâun dĂ©cret annonçant la dissolution immĂ©diate des centrales syndicales, ne permettant quâaux structures locales dâexister, douze leaders syndicaux, trois de la CFTC et neuf de la CGT, apposent leur nom au bas dâun texte qui, sans ĂȘtre rĂ©volutionnaire, attaque la conception de lâĂtat français du marĂ©chal PĂ©tain et son organisation sociale.
Le syndicalisme contre le corporatisme
Deux principes sont ardemment dĂ©fendus dans le Manifeste : la pluralitĂ© syndicale et lâindĂ©pendance Ă lâĂ©gard de lâĂtat. Face Ă la volontĂ© de concevoir un syndicat unique qui lui enlĂšverait toute autonomie en le plaçant dans la mĂȘme structure que le patronat, suivant le modĂšle corporatiste (ce qui sera mis en Ćuvre sous la forme de comitĂ©s sociaux dâĂ©tablissement), le texte fait valoir le principe premier de la libertĂ© syndicale (choix dâadhĂ©rer ou non Ă un syndicat) et le libre choix de son organisation. Sâil reconnaĂźt Ă lâĂtat son rĂŽle dans le bon fonctionnement Ă©conomique et sa nĂ©cessitĂ© de jouer un rĂŽle dâarbitre, le syndicalisme ne saurait toutefois sây soumettre, ce qui est rĂ©sumĂ© par la formule suivante :« le syndicalisme ne peut pas prĂ©tendre absorber lâĂtat. Il ne doit pas non plus ĂȘtre absorbĂ© par lui ». Face au projet pĂ©tainiste, en partie Ă©laborĂ© par un ancien syndicaliste, RenĂ© Belin, qui se voulait hĂ©ritier de la doctrine sociale chrĂ©tienne et faisait disparaĂźtre la lutte de classe, soit des objectifs partagĂ©s dans ce manifeste, la signature de ces syndicalistes, en particulier chrĂ©tiens, est symptomatique. Dâautres responsables ont dâailleurs acceptĂ© de participer Ă la Charte du travail du rĂ©gime de Vichy. Mais il est des principes qui demeurent intangibles et qui expliquent lâadhĂ©sion de ces dirigeants au manifeste et leur entrĂ©e dans la RĂ©sistance, au nom de cette dĂ©fense de la libertĂ©, un principe quâils reprendront ensuite Ă la LibĂ©ration en refusant la centrale unique envisagĂ©e par la CGT dans la prolongation du « ComitĂ© dâentente interconfĂ©dĂ©ral » Ă lâĆuvre depuis mai 1944. La CGT avait initialement proposĂ© lâĂ©tablissement dâune plateforme dâunitĂ© dâaction pour parvenir Ă lâunitĂ© organique (septembre 1944) puis avait soumis lâidĂ©e dâune fusion (mars 1945).
Pas de discrimination raciale pour les syndicats
Le « Manifeste des Douze » montre aussi une opposition claire et nette face Ă toute forme de xĂ©nophobie et dâantisĂ©mitisme alors que le rĂ©gime vient de promulguer son dĂ©cret sur les Juifs, les excluant de certaines professions et en faisant dâeux une catĂ©gorie Ă part des citoyens français. Face Ă ces lois, le texte rĂ©cuse toute discrimination : « le syndicalisme français ne peut admettre entre les personnes de distinctions fondĂ©es sur la Race, la Religion, la Naissance, les Opinions, ou lâArgent. Chaque personne humaine est Ă©galement respectable », condamnant explicitement lâantisĂ©mitisme. Ă chaque fois, la CFTC a refusĂ© de sâengager dans quoi que ce soit qui aille au-delĂ de lâunitĂ© dâaction, arguant du pluralisme syndical comme « lâune des expressions les plus hautes de lâexercice de la libertĂ© et de la dĂ©mocratie »â [7].
Contre le coup dâĂ©tat de De Gaulle
1958 est un autre moment-clĂ© qui tĂ©moigne de lâengagement des syndicats dans la dĂ©fense des principes dĂ©mocratiques et le respect de lâĂtat de droit. La CGT et celle qui est encore la CFTC participent Ă la manifestation du 28 mai 28 mai qui visait Ă dĂ©fendre la lĂ©galitĂ© rĂ©publicaine et « les libertĂ©s dĂ©mocratiques » contre la prise de pouvoir de De Gaulle Ă la suite Ă lâinsurrection orchestrĂ©e par les Français dâAlgĂ©rie et lâarmĂ©e le 13 qui avait amenĂ© la constitution dâun ComitĂ© de salut public Ă lâorigine de lâappel Ă De Gaulle. Dans les jours qui suivirent, alors que De Gaulle, sans condamner le coup de force, affichait sa disponibilitĂ© Ă prendre « la tĂȘte dâun gouvernement de la RĂ©publique », et que lâarmĂ©e orchestrait la montĂ©e en pression sur le territoire (un comitĂ© de salut public instituĂ© en Corse, la possibilitĂ© dâun coup dâĂtat communiste annoncĂ©e rĂ©guliĂšrement), Pflimlin acceptait de dĂ©missionner sous pression du prĂ©sident RenĂ© Coty. De Gaulle pouvait ĂȘtre alors nommĂ© PrĂ©sident du conseil aux conditions quâil avait lui-mĂȘme fixĂ©es, Ă savoir les pleins pouvoirs pendant six mois pour modifier la constitution. Le cortĂšge du 28 mai ne rĂ©unit toutefois que 200 000 manifestant·es, dĂ©montrant que si les Ă©tats-majors syndicaux avaient tenu bon sur leurs principes, les bases militantes, elles, nâavaient guĂšre envie de dĂ©fendre le rĂ©gime de la IVe RĂ©publique.
Aujourdâhui, ces idĂ©aux continuent Ă alimenter le combat contre lâextrĂȘme droite. Certes, le programme du RN nâen vient pas Ă proposer la dissolution des organisations syndicales. Mais, dans « la grande rĂ©forme des syndicats » telle quâelle a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e lors des derniĂšres campagnes prĂ©sidentielles, il sâagit bien de limiter la dĂ©jĂ maigre Ă©tendue de leur pouvoir et de se placer implacablement aux cĂŽtĂ©s du patronat. Câest le sens portĂ© par exemple de lâinterdiction des piquets de grĂšve ou du vote prĂ©alable de lâensemble des salarié·es Ă tout arrĂȘt de travail (annoncĂ©s un temps comme la rĂ©forme des Ă©lections professionnelles ou de la reprĂ©sentativitĂ© pour affaiblir les syndicats existants).
Le « projet syndical » du RN a un arriĂšre-gout dâannĂ©es 40
Au fond, câest le mĂȘme projet, en 1940 comme aujourdâhui, avec ces inflexions propres au caractĂšre de lâhistoire qui « ne se rĂ©pĂšte pas » : en tant quâauto-organisation des travailleurs et travailleuses qui refusent de se ranger benoĂźtement derriĂšre le chef dĂ©signĂ©, les syndicats doivent ĂȘtre reconnus dans leur lĂ©gitimitĂ© Ă porter de façon complĂštement autonome la parole salariĂ©e avec les moyens quâils choisissent de se donner, dans le cadre dâun Ătat de droit. Leur nier cette capacitĂ©, câest nier le principe mĂȘme de leur existence.
Aujourdâhui, câest au nom de cette incompatibilitĂ© que la plupart des organisations syndicales excluent les membres qui figurent sur une liste RN ; câest au nom de ces principes quâelles peuvent aller jusquâĂ la consigne de vote selon des modalitĂ©s diverses. Cela ne signifie pas que le syndicalisme est immunisĂ© contre lâextrĂȘme droite â les enquĂȘtes dâopinion montrer que les adhĂ©rent·es Ă leurs idĂ©es progressent au sein des syndicats â, mais ces luttes, au sommet comme Ă la base, dĂ©montrent Ă quel point les syndicats ne transigent pas, dans les actes comme dans les idĂ©es. Tous nâen peuvent pas dire autant.
Claude Roccati, historienne
[1] Voir la dĂ©claration de lâintersyndicale qui sâest rĂ©unie le 10 juin au siĂšge de la CGT : « AprĂšs le choc des europĂ©ennes les exigences sociales doivent ĂȘtre entendues » dâElena Gianini Belotti.
[2] Les interventions de cette journĂ©es sont disponibles sur sur le site de la CGT, dans lâarticle « DĂ©bat des syndicats europĂ©ens : ensemble contre lâextrĂȘme droite ! »
[3] Louis Aliot : « Les syndicats sont les croque-morts du monde Ă©conomique et du travail [âŠ] ils ne servent Ă rien », BFM TV, 25 aoĂ»t 2022.
[4] Voir « FĂ©vrier 1934 : De la tentative rĂ©actionnaire de coup dâĂtat au sursaut antifasciste », Alternative libertaire, fĂ©vrier 2024.
[5] RenĂ© Mouriaux, La CGT, Seuil, 1982, p. 69-72. Voir aussi Georges Pruvost et Pierre Roger, Unissez-vous ! Lâhistoire inachevĂ©e de lâunitĂ© syndicale, Ăditions de lâatelier, 1995, p. 95-117.
[6] « ManifesteâdesâDouze »
[7] Motion adoptée au congrÚs de septembre 1945, voir Gérard Adam,La CFTC 1940-1958. Histoire politique et idéologique, Armand Colin, 1964, p. 103.
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La lutte contre l'extrĂȘme droite n'est pas seulement une affaire Ă©lectorale, elle se joue Ă©galement au niveau syndical. Les prises de position de plusieurs centrales syndicales contre leâŠUCL - Union communiste libertaire
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William B Peckham
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