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La bande son du génocide israélien
Depuis plus de six mois, Israël mène une opération génocidaire à Gaza, accompagnée d’une intense propagande à la télévision, à la radio ou dans les discours officiels. La musique en est un des leviers : de nombreuses chansons glorifient le massacre et déshumanisent les Palestiniens et Palestiniennes. Plongée dans les propos extrêmement violents du rap génocidaire israélien, dont la lecture peut s’avérer particulièrement éprouvante.
Avec 22 millions de vues [1], le clip de rap Harbu Darbu connaît une diffusion massive. Nes et Stilla y crachent sur la « bande de rats sortie du tunnel », et le refrain fait appel aux différentes unités de l’armée, sur fonds de bruit d’armes : « Golani, 1,2, shoot, nakhlawi, 1,2, shoot, Shirion,1,2 shoot, où est Givati ? 1,2, shoot ». Des dizaines de hits de ce type ont fait leur apparition sur les plateformes israéliennes.
La célébration du massacre
Alors que l’armée israélienne a longtemps cherché à euphémiser son action, le rap génocidaire décrit la réalité sans fard. Dans 7 octobre (1,3 millions de vues), EZ résume cet état d’esprit : « Il n’y a plus d’armée la plus morale du monde, “morale” mon cul, “morale” finit au placard ». Dans Shager (2 millions de vues avant sa suppression par Youtube [2]), Raski rappe : « Il n’y a plus de “coup sur le toit” : aujourd’hui on ne prévient plus. » [3] Mi mechuga de Duda Gang (2,3 millions de vues) s’achève sur : « Vous n’avez pas de pain et d’eau, ah ! et vous n’avez pas de maison. » Lorsque ces chansons ont été publiées, toutes ces informations étaient vraies.
Comme on peut s’y attendre, le racisme est omniprésent. Dans Mi Mechuga par exemple, la déshumanisation passe par les clichés sur le corps : « Toutes vos fatmas ressemblent à des p… » ; « votre leader ressemble à un chimpanzé », etc.
Mais le rap génocidaire sert surtout à galvaniser. Des dizaines de vidéos de soldats postant leurs crimes sur les réseaux sociaux passent ces chansons en fond. Sur l’une d’elles, un bulldozer détruit des oliviers sur fond du couplet de Harbu Darbu où Stilla rappe : « On envoie toute l’armée sur vous et il n’y aura pas de pardon. » Sur une autre, on voit le cadavre d’un Palestinien, au milieu des décombres, avec comme bande-son un couplet d’insultes contre les « terroristes » dans Mi Mechuga.
L’enfer militariste
Ces chansons célèbrent un État profondément militarisé où chacune et chacun doit pouvoir prendre les armes à tout moment. Giborei al, du groupe Hatikva 6, célèbre cet enrôlement de masse : « C’est vrai, tout le monde a l’air normal, mais nous sommes un peuple de super-héros. Derrière chacun de nous se cache un soldat. »
Ces chansons décrivent la majorité et l’opposition unies dans le génocide [4]. Ratski le dit clairement, dans Shager : « L’armée s’unit quand il faut liquider. Il n’y a pas de gauche, pas de droite, tout le monde : tirez ! » De même dans Harbu Darbu : « En une demi-seconde tout le pays est en uniforme. Réservistes, en service militaire : tout le monde, un, deux, shoot ! »
Les enfants ne sont pas épargnés. Pour Pourim, fête où l’on se déguise traditionnellement, de nombreuses vidéos montrent de petits enfants déguisés en soldats ou jouant avec de fausses armes. La chaîne Kahn News a publié, le 19 novembre dernier, un clip présenté comme la « chanson de l’amitié 2023 », supprimé au bout de quelques heures. On y voit de très jeunes enfants qui chantent : « D’ici un an, il n’y aura plus rien là-bas, et nous retournerons en sécurité chez nous. D’ici un an, nous les éliminerons tous, et nous retournerons labourer nos champs. »
Fascisme, fanatisme religieux et culte de la force
La nation militariste unie pour « se défendre » par les armes est une idée enracinée au cœur du récit national sioniste. Dans les premières années de la création d’Israël, le discours dominant opposait les sionistes puissants qui ne se laissent pas faire aux victimes de la Shoah, qui seraient allé·es dans les camps « comme des moutons à l’abattoir ». On en retrouve l’écho dans Ze alheinou : « Pas un petit juif peureux avec les genoux qui claquent, un juif avec puissance de feu, fumée et épées. »
Les épisodes les plus violents de la Bible sont convoqués à l’appui du nationalisme. La destruction d’Amalek par les Hébreux (Exode, 17,8) est partout, les Palestiniens et Palestiniennes étant souvent appelés « fils d’Amalek ». Les dix plaies imposées par Dieu aux Égyptiens servent aussi de référence. Comme on peut l’entendre dans la chanson Shager : « Tsahal comme les dix plaies. […] On tire comme une pluie d’obus et Jénine est sous la plaie des premiers nés. »
[5]Le plus souvent, les chanteurs présentent ce massacre comme l’occasion de finaliser le nettoyage ethnique à Gaza et en Cisjordanie. « Ils me crient dessus “Palestine gratuite” [jeu de mot sur « free Palestine »], mais bizarrement ça me fait penser aux soldes des fêtes » (Harbu Darbu) ; « 2,3, tirez ! C’est parti pour occuper ! » (Shager).
Si les génocidaires ne se cachent pas, c’est aussi parce que leurs soutiens internationaux n’y voient aucun problème. Un couplet de Mi mechuga le dit clairement : « On sortira de Gaza quand il ne restera plus rien. Les États-Unis sont derrière nous, vous avez entendu Biden vous dire de faire attention ? “I have one word : don’t” [6]. Yallah ! Vous aurez du mal à voir les photos de Gaza, il n’y a plus de quartiers qui restent à Gaza, vous ne pouvez plus rien boire à Gaza, vous n’arriverez plus à enterrer les corps à Gaza. »
Voilà ce que signifie le « soutien inconditionnel » des États-Unis, de la France ou de l’Allemagne, à Israël. À l’heure où Israël menace de provoquer une guerre régionale, il y a urgence à démilitariser cet État génocidaire et à lutter contre la complicité de l’État français.
Daniel (UCL Lyon)
[1] Sauf précision contraire, le nombre de vues sur youtube a été vérifié pour la dernière fois le 17 avril 2024.
[2] Toutes les autres chansons citées sont encore disponibles sur youtube à l’heure de l’écriture de cet article. Visiblement, la plateforme considère que ces vidéos n’enfreignent pas leur politique relative aux discours de haine, ce qui laisse songeur.
[3] Le « roof knocking » était une pratique de l’armée israélienne lors des précédents massacres à Gaza pour « prévenir » les habitantes et habitants d’un immeuble avant de le bombarder, en envoyant dessus un premier obus vide. Cela permettait à l’armée de prétendre se soucier des civils, tout en continuant à commettre des massacres de masse. Aujourd’hui, de nombreuses bombes ont été envoyés sans être précédées d’un coup de semonce, donc sans laisser aucun délai pour fuir.
[4] En mai 2023, un article d’Ory Noy critiquait déjà l’opposition institutionnelle pour son silence lors des massacres à Gaza. Voir l’article du 9 mai 2023, « War on Gaza is the glue that binds Israel’s opposing camps », sur 972mag.com.
[5] La plaie des premiers-nés est la dernière des dix plaies d’Égypte, celle qui conduit finalement le Pharaon à libérer le peuple : il s’agit de la mort de tous les nouveaux-nés Égyptiens. Il est important de noter que Jénine n’est pas dans la bande de Gaza : c’est l’ensemble des Palestiniennes et Palestiniens qui sont visé·es, de la Mer au Jourdain.
[6] « Je ne dirai qu’une chose, ne faites pas ça. » Extrait du discours de Biden du 10 octobre 2023.
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Palestine : 1947, la Nakba, la France et la gauche
La France porte une responsabilité historique dans la réalisation du projet d’État juif qui conduit à la Nakba : l’expulsion des Palestinien·nes de leurs terres. La classe politique française et la gauche, communistes compris, convergent alors dans un unanimisme sioniste toujours prégnant aujourd’hui.
En 1942 a lieu la conférence de l’Hôtel Biltmore, à New York, où les représentants du mouvement sioniste international revendiquent la création d’un État juif. La priorité est alors de combattre le « Livre blanc » de 1939 qui limite l’immigration en Palestine à 15 000 personnes par an, seule concession des Britanniques à la révolte arabe de 1936-1939 [1].
Si l’Agence Juive, organisation sioniste créée en 1929 et alors dirigée par David Ben Gourion, ne s’oppose pas frontalement aux Britanniques [2], ce n’est pas le cas de la droite sioniste : l’Irgoun et le Lehi – dit aussi groupe Stern du nom de son fondateur Avraham Stern – multiplient les assassinats et les attentats meurtriers.
C’est à cette période que remontent les liens entre les Forces françaises libres du Levant, alors basées en Palestine, et le mouvement sioniste, notamment lors de la campagne de Syrie. La Haganah (milice sioniste contrôlée par l’Agence Juive) fournit des facilités logistiques aux gaullistes ainsi qu’une assistance technique.
La France, soutien des sionistes
Le conflit mondial terminé, la guerre entre Britanniques et groupes sionistes se poursuit en Palestine. La France, déjà évincée de la Syrie et du Liban par les nationalistes arabes grâce au soutien des Britanniques, n’entend pas être exclue de la région et apporte ainsi son soutien aux groupes sionistes. En 1945, Ben Gourion est à Paris où il organise le combat contre les Britanniques. Il retrouve de nombreux alliés de la cause sioniste dans la classe politique, tel Léon Blum, alors à la direction de la SFIO. Le Lehi installe de son côté un centre opérationnel dans la capitale française. De là, il coordonne une campagne de lettres piégées à destination d’officiels britanniques [3]. La France est alors une base logistique des troupes sionistes, elle héberge de nombreux camps d’entrainement de la Haganah [4].
Le soutien français passe aussi par l’appui à l’immigration juive en Palestine depuis la côte varoise. André Blumel, proche de Blum et délégué officieux de la Haganah, intervient auprès du ministère de l’Intérieur pour accélérer le transit des immigrants ainsi que des armes transportées par bateau. Il héberge chez lui une antenne émettrice à disposition du réseau de surveillance de la Haganah, tolérée par le ministère de l’Intérieur, qui permettra au « Mossad pour l’immigration clandestine » d’affréter plusieurs navires [5].
À la libération, les gouvernements européens s’inquiètent du devenir des réfugiés des camps nazis, notamment des troubles que pourrait créer leur retour chez eux, alors que l’antisémitisme est encore virulent en Europe (comme en témoigne en 1946 le pogrom de Kielce en Pologne). Le projet d’État juif en Palestine est perçu comme un moyen de « se débarrasser » des réfugiés. Les États occidentaux, États-Unis inclus, maintiennent leurs portes fermées aux réfugiés juifs durant et après la guerre, écartant de fait « toute solution à la question des Juifs rescapés du nazisme qui ne fut pas celle du retour à la “terre promise” » [6].
Le plan de partage : une convergence impérialiste
Un nouvel événement vient choquer l’opinion. Le 18 juillet 1947, L’Exodus, bateau de réfugiés juifs affrété par la Haganah et parti de Sète quelques jours plus tôt, est arraisonné par les Britanniques au large de Haïfa.
Des enquêteurs de l’United Nations Special Committee on Palestine (UNSCOP, Comité spécial des Nations unies sur la Palestine), alors présents à Haïfa, sont témoins de l’assaut des Britanniques sur le navire.
L’opération de L’Exodus, « planifié[e] de telle sorte qu’un échec puisse se prêter à une utilisation fructueuse [...] fut un coup de maitre en matière de propagande » [7] : elle influe sur le rapport des enquêteurs.
À la suite du rapport de l’UNSCOP, l’ONU soumet au vote une proposition de partage de la Palestine le 29 novembre 1947. Celle-ci prévoit 55 % du territoire pour le mouvement sioniste, qui ne possède alors que 7 % des terres. La France est indécise. Dans un premier temps, Alexandre Parodi, représentant de la France à l’ONU, s’abstient sur consigne de George Bidault, le ministre des Affaires étrangères. Ce dernier, qui craint que le vote du plan de partage provoque des troubles en Afrique du Nord, propose d’ajourner le vote d’une journée.
Ce temps est mis à profit par le président de la République, Vincent Auriol, et Léon Blum, qui s’activent pour que la France se prononce favorablement : Blum, dans une lettre à Bidault, écrit « rien n’est pire pour nous, du point de vue de nos territoires d’Afrique du Nord, qu’une marque de faiblesse et de peur vis à vis du fanatisme panarabe » [8].
Le vote de la France entraine celui de pays catholiques du Benelux et d’Amérique latine. Les États-Unis, où Truman, pour des raisons électorales, vote le plan de partage, font pression pour que celui-ci soit voté par Haïti, les Philippines et le Liberia (avec des menaces de Firestone, le géant du pneu, de ne plus acheter l’hévéa du pays [9]).
L’URSS le vote également : ce sont les premiers à reconnaitre Israël le 15 mai 1948, et à lui livrer des armes, Staline voyant derrière le projet sioniste un moyen de s’implanter dans la région [10]. Le plan de partage est refusé par le Haut Comité arabe ce qui déclenche les hostilités en Palestine : c’est le début de la Nakba, la « Catastrophe » en arabe (voir encadré).
Les relations entre Israël et la France sont distantes durant les premières années. La France exige que Jérusalem soit sous contrôle international, comme le stipule le plan de partage, afin de garantir la protection des lieux saints. Israël refuse, ce qui explique sa reconnaissance tardive par la France, le 1er mai 1949. Des comités pro-israéliens se créent alors en France, faisant valoir que l’établissement de relations étroites avec le nouvel État lui permettrait de « retrouver son influence au Levant ».
Après l’agression tripartite israélienne et franco-britannique de 1956 contre l’Égypte de Nasser, alors soutien du FLN algérien, la France devient, jusqu’à 1967, le principal appui et fournisseur d’armes d’Israël.
Gauche pro-sioniste, antisionisme nord-africain
La gauche française porte une responsabilité politique dans l’appui au projet sioniste : en 1947 est créée la Ligue française pour la Palestine libre sous l’impulsion de Sartre, alors affilié au Comité hébreux de libération nationale sous l’influence de l’Irgoun. Elle réussit à s’imposer grâce au recrutement de personnalités intellectuelles et politiques de premier plan telles Simone de Beauvoir, Jules Romain, Louis Jouvet ou Edgar Faure.
Seuls le journal Témoignage Chrétien et Daniel Guérin prennent position pour les Palestiniens [11].
Si le projet sioniste trouve écho de la droite à la gauche, ce n’est pas le cas auprès des Juifs de France : en 1948, seuls 640 Juifs français migrent en Israël et, jusqu’en 1968, jamais plus d’une centaine par an. Lucide, Raymond Aron pressent « la suite inévitable, une guerre prolongée entre les Juifs devenus Israéliens et le milieu musulman » [12].
Chez les Juifs de France surgit au contraire la peur qu’on leur impose la Palestine alors qu’ils viennent tout juste de retrouver leur citoyenneté. L’engouement à gauche interroge : alors que le combat de la Résistance était de réaffirmer l’unité républicaine des Juifs comme étant des Français comme les autres, la gauche s’engouffre dans une lecture ethniciste et généalogiste des Juifs.
Ce n’est pas un trope uniquement français : une motion de la Conférence syndicale internationale de 1945 déclare que « le peuple juif soit mis dans la possibilité de poursuivre la reconstruction de la Palestine en tant que son foyer national, et cela par l’immigration, la colonisation et le développement industriel » [13].
Le nationalisme arabe est, de son côté, décrété infâme, étant perçu tout à la fois comme « un sous-produit du nazisme et une invention de l’impérialisme britannique » [14]. Si « la résistance des indigènes restait insaisissable aux catégories de la gauche » [15], les représentants du Parti du Peuple Algérien (héritier de l’Étoile Nord-Africaine de Messali Hadj qui avait dénoncé le colonialisme sioniste dès les années 1920) soulignent la proximité entre la lutte des Palestiniens contre le sionisme et celle des Magrébins contre l’impérialisme français, « le “foyer national juif” préfigurait le “foyer national français” en Afrique du Nord » [16]. Lors du vote du plan de partage, Abdel-Krim-el-Khatabi, leader de la République du Rif dans les années 1920, exilé au Caire avec d’autres dirigeants nord-africains, câble à Alexandre Parodi que le vote de ce plan aurait « de graves répercussions en Afrique du Nord ».
Le rôle de la France
Rivalités franco-britanniques, réactions face aux menaces du panarabisme pour l’Empire, antisémitisme soucieux de se débarrasser des réfugiés d’Europe de l’Est : voilà les déterminants fondamentaux du soutien français à la création de l’État d’Israël, enfant de l’impérialisme et non d’une prétendue mauvaise conscience ou autres réparations. Le soutien de la gauche s’explique par un « européocentrisme qui n’était pas encore honteux et qui faisait que les Juifs en Palestine incarnaient le progrès et, distinction suprême, les idéaux socialistes […] opposition entre ces pionniers et un monde immobile, arriéré féodal, fanatique » [17]. Si se solidariser avec la Palestine est encore compliqué aujourd’hui, c’est que cet épisode historique a déterminé en grande partie la vision de la France et de la gauche sur le sionisme.
Encombré de cet héritage colonial, l’expression d’une solidarité internationaliste solide avec le peuple palestinien reste difficile ; il devient urgent de le dépasser.
Nicolas Pasadena (UCL Montreuil)
Chronologie
-* 1942 : conférence de l’Hôtel Biltmore, revendication officielle de création d’un « État juif ».
-* 1942-1947 : guerre civile entre groupes sionistes et Britanniques.
-* 22 JUILLET 1946 : attentat de l’hôtel King David par l’Irgoun faisant 91 morts dont 28 Britanniques, 41 Arabes et 17 Juifs.
-* ÉTE 1947 : arraisonnage par les Britanniques de L’Exodus provoquant une émotion mondiale.
-* 29 NOVEMBRE 1947 : vote de la proposition du plan de partage de la Palestine à l’ONU. Les sionistes acceptent, les Palestiniens refusent. Début de la guerre civile de 1947-1948 en Palestine et de l’exil des Palestinien·nes.
-* 14 MAI 1948 : proclamation de l’État d’Israël par Ben Gourion, déclaration de guerre des États arabes le lendemain.
-* AUTOMNE 1956 : agression tripartite franco-britannique et israélienne contre l’Égypte à la suite de la nationalisation du canal de Suez. La France devient le principal allié d’Israël.
La Nakba et la guerre de 1947-1948
Du 30 novembre 1947 au 14 mai 1948, date de la proclamation de l’État d’Israël, une première guerre a lieu entre des organisations armées sionistes (Haganah, Palmach, Irgoun et Lehi) et les Palestiniens soutenus par des volontaires venant de pays arabes. Le 1er décembre, le Haut Comité arabe décrète une grève générale de trois jours. La lutte est menée par Abd el Kader Al Husseini : à la tête de quelques milliers de volontaires, il organise un siège de Jérusalem durant plusieurs mois. De décembre 1947 à janvier 1948 environ 70 000 Palestinien·nes fuient les agglomérations. Fin mars, le total des réfugié·es se monte à environ 100 000. Le plan Dalet de périmétrisation militaire – en réalité plan global d’expulsion rédigé par la Haganah et adopté le 10 mars 1948 –, implique le déplacement de villages et de cibler les « centres ennemis » : « procéder à l’encerclement du secteur municipal arabe central et à son isolement des voies d’accès, ainsi qu’à l’arrêt de ses services essentiels (l’eau, l’électricité, le carburant) ».
Les troupes de la Haganah prennent militairement le contrôle du territoire qui avait été donné à l’État juif et l’élargissent. Dans la section 3b du plan, on trouve parmi les objectifs comment traiter les « centres de populations ennemis occupés » : « destruction de villages […], en particulier les centres de population dont le contrôle continu est difficile. [...] En cas de résistance, les forces armées doivent être détruites et la population expulsée en dehors des frontières de l’État hébreux » [18].
Le 9 avril 1948 a lieu le massacre de Deir Yassine à l’ouest de Jérusalem, perpétré par 120 combattants de l’Irgoun et du Lehi, qui provoque de 120 à 250 morts. D’autres massacres s’ensuivent, favorisant l’exil des Palestinien·nes. La guerre de 1948-1949 achève l’expulsion des 800 000 Palestinien·nes.
[1] Voir « La grande révolte palestinienne de 36-39 », Alternative libertaire, mars 2010.
[2] Ben Gourion déclare : « Nous aiderons les Britanniques dans la guerre comme s’il n’y avait pas de Livre blanc et nous lutterons contre le Livre blanc comme s’il n’y avait pas la guerre », « David Ben Gourion (1886-1973) », Hérodote.net, 13 octobre 2023.
[3] Charles Enderlin, Les Juifs de France, entre République et sionisme, Seuil, 2020.
[4] Samir Kassir et Farouk Mardam-Bey, Itinéraire de Paris à Jérusalem, la France et le conflit israélo-arabe. Tome 1, 1917-1958, Les livres de la revue d’études palestiniennes, 1992.
[5] Ibid.
[6] Ibid.
[7] Jacques Derogy, La Loi du retour, la secrète et véritable histoire de l’Exodus, Fayard, 1970.
[8] Samir Kassir et Farouk Mardam-Bey, op.cit
[9] Jean-Pierre Langelier, « Le partage de la Palestine », Le Monde, 30 novembre 1997.
[10] Le soutien du PCF découle de cet alignement de Staline : en 1941, l’ambassadeur soviétique à Londres Ivan Maïski déclare : « Si la Russie soviétique veut s’intéresser au futur du Moyen-Orient, il est évident que les Juifs avancés et progressistes de Palestine représentent plus de promesses pour nous que les Arabes retardataires contrôlés par les cliques féodales », Arnold Kramer, « Soviet Policy on Palestine. 1947-1948 », Journal of Palestine Studies, hiver 1973.
[11] Daniel Guérin, Ci-gît le colonialisme. Algérie, Inde, Indochine, Madagascar, Maroc, Palestine, Polynésie, Tunisie. Témoignage militant, De Gruyter/Mouton, 1973.
[12] Samir Kassir et Farouk Mardam-Bey, op.cit
[13] Ibid.
[14] Ibid.
[15] Ibid.
[16] Ibid.
[17] Ibid.
[18] 1. Ilan Pappé, La guerre de 1948 en Palestine, La Fabrique, 2000
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Pas de rassemblement à #Tours pour Rafah ce soir, peut être dans la semaine. Voici une liste provisoire chronoalphabétique des rassemblements (17-19h) en France. Mises à jour sur https://x.com/EnseignantsGaza
17h
Caen devant la Préfecture
Grenoble devant la Mairie
17h30
Lyon Pl. de la comédie
18h
Aix-en-Provence La Rotonde
Chambéry devant la fontaine des éléphants
Le Mans Pl. de la République
Limoges Pl. de la République
Nantes devant la Préfecture
Nice devant la Mairie
Strasbourg Place Kléber
Toulon Pl. de la Liberté
Toulouse Pl. Arnaud Bernard
18h30
Angers Pl. du ralliement
Annecy Préfecture
Bordeaux Pl. Pey Berland
Dijon Pl. d'Arcy
Lille République Beaux Arts
Montpellier devant la préfecture
Paris Pl. St Augustin
Perpignan Préfecture
Rennes Pl. de la mairie
Rouen Théâtre des arts
Saint-Etienne Pl. du peuple
19h
Arles Kiosque 18 Bd des Lices
Pau Préfecture
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#TransRightsAreHumanRights
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VSS : Le travail unitaire comme stratégie féministe
Si lutter contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) au sein de nos organisations apparaît comme une nécessité, le faire dans un cadre inter-organisations au niveau national permet une élaboration politique plus importante encore, des retours d’expérience, mais aussi de nouveaux moyens déployés. Zoom sur un travail unitaire qui ouvre de nombreuses perspectives.
En 2021, la direction confédérale de la CGT mandate la cellule de veille contre les violences sexistes et sexuelles (CVSS) pour faire le lien avec les cellules homologues existantes dans les partis et syndicats de gauche. Se crée alors un cadre unitaire inter-organisations pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, réunissant à ce jour organisations syndicales (CGT, Solidaires, CFDT, FSU, Union étudiante, Confédération paysanne), politiques (LFI, Ensemble !, EELV, NPA, UCL, PCF, Parti de gauche, Génération·s, la Gauche écosocialiste) et associatives (Attac, Amnesty International).
Malgré leurs engagements antipatriarcaux, nos organisations sont loin d’être épargnées par la violence envers les femmes et minorités de genre. L’inter-orga vise à améliorer ou créer nos procédures de signalement et cellules de gestion des VSS. Notre objectif est d’encourager la libération de la parole des victimes et de les accueillir au mieux grâce à des procédures solides et respectueuses. Promouvoir la formation féministe et la prévention des VSS en interne est indispensable pour toute organisation aux ambitions sociales émancipatrices. L’inter-orga invite d’ailleurs des intervenantes extérieures expertes du sujet pour que les déléguées puissent continuer de se former et d’enrichir leurs réflexions.
Lutter contre l’itinérance des agresseurs
En parallèle, il s’agit d’identifier, d’anticiper et de contrecarrer les stratégies des agresseurs pour que cesse l’impunité. Actuellement, l’inter-orga travaille à l’élaboration d’un protocole commun de signalement pour lutter contre l’itinérance des agresseurs, prévu pour novembre 2024. Cette réflexion entend formaliser politiquement les intentions exprimées dans la première tribune de l’inter-orga de 2021 [1]. Le déplacement des agresseurs d’une organisation vers une autre lorsqu’ils subissent des mesures d’exclusion ou de mise à l’écart est un phénomène connu. Le protocole prévoit de leur couper l’herbe sous le pied. Il permettrait du même coup de déjouer les menaces de plainte en diffamation voire en injure publique puisque nous n’aurions pas à communiquer leur identité en public pour informer les participant·es à l’inter-orga.
Ce cadre permet à l’UCL de détailler le fonctionnement de sa procédure d’exclusion en cas d’agression sexuelle. Il s’agit aussi d’en diffuser la philosophie, à savoir l’importance du rapport de force féministe en interne. Nous faisons valoir que cet outil doit être la traduction pratique immédiate de nos principes : l’auto-organisation des femmes, la non-mixité et la lutte contre les rapports de domination. Simultanément, et parce que nos outils sont toujours à améliorer, l’UCL s’enrichit des réflexions et des pratiques des féministes d’autres organisations.
Une intervention féministe de classe
Dans le sillage du mouvement #MeToo, nous voyons régulièrement émerger des témoignages, des tribunes et des appels signés par des personnalités publiques. Certaines célébrités, comme Adèle Haenel, sont devenues des étendards de la libération de la parole. Si cette dynamique, tout à fait positive, révèle un véritable tournant dans la place accordée à la parole des victimes dans l’espace public, l’inter-orga contre les VSS permet une intervention sur un modèle différent. Elle reflète les aspirations féministes de la base militante, sans les faire incarner par des individus. C’est un espace prometteur pour un féminisme combatif et collectif qui renforce l’unité de notre classe.
Nous voyons bien que la question des VSS est étroitement liée à la médiatisation lorsque des organisations de gauche doivent traiter des cas d’agresseurs qui sont aussi des figures publiques, chargées de hautes fonctions politiques ou syndicales et bénéficiant d’un statut social privilégié tels Adrien Quatennens ou Julien Bayou. Ces cas comportent leur lot supplémentaire de complexité pour les camarades qui les gèrent, avec une pression accrue pour remettre l’affaire à la justice institutionnelle plutôt que les organisations s’en saisissent. Pour que les agresseurs, même puissants, ne soient jamais impunis, la solidarité féministe est la clé.
Billie (UCL Grenoble)
À l’UCL, une procédure vivante
Depuis la création de l’UCL, la procédure de gestion des cas de VSS en interne porte pour objectif la création d’un rapport de force féministe. Pour cette raison, la parole de la personne victime n’est pas remise en cause : le rôle des mandaté·es n’est pas d’établir la vérité des faits mais bien de recueillir la parole de la personne victime [2] et de permettre à l’organisation de prendre une décision qui assurera sa sécurité et celle de toutes les femmes et minorités de genre de l’organisation. À ce jour, pour faciliter la parole, la procédure est réalisée entièrement en non-mixité (de personnes subissant la misogynie et la transmisogynie). Elle est mise en œuvre lorsqu’une personne alerte l’organisation d’un cas de VSS. L’agresseur est alors immédiatement suspendu de l’organisation. Le Secrétariat fédéral mandate ensuite une commission pour réaliser la procédure. Ces personnes sont chargées, dans un premier temps, de prendre contact avec la victime et d’affirmer le soutien de l’organisation dans les démarches qu’elle souhaitera entreprendre.
Les mandaté·es recueillent son témoignage.
Dans un deuxième temps, les mandaté·es prennent contact avec la personne accusée afin d’obtenir sa version des faits, et surtout de lui demander ce qu’elle a mis en place depuis que ceux-ci ont été remontés à l’organisation. Ces deux entretiens permettent aux mandaté·es d’écrire un rapport qui contient une synthèse des faits, des propositions des mandaté·es sur la décision à prendre ainsi qu’une analyse politique des faits lorsque c’est possible. Ce rapport est soumis au vote de la Coordination fédérale [3] afin que l’ensemble de l’organisation puisse prendre une décision, qui peut aller de l’exclusion temporaire à l’exclusion définitive de la personne accusée.
Depuis le congrès d’Angers en 2023, les cas de VSS dans des cadres non-hétérosexuels sont gérés par les groupes locaux et non plus par la procédure fédérale. En effet, celle-ci a été construite pour s’opposer à l’asymétrie fondamentale du pouvoir entre les hommes et les femmes sous le patriarcat. Or, dans les cas de VSS en contexte non-hétérosexuel, ce cadre d’analyse est impuissant et la procédure dysfonctionne. L’objectif de cette décision est de laisser le temps à la commission antipatriarcat de l’UCL de se doter des outils théoriques et pratiques afin de penser les rapports de domination spécifiques qui se jouent dans ce type de cadres.
[1] « Tribune Inter-orgas “Ensemble contre les violences sexistes et sexuelles dans nos organisations !” »
[2] « Victime » n’étant pas une position essentialisée, mais l’état d’une personne a un moment donné.
[3] Instance qui se réunit tous les trois mois, au sein de laquelle les mandaté·es de chaque groupe local discutent un ensemble de textes préalablement débattus localement puis votent.
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Constance Bantman : Un premier exil libertaire. Les anarchistes français à Londres, 1880-1914, Libertalia
Après avoir été la terre d’asile des quarante-huitard·es, puis des communard·es en exil, la libérale Angleterre a accueilli des flopées d’anarchistes français·es. Et en particulier pendant la période de grande répression des années 1892-1895, où la proscription a été si nombreuse entre Soho et Fitzrovia qu’elle y formait une sorte de colonie surnommée « la Petite France ». En mai 1893, le quotidien Le Matin y voyait carrément « un foyer de propagande internationale », une « Mecque anarchiste » où il est « de bon ton de péleriner ».
Pendant longtemps, on n’a su du milieu de la proscription française à Londres que ce qu’en avait raconté en 1897, avec son délicieux sens de l’anecdote, Charles Malato dans Les Joyeusetés de l’exil. L’historienne franco-britannique Constance Bantman, qui a essoré les rapports de police britanniques et français et a même sondé les archives du Quai d’Orsay, nous en livre une histoire bien plus complète : elle en établit les étapes, les tendances, la géographie.
Les réfugié·es se croisaient à l’épicerie de l’ex-communard Victor Richard et à la librairie d’Armand Lapie. On se passait « la presse de l’exil », des feuilles de chou libertaires comme L’International, Le Tocsin ou Le Père Peinard. On s’asseyait au restaurant des Vrais amis ou dans les diverses colocations, et surtout les clubs – dont le plus célèbre était le club Autonomie. Délabré, exigu, mais équipé d’une cantine où se coudoyaient anarchistes français, italiens ou allemands, ce club servait aussi de dortoir aux réfugiés qui ne savaient pas encore où se loger. Évidemment, il attirait aussi les mouchards de la police et les journalistes en mal de sensationnalisme… Grande âme, Louise Michel prodiguait tout ce qu’elle pouvait de secours pécuniaire aux nécessiteux – quitte à se faire exploiter par quelques escrocs. Elle ouvrit même quelque temps une École anarchiste internationale pour instruire les enfants des réfugié·es !
Mais globalement « la Petite France » ne laissa pas de bons souvenirs. C’était une ambiance de survie dans la misère, dans l’attente, dans une promiscuité assez délétère faite d’entraide autant que d’acrimonie. Un groupe d’aigris s’intitulant L’Anonymat employa par exemple son énergie à placarder sur les murs des affiches au vitriol – pas moins de 14 en quatre ans ! – contre les « pitres » et les « pleutres » Malato, Pouget, Louise Michel ou Malatesta. Détestation des « pontifes » par les obscurs ? Pas seulement. Une vraie divergence politique s’affirmait. L’Anonymat incarnait en fait la protestation outrée d’une minorité anti-organisationnelle et individualiste contre le tournant syndicaliste alors en train de s’opérer dans le mouvement anarchiste.
Pour expliquer ce tournant, l’historien Jean Maitron mettait le projecteur sur le seul Pouget et son célèbre article « À roublard, roublard et demi » dans l’édition londonienne du Père Peinard, introduit en France par des filières clandestines. Constance Bantman rouvre le dossier, creuse, et met en lumière le rôle de cercles de discussion transnationaux, mêlant des anarchistes anglais (Mowbray), italiens (Agresti, Malatesta, Merlino) et français (Pouget, Hamon, Malato) autour de The Torch. Ce petit journal méconnu a fait vivre le débat dès 1892. Observant l’évolution des trade-unions britanniques vers l’action directe (on évoquait alors un « new unionism »), The Torch affirma la nécessité d’une stratégie révolutionnaire au sein du syndicalisme fin 1893. Malato relaya ces thèses dans Le Tocsin, puis Pouget, avec son talent propre, dans Le Père Peinard.
Il y eut par la suite bien d’autres passerelles et échanges, ce qui conduit Bantman à nuancer le « contraste prétendument canonique entre les syndicats britanniques bien établis et conservateurs et, d’autre part, la CGT révolutionnaire française, puisqu’ils s’influençaient mutuellement et présentaient tous deux des synthèses de conceptions réformistes et révolutionnaires ». C’est un des fruits – pas le seul – de ce « premier exil libertaire » exploré par ce très bon livre.
Guillaume Davranche (UCL Montreuil)
Constance Bantman, Un premier exil libertaire. Les anarchistes français à Londres, 1880-1914, Libertalia, 2024, 356 pages, 12 euros.
L'#UnionCommunisteLibertaire est signataire et diffuse l'appel en soutien à Ritchy Thibault : contacts@communisteslibertaires.org Pour les demandes de signature et envoi d'infos !
L'UCL37 reprend ses formations sécu militante (MP/DM) et est dispo pour toute initiative #AntiRepression !
politis.fr/articles/2024/05/fa…
Face à la répression contre Ritchy Thibault : faire bloc et être solidaire
TRIBUNE. Co-fondateur de Peuple révolté et porte-parole de PEPS, Ritchy Thibault fait l’objet, tant de la part d’Emmanuel Macron que de Jordan Bardella, d’un acharnement répressif que les signataires de cette tribune dénoncent avec force.
Notre camarade Ritchy Thibault a reçu un appel du commissariat de Boulogne-Billancourt ce 13 mai l’informant qu’il était visé par une enquête préliminaire pour « menace de crime ou délit contre un élu public » suite à une plainte de Jordan Bardella. Il est reproché à Ritchy des propos tenus dans une émission le 16 mars 2023 dans laquelle il avait affirmé face au président du RN qui se sentait menacé : « Oui, le fascisme est une menace à éradiquer. »
Ritchy est voyageur, fils de parents gitan et manouche. Durant la Seconde guerre mondiale, son peuple a subi un génocide, souvent invisibilisé alors que des centaines de milliers de Roms et de Voyageurs ont été exterminés par les nazis et les régimes collaborateurs.
Alors que Bardella se moquait de lui pendant qu’il évoqua son histoire, Ritchy a répondu politiquement et avec responsabilité à l’actuel représentant de l’extrême droite française, président d’un parti dont les fondateurs ont contribué à enfermer ses ancêtres dans des camps en France et partout en Europe.
Un racisme ancien et violent
Hier, c’est Jean-Marie Le Pen qui était condamné pour son négationnisme, aujourd’hui c’est le descendant d’un peuple ayant subi un génocide qu’on inculpe parce qu’il refuse l’oubli et la négation de l’histoire des crimes du fascisme !
Il y a une inversion grave de la culpabilité qui met en danger la mémoire des crimes contre l’humanité perpétrés par l’extrême droite il y a moins d’un siècle. D’autant que les voyageurs subissent en France un racisme ancien et ultra-violent. Des aires d’accueil sont régulièrement attaquées par armes à feu. Les voyageurs sont constamment pointés en bouc-émissaire par l’extrême droite.
Oui, avec Ritchy nous affirmons que l’extrême droite est une menace à éradiquer, nous devons nous occuper du cas du RN dans la bataille politique et culturelle sans concession pour éviter la répétition du pire.
Des gardes à vue abusives
Cette inculpation intervient dans un contexte où Ritchy Thibault subit, depuis plusieurs mois, un acharnement répressif insupportable qui doit être dénoncé avec force. Durant la période de mobilisation contre la réforme des retraites, au cours de l’année 2023, il a fait six gardes à vue totalement abusives, toutes classées sans suite.
Au mois de février au salon de l’agriculture Ritchy a interpellé Macron en lui rappelant de ne jamais oublier « qu’on est dans le pays de la Révolution française, le pays qui fait tomber la tête des monarques ». Ce rappel historique renvoie au passé révolutionnaire de la France et de sa République, qui après avoir fait tomber au sens propre la tête de Louis XVI, a fait tomber au sens figuré celle de nombreux monarques, de Charles X à Louis-Philippe qui ont tous deux été contraints d’abdiquer sous la pression populaire.
Pour ses propos, Ritchy a passé 48 heures en garde à vue ; il est désormais poursuivi pour menace de mort suite à une plainte déposée par le cabinet d’Emmanuel Macron en son nom. Il sera jugé le 9 août au tribunal judiciaire de Paris, porte de Clichy, à partir de 13 h 30. Seulement quelques jours après cette procédure arbitraire, il s’est vu contrôler abusivement un dimanche en début d’après-midi par une dizaine de policiers juste en bas de chez lui.
Criminalisation des luttes
Il est important pour nous, comme pour lui, de rappeler que cette répression n’est pas un cas isolé mais qu’elles ont dit long sur une période de criminalisation de nos luttes et de fascisation de l’appareil d’État. En attestent les multiples convocations pour apologie du terrorisme des camarades qui soutiennent la résistance du peuple palestinien.
Les monarques doivent tomber et le fascisme être éradiqué !
Face à la répression, la meilleure réponse c’est de faire bloc et d’être solidaire. C’est la raison pour laquelle nous appelons à un rassemblement le lundi 3 juin à partir de 13h30 devant le commissariat de Boulogne-Billancourt au 24 avenue André-Morizet, avant l’audition de Ritchy dans le cadre de l’enquête préliminaire qui fait suite à la plainte de Bardella.
Nous appelons également à un rassemblement massif le 9 août à partir de 12h devant le tribunal judiciaire de Paris à la porte de Clichy dans le cadre de son jugement pour « menace de mort » contre Macron.
Ni Macron ni Bardella ne nous feront baisser la tête car, oui, les monarques doivent tomber et le fascisme doit être éradiqué !
Signataires
Collectifs et organisations
Attac
Au Poste
Collectif René Vautier
Ensemble ! – Mouvement pour une alternative de gauche, écologiste et solidaire
Fédération syndicale étudiante
Info’com-CGT
La France insoumise
Les Insurgés
Les Jeunes insoumis.es
L’Offensive
Mr Mondialisation
NPA – L’Anticapitaliste
NPA Révolutionnaires
NPA Jeunes révolutionnaires
Peuple révolté
Pour une écologie populaire et sociale (PEPS)
Radio cause commune 93.1
RED-Jeunes
Riposte alimentaire
Tsedek
Union communiste libertaire
L’Union étudiante
Union syndicale lycéenne
Personnalités
Omar Alsoumi, Urgence Palestine
Nils Andersson, militant
Ariane Anemoyannis, porte-parole du Poing levé
Rodrigo Arenas, député de Paris LFI
Ludivine Bantigny, historienne
Marion Beauvalet, militante LFI Paris 10e
Yessa Belkhodja, Collectif de défense des jeunes du Mantois
Amal Bentounsi, Collectif urgence notre police assassine
Yassine Benyettou, Secrétaire national de RED-Jeunes
Olivier Besancenot, porte-parole de NPA – L’anticapitaliste
Carlos Bilango, député LFI du Val-d’Oise
Martine Billard ancienne députée de Paris, La France insoumise
Youcef Brakni, militant des quartiers populaires
Claude Calame, universitaire
Jean-Pierre Cavalié, militant
Sophia Chikirou, députée de Paris LFI
Mounia Chouaf, élue à Ivry-sur-Seine
Anina Ciuciu, avocate
Rita Dagher, productrice de film
Christophe Dettinger, boxeur et militant
Boris Dolivet, El Diablo, artiste
Imane Douis, Sud Rail
Alma Dufour, députée LFI
David Dufresne, journaliste, fondateur de Au Poste
Karen Erodi, députée LFI
Mireille Fanon-Mendès-France, Fondation Frantz Fanon
Patrick Farbiaz, militant écologiste et membre de la Fondation Copernic
Jean Fauché, PEPS 81/ Alternatives et autogestion
Emma Fourreau, co-animatrice des Jeunes insoumis.es
Yves Frémion, ancien eurodéputés écologiste, militant PEPS
Gabriel, militant à Tsedek
Ilan Gabet, militant et étudiant
Bruno Gaccio, auteur
Merlin Gautier, co-animateur de PEPS
Laurent Gayer, Directeur de recherche CNRS, Sciences Po Paris
Haïkel Guémar, syndicaliste Solidaires informatique
Michelle Guerci, journaliste, militante antiraciste et féministe
Magda Jouini, militante du Front de mères
Anasse Kazib, porte-parole de Révolution permanente
Andy Kerbrat, député LFI/PEPS
Pierre Khalfa, Fondation Copernic
Mornia Labssi, inspectrice du travail CGT
Amine Laggoune, historien
Annie Lahmer, Conseillère régionale écologiste
Aude Lancelin, journaliste et fondatrice de QG
Yvan Le Bolloc’h, artiste
Olivier Le Cour, universitaire
Cory Le Guen, militant Écologiste
Claire Le Strat, Fondation Copernic
Faouzi Lellouche, Gilet jaune
David Libeskind, avocat
Mathieu Mangeot, association Émanciper
Christian Martinez Perez, universitaire
Florent Massot, éditeur
Odile Maurin, élue à Toulouse et militante contre le validisme
Caroline Mecary, avocate
Akli Mellouli, sénateur du Val-de-Marne, écologiste
Bertrand Mertz, avocat
Bénédicte Monville, militante écologiste, élue à Melun
Manes Nadel, Union syndicale lycéenne
Romain Nauthonnier, militant
Richard Neuville, Ensemble !
Dominique Paturel, chercheuse
Jean François Pélissier, co-porte-parole d’Ensemble !
Willy Pelletier, sociologue et membre de Coudes à coudes
Ricardo Perreira, journaliste indépendant
Pablo Pillaud-Vivien, rédacteur en chef de Regards
Thomas Portes, député LFI
Frédérique Pressmann, réalisatrice de cinéma
Millot Raymond, auteur
Fabrice Riceputi, historien
Eléonore Schmitt, porte-parole de l’Union étudiante
Azelma Sigaux, porte-parole de la REV, révolution écologique pour le vivant
Anne-Sophie Simpere, auteure
Gwenn Thomas-Alves, président de l’Union syndicale lycéenne
Usul, vidéaste pour Blast et Backseat
Sabrina Waz, militante décoloniale
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Casse de l’assurance-chômage : encore une attaque contre l’ensemble des salarié·es
La ministre du Travail l’a annoncé fin avril : par décret, dès le 1er juillet, la durée d’indemnisation du chômage sera réduite à douze mois. En deux ans, cette durée a été divisée par deux ! Cela nous concerne toutes et tous : plus de la moitié des salariés sont confronté·es, dans leur vie professionnelle, à au moins une période de chômage.
En six ans, le gouvernement a démoli méthodiquement l’assurance chômage. Avant 2019, il fallait avoir travaillé au moins quatre mois sur les 28 derniers mois pour ouvrir des droits pendant au moins quatre mois ; il faut désormais avoir travaillé 6 mois sur les 24 derniers mois. De même, pour recharger ses droits, il faut avoir travaillé 6 mois au lieu d’un mois avant 2019.
En plus de rendre l’accès à l’indemnisation plus difficile, le montant des allocations a été réduit depuis 2021, parce que le gouvernement a modifié son mode de calcul, en supprimant le principe qu’un jour travaillé ouvre droit à un jour indemnisé. Autre recul majeur depuis 2023 : la durée d’indemnisation a été réduite de 25 %, passant de 24 mois maximum à 18 mois. Et de 36 mois à 27 mois pour les plus de 55 ans, pour qui trouver un travail est plus difficile.
La conséquence de cette destruction des droits au chômage est un appauvrissement et une précarisation des travailleuses et travailleurs privés d’emploi. Les allocations ont baissé de 16 % en moyenne, pour arriver à un montant moyen qui dépasse de peu 1 000 euros. Cette baisse a concerné un million de personnes depuis 2019 : beaucoup de jeunes, d’intérimaires et de demandeurs d’emploi soumis aux contrats courts. Depuis 2019, le nombre d’ouvertures de droit à lui reculé de 30 000. Quant au nombre de personnes percevant une indemnité chômage, il a lui aussi dégringolé pour descendre bien en deçà de la moitié des inscrits à France Travail.
Toutes et tous concernés !
Cette nouvelle attaque sur les droits à la protection contre la perte d’emploi concerne l’ensemble des travailleuses et travailleurs, avec ou sans emploi. En réalité, plus de la moitié des salariés sont passés par une perte d’emploi et une inscription au chômage dans leur carrière. Alors incriminer les chômeurs, c’est s’incriminer soi-même, sur un marché du travail dégradé par le patronat et par l’État. D’autant qu’avec la suppression annoncée de l’ASS, le temps qui séparera l’emploi en CDI du RSA va se réduire à douze mois. Cela pour le plus grand bénéfice du patronat qui précarise toujours plus l’emploi.
La protection contre le chômage, c’est collectif
Le patronat sera largement bénéficiaire de cette réforme. La pression à la reprise d’emploi à n’importe quelle condition pèsera autant sur les chômeuses et chômeurs que sur les travailleuses et travailleurs en activité. Pendant ce temps, l’État fera des économies budgétaires sur le dos des plus fragiles et continuera à subventionner les entreprises en payant à leur place des apprentis.
Nous combattons l’idée que le chômage est la faute des chômeuses et des chômeurs, que l’arlésienne « croissance » va créer des emplois, et qu’il faut « travailler plus pour gagner plus ». C’est pourquoi l’UCL défend une assurance chômage de haut niveau, financée par la hausse des cotisations patronales. Et pour réduire le chômage : réduction du temps de travail avec embauches correspondantes.
Union communiste libertaire, 20 mai 2024
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Elections européennes : la Peste Brune lorgne sur l’Europe
De tous les processus électoraux de la démocratie bourgeoise, les élections européennes sont celles qui intéressent le moins les masses populaires. C’est aussi celles que l’extrême droite choisit pour mobiliser ses électeurs et électrices, afin d’apparaître comme le premier parti de France. En tant que militant·es libertaires et antifascistes, nous ne souhaitons pas participer à cette mascarade, mais il est important pour nous de rappeler que l’extrême droite ne défendra jamais notre classe, et qu’elle ne l’a jamais fait.
Depuis 2019, deux ans après l’échec du FN au second tour de l’élection présidentielle, le parti d’extrême droite, historiquement eurosceptique, a changé de ligne politique concernant l’Europe. Fini le « Frexit » [1], qui s’est avéré être un repoussoir, le parti d’extrême droite appelle maintenant à des « changements de l’intérieur ». Ce désir nouveau de créer une « Europe des Nations » avec ses alliés réactionnaires – et avec en ligne de mire en particulier la création de nations blanches et chrétiennes – trouve un écho en France. Le FN/RN est arrivé en tête aux élections européennes de 2019 avec 5 286 939 voix (de trop), soit 23,34 % des votants, obtenant ainsi 23 sièges pour le groupe européen Identité et Démocratie. Rappelons quand même les 50,12 % d’abstention et que l’addition des scores des « partis de gauche » les plaçait devant l’extrême droite en termes de voix.
Pour les élections de juin 2024, la liste du FN/RN aligne des « figures » de la « société civile » évidemment adoubées pour leur racisme. La tête de gondole Bardella bien sûr, mais aussi Malika Sorel-Sutter, essayiste spécialisée dans la « décomposition française » (qui serait due à l’immigration bien sûr) ou l’ancien directeur de Frontex, Fabrice Leggeri, qui a démissionné de l’organisation sous le coup de plusieurs scandales et est menacé de sanctions disciplinaires. Celui-ci avait tenté à l’époque de faire de l’organisation une milice de défense des frontières et balayait les obligations d’aides aux personnes exilées en danger. Le dernier trophée, encore un syndicaliste policier, Matthieu Valet, ancien porte-parole du Syndicat Indépendant des Commissaire de Police (SICP – membre comme Alliance Police de la CFE-CGC…), lui aussi « sous le coup d’une enquête du service déontologie de la Préfecture de Police » comme le rappelait le Canard enchaîné, pour avoir détourné à son profit un millier d’euros de bons d’achat SNCF destiné à « plusieurs gardiens de la paix ».
Le rêve d’une Europe blanche et chrétienne
Au Parlement européen, un cordon sanitaire existe encore, contrairement à l’Assemblée nationale, empêchant le groupe de mener à bien toutes ses vues. Mais le groupe FN/RN est surtout là pour son propre intérêt : Jordan Bardella notamment, siège en commission des pétitions où il n’a pas mis les pieds depuis mai 2022. Comme tout bon apparatchik, il lui faut juste une rentrée d’argent (public bien sûr) pour demeurer à plein temps le président du premier parti néo-fasciste de France. Grâce à cela, il peut continuer à passer son temps sur tous les plateaux de télé à vomir son mépris des personnes immigrées, des grévistes, des travailleurs et travailleuses, surtout les plus précaires. Rappelons que le premier « emploi » de Bardella lorsqu’il avait 20 ans était déjà celui d’assistant parlementaire européen… soupçonné alors d’emploi fictif par l’Office européen de lutte antifraude ! Le groupe FN/RN se déplace en fait au parlement surtout pour les caméras, mais aussi, bien sûr, pour rencontrer des lobbyistes à se mettre dans la poche. Il se frotte également à des rapprochements stratégiques de la droite sur des sujets communs, par exemple très récemment la remise en question de l’application de la loi pour « la restauration de la nature ».
Au Parlement, le RN/FN en défense des dominants
Dans ses votes on peut voir que le FN/RN n’a pas changé, malgré sa volonté de dédiabolisation. Par exemple, il s’est positionné en 2020 contre une résolution ayant pour but de réduire l’écart des salaires entre femmes et hommes, ainsi que sur la remise en cause du droit à l’avortement par leurs amis polonais. Si le parti se targue d’avoir intégré la question écologique, lors d’un vote de février 2023 sur l’interdiction des ventes de voitures neuves à moteur thermique il s’est encore positionné contre. Les parlementaires se sont également abstenu·es sur une taxe carbone aux frontières, comme quoi leur protectionnisme ne s’applique pas à tout ! Ils trouvent également à chaque fois une bonne raison pour approuver la PAC (Politique agricole commune), alors qu’elle est responsable de la destruction de la petite paysannerie et encourage l’agro-industrie en subventionnant davantage les grosses exploitations.
Le FN/RN montre également dans certains de ses votes une attitude ambiguë sur les sujets concernant les travailleurs et travailleuses. Par exemple son abstention sur la réglementation du travail détaché – qui permet au patronat français d’attaquer le droit social en le mettant en compétition avec des travailleurs·ses qui dépendent de celui de leur pays d’origine – en 2018, sous prétexte qu’elle « n’allait pas assez loin » soulève des interrogations. De même, quand le FN votait en 2016 pour le secret des affaires contre « l’espionnage industriel », il ne s’assurait en rien des risques que le texte faisait peser sur les lanceuses et lanceurs d’alerte, ou le journalisme d’investigation. Encore une fois, le « protectionnisme », c’est surtout pour les patrons.
Des amitiés pour les oligarques et les racistes
Le parti se démarque surtout pour son soutien à son ami russe, Poutine. En septembre 2020 les europarlementaires d’extrême droite se sont positionné·es contre une résolution condamnant la tentative d’assassinat de l’opposant Alexeï Navalny, et à nouveau en 2021 contre une résolution condamnant les violences commises par la milice Wagner. Même vote contre les diverses motions condamnant l’incursion de Poutine en Ukraine.
Le groupe européen Identité et Démocratie regroupe en son sein plusieurs partis que d’aucuns jugeraient infréquentables… mais pas le RN/FN. On y retrouve ainsi l’AfD qui en Allemagne s’est récemment illustré par l’organisation de réunions planifiant avec des néonazis la « remigration » des personnes étrangères, provocant de grandes mobilisations antifascistes. La Ligue ensuite, membre de la coalition italienne au pouvoir avec la néo-fasciste Giorgia Meloni, qui mène une politique raciste et antisociale, remettant en cause tout autant le droit à l’exil que les revenus minima. On y trouve aussi le Parti de la Liberté d’Autriche (FPÖ), créé par d’anciens nazis, dont des élus ont dû être écartés en 2018 pour ne pas avoir partagé leur adoration d’Hitler assez discrètement, ainsi que le parti pour la Liberté aux Pays Bas (PVV), parti néo-libéral raciste, qui est arrivé en tête des élections législatives anticipées en 2023. Enfin le groupe est composé de plus petits partis comme Le Vlamms Belang en Flandre, Le Parti Populaire Danois (DFP), le Parti Populaire et Conservateur d’Estonie (EESTI), ou Liberté et Démocratie Directe (SPD) en République tchèque.
L’extrême droite européenne : entre identité et libéralisme
Notons que les votes du groupe ne sont pas tout à fait uniformes. Le cas le plus intéressant récemment est celui du vote sur le traité de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande. Si le FN/RN a voté contre, en accord avec leur protectionnisme du capital national, la majorité du groupe s’est positionné pour. Cet exemple montre bien l’opportunisme de l’extrême droite suivant les contextes nationaux, et sa porosité avec les principes du libéralisme économique (le FN aussi s’est longtemps assumé comme un parti libéral sur le plan des affaires).
Le parti dispose aussi de soutien comme le Fidesz hongrois de Viktor Orban, lequel a été exclu du groupe européen de droite, le PPE, pour ses positions radicales contre l’avortement, contre la démocratie et agissant maintenant comme non-inscrit.
Extrême droitisation européenne
Le reste de l’extrême droite européenne se regroupe au sein des Conservateurs et Réformistes d’Europe où l’on retrouve Reconquête ! de Zemmour, Fratelli d’Italia de Meloni au pouvoir en Italie, le parti Droit et Justice (PiS) de Pologne connu pour ses positions réactionnaires anti-communistes et viscéralement anti-avortement, récemment écarté du pouvoir, les Démocrates de Suède, fondé par des néonazis, ou Vox en Espagne, nostalgique de la dictature de Franco.
Forte aujourd’hui de 130 sièges sur 705, l’extrême droite européenne (conservateurs eurosceptiques et nationalistes) semble en mesure de gagner une cinquantaine de sièges lors des prochaines élections européennes, selon les projections concernant les intentions de votes. Une certitude cependant, les digues sont prêtes à céder et un gain significatif de sièges ferait des partis d’extrême droite un courant incontournable et sans doute un allié de circonstance du PPE qui durcit son discours à mesure que l’extrême droite se renforce.
Mais la brunisation du paysage politique n’est pas une fatalité. En France, comme partout en Europe et dans le reste du monde, la lutte antifasciste des masses populaires est nécessaire pour faire avancer nos intérêts dans le sens de la démocratie directe, de l’autogestion des moyens de production, de la socialisation des richesses : de la lutte des classes en somme, que l’extrême droite espère gommer au profit des bourgeoisies nationales. No Pasarán !
Judi (UCL Caen), Hugues (UCL Fougères), David (UCL Savoies)
[1] La ligne « sortie de l’Union Européenne » était portée par l’ex-Chevènementiste Florian Philippot, ancien conseiller de Marine Le Pen désavoué depuis l’échec à la présidentielle et parti depuis fonder son propre parti, Les Patriotes, sur des lignes souverainistes/complotistes.
#RiposteAntifasciste #AntifaheißtAngriff
Ce WE, retrouvez #DiePlattform sur un stand partagé avec les camarades de A forum Voor au festival anarchiste #Pinksterlanddagen - qui fête son centenaire - en Hollande
#Internationalismus #Anarchismus #Anarchosyndikalismus #antikapitalismus #IchBinArmutsbetroffen #AntifaHeißtAngriff
Pinksterlanddagen 2024 - Pinksterlanddagen
17, 18 & 19 mei in Appelscha! De Pinksterlanddagen is een anarchistisch festival dat jaarlijks plaatsvindt op het kampeerterrein tot Vrijheidsbezinning in Appelscha tijdens het Pinksterweekend.Pinksterlanddagen
Intervention de la Brigade de Surveillance des Transports en Commun lors du passage rue Nationale (le tram c'est sacré) mais la manif a continué !
boutique.unioncommunistelibert…
#TransRightsAreHumanRights
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« Transition écologique » : qui travaille pour le capitalisme vert ?
L’écologie de lutte a souvent critiqué l’hypocrisie derrière la transition écologique du gouvernement et nos pages s’y associent depuis longtemps. Cependant même le greenwashing demande du travail, et derrière les politiques gouvernementales se trouvent des travailleurs et travailleuses dont on peut examiner les conditions de travail.
Le mouvement écologiste a réussi après plusieurs décennies à imposer l’écologie dans le débat public au point que les gouvernements sont obligés de fournir des efforts en matière de politique écologique. Ces efforts arrivent après de nombreuses attaques contre le service public : logiquement les rapports de production y sont organisés selon le modèle néolibéral.
Cette condition n’est pas unique à la fonction publique. Le « capitalisme vert », c’est précisément la création de nouveaux marchés. Ces nouveaux marchés, comme ceux des nouvelles technologies, sont souvent les plus soumis aux logiques néolibérales qui frappent de plein fouet les travailleur·euses. Les coupes budgétaires récentes ont mis en lumière des dynamiques de la fonction publique mais celle-ci n’est pas isolée. En effet, la sous-traitance et la privatisation ont rendu la frontière entre le public et le privé de plus en plus floue. Dans le secteur de la transition écologique, de nombreuses associations se battent pour obtenir marchés et financement. Pareillement, les nouvelles règles de la recherche et du développement ont créé un très important écosystème de start-ups qui cherchent à capter des financements publics pour mettre en place leurs incroyables solutions disruptives du futur de demain.
Tous et toutes ces travailleuses ont en commun une précarité d’emploi avec des contrats courts, souvent des CDD de projets, la pression d’aller chercher des financements pour alimenter leur propre activité et, bien sûr, l’épuisement dû à une charge de travail en croissance constante. Dans la fonction publique, la casse du statut a permis l’embauche massive de contractuel·les, devenue la norme. La course au projet est aussi une conséquence directe de la politique de l’État : la politique de décentralisation des compétences n’a pas été associée à une décentralisation des capacités financières. Au contraire, l’État a préféré mettre en place des appels à projet qui forcent les collectivités à courir après des financements pour être en mesure d’investir. Les premières et premiers affecté·es sont les travailleur·euses dont la précarité affecte leur travail et leur capacité à le mener correctement à long terme.
Se mobiliser et lutter collectivement
La mobilisation du 19 mars dans le service public a été l’occasion de mettre en avant les coupes budgétaires dans le domaine de la transition écologique. Ces coupes affectent les moyens mais aussi les emplois que ce soit dans la fonction publique ou dans ses sous-traitants. Nous voyons là une nouvelle contradiction flagrante du capitalisme : même lorsqu’il va tenter de mener la transition écologique, l’organisation qu’il impose rend le travail produit inefficace malgré une conscience professionnelle très élevée des travailleur·euses de ce secteur. Concluons sur la nécessité de la lutte collective. Dans ces métiers, nous faisons face à des obstacles importants et l’organisation de notre travail nous a éloigné des traditions de lutte mais aussi les un·es des autres.
Nous avons cependant pour nous notre conscience professionnelle qui doit être renversée en outil de critique du système et non d’auto-exploitation. Nous devons également nous rapprocher des structures existantes qui fournissent un travail important, dans la fonction publique bien sûr mais aussi dans l’associatif où des structures syndicales mènent des luttes précieuses. Une tâche difficile sera aussi de passer outre les chaînes de sous-traitance en échangeant sur nos conditions de travail même si nos structures sont différentes. Enfin, comme d’autres travailleur·euses avant nous, il nous faudra travailler à une convergence de nos luttes avec celles du mouvement écologique si nous voulons pouvoir réaliser un jour le potentiel transformateur de notre travail.
Corentin (UCL Kreiz-Breizh)
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Collectif Une Seule Ecole : s’engager contre la ségrégation scolaire
Depuis des années, le gouvernement a fait de la notion d’inclusivité un de ses éléments de langage majeur pour parler de l’école et de sa prise en compte du handicap.
Cela ne s’est pas fait sans heurt : le 25 janvier, FO organisait une grève pour « dire non à l’inclusion systématique et forcée ». Opposé à cette position, mais également critique des discours du gouvernement, le Collectif Une Seule École (CUSE) s’est créé pour porter une autre voix.
Fiona Campbell, spécialiste en Études critiques du handicap définit le validisme comme : « Un réseau de croyances, de processus et de pratiques qui produit un type particulier de soi et de corps (la norme physique) qui est projeté comme parfait, typique de l’espèce, et donc essentiel et pleinement humain. Le handicap est alors pensé comme un état inférieur d’humanité ».
Du corps défectueux à la société défectueuse
À partir de cette définition, on comprend le lien étroit entre le validisme et le modèle médical du handicap, qui perçoit le corps handicapé comme un corps défectueux et le handicap comme une variation négative, une déviation de la norme biologique qui est le fait de l’individu. Les difficultés des personnes handicapées sont donc perçues comme étant directement liées à leur différence physique, psychique, cognitive, sensorielle ou intellectuelle. La logique de ce modèle a conduit à écarter les personnes handicapées de la société et à les institutionnaliser. On voit aussi clairement le lien que le validisme entretient avec toutes les autres oppressions qui ont comme base commune un processus d’infériorisation d’un groupe humain. Une infériorisation construite à partir d’un idéal ou d’une norme : blanc, homme, cis, valide…
Il y a toujours un problème avec l’école, lorsqu’on s’intéresse aux discriminations et aux rapports de domination : elle se pense elle-même comme le lieu de l’universalisme républicain. Les politicien·nes, les journalistes et les travailleur·euses de l’Éducation Nationale parlent d’elle de cette manière. L’école ne pourrait pas être un lieu de discriminations dans la mesure où elle serait un « sanctuaire » où l’on enseigne le principe républicain d’égalité et de tolérance. Puisque le principe d’égalité y est sans cesse invoqué, puisqu’il est écrit au fronton des écoles, alors il serait déjà pleinement réalisé. Ceci est évidemment une fiction et les rapports de dominations sont à l’œuvre à l’école comme dans le reste de la société.
L’école française est discriminatoire. Elle est notamment validiste parce que la société française est validiste [1] et l’école ne se situe pas en dehors de la société. Elle est conçue à partir de la norme valide à laquelle tous et toutes les élèves doivent se conformer, avec de maigres compensations qui souvent ne s’appliquent pas et à travers des rééducations très majoritairement en dehors de l’école. Rapprocher le plus possible l’élève « déviant » de la norme, non contestée, est l’objectif visé.
Les élèves considérés trop « déviants », avec des handicaps trop « lourds » (il faut comprendre par là trop éloignés de la norme valide) sont écarté·es de l’école et renvoyés vers des structures « spécialisées ». On voit que c’est l’existence d’une norme valide qui construit le besoin « spécial ». Et lorsque les jeunes parviennent à être scolarisé·es (souvent dans des dispositifs spécialisés type SEGPA ou ULIS, parfois hors dispositifs), leur parcours reste extrêmement cloisonné : les adultes les orientent très vite vers quelques CAP ou bac pro, leur parlent à peine de voie générale, si ce n’est pour les en décourager.
Les représentations que se font les travailleurs et travailleuses de ce que doit être un élève, de ce que doit être leur travail et de ce que sont les besoins d’un·e élève handicapé·e sont erronées et peu remises en question. L’essentialisation des élèves handicapé·es à leur handicap constitue un des problèmes majeurs. Le validisme, comme tous les systèmes de domination, est diffus, présent partout et toujours.
Nous avons grandi dans une société validiste, le validisme nous a en partie façonné, tous et toutes. Il a façonné nos imaginaires et nos représentations ; il a façonné également celui des travailleurs et travailleuses de l’Éducation Nationale qui, dans leur grande majorité, pensent sincèrement que si les élèves handicapé·es doivent être mis·es à l’écart, c’est pour leur bien, qu’ils et elles relèvent du soin et pas de l’école, qu’un·e élève qui ne peut pas suivre le programme n’a pas sa place en classe.
Remettre en cause les normes scolaires
L’école est le lieu d’une grande normativité. Ses normes sont celles de la réussite scolaire, de la productivité, de la bienséance par exemple. Elle intime aux élèves présentant un écart à la norme de manière générale – élèves allophones, en grande difficulté, trans, pauvres… – et aux élèves handicapé·es en particulier de se conformer à ces normes. Le rôle de l’école n’est pas de permettre à tous et toutes de s’épanouir depuis les singularités propres à tout individu, ni de s’émanciper. Les élèves doivent pouvoir suivre les programmes, le rythme, le groupe. Qui ne peut le faire n’y a pas sa place.
Enfin, l’école française est l’école d’une société capitaliste. Elle est conçue comme un levier de la compétitivité économique. L’école capitaliste valorise l’efficacité, la performance, la productivité et exclut par là un nombre important de ses élèves, dont les élèves handicapé·es. De la même manière qu’une fois adulte il ou elle aura à s’adapter au monde du travail, c’est à l’élève de se conformer à l’école. C’est une condition pour accéder aux apprentissages. Une partie des élèves sont toujours exclu·es de l’école ordinaire pour être placé·es dans des institutions (Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique – ITEP, Instituts médico-éducatifs – IME…) qui sont définies par l’ONU comme des lieux de ségrégation.
Entre validisme assumé et antivalidisme timide
Nous avons assisté récemment à un appel du syndicat Force Ouvrière contre « l’inclusion systématique à l’école » qui est un appel à l’exclusion et à la ségrégation. Écarter un enfant de l’école c’est l’écarter de la société à vie. Mais il n’y a pas que FO qui ait fait des appels actifs au maintien de la ségrégation en raison du handicap. La Fédération d’Action sociale de la CGT a émis récemment un communiqué pour s’opposer à l’octroi du statut de salarié aux travailleurs et travailleuses handicapé·es des ESAT [2]. Ces personnes proviennent en bonne partie des IME et sont les enfants qui ont été écartés de l’école ordinaire.
Il faut distinguer deux positions syndicales. D’un coté celle des syndicats corporatistes qui ont abandonné la double besogne comme FO et ne s’intéressent pas aux luttes contre les discriminations. Comme les questions pédagogiques et éthiques, elles ne constituent pas le point de départ de leurs réflexions et orientations. De ce fait, ils envisagent la présence des élèves handicapé·es dans l’école ordinaire comme une dégradation des conditions de travail des travailleurs et travailleuses de l’Éducation Nationale.
De l’autre coté on trouve les positions des syndicats de transformation sociale pour qui la lutte contre les discriminations relève bien de la lutte syndicale. Il convient alors de s’interroger sur les raisons qui font que ces syndicats ne s’engagent pas pleinement dans la lutte antivalidiste. Au sein de SUD Éducation ou de la CGT Educ’action (dont un certain nombre de militant·es sont par ailleurs engagé·es au sein du CUSE), le mouvement est lancé mais se confronte encore à la difficulté de passer d’un modèle médical à un modèle social du handicap.
De même, aucun parti politique en France ne s’est clairement prononcé pour la désinstitutionnalisation, condition sine qua non d’une école inclusive. Il y a eu des déclarations de façade à gauche mais aucun parti n’a engagé une réflexion sur la planification du processus de désinstitutionnalisation. Il y a aussi des militant·es antivalidistes au sein des partis de gauche mais ils et elles sont très isolé·es.
Les syndicats et les partis politiques pensent qu’il faut choisir entre les personnes handicapé·es et les personnes travaillant dans les institutions. Ils pensent que choisir de défendre la désinstitutionnalisation reviendrait à trahir les personnes qui travaillent dans les institutions. Or au CUSE, nous souhaitons leur intégration au service public d’éducation, dans une logique de travail collectif au service du plus grand nombre d’élèves. Il n’y a pas de « concurrence » entre le droit des travailleuses et travailleurs et le droit des personnes handicapées.
Les organisations de gauche les plus radicales dénoncent et veulent la fermeture de tout ce qui représente un enfermement et une privation des libertés, des CRA aux prisons : la logique voudrait qu’elles s’opposent également aux institutions spécialisées.
L’antivalidisme, un outil pour l’émancipation
La lutte antivalidiste est particulièrement peu développée et visible en France, alors qu’elle possède une radicalité profonde. Le handicap interroge l’injonction au darwinisme social, à la performance et à la productivité dans le capitalisme néolibéral. Les salarié·es se doivent d’être les plus performant·es possibles dans un système de concurrence où seuls les plus aptes méritent un travail. Le validisme est un système de sélection sociale qui distingue des « valides » et des « non-valides ».
Le système capitaliste est structurellement validiste car il est un système productiviste : la personne dite « valide » est d’abord celle qui peut produire et servir l’économie nationale. La personne « non-valide » est assignée à l’improductivité, et donc à l’inutilité. Mais nul n’est inemployable non plus, si les conditions de salaire sont réduites : en ESAT il n’y a pas de salaire mais des indemnités calculées en fonction des allocations déjà perçues. Le travailleur ou la travailleuse handicapée devient rentable et peut être usée au travail, sans les quelques droits protecteurs octroyés aux valides.
Les institutions contre l’école non validiste
Il ne peut pas y avoir une école non validiste tant qu’il existe un ailleurs où renvoyer celles et ceux que l’école considère indésirables. Tant qu’existent des structures différentes, spécialisées, des enfants y seront déplacé·es, exclu·es et enfermé·es. Aussi ces institutions légitiment l’exclusion et déresponsabilisent les équipes dans leur devoir d’accueil de tou·tes les jeunes : pourquoi rendre accessible les apprentissages en classe si des structures sont là pour accueillir les enfants qu’on juge inadapté·es à l’école ?
Le CUSE, un collectif de luttes
Le Collectif Une Seule École rassemble des militant·es handicapé·es, des parents expert·es des questions d’inclusion, des ancien·nes élèves discriminée·es et institutionnalisé·es, des professionnel·les du médico-social et de l’Éducation Nationale [3]. Nous sommes toutes et tous convaincu·es que l’école doit accueillir tous les enfants de manière inconditionnelle et dans les classes ordinaires.
Nous pensons que l’avènement d’une école pour toutes et tous passera forcément par un changement dans les pratiques médicales, éducatives et pédagogiques et dans les lieux où elles s’exercent. Nous pensons que des moyens humains, matériels et financiers doivent être mobilisés mais qu’ils doivent s’accompagner d’une prise en compte politique de la question du handicap qui passe par la désinstitutionnalisation.
Les organisations syndicales politiques et militantes doivent prendre position sur la question de la scolarisation de tous les enfants dans le cadre ordinaire de l’école. Nous souhaitons accompagner les organisations qui veulent prendre en compte cette question, participer à des formations, construire des outils et des ressources. Mais nous souhaitons aussi montrer les conséquences graves que peuvent avoir des positions politiques floues sur les existences des enfants handicapé·es envoyé·es en institutions ségrégatives.
Elena Chamorro, Odile Maurin, Thomas Lecherbault, Jacqueline Triguel, Renaud Guy (membres du CUSE)
[1] « Les personnes handicapées sont plus souvent victimes de violences physiques, sexuelles et verbales », 22 juillet 2020, DREES.
[2] Établissement et Service d’Aide par le Travail, structure faisant travailler des travailleur·euses handicapé·es. Si depuis le 1er janvier 2024, ils et elles bénéficient enfin du droit de grève et du droit syndical, les travailleur·euses en ESAT n’ont toujours pas le statut de salarié·es, et ne sont donc pas couvert par le code du travail et peuvent être rémunéré·es en dessous du SMIC.
[3] Retrouvez le texte « Tribune du Collectif Une Seule École » actant la création du collectif, sur questionsdeclasses.org/tribune…
Tribune du Collectif Une Seule École (CUSE)
En 2005, la France a voté une loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Cette loi [...]www.questionsdeclasses.org
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Kanaky : une révolte contre les manœuvres colonialistes
Comme en 1984, la Kanaky s’embrase. La révision du corps électoral, qui vise à réduire encore le poids politique de la population kanak, a mis le feu aux poudres. La répression n’y fera rien ; la solidarité est nécessaire ; l’indépendance la seule voie.
Le « dégel du corps électoral » préparé depuis plusieurs mois par l’État français signifie élargir le corps électoral en Kanaky pour y intégrer les dernier·es arrivant·es, en majorité de France, accentuant la mise en minorité des Kanak sur le plan politique. C’est un objectif essentiel pour toute colonisation de peuplement : depuis 171 ans, l’État français a d’abord décimé les Kanak, puis a organisé le remplacement de la population autochtone par des vagues d’immigration.
Le projet de loi constitutionnelle est toujours en cours de discussion l’Assemblée nationale. L’objectif est d’autoriser toute personne installée depuis dix ans sur le territoire à devenir électrice. Cela revient ajouter plus de 25.000 nouvelles et nouveaux électeurs à une liste électorale qui en compte 180.000 ; c’est considérable.
Les accords de Nouméa de 1998 étaient censés lancer un processus de décolonisation sur vingt ans, aboutissant à une série de 3 référendums sur la pleine souveraineté de la Kanaky.
Mais comme toujours, les enjeux étant bien trop importants, le colonialisme ne se retirera que sous la contrainte. Il lui faut gagner du temps, noyer le poisson, diviser les forces indépendantistes, faire illusion à l’international. Quarante ans nous séparent déjà du soulèvement kanak de 1984. Les mises en garde de Darmanin quant à une « ingérence étrangère » ‒ chinoise, azerbaïdjanaise ‒ ne nous dupent pas. Il s’agit d’une rhétorique classique pour discréditer les luttes indépendantistes.
Solidarité inconditionnelle avec le peuple kanak
Les mobilisations se multiplient en Kanaky, mais peinaient jusqu’ici à être entendues en France, où la politique coloniale de l’État français est passée sous silence. Il nous faut soutenir les peuples en lutte pour leur indépendance contre l’impérialisme, et placer au cœur de nos revendications les luttes décoloniales. Cet État, d’une main, réprime le peuple français dans l’Hexagone, et de l’autre maintient des milliers de personnes dans une situation de sujétion, empêchant leur accès aux droits les plus fondamentaux, à savoir le droit à leur histoire, à la terre, à la culture, à la dignité et à l’autodétermination.
Nous exprimons notre opposition au dégel du corps électoral en Kanaky. Nous réexprimons notre solidarité inconditionnelle avec le peuple kanak dans sa lutte pour l’indépendance. Et plus généralement, nous exprimons cette même solidarité avec tous les peuples et les organisations anticolonialistes, de l’UTG jusqu’au FLNKS, qui subissent et luttent contre la politique de l’État français, que ce soit dans les territoires dits « d’outre-mer » ou dans les anciennes colonies toujours sous influence.
Solidarité complète avec les révoltés ! 171 ans d’occupation coloniale, ça suffit : indépendance maintenant !
Union communiste libertaire, le 10 mai 2024
Pour en savoir plus :
« Kanaky : les colons veulent rester colons, quel scoop ! », Alternative libertaire, janvier 2022 unioncommunistelibertaire.org/…
« Référendum en Kanaky : fausse victoire mais vrai désaveu du colonialisme français », communiqué de l’UCL, 17 décembre 2021 unioncommunistelibertaire.org/…
« Kanaky : nouvelle défaite victorieuse », Alternative libertaire, novembre 2020
unioncommunistelibertaire.org/…
« Kanaky vers l’indépendance », communiqué unitaire des organisations anticolonialistes françaises, 7 octobre 2020
unioncommunistelibertaire.org/…
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Questions de classe(s) : La pédagogie est un sport de combat
Le collectif Questions de classe(s) lance une nouvelle collection de livres en complément de ceux publiés dans la collection « N’Autre école » publiés chez Libertalia. Les deux premiers ouvrages, De Montessori aux neurosciences et Caporaliser, exploiter, maltraiter sont deux plaidoyers pour une école du commun, du collectif, une école collaborative et émancipatrice contre les attaques venant soit des pédagogies individualistes, soit des logiques managériales.
Dans De Montessori aux neurosciences, Alain Chevarin et Grégory Chambat, tous deux enseignants et militants à Sud Éducation, reprennent en version actualisée et augmentée la revue N’Autre école, démontrant comment derrière le discours sur l’innovation pédagogique se cache une vision individualiste et libérale de l’école. Blanquer lui-même ayant déclaré vouloir distiller « l’esprit Montessori »… sans doute faisait-il allusion à l’admiration réciproque que se portaient Benito Mussolini et Maria Montessori. Cette dernière était élevée en 1924 au rang de « membre d’honneur de l’Organisation féminine fasciste » tandis que de son côté le Duce était fait « président d’honneur d’Opera Montessori, la Société des amis de la méthode Montessori ».
Célestin Freinet déjà s’insurgeait de ces connivences d’avec le régime de Mussolini mais aussi contre la dimension élitiste de la méthode Montessori et le peu de cas fait du devenir des enfants des classes populaires. Aujourd’hui derrière le label de pédagogies nouvelles ou alternatives se cache un juteux business dans laquelle s’engouffre toute une mouvance libérale plus soucieuse de distinction que de collectif.
De son côté l’ouvrage de Jacqueline Triguel, elle aussi enseignante, syndiquée à Sud Éducation et militante à l’Icem-Pédagogie Freinet, porte un regard critique sur le management des écoles et ses « effets sur les personnels et les collectifs de travail ». Mais l’ouvrage n’en reste pas là, à la suite de l’analyse des ravages du management sur les écoles, l’auteure nous offre des pistes de résistances pour une émancipation collective.
Tout comme le disait Bourdieu à propos de la sociologie, la pédagogie est un sport de combat et ces deux ouvrages sont deux armes à destination de celles et ceux qui ne se résignent pas et militent syndicalement et pédagogiquement, les deux étant liés, pour une école publique émancipatrice et égalitaire.
David (UCL Savoies)
- Jacqueline Triguel, Caporaliser, exploiter, maltraiter Comprendre le management des écoles pour mieux lui résister, Éditions Questions de classe(s), mars 2024, 200 pages, 10 euros.
- Grégory Chambat, Alain Chevarin, De Montessori aux neurosciences. Offensives contre l’école du commun, Éditions Questions de classe(s), mars 2024, 150 pages, 10 euros.